Est-ce utile de développer l’énergie nucléaire en France mais
aussi dans le monde ?
Il est de plus en plus évident que le devenir
énergétique de la planète se voit menacé par la raréfaction des combustibles
fossiles. Les pays de l’OPEP ont la main sur le robinet du pétrole et en font
varier le cours à leur guise soit juste assez pour satisfaire notre appétit
sans nous asphyxier par le coût du baril. La consommation automobile est notre
talon d’Achille. La propulsion électrique est une porte de sortie ou la
propulsion par l’hydrogène. Dans les deux cas il faut de l’électricité pour
produire de l’électricité ou produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau.
La
production mondiale d’énergie est à 87 % d’origine fossile !… On peut donc
penser qu’il faut préparer le futur et dans ce domaine il faut le temps d’une génération
pour faire évoluer la production. Nos décisions d’aujourd’hui verront leur
réalisation dans vingt ans. Ce peut même être plus lorsque la science franchit
un pas décisif comme pour la fusion nucléaire dont nous reparlerons. Il est pourtant
capital de répondre aux besoins croissants avec une énergie sûre, économique et
respectueuse de l'environnement.
Dans quelle
direction va l’énergie nucléaire ?
Aujourd’hui, pour préparer le
renouvellement de son parc de centrales nucléaires le moment venu, EDF
construit un premier exemplaire de réacteur de nouvelle génération : l’EPR à Flamanville.
Ce premier réacteur est un prototype en France et son coût est maximal en tant
que premier d’une série, de l’ordre de 5 milliards d’euros. Sa durée de vie est
prévue pour quarante ans. Son coût élevé est au niveau élevé de sécurité qui
lui est demandé… ne va-ton d’ailleurs pas trop loin dans ce domaine ?
Ce réacteur, plus sûr et moins
polluant par ses déchets, est dit de troisième génération. Ce sera la dernière
génération des réacteurs à neutrons lents. La quatrième génération sera celle
des réacteurs à neutrons rapides pour laquelle la France fut un temps leader
mondial avec Superphénix ! Son arrêt fut une erreur tragique pour la France et
son rayonnement mondial, erreur que le prix Nobel Charpak a fustigée en vain. Désormais cette
orientation est mondiale.
C’est ainsi qu’à l'initiative du département américain de l'Energie qu’a eu
lieu le « Forum international Génération IV ». A ce jour, treize pays participent à ce Forum Génération IV :
l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud,
les Etats-Unis, la France, le Japon, le Royaume Uni, la Suisse, la Russie et
l’Union Européenne. L'objectif est de définir et de développer des systèmes
nucléaires de quatrième génération. Cette génération de réacteurs, pensée pour
une mise en service en 2040/2045, renforcera encore les critères d'économie, de
sûreté et de développement durable.
Tous les pays
réfléchissent au développement du nucléaire mais en France on a fait peu de
publicité aux déclarations de l’Académie des sciences. Elle juge «urgent d'accélérer les recherches sur
les centrales nucléaires du futur», évoquant la «filière au thorium» et les réacteurs de quatrième génération, à
neutrons rapides.
Il «convient de soutenir, sans a priori, les
études actuelles sur les réacteurs de dimensions réduites et d'une manière
générale sur toute contribution nouvelle, filière au thorium par exemple»,
note l'Académie des sciences dans un avis publié récemment. Dix mois après l'accident
de Fukushima au Japon, l'Académie relève que les centrales nucléaires «sont aujourd'hui le seul moyen» de
produire «de l'électricité concentrée,
permanente et sans émission de gaz à effet de serre», assurant que le
nucléaire «restera longtemps» une composante «essentielle» des ressources
énergétiques françaises.
Pour le «nucléaire du
futur», l'Académie recommande surtout de renforcer les recherches sur la
sécurité des réacteurs de quatrième génération, à neutrons rapides, qui «permettraient de garantir une ressource en
matières fissiles pour des milliers d'années». Ils devraient aussi
contribuer à la «minimisation des déchets».
Les perspectives qui s’ouvrent pour la production d’électricité,
d’hydrogène et de dessalement de l’eau de mer entre autres sont immenses sans
parler des radio-isotopes utiles en médecine et dans l’industrie. La France travaille
sur un réacteur immergé de petite taille, les Russes sur des réacteurs
flottants. Les réacteurs de quatrième génération nous donnent accès à des
ressources fossiles quasiment illimitées. Les réacteurs au Thorium ont des
déchets beaucoup moins polluants, et sont intrinsèquement sûrs et plus petits… Le
domaine ouvert de recherche est immense et la France devrait continuer à jouer
un rôle de premier plan si elle ne se disperse pas dans des secteurs de
technologie facile comme celle des énergies renouvelables.
L’énergie du futur lointain est la réaction nucléaire de
fusion qui s’appuie sur les isotopes de l’hydrogène, ces derniers sont contenus
dans l’eau, source inépuisable. J’ai eu l’honneur de mettre mon nom sur une
publication des années soixante sur ce sujet de la fusion mais il faudra encore un
demi-siècle pour voir fonctionner un prototype. Faire ce que réalise le soleil
n’est pas simple. En attendant ne détruisons pas, pour des raisons plus
politiques que fondées, ce que le génie français a su réaliser depuis Becquerel,
le premier découvreur français de la radioactivité.
Dans un prochain article, je vous parlerai de l’adéquation
des mesures gouvernementales par rapport à l’intérêt de la France.
La France a désormais
le génie de ne pas reconnaître le sien
En proie à des lubies
passéistes ou à des adorations footballistiques
Comme si la modernité était
insoutenable, sauf si elle vient des autres.
Elle va ainsi se
précipiter sur la technologie faite en Corée
Quitte à en mourir de
dépendance…
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon
La rubrique sera interrompue quelques jours pour raison de
santé