La visite du Président en Algérie fait se reposer la question de la politique extérieure française et de la ligne suivie. La France suit-elle les constances historiques de sa politique ou a-t-elle une nouvelle stratégie bien à elle dans la géopolitique du monde contemporain ? Nos connivences avec le monde financier, notre engagement dans une Europe à vocation fédérale, notre participation guerrière à la stratégie du pétrodollar américain, notre retrait dans l’utilisation de notre domaine maritime, l’affaiblissement de nos moyens militaires, notre éloignement de la Russie sont-ils la preuve d’une stratégie cohérente et nationale ?
Dans la ligne de son prédécesseur pour notre entrée dans l’OTAN, notre accompagnement de la stratégie américaine et notre engagement dans une Europe solidaire, le nouveau gouvernement se différencie par la distance prise vis-à-vis d’une grande nation eurasiatique, la Russie Même si Chevènement est investi de mission. Alors qu’américains, russes et chinois envahissent l’Afrique mais nous laissent nous débrouiller avec le Mali, nous ne profitons pas de notre histoire et de notre langue pour exploiter économiquement notre avantage. C’est pourtant en Afrique que l’on parlera le plus français dans le monde. La visite en Algérie est-elle en phase avec une politique européenne solidaire et une politique pangermanique ?
Autant de questions font face à des positions politiques qui ne semblent ni frappées d’un nationalisme au plus près des intérêts français ni d’une cohérence dans une politique européenne. Dans celle-ci la stratégie du Royaume-Uni et de l’Allemagne apparait fondamentalement différente. Le Royaume-Uni hésite toujours à s’engager franchement dans l’UE, refuse l’euro, n’accepte la solidarité européenne que si elle ne lui coûte rien et joue sur sa vocation atlantique et maritime ainsi que sur ses anciennes colonies. L’Allemagne entend jouer un rôle central entre l’Est et l’Ouest avec une mainmise économique sur les pays d’Europe centrale. Sa puissance économique lui permet d’imposer l’essentiel des règles communautaires et elle étend ses liens jusqu’à la Russie avec laquelle elle entretient des relations étroites, économiques et stratégiques.
La France a cru dans l’Europe avec le sentiment que la paix serait garantie. C’est vrai depuis la poignée de main De Gaulle-Adenauer et cela le restera tant que ces deux pays auront un intérêt commun à être les piliers de l’Europe. Si leurs intérêts divergent, on voit que la crise ravive vite les tensions, l’Europe s’effondrera mais la guerre n’en sera pas automatiquement revenue. Si elle renaît ce sera avec l’appui de conflits religieux instrumentalisés par des puissances rivales qui éclateront, UE ou pas, parce que l’Europe n’a pas développé de puissance militaire digne de ce nom. Il faut se souvenir que la guerre n’est jamais enterrée car elle fait partie du sentiment humain de possession. Chaque pays est un objectif de possession permanent pour les autres et tous les moyens sont bons, militaires, économiques, religieux, linguistiques, etc.
La France a des atouts. Deuxième puissance mondiale par ses possessions ultra-marines qui lui procurent onze millions de kilomètres carrés d’espaces économiques exclusifs, la France ne peut en confier la défense à personne et devrait se doter des moyens d’y assurer seule sa souveraineté. Ce n’est pas la voie que nous prenons dans une Europe sans défense. Nous nous en remettons au bouclier de l’OTAN aux mains d’une Amérique dont la puissance militaire va encore rester pour un temps assez long la première du monde. C’est la France qui devrait fédérer autour d’elle l’ensemble des nations continentales européennes et non se vassaliser aux Etats-Unis et à l’Allemagne.
Empêtrés dans la guerre civile du Mali où nous sommes plus ou moins sommés de mettre notre nez, nous allons laisser partir une moitié nord de ce pays aux mains de terroristes islamiques et de brigands. Nous sommes présents en Syrie par notre accompagnement en matériel au moins dans une guerre au nom soi-disant de l’installation de la démocratie, pieux mensonge comme en Libye. Le Patriarche maronite Béchara El Raï a résumé de façon synthétique cette situation dramatique en disant que la guerre en Syrie n’est pas une guerre entre Syriens mais une guerre entre grandes puissances au travers des Syriens.
Si l’Algérie, pays riche, peut être un pays économiquement intéressant et si l’immigration algérienne mérite notre attention, cela n’en définit pas pour autant une véritable politique africaine. Par contre le fait de reconnaître les méfaits "historiques" de la colonisation est une repentance. C'est une offense à la France et aux Pieds-Noirs si l'on ne souligne pas que nous avons fait de l'Algérie, pays de friches, une contrée moderne, administrativement structurée, alimentairement plus qu'auto-suffisante et un pays riche grâce au pétrole que nous avons découvert entre autres choses.
En réalité aucun axe stratégique, tenant compte des constantes historiques et de l’évolution actuelle du monde, ne se dégage. Pourtant nous allons entrer en 2013 dans une année de chaos mondial où l’Amérique et son dollar vont voir leur hégémonie battue en brèche par les puissances émergentes, Chine en tête. Le rapport de la commission des affaires étrangères et de la Défense du Sénat de 2011 à propos du Livre Blanc sur la Défense nationale de 2008 qualifie même d’ « aveuglement collectif » son incapacité à prévoir les évolutions géostratégiques, allant jusqu’à parler de « sclérose d’une pensée monolithique, de statu quo, voire confisquée par les mandarins. »
En réalité aucun axe stratégique, tenant compte des constantes historiques et de l’évolution actuelle du monde, ne se dégage. Pourtant nous allons entrer en 2013 dans une année de chaos mondial où l’Amérique et son dollar vont voir leur hégémonie battue en brèche par les puissances émergentes, Chine en tête. Le rapport de la commission des affaires étrangères et de la Défense du Sénat de 2011 à propos du Livre Blanc sur la Défense nationale de 2008 qualifie même d’ « aveuglement collectif » son incapacité à prévoir les évolutions géostratégiques, allant jusqu’à parler de « sclérose d’une pensée monolithique, de statu quo, voire confisquée par les mandarins. »
« La guerre est d’une importance vitale pour l’Etat. C’est le domaine de la vie et de la mort ; la conservation ou la perte de l’empire en dépendent ; il est impérieux de le bien régler. Ne pas faire de sérieuses réflexions sur ce qui le concerne, c’est faire preuve d’une coupable indifférence pour la conservation ou pour la perte de ce qu’on a de plus cher, et c’est ce qu’on ne doit pas trouver parmi nous.»
« L’Art de la guerre » Sun Tse
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF34 du Languedoc-Roussillon
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