Pendant que se
déroule une campagne polluée par des affaires pestilentielles, le monde a
assisté à une passe d’armes dangereuse entre les deux grandes puissances
nucléaires du monde. L’affaire des gaz toxiques et des images des enfants
subissant les effets du gaz sarin ont permis aux médias occidentaux de répandre
l’image d’un Bachar El-Assad digne de son image de boucher et de stigmatiser
notre ennemi désigné, la Russie. La réaction immédiate de Trump, d’ailleurs
pleinement soutenu par Hilary Clinton pour une fois, annonçant des représailles
et un changement d’opinion sur le leader syrien ont, permis aux médias, une
fois n’est pas coutume, de saluer cette attitude de fermeté malgré la
promptitude de son revirement.
Comme toujours les médias nous ont fait déferlé des articles avec d’autant plus de vigueur qu’ils tenaient un sujet allant dans le sens de l’oligarchie mondiale, de militaires et de la CIA, tous preneurs d’un conflit majeur avec la Russie. Comme toujours on nous a fait pleurer sur des enfants, c’est la recette qui a toujours caché des procédés douteux pour mobiliser l’opinion. Je me suis gardé d’écrire sur ce sujet car on ne peut pas juger des auteurs des faits sans qu’un minimum de constats soit fait. Si la présence des gaz est un fait avéré, les auteurs de cette horrible opération sont encore à déterminer par une enquête sérieuse puisque les deux partis, la Syrie légale et la Syrie rebelle, se renvoient la balle. Or l’attaque s’est produite le mardi 04/04/17 à Khan Cheikhoun, ville du nord-ouest de la Syrie sous tutelle islamiste et turque en ce moment. Cet acte a été qualifié de « grave » et « inhumain », pour lequel ses auteurs (Syrie et Russie) devront « rendre des comptes ». Une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité a eu lieu pendant laquelle les russes et les chinois ont demandé qu’avant toute condamnation du régime de Bachar El-Assad une enquête de l’ONU soit faite.
Face
à ces accusations touchant la Syrie et la Russie, les russes ont déclaré n’avoir
fait aucune mission aérienne sur cette ville et la Syrie ne pas avoir utilisé
de gaz sans nier avoir bombardé. Alors il faut prendre du recul pour analyser
la situation. Bachar El-Assad et Poutine sont en train de reconquérir le
territoire ville après ville dans toute la partie ouest de la Syrie où est
concentrée la population et la vie économique. Tout est fait actuellement pour
les empêcher d’atteindre Raqqa, le fief islamiste. De son côté Trump doit s’opposer
à des médias, hormis Fox News, qui ne désarment pas contre lui, un parti
républicain divisé qui fait capoter ses propositions au Congrès. De plus la CIA
et une partie de l’Armée le poussent à en découdre avec la Russie… pour montrer
en autres qu’il n’a pas un faible pour Poutine. L’affaire de l’attaque au gaz
sarin fait suite à une rencontre entre le secrétaire d’Etat américain, Rex
Tillerson et le Président turc Erdogan. Or les armes chimiques sont fabriquées
en Turquie dont les forces militaires contrôlent la ville de Khan Cheikhoun
avec les islamistes.
Ces
constats laissent à penser que cette opération était prévue de longue date et
que le moment opportun a fait suite à la rencontre américano-turque. Tout cela
ressemble fort à une opération sous « faux-drapeau ». Qui a intérêt à
un tel scénario ? On ne voit vraiment pas quel peut être l’intérêt de
Bachar El-Assad ou de Poutine. Ce dernier est intervenu personnellement pour
que les stocks de gaz syrien soient détruits sous contrôle de l’ONU. Pour
Bachar El-Assad cet emploi ne pourrait qu’être le résultat d’un geste désespéré
devant une défaite probable, ce n’est pas le cas mais l’inverse avec une
victoire en perspective. D’ailleurs même du côté politique américain on fait la
même analyse. Interrogé par le média iranien PressTV, Richard H. Black,
sénateur américain de l’État de Virginie, revient sur les accusations
d’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement syrien et précise : « J’attends et je défie quiconque de me donner
un mobile sérieux qu’aurait eu la Syrie à utiliser du gaz toxique sur les
rebelles. Il n’y en a pas. Or s’il n’y a pas de mobile pour un crime, il n’y a
pas de crime ».
Ceci éclaire d’un jour nouveau l’attaque
américaine sur la base aérienne d'Al-Chaayrate dans la nuit du 6 au 7 avril.
Selon le même sénateur : « C’est une ultime tentative de donner une raison
aux pays de l’OTAN d’intervenir dans la guerre aux côtés des terroristes. » Il
s’agit plutôt d’un gage donné aux faucons américains par Trump. Car sur le plan
militaire et international, le bilan n’est pas bon pour lui. Celui-ci était en
train de rencontrer le Président chinois et d’évoquer la Corée du Nord vers
laquelle se dirige un porte-avion américain et sa flotte d’accompagnement.
Apparaître comme un dirigeant violant le droit international en attaquant un
pays sans son autorisation et sans mandat de l’ONU est un acte qui le
discrédite. L’envoi de 59 missiles dont seuls 23 ont atteint leur cible n’est
pas reluisant d’efficacité et dès le 8 les avions syriens redécollaient de leur
base. Poutine reste maître de la situation et l’on doit à sa redoutable force
de joueur d’échec de ne pas avoir entraîné son pays dans un affrontement
nucléaire. Sans nul doute, le fait d’avoir été prévenu par Trump l’avant-veille
de l’attaque américaine, qui a permis de vider la base, a joué un rôle décisif
dans la décision russe de seulement rompre l’accord de coordination des
attaques aériennes.
Il n’en
reste pas moins vrai que nous sommes passés très près d’un risque majeur. On a
froid dans le dos quand on constate la réaction à chaud de notre Président :
« Une fois encore le régime syrien va
nier l’évidence de sa responsabilité dans ce massacre. Comme en 2013, Bachar
Al-Assad compte sur la complicité de ses alliés pour bénéficier d’une impunité
intolérable. Ceux qui soutiennent ce régime peuvent une nouvelle fois mesurer
l’ampleur de leur responsabilité politique, stratégique et morale. » Le
compte-rendu de la réunion du Conseil de défense réuni par le Président, même
beaucoup plus nuancé, ne peut effacer l’irresponsabilité de celui qui a le
pouce sur le bouton nucléaire. On ne lance pas de tels propos dans l’immédiateté
de l’évènement quand on implique un pays soutenu par la deuxième puissance
nucléaire du monde. Il est vraiment temps qu’il laisse la place mais on tremble
devant le manque de retenue et l’inexpérience d’un Macron, qu’il pousse en avant.
La parole de la France a encore un grand
écho dans le monde
Mais elle ne cesse d’apparaître comme un
pays guerrier
Peu respectueux des lois internationales
Et sous le protectorat américain
Elle aussi se croit tout permis.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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