jeudi 20 septembre 2012

Ecologie oui… mais intelligente ! (3ème partie)


Est-ce utile de développer l’énergie nucléaire en France mais aussi dans le monde ?

Il est de plus en plus évident que le devenir énergétique de la planète se voit menacé par la raréfaction des combustibles fossiles. Les pays de l’OPEP ont la main sur le robinet du pétrole et en font varier le cours à leur guise soit juste assez pour satisfaire notre appétit sans nous asphyxier par le coût du baril. La consommation automobile est notre talon d’Achille. La propulsion électrique est une porte de sortie ou la propulsion par l’hydrogène. Dans les deux cas il faut de l’électricité pour produire de l’électricité ou produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau.

La production mondiale d’énergie est à 87 % d’origine fossile !… On peut donc penser qu’il faut préparer le futur et dans ce domaine il faut le temps d’une génération pour faire évoluer la production. Nos décisions d’aujourd’hui verront leur réalisation dans vingt ans. Ce peut même être plus lorsque la science franchit un pas décisif comme pour la fusion nucléaire dont nous reparlerons. Il est pourtant capital de répondre aux besoins croissants avec une énergie sûre, économique et respectueuse de l'environnement.

Dans quelle direction va l’énergie nucléaire ?

Aujourd’hui, pour préparer le renouvellement de son parc de centrales nucléaires le moment venu, EDF construit un premier exemplaire de réacteur de nouvelle génération : l’EPR à Flamanville. Ce premier réacteur est un prototype en France et son coût est maximal en tant que premier d’une série, de l’ordre de 5 milliards d’euros. Sa durée de vie est prévue pour quarante ans. Son coût élevé est au niveau élevé de sécurité qui lui est demandé… ne va-ton d’ailleurs pas trop loin dans ce domaine ?

Ce réacteur, plus sûr et moins polluant par ses déchets, est dit de troisième génération. Ce sera la dernière génération des réacteurs à neutrons lents. La quatrième génération sera celle des réacteurs à neutrons rapides pour laquelle la France fut un temps leader mondial avec Superphénix ! Son arrêt fut une erreur tragique pour la France et son rayonnement mondial, erreur que le prix Nobel Charpak a fustigée en vain. Désormais cette orientation est mondiale.

C’est ainsi qu’à l'initiative du département américain de l'Energie qu’a eu lieu le « Forum international Génération IV ».  A ce jour, treize pays participent à ce Forum Génération IV : l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la France, le Japon, le Royaume Uni, la Suisse, la Russie et l’Union Européenne. L'objectif est de définir et de développer des systèmes nucléaires de quatrième génération. Cette génération de réacteurs, pensée pour une mise en service en 2040/2045, renforcera encore les critères d'économie, de sûreté et de développement durable.

Tous les pays réfléchissent au développement du nucléaire mais en France on a fait peu de publicité aux déclarations de l’Académie des sciences. Elle juge «urgent d'accélérer les recherches sur les centrales nucléaires du futur», évoquant la «filière au thorium» et les réacteurs de quatrième génération, à neutrons rapides.

Il «convient de soutenir, sans a priori, les études actuelles sur les réacteurs de dimensions réduites et d'une manière générale sur toute contribution nouvelle, filière au thorium par exemple», note l'Académie des sciences dans un avis publié récemment. Dix mois après l'accident de Fukushima au Japon, l'Académie relève que les centrales nucléaires «sont aujourd'hui le seul moyen» de produire «de l'électricité concentrée, permanente et sans émission de gaz à effet de serre», assurant que le nucléaire «restera longtemps» une composante «essentielle» des ressources énergétiques françaises.

Pour le «nucléaire du futur», l'Académie recommande surtout de renforcer les recherches sur la sécurité des réacteurs de quatrième génération, à neutrons rapides, qui «permettraient de garantir une ressource en matières fissiles pour des milliers d'années». Ils devraient aussi contribuer à la «minimisation des déchets».

Les perspectives qui s’ouvrent pour la production d’électricité, d’hydrogène et de dessalement de l’eau de mer entre autres sont immenses sans parler des radio-isotopes utiles en médecine et dans l’industrie. La France travaille sur un réacteur immergé de petite taille, les Russes sur des réacteurs flottants. Les réacteurs de quatrième génération nous donnent accès à des ressources fossiles quasiment illimitées. Les réacteurs au Thorium ont des déchets beaucoup moins polluants, et sont intrinsèquement sûrs et plus petits… Le domaine ouvert de recherche est immense et la France devrait continuer à jouer un rôle de premier plan si elle ne se disperse pas dans des secteurs de technologie facile comme celle des énergies renouvelables.

L’énergie du futur lointain est la réaction nucléaire de fusion qui s’appuie sur les isotopes de l’hydrogène, ces derniers sont contenus dans l’eau, source inépuisable. J’ai eu l’honneur de mettre mon nom sur une publication des années soixante sur ce sujet de la fusion mais il faudra encore un demi-siècle pour voir fonctionner un prototype. Faire ce que réalise le soleil n’est pas simple. En attendant ne détruisons pas, pour des raisons plus politiques que fondées, ce que le génie français a su réaliser depuis Becquerel, le premier découvreur français de la radioactivité.

Dans un prochain article, je vous parlerai de l’adéquation des mesures gouvernementales par rapport à l’intérêt de la France.

La France a désormais le génie de ne pas reconnaître le sien

En proie à des lubies passéistes ou à des adorations footballistiques

Comme si la modernité était insoutenable, sauf si elle vient des autres.

Elle va ainsi se précipiter sur la technologie faite en Corée

Quitte à en mourir de dépendance…

Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon
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