Nous
terminons un quinquennat comme n’en avait pas encore connu la République
française, un quinquennat monarchique. Quand je dis que nous le terminons c’est
en espérant que de nouveaux attentats avant le 2ème tour de l’élection
présidentielle ne viennent pas inciter au report de ce vote. Le Président a pu
exercer un pouvoir quasi monarchique, bien au-delà de ses prédécesseurs. Le
président socialiste l’a admis lui-même, il a « vécu cinq ans de pouvoir relativement absolu ». En juin 2012, pour
la première fois de son histoire, le PS contrôlait en effet la présidence de la
République, le gouvernement, l’Assemblée nationale, le Sénat, 21 des 22 régions
métropolitaines, 56 des 96 départements et 27 des 39 villes de plus de 100 000
habitants. Ceci est lié à la conjonction de deux phénomènes. Le premier est que
le gouvernement de la France est alternativement confié à une gauche et une
droite campées sur leurs dogmes qui jusqu’à présent donnaient lieu à des
changements de cap sous les Républiques précédentes. On avait à l’Assemblée
Nationale sous la IIIème République des empoignades, au plein sens du terme, d’une
violence physique et orale que nous ne connaissons plus aujourd’hui.
Même
si l’on peut se féliciter de ce retour à plus de civilité de la part de représentants
du peuple, on a aujourd’hui des débats souvent aseptisés où les « combattants »
jouent un théâtre convenu pour se retrouver au bar avant que le rideau ne se
lève pour un nouvel acte. Mais ce qui est plus grave depuis pratiquement le
Président Pompidou, et plus particulièrement depuis Mitterrand, c’est que ces
partis gauche-droite s’ingénient désormais à faire croire à leurs différences
auprès de leurs électeurs mais obéissent tous aux mêmes pressions d’une Union
Européenne de plus en plus présente. Le fameux « arc républicain »
est devenu un conglomérat de politiciens s’ébrouant dans la mare de l’UE en
jouant à se faire peur pour amuser la galerie. Les divergences sont
soigneusement mises en exergue pour garder l’illusion d’une véritable
opposition. D’ailleurs le premier acte européen du Président Hollande a été de
parapher un traité laissé par Sarkozy après l’avoir dénoncé durant sa campagne.
Après avoir mené une campagne à gauche, Hollande a géré l’économie française
dans l’esprit libéral de l’UE, tout en jetant en pâture des mesures sociétales
clivantes à souhait pour le théâtre d’ombres proposé à ses concitoyens.
L’arc
républicain est devenu un fort imprenable, solidement ancré sur l’UE, où les
deux tours étaient apparemment distinctes à un œil non exercé mais en fait
jumelles. L’élection de Jacques Chirac en a été la démonstration éclatante. Les
citoyens de gauche ont voté Chirac, comme un seul homme si je puis dire au nom
du vote utile. Mais il en a été de même de la droite de l’arc. Depuis
Mitterrand les esprits sont formatés ainsi. On a fait croire que certains
électeurs de droite pouvaient être attirés par Le Pen pour mobiliser la gauche
et dissuader ceux de droite de le faire même s’ils en avaient envie. Le score
fleuve de Chirac n’avait plus rien à voir avec l’usage normal de la démocratie.
Le crédo du vote utile est un cancer de la démocratie où l’électeur est poussé
à voter non plus en fonction de ses propres convictions mais est poussé par un
réflexe moutonnier, largement exploité par les politiciens.
Mais
à la Présidentielle succèdent les législatives et le vote utile est de nouveau en
scène. Cette fois-ci c’est en évoquant la nécessité d’avoir une majorité
présidentielle en faveur du Président élu. Ce Président ayant été élu au nom du
vote utile, la captation de l’électorat en faveur de ceux qui détiennent alternativement
le pouvoir devient d’autant plus totale que l’attribution des sièges à la
proportionnelle est toujours renvoyée aux calendes grecques par la nouvelle
Assemblée. Ce slogan du vote utile, habilement utilisé par ceux qui trustent le
pouvoir, dénature totalement la démocratie puisque le peuple est invité à voter
préférentiellement pour… les mêmes. On constate que ce ravage de la démocratie
par le vote utile ne cesse de progresser. C’est ainsi que nous en sommes
arrivés à un quinquennat monarchique avec le Président Hollande.
Si l’on ajoute à cela
que l’oligarchie financière détient la quasi-totalité des médias, finance les
sondages, qu’elle n’a pour but que de maintenir la puissance des banques et des
multinationales, et qu’elle agit de même à Bruxelles pour fixer le cadre dans
lequel le nouveau président devra œuvrer et rendre compte, on voit que le vote
utile est une arnaque, un bâillon mis à la démocratie. Ceci vient s’ajouter au
référendum mis en désuétude en France et mis au pilori à Bruxelles. Le vote
utile est l’ultime signe de la perte de la démocratie dans notre pays. On ne
vote plus en conscience mais par calcul, calcul que l’on a soigneusement
programmé dans nos têtes par une alliance diabolique. L’alliance médias,
sondages, vote utile puis l’éviction d’un semblant d’attribution proportionnelle
pour les sièges à l’Assemblée, sont les dispositions qui font de l’électeur un pantin
aveuglé et manipulé au profit non du meilleur pour lui-même mais des marionnettistes.
Si nous voulons sauver la démocratie
Nous devons voter en conscience
Sinon le Président ne sera pas
Le représentant de…
Tous les français !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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