Les chiffres sont les chiffres mais il y
a manière et manière de les présenter. La présentation du budget 2017 est l’occasion
de faire le point. Prenons la croissance publiée par le gouvernement en pleine
démagogie électorale. Le graphique présenté montre une France qui relève la
tête et retrouve la croissance qui stabilise l’emploi… et permet la candidature
de Hollande à la Présidentielle. On peut cependant en faire une autre lecture
en particulier en se comparant aux croissances de l’UE et de la zone euro.
Si l’on
étend la comparaison à 2011, on a le graphique ci-contre. Il distingue l’avant
et l’après 2014. Avant la croissance française est systématiquement au-dessus
de la croissance de l’UE et de la zone euro. De plus elle est fortement
positive en 2011. Ce n’est plus le cas à partir de 2014 même si l’écart se
réduit en 2016 et 2017, mais il s’agit là de prévisions gouvernementales. L’UE
a récemment révisé à la baisse de 0,1% les prévisions de la croissance pour
elle-même et pour la zone euro. Par ailleurs les économistes ont des prévisions
nettement plus faibles pour 2016 et 2017 sur la croissance française. Celles-ci
sont portées sur le graphique et montrent que l’écart par rapport à l’UE et à
la zone euro est plus important que celui des prévisions gouvernementales. Tout
ceci apparaît clairement sur le graphique des écarts.
Le
constat n’est alors plus rose mais gris. La France fait moins bien que l’UE et
la zone euro depuis 2014. Il apparaît que l’augmentation importante de la
pression fiscale 2013-2014 a eu les effets négatifs que l’on pouvait prévoir.
Les aides diverses au monde de l’entreprise ont sans doute calmé le jeu ensuite
sans toutefois remettre la France au niveau de la moyenne dans l’UE et dans la
zone euro. Au passage on constate que la croissance en zone euro est
systématiquement plus faible que celle dans l’UE. Sortir de l’euro n’est donc
pas une catastrophe, bien au contraire, mais on se garde bien de nous présenter les chiffres qui le prouve. En conclusion, comparativement la France
"performe" moins bien que la moyenne des pays européens, il n’y a donc pas lieu
de pavoiser sur la qualité de nos dirigeants et la situation a vraisemblablement tendance à se détériorer.
Le
chômage a été examiné dans l’article précédent mais il est un autre indicateur
qui permet de juger de la santé de l’économie d’un État, c’est la dette
publique. En effet la propension de l’État à dépenser est révélée par l’écart entre le PIB du pays
et le déficit public. Ce dernier s’accumule dans la dette et il est intéressant
de regarder l’indicateur dette/PIB là aussi par rapport à la moyenne de l’UE et
de la zone euro. L’Allemagne étant la championne de la politique d’austérité,
dont le but essentiel est la réduction de
la dette, la comparaison avec celle-ci s’impose. Une fois encore on constate,
qu’en dehors de 2011 où le pourcentage de la dette française a été inférieur à
celui de la zone euro, dans tous les autres cas celui-ci est supérieur aux
pourcentages de la dette de l’UE et de la zone euro jusqu’en 2015. Il a même
tendance à s’aggraver. Ceci est particulièrement visible si on représente les
écarts du pourcentage de la dette française avec celui de l’UE, de la zone euro
et de l’Allemagne. En 4 ans, l’écart en notre défaveur a grandi de 6% par
rapport à la zone euro, de 7% par rapport à l’UE et de 17% par rapport à l’Allemagne !
La France a donc plus mal maîtrisé sa dette que la plupart des pays européens.
Au contraire l’Allemagne, qui est déjà en train de réaliser un déficit nul, se
prépare à atteindre le seuil de 60% de dette/PIB qui est l’une des obligations
à remplir du traité de Maastricht. Ceci pourrait se produire
en 2018 au train où va la diminution de sa dette.
Il
nous reste un indicateur à voir. Avec le chômage celui qui a le plus d’impact
sur notre niveau de vie, c’est le PIB/habitant. Pour se faire une idée
comparative, deux périodes de 4 ans sont examinées, 2007-2011 et 2011-2015 pour
lesquelles nous disposons des données Eurostat. Le PIB/habitant est évalué par
rapport à celui de l’UE gratifié de la valeur 100. Le graphique présente sur
cette base l’évaluation pour la France, la zone euro et l’Allemagne. On voit
que l’évolution de la France est similaire à celle de la zone euro mais très
différente de l’Allemagne qui caracole en tête. Il semblerait que la politique
d’austérité allemande n’a pas dégradé cet indicateur même si la seconde période
montre un net ralentissement de l’amélioration de celui-ci. Ceci apparait plus
clairement sur le graphique suivant qui représente en effet pour la France, la
zone euro et l’Allemagne l’évolution sur chacune des deux périodes. Pour la France
la période Hollande s’avère moins bonne que la précédente, dite Sarkozy, comme
pour l’Allemagne mais avec un abaissement contrairement à l’Allemagne où l’indicateur
a progressé même si c’est plus faiblement. La diminution pour la France est
même un peu plus marquée que pour la zone euro.
On
voit que sur ces trois indicateurs, croissance, dette, PIB/habitant, la France évolue
plus mal que l’UE, la zone euro et bien sûr l’Allemagne sur la période de 4 ans
couvrant 2012-2013-2014-2015, ce qui n’est pas vrai dans la période précédente
pour le PIB/habitant. Par ailleurs les écarts avec l’Allemagne se creusent
fortement et même plus faiblement avec l’UE et la zone euro. Cette dernière est
globalement en retrait des performances de l’UE. Cette étude montre que la France
est sur une trajectoire de récession dans une Europe elle-même en retrait par
rapport aux autres continents. Nous ne méritons même pas la moyenne, alors que
les contraintes extérieures (euro, pétrole, taux d'emprunt) étaient au vert,… mais on continue à nous
enfumer.
L’enfumage politique ne fait appel aux
comparaisons qu’à son avantage.
Lorsque la vague porte les surfeurs, certains
vont très loin
D’autres non et même boivent le
bouillon.
La vague était là mais notre surfeur
Nous a emmené boire la tasse
Avant de nous noyer !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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