L’insécurité à Marseille aura eu au moins l’avantage de donner l’occasion au gouvernement de montrer qu’il existait toujours, tout au moins la moitié qui a pu se faire interviewer et photographier. Pour le reste, en dehors de l’occasion d’un coup médiatique, on est stupéfait de constater que pour envoyer 200 policiers supplémentaires, il faille réunir la moitié du gouvernement. Pour les solutions urgentes on aurait pu penser que les ministres de l’Intérieur et de la Justice, en concertation avec des représentants de la communauté urbaine et de la ville de Marseille ainsi que le préfet et les représentants de la police et de la gendarmerie étaient les plus à même de dégager des solutions de première urgence.
Ce n’a pas été le cas et Marseille a pris l’importance d’un tsunami sur la France comme si c’était la seule ville qui avait des problèmes d’insécurité ! Tout se passe bien ailleurs comme à Amiens. L’insécurité à Marseille est historiquement typée car elle est un pôle du grand banditisme depuis bien longtemps, avec une guerre des gangs qui se manifeste épisodiquement. Cela se produit lors des passations de pouvoir d’un chef de gang, périodes où le leadership ou l’existence du clan est remis en cause. Des règlements de compte ont alors lieu.
Mais Marseille c’est le Naples français car la corruption y règne, rampante dans tous les milieux dont le milieu politique. Le lien avec la mafia locale n’est jamais loin. Les marchés publics sont souvent truqués et l’argent passe dans des mains peu recommandables. L’action de la police et de la justice ne s’y exerce pas en toute indépendance et toute quiétude lorsque l’on s’approche des têtes de la mafia et les compromissions font régner « l’omerta ». Il est peu probable que les policiers supplémentaires puissent faire grand-chose de plus dans un tel climat. C’est pourtant ces meurtres liés au grand banditisme qui ont déclenché la médiatisation de l’intervention politique.
Pour le reste Marseille se manifeste par une insécurité forte où le vol et les agressions corporelles racistes forment l’essentiel des actes punissables qui se passent aussi bien dans la rue que dans des établissements publics comme l’école. Elle est liée à la population vivant dans les quartiers défavorisés peuplés par l’immigration, certains diront à la pauvreté. Remarquons que celle-ci n’existe qu’autant que les immigrés sont là… Qui les fait venir ? Qui les encourage à rester et à procréer ? N’est-ce pas le même que celui qui n’a pas d’emploi à leur donner ?
Il n’existe pas de solution à court terme pour traiter l’aspect social dont il est de bon ton d’évoquer la nécessité, sauf celle de plus de l’argent de l’aide publique et l’amélioration de l’habitat. A court terme, les caisses vides de l’Etat et l’augmentation de cette population ne peuvent mener bien loin avec un impact aléatoire sur la délinquance. Il manque en effet une volonté politique, celle de ne plus ériger la tolérance de la délinquance comme une des vertus de notre pays. Pour le reste il s’agit d’actions politiques sur le moyen terme mais sur un plan national.
La petite délinquance dans les quartiers défavorisés est souvent cachée par les victimes qui craignent des représailles. Une plus grande présence des policiers ne fait que faire monter la pression dans une population qui rejette souvent l’autorité de leur pays. Elle n’a pas non plus les moyens de lutter efficacement contre la mafia qui gangrène la ville. Il est peu probable que la situation évolue favorablement. Par ailleurs le grand banditisme existe dans d’autres grandes villes comme Lyon et la multiplication des policiers partout sera financièrement impossible.
Marseille n’est pas la France et la mobilisation politique dans l’urgence apparaît avoir comparativement de bien dérisoires effets. Comme un évènement médiatisé chasse l’autre, l’insécurité marseillaise retombera dans l’oubli. On peut tout-de-même s’étonner que l’action gouvernementale augmente la police d’abord, voit à quoi elle peut servir ensuite, et, pour couronner le tout, demande de diminuer la sévérité des jugements pour vider les prisons. Son incohérence n’est pas de nature à diminuer l’insécurité dans le pays en particulier pour les vols et les agressions corporelles pas plus que le grand banditisme à Marseille,Nice ou Lyon entre autres.
Les actions décidées dans l’urgence et sans participation effective des élus municipaux me semblent être ni bonnes ni du niveau d’un gouvernement qui a une France devant des difficultés mettant en cause son existence même en tant que nation.
L’accroissement du nombre de participants à une réunion
Ne garantit pas l’accroissement de la qualité des décisions.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon