Le premier tour de l’élection
présidentielle a désigné le candidat de l’oligarchie financière qui a donné
toute sa puissance médiatique durant une campagne où le seul combat était de
savoir lequel des deux challengers restants, Fillon et Macron, allait
finalement être choisi. La clarté du programme Fillon, copie conforme de la
politique européenne, pouvait être au départ un sérieux atout devant un programme
creux de son adversaire qui s’est ensuite contenté de présenter quelques
actions ciblées mais a renforcé son image de défenseur de l’UE. Le vent a
tourné lorsqu’il est apparu que Fillon voulait renouer des relations plus
cordiales avec la Russie. C’était, aux yeux de l’oligarchie financière, la
faute à ne pas commettre. Fillon a pensé amener un plus pour récupérer des voix
de ceux qui considèrent que les sanctions contre la Russie sont improductives
et nuisent à nos productions agricoles. A partir de ce péché mortel, Fillon n’avait
plus le soutien des puissances de l’argent. Pire celles-ci ont programmé sa
perte. La cuirasse avait un défaut, l’argument de moralité, les médias s’y sont
engouffrés et l’Etat a fait le nécessaire pour que tout cela aboutisse dans un
délai record entre les mains de la justice. Le contre-feu de l’affaire Leroux
identique a été vite étouffé et la plainte sur la déclaration de patrimoine de
Macron n’est qu’aux portes, soigneusement fermées, du Parquet financier et des
médias.
La
puissance de l’argent a permis de mettre, en tête du premier tour, son candidat
Macron et de faire du challenger Fillon un allié piégé au nom de ce qui est « en
marche » depuis Mitterrand, la diabolisation du FN. Mais à force de créer
cet épouvantail qui n’arrive jamais au pouvoir et ne traîne donc pas le boulet
des échecs de celui-ci, le peuple a envie d’un vrai changement avec un appareil
politique qui n’a jamais exercé ce pouvoir. Entre une jeunesse plus sensible à
la forme qu’au fond, une classe âgée qui n’aime pas des grands bouleversements
qui lui font peur, et un relais médiatique sans précédent, la manne a été bonne
pour Emmanuel Macron. Au passage le vrai sujet, celui qui domine tous les
autres, n’a pu qu’être effleuré dans les derniers jours de cette campagne. Par
contre le mot « Frexit » a fait tilt, même s’il a paru trop fort tant
l’opinion est formatée à l’UE par les deux partis se succédant au pouvoir. Mais
chacun a pu constater que tous les candidats voulaient changer l’UE plus ou
moins. Le vote « utile » a focalisé les votes sur le FN et Mélenchon qui
terminent dans le sillage de En marche.
L’oligarchie
financière a gagné la première manche mais elle n’a pas gagné la bataille de l’UE
qui est son seul objectif. Elle n’a pas pu laisser ce sujet sous le tapis, et
même il est devenu le principal sujet qui va opposer les deux camps pour le 2ème
tour. C’est donc une semi-défaite. Quel que soit le vainqueur, le sentiment des
français vis-à-vis de l’UE a changé. Désormais ils se posent la question de l’intérêt
de l’UE et c’est un véritable camouflet que l’opinion a jeté à l’oligarchie en
donnant beaucoup de voix en dehors du duo Macron-Fillon et en rejetant les deux
partis traditionnels de gouvernement. Cette fois le débat est ouvert sur ce qui
aurait dû être le débat de fond, l’UE et son rejeton, l’euro. C’est ce dernier
dont la sortie fait encore peur aux français parce qu’ils n’entendent qu’un son
depuis 20 ans, le son du catastrophisme. Ce catastrophisme s’est appuyé sur des
messages éhontés comme la dette publique qui va exploser, le niveau de vie qui
va s’écrouler, le chômage qui va exploser, la France coupée du monde qui va se
confiner derrière ses frontières.
A la
lumière du Brexit, de la réussite de pays comme la Suisse, la Norvège, l’Islande
et même de pays comme la Suède et le Danemark, les français vont découvrir que
l’on peut bien vivre en dehors de l’UE et en dehors de l’euro. Ils vont
découvrir aussi que le programme du candidat Macron est dangereux car il n’est
que la copie de directives européennes auxquelles comme Fillon, il devra obéir.
La France ne choisit plus, on décide pour elle une politique d’austérité à l’allemande.
Ils vont découvrir que toute l’Europe du sud est en difficulté et que l’Allemagne
continue à pomper ses richesses. La Grèce est en soins intensifs et l’Italie vient
de rentrer à l’hôpital. La victoire du camp Macron devient difficile dès que
les français découvrent ce qu’on leur a caché depuis plus de deux quinquennats.
L’UE n’est qu’une pompe aspirante qui ne refoule que ce qu’elle n’a pas
consommé pour elle-même et qui fait en sorte que notre argent file vers les
multinationales et les banques. L’UE est antidémocratique et asociale, elle n’a
pour but que de servir de glacis militaire et commercial à la puissance
dominante des États-Unis. Macron signera le traité transatlantique de
libre-échange avec les Etats-Unis, c’est le principal acte que l’oligarchie
financière lui demande en récompense de sa présidence s’il est élu.
Car Macron
n’apporte pas de propositions sérieuses pour tous les sujets majeurs qui
préoccupent les français : chômage et baisse des revenus, immigration,
éducation, justice et sécurité, lourdeur de la pression fiscale et donc des
dépenses publiques, système social pléthorique et désordonné. Je ne peux mieux
l’exprimer que l’essayiste Roland Hureaux : « Rien sur la justice, rien sur l’immigration (et comment cela
intéresserait-il Macron qui a félicité Merkel d’avoir ouvert largement ses
frontières ?), aucune réponse aux attentes des "travailleurs pauvres",
immigrés compris, qui ont le sentiment frustrant d’être moins bien traités que
les assistés. Rien par ailleurs sur la famille et la politique familiale – et donc aucune perspective de revenir sur sa
destruction par les socialistes. Et il n’est guère question de politique
étrangère : pour quoi faire ? Macron compte poursuivre la politique d’alignement
servile sur l’OTAN qui a valu à Hollande le mépris universel. Est seulement
proposé un « quartier général européen »: pour faire la guerre à qui ? »
Sur
la sécurité le retour à la police de proximité ne résout pas le problème de la
surpopulation des prisons que Hollande résolvait par la non-inculpation de la
petite délinquance, la sortie prématurée des geôles et la mise de bracelets
électroniques dont certains délinquants équipés ont pu néanmoins aller à l’étranger
pour se préparer au djihad. Sur l’éducation il est difficile de croire que les
classes à 12 dans les zones prioritaires suffira à rendre performant un système
éducatif où les méthodes pédagogiques, les rythmes scolaires, la dispersion des
enseignements dans des matières secondaires, l’autorité des enseignants, leurs
émoluments, la désaffection pour cette profession, posent des problèmes beaucoup
plus globaux. Peut-on croire que la suppression des départements répondra à la
désespérance de la France périphérique et rurale ? Macron baisse la taxe d’habitation,
mais il a la compensation dans ses cartons, la hausse de l’impôt foncier. Sur
ses 96 propositions, 27 augmentent les dépenses et les autres ne proposent pas
de les réduire. Cela veut dire ipso facto une augmentation de la fiscalité,
comme l’augmentation de la CSG, la ponction inventée par Michel Rocard, puisque
la France est sommée de rentrer dans le déficit budgétaire à
3%/PIB.
On
y va donc dans les grandes largesses sur
le minimum vieillesse, les handicapés, 5 milliards pour la santé, 5 milliards
pour l’agriculture, 50 milliards pour l’investissement, 20 milliards pour la
défense nationale, etc. On se fait fort de récupérer les 60 milliards de fraude
fiscale alors que l’on n’est pas maître de la circulation des capitaux et que
la manne récupérée par Hollande est loin d’être de ce niveau avec quelques
milliards. Donc on rase gratis et on omet de dire que l’UE va imposer un resserrement
des dépenses auquel Macron ne pourra échapper que le temps de sa prise de
fonction. Les promesses s’envoleront comme neige au soleil. Donc ce candidat, vanté
comme un paquet de lessive par la sphère politico-médiatique mise en action par
l’oligarchie financière, est un pantin fragile que le peuple peut démasquer
facilement si on lui en donne l’occasion, c’est-à-dire l’accès à tout ce qui
lui a été caché. C’est pourquoi l’oligarchie financière n’a peur que du peuple
auquel on s’ingénie à lui soustraire les informations, à stigmatiser les
lanceurs d’alerte, à éviter les référendums et à limiter le temps de parole sur
les sujets cachés lors des élections présidentielle et législative.
Il nous appartient de ne pas tomber dans
le piège
Que l’oligarchie financière nous a
tendu.
Elle veut juguler la voix de ceux
Qui remettent en cause
Le carcan de l’UE
Et de l’OTAN !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire