L’énergie nucléaire a mauvaise
réputation en Allemagne où 70% de la population demandait son arrêt. L’accident
de Fukushima, dont la presse aime périodiquement se faire l’écho, a obligé
Angela Merkel à accélérer la décision d’arrêt du nucléaire, décision qui concerne
17 centrales dont sept sont d’ores et déjà arrêtées. En une décennie ce pays va
arrêter 20% de sa production électrique. Cette attitude contraste avec la
décision britannique de relance du nucléaire. Cela tient essentiellement à la
puissance de persuasion des écologistes allemands qui effraient les allemands
depuis trente ans sur ce sujet.
Le dernier accident au Japon n’a
pas dissuadé son gouvernement de poursuivre le nucléaire, gouvernement qu’il serait normal de traiter d’irresponsable s’il considérait qu’une partie de sa
population était réellement menacée. En fait malgré les chiffres donnés sur la contamination radioactive, peu compréhensibles pour la population, les effets constatés
sur la population restent limités par rapport au désastre matériel et humain engendré
par le tsunami lui-même.
On voit que, malgré les attaques
répétées des écologistes, le nucléaire résiste même dans un pays qui a le plus
subi les conséquences de la désintégration de l’atome dans le monde. Les
suédois qui devaient arrêter leurs centrales ne cessent de repousser leur
décision. L’Allemagne est donc un cas particulier où les Verts ont réussi à
tuer le nucléaire grâce à une argumentation basée sur sa dangerosité et sur le
caractère non polluant des énergies renouvelables.
Que se passe-t-il en Allemagne depuis
cette décision, prise le 31 mai 2001, concernant l’arrêt définitif de toutes
les centrales nucléaires d’ici 2022 ? L’énergie produite diminuant avec l’arrêt
de ces centrales, elle doit mettre en œuvre une énergie de remplacement. Pour
influer sur les décisions, les écologistes sont secondés par le ministre de
l'Environnement Peter Altmaier qui a déclaré récemment, dans Die
Zeit, que d’ici 2020 le pays allait assurer 35% de son électricité
à partir de sources renouvelables. Mais que font-ils pour les 65% restants ?
Aucun autre pays ne construit
actuellement autant de centrales alimentées par le coke que l'Allemagne, avec
23 installations. La plupart d'entre elles vont brûler le lignite, le combustible le
plus sale des énergies fossiles, avec un impact atmosphérique de
150 millions de tonnes de CO2 de rejets, et tout cela en accord avec les Verts.
On aurait pu penser que ce soit les centrales au gaz, trois fois moins
polluantes, qui soient choisies. La raison économique a prévalu sur le bon sens
et cela sans le désaccord des écologistes !
Cela tient à l’effet du système
communautaire d’échange des quotas d’émission de CO2. La demande en énergie s’est
affaiblie par suite de la crise économique et une somme importante de quotas
est non utilisée. Le prix de l’unité d’échange s’est écroulé (une tonne d’émission
de CO2 coûte 7 euros) et rend l’utilisation du lignite plus intéressant
économiquement, même si elle consomme plus de droits d’émission de CO2. On voit
déjà l’imbécilité de ce système qui conduit à polluer plus pour gagner plus !
Les Verts ont donc réussi à arrêter le nucléaire pour polluer plus l’atmosphère…
sous réserve qu’à terme, au moins un siècle, on vérifie que l’émission d’origine
humaine du CO2 soit bien la cause du réchauffement climatique. Si ce n’était pas
le cas, on pourrait nous reprocher, à juste raison, notre intérêt pour des
énergies renouvelables plus coûteuses et subventionnées.
On croit néanmoins rêver quand on
lit cette déclaration des Verts allemands. "Nous
sommes prêts à accepter un retour temporaire au charbon comme source d'énergie
afin d'épargner à l'Allemagne les effets destructeurs de l’atome. Après tout,
ce qui nous importe à tous c'est la protection de l'environnement".
S'agit-il bien de l'intérêt de la planète, ou d'une convergence exceptionnelle
entre les intérêts des poids lourds de l'industrie d'énergie et le soi-disant
bien-être de notre planète Terre ?
La déraison ne s’arrête pas là. L’Allemagne
investit 9 milliards dans l’énergie solaire alors que le soleil ne luit guère
plus qu’en Alaska. L'Allemagne dispose à elle seule des installations de
cellules photovoltaïques d'une capacité totale quasiment équivalente à la
puissance de toutes les autres installations à travers le monde. "C'est comme si les habitants de l'Alaska se
mettaient subitement à la culture d'ananas", a fustigé
récemment le député de la CDU [conservateurs] Michael Fuchs.
Quelques chiffres suffisent à
démonter la folie de ces dépenses. Pour réduire les émissions de CO2 d’une
tonne, il faut investir 500 euros dans l’énergie solaire, 20 euros dans une
nouvelle centrale au gaz et 5 euros dans l’isolation d’un bâtiment… sans
compter que les centrales nucléaires n’émettent pas de CO2 !
Chez les écologistes, il y a les
puristes et les autres. Les premiers défendent le respect de la nature et nous obligent à réfléchir
sur notre course au progrès et notre avidité de consommation. Ils essaient
noblement de nous défendre contre nous-mêmes en humains candides mais honnêtes.
Ils sont malheureusement la proie inconsciente de pouvoirs de l’argent nationaux
et internationaux qui les manipulent et ne leur font finalement militer que pour
ce qui leur rapporte de l’argent.
Comme au poker
Entre le candide et le coquin
Le cocu est toujours le premier cité !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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