L’Europe ne tient encore que par ses deux piliers allemands et français, c’est le cœur de l’UE. L’Allemagne va bien même si elle subit le ralentissement mondial de l’économie et si sa démographie en berne amoncelle des nuages pour l’avenir. Sa balance commerciale est largement positive et le chômage contenu dans des valeurs basses par rapport aux pays du sud. Qu’en est-il de notre pays ? Nous nous accrochons à une bourse du CAC40 qui ne décroche pas et à des taux d’emprunt que les pays du sud nous envient. Le reste de l’optimisme tient aux promesses du gouvernement, déficit public ramené à 3% du PIB, croissance positive de 0,8%, courbe du chômage s’inversant avant la fin de l’année 2013.
Les grands groupes du CAC40 réalisent 80% de leurs profits à l’étranger. La France est sous surveillance négative par les agences de notation, les taux d’emprunt bas sont donc toujours sous la menace. Pour le reste le tableau est sombre. Irrésistiblement les caractéristiques de l’économie française se rapprochent de celles des pays du sud et s’éloignent de celles de l’Allemagne qui représente du plus en plus le vrai cœur battant de l’Europe, le « Core Europe ». L’économie française est sur le déclin, elle se désindustrialise, son tissu de PME se délite, sa compétitivité est au plus bas. Ce qui se joue à Florange est emblématique de son lent déclin. En dix ans la Lorraine a perdu 42.000 emplois remplacés partiellement par des emplois moins bien rémunérés et qualifiés du tertiaire.
L’industrie est indispensable dans le développement des autres entreprises, des nouvelles technologies par exemple. Elle est le débouché indispensable et assure un niveau de qualification et de sophistication de l’emploi qui entraîne l’ensemble de l’économie vers le haut. Les salaires progressent et l’utilisation du crédit pour la consommation diminue. A l’inverse on entre dans un cycle infernal qui s’est produit en 2008. C’est ainsi que la désindustrialisation de la France nous conduit à un déficit chronique du commerce extérieur qui devrait se situer vers les 75 milliards en 2012 alors que l’Allemagne maintient depuis 2005, hors 2009, un rythme de 150 milliards de bénéfice. L’industrie française a perdu entre 500.000 et 700.000 emplois en dix ans, selon les estimations, et la part de l’industrie dans le PIB est passée de 24% à 14%.
La désindustrialisation de notre pays est donc un enjeu majeur pour notre avenir et celui de nos enfants. Ce n’est pas un phénomène inéluctable car l’Allemagne et la Suède ont su préserver leurs trésors industriels au contraire de l’Espagne. Les chiffres sont sans appel. Le secteur manufacturier en Europe représente 22% de la valeur ajoutée pour 15% en France et le double en Allemagne. De plus depuis 2010 notre décroissance va plus vite que celle de la moyenne des autres pays. Il y a donc urgence car l’emploi industriel suit.
L’industrie automobile est emblématique de la désindustrialisation par délocalisation ou fermeture d’usine. Renault délocalise en Espagne, en Turquie, en Corée et PSA parle de la fermeture d’Aulnay-sous-Bois en 2014 tout en délocalisation la fabrication de ses nouveaux moteurs en Roumanie et en Espagne. 40% de la production de Renault est désormais réalisée à l’étranger et la part des voitures particulières fabriquées en France est passée sous la barre des 20%. Mais la destruction industrielle touche aussi les biens intermédiaires, métallurgie, plastique, verre, caoutchouc, chimie, etc. utilisés dans d’autres branches industrielles. Même nos positions dans l’énergie, les biens d’équipement, l’agroalimentaire s’effritent. Seule résiste le secteur de la pharmacie, parfumerie et entretien.
La position de la France recule même dans ses piliers historiques, nucléaire où la Corée du Sud vient de nous damer le pion, trains rapides où Siemens prend le marché chinois, avions de plus en plus produits en zone dollar ou pays émergents avec un Rafale qui reste dans les hangars. Deuxième exportateur mondial agro-alimentaire en 1997, elle est désormais devancée par les Pays-Bas et l’Allemagne ! Alors que pour les produits manufacturés l’Allemagne et les Pays-Bas maintenaient leur part de marchés entre 1995 et 2010, la France perdait 35%, plus que le Canada, les Etats-Unis mais aussi plus que la Suède et l’Italie !
Arrêtons-là ce tableau sombre pour en analyser les conséquences, les raisons et les stratégies de rebondissement dans un prochain article. Mais une chose est sûre, on ne voit pas comment la France pourrait diminuer le chômage et reconquérir des parts de marché dans les conditions économiques, fiscales et sociales où baigne l’industrie française.
La ré-industrialisation française est un enjeu majeur
L’emploi et le niveau de vie y sont intimement attachés.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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