L’année 2012 se meurt alors que la crise y survit, c’est la première constatation qui s’impose et qui montre que nos dirigeants doivent être affublés du titre soit de piètres prévisionnistes soit d’ « enfumeurs » de métier. Il faut constater que l’euro n’a pas encore sombré avec la Grèce et que les mesures de sauvetage, dont l’effacement d’une partie de la dette grecque, ont encore trouvé des fonds solidaires européens. Il a fallu néanmoins des discussions longues, âpres et difficiles où les divergences entre français et allemands se sont creusées et où les nationalismes se sont exprimés de plus en plus clairement.
En fait rien n’est réglé dans la zone euro car Chypre, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne ne sont pas tirés d’affaire sans parler de l’Italie qui peut retourner dans une crise gouvernementale et sociale. Un défaut de l’Espagne signifierait la mort de l’Euro car le Mécanisme Européen de Stabilité n’aurait pas les fonds nécessaires à son sauvetage. Malgré tout, les marchés sont optimistes se basant sur la promesse de Mario Draghi de tout faire pour sauver l’euro et sur la prévision d’un accord sur le mur de la dette entre démocrates et républicains aux Etats-Unis.
Il ne faut pas s’y tromper, Mario Draghi n’est sorti qu’avec réticence des statuts de la BCE pour aider la Grèce et avertit qu’il ne le fera plus incitant tous les pays à une cure d’austérité, la France en particulier. La BCE a donc fait marcher la planche à billets pour passer 2012 et la Fed émet du dollar à coups de 40Mds€ par mois ! Où tout ceci va-t-il nous mener, alors que le Japon s’enfonce dans la dette et fait de même avec le yen ? Peut-on croire que la création de fausse monnaie puisse rester longtemps impunie ? Est-ce vraiment par une solution keynésienne de création monétaire, sorte de fuite en avant, que nous éviterons le risque d’une nouvelle crise beaucoup plus destructrice que la précédente ?
L’avenir de l’Europe reste incertain car sa machine économique s’enraye, même si la production industrielle allemande donne en novembre quelques signes de reprise. Le chômage européen augmente et va encore augmenter entrainant des dépenses sociales supplémentaires. Dans ce contexte la France ne peut espérer sortir de la crise malgré les propos du Président qui parle déjà, soit d’une sortie de crise soit d’un début de sortie de crise, au gré de ses auditeurs. Ses propos contrastent avec ceux de Moscovici qui annonce une année 2013 difficile. Le résultat des négociations sur le marché du travail en cours entre le gouvernement et les partenaires sociaux va être regardé à la loupe par les agences de notation et par les investisseurs.
Si une solution courageuse ne prend pas en compte les différents paramètres qui plombent la compétitivité et sont producteurs de chômage, la France sera sanctionnée. Les charges sur le coût du travail sont trop élevées, les contrats en CDI sont surprotégés au détriment de l’embauche. Il en est de même des difficultés de licenciement qui sont aussi un frein. Enfin l’augmentation des salaires ne peut plus, comme par le passé, dépasser systématiquement l’inflation. D’une façon générale l’imposition des entreprises les met en situation défavorable de concurrence par rapport aux productions étrangères. Selon le rapport du Conseil économique et Social, la part de marché de la France dans les échanges mondiaux en volume, en particulier avec les pays industrialisés, n’a cessé de reculer depuis plus de 10 ans et la dégradation affecte toutes les composantes de la balance des transactions courantes.
Il est impératif de reconquérir des marchés en 2013, de donner les signes d’un véritable virage en matière de compétitivité et de baisser significativement les dépenses publiques. Tous ces objectifs sont difficiles à atteindre sans troubles sociaux et la réussite ne peut venir que d’un véritable élan national avec une prise en compte des réalités. La pauvreté et le chômage augmentent. Les fêtes de fin d’année se payent beaucoup sur l’épargne. La France de 2012 ne va pas bien même si d’autres vont encore moins bien et que nous bénéficions de cette situation pour cacher la nôtre.
Le déni de réalité bloque la prise de décisions courageuses.
2012 n’a pas mis la France sur la voie du redressement :
. La réduction des dépenses publiques reste un objectif
. La libéralisation du marché du travail n’est pas faite
. La fiscalité française détruit sa compétitivité.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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