La morale vient de se doter d’un nouvel adjectif « laïque »,
voilà une nouveauté à laquelle même Jules Ferry n’avait pas pensé. Notre
nouvelle gauche au pouvoir est sans conteste meilleure… dans le discours. Etant
de la génération qui a connu Pétain, de visu même, je me souviens pourtant que
sa morale, que l’école maternelle m’apprenait déjà, travail, famille, patrie, m’a
toujours semblé une excellente illustration des valeurs qui ont guidé ma vie.
De Gaulle que mes parents écoutaient en sourdine, toutes
fenêtres occultées, a ensuite fait juger le maréchal mais n’a pas incité à d’autres
valeurs pour redynamiser la France. Pourquoi faut-il donc que soit désormais
enseignée une morale laïque ? Étonnant, car la morale n’a jamais disparu de
la vie et des programmes scolaires et nombreux sont encore ceux qui ont appris « l’Instruction
civique ».
Il fut un temps, pas si lointain, disons jusque dans les
années cinquante, où le sens du bien et du mal, du juste ou de l’injuste était
parfaitement acquis par l’élève dès son entrée à « la grande école ».
C’était le temps où les parents, même parmi les plus modestes, avaient inculqué
à leurs enfants les conditions nécessaires au « vivre ensemble ». La
discipline, la punition était donc supportée par l’enfant comme faisant partie
de la normalité de la vie à l’école. Il rentrait en rang en classe à la
sonnerie de la cloche et ne montait pas sur les tables pour manifester.
L’enseignant, lors de certains manquements à la discipline,
se permettait même de dire : « Et si tu faisais cela chez toi, que dirait ta mère, hein ? ».
En effet l’enseignant s’appuyait sur l’éducation parentale et les parents ne
venaient pas lui demander le pourquoi d’une punition et si elle était « juste
ou injuste ». Il était courant qu’une punition à l’école se traduise par
une autre à la maison. Désormais non seulement l’enseignant ne peut plus
toucher physiquement l’élève mais la pression parentale rogne en permanence son
autorité.
Nous sommes en fait devant une décomposition de la société et
un multiculturalisme déstabilisant. La morale se veut en fait devenir « laïque »
pour apprendre le « vivre ensemble » que nos dirigeants ont imposé,
sans son avis, à notre société européenne. La destruction de l’autorité de l’enseignant,
en marche depuis mai 68 et à laquelle de nombreux enseignants ont prêté leur
concours, revient en boomerang sur les acteurs. En prime, la composition de
classes multiethniques, où la morale inculquée dans les foyers n’est plus, pour
certains, d’essence judéo-chrétienne. Cela crée une situation où il est devenu plus
important d’enseigner quelques rudiments de comportement individuel et sociétal
que les bases d’un enseignement général.
On peut ajouter que les enfants vivant dans un couple non
recomposé sont de moins en moins nombreux alors que vont fleurir ceux de
couples homosexuels. On peut se poser la question, sans que cela soit honteusement
mis à l’index, du développement psychologique de ces enfants. Le but de la
laïcité n’est pas de faire comprendre le juste ou l’injuste en se servant de la
période coloniale ou de l’immigration. Son but est de faire connaître l’histoire
et il ne s’agit pas de morale mais d’un problème sociologique.
D’ailleurs dans ce domaine il convient de ne pas trancher
aussi brutalement car juste et injuste peuvent rapidement se transformer en pur
et impur. C’est le cas dans la morale
musulmane avec le « halal », c’est-à-dire conforme et autorisé,
et ce qui est « haram », c’est-à-dire maudit et interdit. Ce partage
constitue une norme rigide sanctionnée par de dures réalités.
Cette morale laïque a un relent de guerre des boutons qui n’a
plus lieu d’être, d’autant plus qu’il s’agit de former des enfants à la vie
sociétale et à une certaine tolérance selon le ministre. Sans le rétablissement
de l’autorité des enseignants, il n’y aura aucun effet bénéfique des heures
passées à cette morale qui s’éloigne de l’instruction civique. Or cette dernière
les parents ne peuvent l’assumer mais fait partie de la culture du citoyen. L’enfant
agit d’après ce qu’il voit et constate. Il ne retire rien de ce qu'il entend qui ne soit pas en
adéquation avec son application en classe, or celle-ci est désastreuse.
La morale « laïque »
est un enfumage pour cacher deux échecs,
La perte de l’autorité
de l’école et le multiculturalisme.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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