Depuis
1974 la France suit une trajectoire qui ne peut la mener que vers un appauvrissement
généralisé. C’est l’année de départ de la dette publique française et donc du début
du déficit budgétaire. Mais un autre évènement allait donner une impulsion
négative à notre pays. Cela s’est passé sous Pompidou où l’État s’est vu
imposer d’emprunter, non plus à la Banque de France mais aux banques privées. L’emprunt
du Trésor Public à la Banque de France était pratiquement à taux nul. Il ne
pouvait plus en être de même en empruntant aux banques privées. L’argument
employé était que l’État devait se persuader que l’emprunt a toujours un
intérêt dans le monde des affaires et ceci était supposé en limiter l’utilisation.
L’État dépensier avait donc un frein aux dépenses. Mais dès 1974, le déficit
budgétaire démarrait et l’État commençait à enrichir les banquiers. On allait
sonner dès 1975 la fin des « Trente
glorieuses » où la moyenne de croissance française avait été de
5,1%... on croit rêver aujourd’hui.
Néanmoins
la dérive budgétaire était lancée et elle n’a pas cessé depuis. L’effet négatif
ne s’est pas senti de suite car nous étions en période de forte croissance et
jusqu’en 1980 la France faisait l’envie dans le monde entier. De 1972 à 1978, un
premier filet de sécurité des monnaies, le serpent monétaire, liait les
monnaies entre elles mais avec une élasticité de quelques % les unes par
rapport aux autres. Le lien n’était pas rigide et permettait certaines
adaptations de compétitivité. L’idée était de rendre plus fort ce panier de
monnaies dans le contexte spéculatif mondial par rapport au dollar. Ce serpent,
initié par Pompidou entre des pays économiquement et socialement pas trop
éloignés à l’époque, a d’ailleurs bien fonctionné… car il incluait une
élasticité entre les monnaies. Dès 1979 l’ECU, European Currency Unit, a été utilisé
comme unité de compte pour les institutions européennes et les banques
centrales des pays membre de la CEE. C’était la préparation de l’arrivée de l’euro.
On
parlait à l’époque d’une France leader du monde par son PIB/habitant et promise
au plus bel avenir. Après cette période d’euphorie, les discussions sur une
union européenne ont commencé. Dans les années 90 la France n’avait plus la
même superbe même si la réunification allemande plombait l’Allemagne. Le traité
de Maastricht de 1992 signait une ère nouvelle vendue comme une chance de vie
meilleure. L’euro s’installait dans les transactions bancaires dès 1999 et dans
nos portemonnaies en 2002. Dès 2004 les effets néfastes de l’euro ont commencé
à se voir après une période d’aide massive aux pays en difficulté par l’apport
de la force de la monnaie. L’Allemagne digérait encore sa réunification mais
son potentiel industriel unique en Europe commençait à prendre le pas sur les
autres économies européennes. L’élargissement de l’UE n’incluait plus désormais
que des pays où le système social et économique était largement inférieur aux
autres pays membres. Depuis, et à fortiori avec la crise de 2008, on assiste à
une dérive lente de l’économie européenne dans son ensemble par rapport aux
autres continents et une aggravation des écarts entre les pays suivant en gros
un axe nord-sud.
Il
est stupéfiant que devant une telle évidence du fiasco de l’UE pour amener la
prospérité aux peuples, la plupart des candidats à la présidentielle puisse
encore faire croire que cette entreprise est une réussite de l’histoire ou à
conserver moyennant quelques adaptations. Avec notre dette qui va atteindre 100%
du PIB, une croissance atone, un chômage endémique, un commerce extérieur largement
déficitaire, une population agricole décimée, une désindustrialisation
continue, la France s’enfonce même par rapport à la moyenne des pays européens.
Nous faire croire que c’est grâce à l’idée européenne que nous avons évité les
guerres est un mensonge. La paix entre les deux blocs USA et URSS a été
maintenue par l’apocalypse de l’arme nucléaire qui a été suffisamment
dissuasif. La paix en Europe n’a pas existé et la Yougoslavie a été démantelée
par la volonté américaine. D’ailleurs l’Europe s’est avérée incapable de mettre
fin au conflit du Kosovo sans l’intervention décisive américaine. L’appartenance
de l’UE à l’OTAN ne fait que de nous entraîner vers des guerres qui ne nous
concernent pas comme en Libye ou en Syrie où le gouvernement Trump est en train
de dire que Bachar el-Assad a été élu démocratiquement. On a bonne mine.
Non
on ne peut pas réaménager l’UE car la modification des traités demande l’unanimité
des membres. Si cette unanimité pouvait être acquise à 6 entre des pays
économiquement très liés, à 12 peut-être, c’est impossible à 28 au moment de
surcroît où les divergences d’intérêt apparaissent de plus en plus clairement.
Les dissensions sur la gestion du flux migratoire n’en est qu’un aspect. On ne
peut pas espérer reconstruire une Europe qui a été construite sur des bases
foireuses. Après 20 ans de tentative de rapprochement des peuples, l’identité
européenne n’existe toujours pas. Un français se sent plus proche d’un habitant
francophone africain, d’un canadien du Québec que d’un Bulgare. La langue nous
sépare toujours même si l’anglais sert de véhicule commercial. C’est environ 35
langues qui sont utilisées à Bruxelles, et les traducteurs y font de brillantes
carrières. Maintenant que le Royaume-Uni quitte l’UE va-t-on obliger tous les
représentants des différents pays à utiliser le français langue officielle ?
La
monnaie unique ravage la zone euro au profit de deux ou trois Etats dont l’Allemagne
la grande bénéficiaire. Le clivage entre les « cochons », les PIGS, Portugal,
Italie, Grèce et l’Espagne, est même significatif dans le langage discriminant utilisé
désormais. Quand on traite ces peuples de paresseux et de voleurs, quand on
insulte les Allemands en les traitant de « nazis » , ce que des journaux
en Grèce, en Italie et en Pologne ne se privent pas de faire à chaque tour de
chauffe et moment d’irritation, on est plus dans le « vivre ensemble ». L’Allemagne ne veut pas d’allègement de la dette
grecque, demandez aux grecs ce qu’ils pensent de ce pays. Quand un Mélenchon
désigne du doigt l’Allemagne comme principal responsable de l’appauvrissement
de la France, on entre dans le contexte d’une UE qui se désunit. Le flux
migratoire est aggravé par nos interventions au Moyen-Orient. Les Hongrois ne
veulent pas supporter les erreurs de la stratégie américaine et du double-jeu
turc et allemand sur l’immigration, pas plus que l’implantation des ONG de
Soros, ce milliardaire américain que l’on retrouve dans toutes les déstabilisations
des régimes forts. Ils sont aujourd’hui dans la rue et ils renient ainsi la
politique et la complicité de l’UE.
Les
USA nous désignent un ennemi, la Russie. 80% de la population russe est à l’ouest
de l’Oural. L’UE se cabre contre ce pays et repousse les tentatives russes de
coopération avec l’UE , le Royaume-Uni s’en va. L’Europe va de l’Atlantique à l’Oural,
l’UE a perdu ces deux points d’équilibre en en faisant deux forces centrifuges.
Le déséquilibre nord-sud signe le fiasco du rapprochement économique et social
des peuples. L’UE se meurt et elle est même en train de tuer l’idée de l’Europe
des Patries qui peut avoir des fondements beaucoup plus souples avec des liens
bilatéraux et multilatéraux autant que de besoins. Ceux qui nous racontent que
la France va imposer sa volonté pour changer les traités se trompent. L’unanimité
ne peut plus se faire parce qu’à cause du nombre de pays la probabilité est
faible de réussir et parce qu’il est trop tard. Les clivages sont trop
profonds. De plus les discussions ne peuvent qu’aggraver les dissensions, ce
qui amènera à un éclatement de l’UE mais cette fois dans la discorde. Le Royaume-Uni,
pays pragmatique et berceau de la démocratie, nous a montré le chemin.
Les
français ont ce défaut c’est de ne jamais rien accepter qui ne soit pas une
solution originale nationale. Si cela leur permet d’avoir un esprit reconnu de
découvreurs, cela les écarte souvent des solutions simples, directes et
franches. On sort juridiquement sans contestation possible de l’UE par l’article
50 du traité et, comme le dit l’économiste Prix Nobel Joseph Stiglitz, le plus
tôt sera le mieux. La France a autant d’atouts et même beaucoup plus que la
Norvège, l’Islande et la Suisse, pour vivre sa vie seule dans le monde comme la
plupart des pays. Son deuxième domaine maritime mondial, son rayonnement dans
le monde par la francophonie lui ouvre autant de portes que le Royaume-Uni surfant
sur les restes du Commonwealth.
Après 42 ans d’errements et 20 ans d’expérience
européenne dans l’UE
Il est temps de tourner une nouvelle page
de notre histoire
Une ouverture vers sa vocation de pays
de la paix
De nouveau ouvert sur le monde hors d’un
bloc
Et sans les tutelles américaine et de l’UE
Mues par les puissances de l’argent !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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