Le précédent article a permis de
montrer que notre appartenance à l’UE ne nous avait pas protégés comme les
européistes se plaisent à le répandre. Depuis le traité de Maastricht, notre taux
de croissance est passé de 3,6% par an à 1,2% et ce n’est pas le cas de tous
les pays même si globalement le taux de croissance des pays de l’OCDE était de
1,8% en 2016. Durant les 6 dernières années la croissance du PIB/habitant de l’OCDE
a été de 8,3%, celui de l’UE de 5,7%, celui de la zone euro de 4% et le nôtre de
3,4%. Les graphiques ci-contre résument la situation dégradée de la France par
rapport à l’Allemagne et des pays hors UE. On constate de plus que l’UE
sous-performe par rapport aux autres pays en ce qui concerne le PIB/habitant.
Donc non seulement l’euro crée une disparité entre les pays du sud de l’UE et
les autres mais en plus l’UE et son ouverture totale à la circulation des
marchandises et des capitaux, contrairement à la plupart des pays, ne lui est
pas favorable.
Ceci se répercute sur le taux de
chômage ou le nombre de demandeurs d’emploi. J’ai montré graphiquement que le
nombre de demandeurs d’emploi ne diminue pas de juillet 2016 à mars 2017, que
ce soit en catégorie A ou toutes catégories confondues. Mais le graphique
ci-contre montre que la France, non seulement a un taux de chômage supérieur à
de nombreux pays du monde, mis à part les pays du sud de l’UE, mais elle fait
moins bien que la moyenne de l’UE. On remarque que notre taux de chômage est
nettement plus élevé que celui de l’Allemagne mais aussi de pays hors UE comme
la Norvège, la Suisse et l’Islande, ou hors zone euro comme le Royaume-Uni, la
Pologne, la Suède et le Danemark. On voit donc que ni l’UE, ni l’euro ne nous
protège du chômage, et que le taux de chômage peut être inférieur au nôtre dans
des pays européens hors UE ou hors zone euro.
Sur ces trois indicateurs fondamentaux du taux de croissance,
du PIB/habitant et du chômage, il est clair que notre économie n’a rien à
gagner en restant dans l’UE et la zone euro. Mais les deux sont liés et ceux
qui disent que l’on peut renégocier les traités pour une autre UE se heurteront
à des discussions sans fin car les intérêts nationaux sont de plus en plus
divergents. La sortie de l’euro sans sortie de l’UE n’est pas prévue comme l’a
réaffirmé Bruxelles. Il faut donc renégocier les traités et on retombe sur la
difficulté évoquée précédemment. Si la majorité des français est effrayée par
une sortie de l’euro, il est aussi évident que la différence de compétitivité
des pays du sud de l’UE ayant l’euro ne leur permet pas d’éviter une
descente économique et sociale. L’exemple de la Grèce est clair et il faut
cesser de dire que c’est parce que les gens n’y travaillent pas parce que c’est
l’un des pays où la semaine de travail est la plus longue. D’ailleurs j’ai
montré que l’augmentation de la durée du travail hebdomadaire ou annuel ne
procurait ni une augmentation du PIB/habitant, ni une diminution du chômage,
comme le proposait Fillon dans son programme, mais avait l’effet inverse en
période de croissance molle. Mais on peut regarder l’Italie, proche
économiquement et structurellement de nous. L’italien travaille mais l’Italie s’enfonce.
Les italiens sont beaucoup plus nombreux désormais à penser que l’euro les tue.
Mais l’UE nous lie, qu’on le veuille ou non, à l’OTAN, car la
défense de l’UE par l’OTAN est dans les traités. Sortir de l’OTAN sans sortir
de l’UE nous ramènerait à la situation sous Chirac qui s’est violemment opposé
à la guerre en Irak. Comme la politique étrangère et migratoire est dans les
mains de l’UE, faire valoir une indépendance dans ces domaines revient à entrer
en conflit avec les traités et de nombreux pays de l’UE. Par exemple les pays
Baltes réclament la présence de l’OTAN face à une hypothétique menace d’invasion
russe et de fil en aiguille l’OTAN s’implante de plus en plus fortement en
Europe en brandissant cette menace. La proposition de Fillon de renouer des
relations normales avec la Russie lui a valu d’être laissé pour compte par l’oligarchie
financière qui soutient Bruxelles et la politique étrangère américaine. Notre
participation à l’OTAN nous entraîne même dans des conflits extérieurs au
Moyen-Orient et en Afrique où nous ne sommes même pas suivis, ou bien peu, par
la plupart des autres pays de l’UE. Notre puissance militaire nous désigne
comme un fer de lance de l’OTAN en première ligne dans des conflits qui ne sont
pas les nôtres, où nous faisons plus de mal que de bien, et qui génèrent des
retours sous forme de terrorisme à l’intérieur même de notre territoire.
Le trio UE-euro-OTAN est indissociable si nous voulons
disposer de notre indépendance économique, sociale, monétaire, étrangère et
militaire, comme la plupart des pays du monde. Ceux qui évoquent l’isolationnisme dès que l’on sort
de l’UE doivent nous expliquer comment font tous ces pays. La récupération du
contrôle des capitaux, de la possibilité de gérer les tarifs douaniers à notre
gré n’implique nullement l’isolationnisme. La Chine et les Etats-Unis
pratiquent ainsi et sont moteurs dans la mondialisation. Seulement ils font en
sorte de protéger leur économie sur les secteurs choisis. Par ailleurs la
sortie de l’UE n’implique pas en soi une fermeture de nos frontières, ceci fait
partie du traité de Schengen, qui est un traité à part. Des pays de l’UE ont
choisi de ne pas signer ce traité, à contrario des pays européens hors UE,
comme la Suisse, l’ont signé. Je constate que le manque d’information de nos
compatriotes permet de dire n’importe quoi et de faire croire à une doxa qui s’effondre
lorsqu’on la confronte à une réalité et une information comparatives avec les
autres pays de l’Europe et du monde.
Le mot souverainisme, qui veut dire non pas France fermée sur
elle-même, mais France libre, comme son nom l’indique, et indépendante,
qualifie les politiciens qui l’utilisent comme représentants de l’extrême
droite. Rien n’est plus faux. Jean-Pierre Chevènement développe des idées
souverainistes tout en étant de
gauche. Il est vrai que c’est sous l’impulsion principale de la gauche que nous
sommes entrés dans l’UE et que c’est Mitterrand qui a signé le traité de
Maastricht. L’idée de la communauté d’intérêt entre pays proches n’impliquait
pas forcément une UE à vocation fédéraliste. L’Europe des patries de De Gaulle laissait
l’indépendance à chaque autant qu’ils le voulaient. Les traités bi ou
multilatéraux pouvaient mailler les pays européens dans des ententes souples
gagnant-gagnant et évolutives. D’ailleurs nous sommes plus près à vol d’oiseau des
pays du Maghreb, où l’on parle français de plus, que du fin-fond de la Laponie
où l’on parle finlandais ou suédois.
Il est temps qu’une
information réaliste et argumentée
Puisse mettre les
français en capacité de juger
Où est leur véritable
intérêt et non celui
Qu’on cherche à leur
faire croire,
Celui de l’oligarchie
financière !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire