Le projet de budget 2013 est enfin prêt à être soumis aux
Assemblées. C’est un budget dont les objectifs ont été masqués jusqu’au dernier
moment après des tergiversations sans fin. Il en ressort que le « combat »
est dirigé contre la France elle-même qui doit payer ses fautes de pays cigale
depuis 1974, date à partir de laquelle elle a commencé son endettement. Gauche et
droite y ont toutes deux participé mais le dernier gouvernement de droite a
affronté la pire crise depuis 1929.
C’est à un gouvernement de gauche qu’il revient d’augmenter
les impôts puisque c’est sa vision habituelle de l’économie mais il prend la
précaution de prendre 1/3 des réductions de dépenses laissant aux particuliers
et aux entreprises le soin de fournir les 2/3 des recettes supplémentaires. Il
prend la précaution supplémentaire d’annoncer une croissance du chômage pour ne
pas avoir à se justifier par la suite.
Chacun sait qu’il y a des économies importantes à faire dans
les dépenses de l’Etat mais elles ne sont pas à faire dans la précipitation en coupant
sur les investissements. Ce sont les dépenses de fonctionnement qui sont à
diminuer et les investissements à maintenir ou à augmenter s’ils sont rentables
pour l’économie du pays. Supprimer des investissements c’est se priver de
profits futurs et d’emplois dans le présent. Par ailleurs l’augmentation de la
pression fiscale dans un pays, où elle est déjà l’une des plus forte d’Europe,
ne peut agir que négativement sur la consommation et sur la compétitivité des
entreprises.
On voit donc mal comment un budget de combat pour juguler la
dette peut redresser son économie et diminuer sensiblement les dépenses de
fonctionnement de l’Etat, dépenses parmi les plus fortes de l’UE. Nous cédons à
la pression du FMI, de la BCE et de l’Allemagne avec l’idée qu’annoncer un
objectif de 3% de déficit par rapport au PIB suffira à nous garantir les taux d’emprunt
actuels soit au plus de 2,9% à dix ans et 0,25% à 3 mois. Il nous faut en effet
emprunter 180 milliards en 2013 dont 61,6 milliards provenant du déficit prévu
en 2013.
Tout tient donc dans le pari de maintien de la trajectoire et
dans la confiance qu’auront les marchés sur notre capacité à réaliser cet
objectif de 3%. Or ce budget est bâti sur une croissance de 0,8%, chiffre qui n’est
retenu par aucun organisme d’analyse économique public hors de France ou privé.
Les estimations oscillent entre -0,1% et 0,5%. Il y a fort à parier que la
crédibilité de notre budget 2013 ne soit pas suffisante pour nous garantir la
note AAA que nous accorde encore deux agences de notation.
Se donner un objectif de croissance de l’économie alors que
rien, ou presque, ne permet une relance dans les entreprises et par ailleurs
augmenter la pression fiscale est un combat à reculons qui joue perdant. Le fait
d’admettre une augmentation du chômage comme une fatalité est un signe qui ne
trompe pas. On espère que le ciel sera clément, que l’Allemagne qui a besoin de
nous sera toujours à nos côtés et que nos voisins du sud feront moins bien que
nous. L’Espagne va demander une aide et le Portugal aussi, la Grèce est aux
abois et l’Italie en forte récession. Les aider signifie une participation
financière de notre part donc des emprunts nouveaux. On ne peut miser sur la
misère des autres ou il faut oublier la solidarité.
C’est pourtant l’emploi qui devrait être le cheval de
bataille de ce gouvernement qui veut ouvrir des perspectives aux jeunes. Ce ne
peut être des emplois aidés dans le secteur public mais des emplois à temps
plein dans le secteur privé productif. Cela signifie de mettre en œuvre tous
les moyens d’aide aux entreprises et de diminuer la pression fiscale. C’est
imposer aux dépenses de fonctionnement de l’Etat une coupe drastique pour
dégager les fonds nécessaires. La crédibilité de la France sera alors mieux
assurée qu’un objectif de 3% de déficit. Compétitivité et rigueur sur les
dépenses de fonctionnement de l’Etat sont les seules voies possibles pour ne
pas faire tomber la France en récession et sous le coup d’une tutelle budgétaire.
Par ailleurs le monde se tourne vers la guerre sous la
pression impérialiste américaine. Nous sommes désormais vassalisés et ceci d’autant
plus que notre armée est dans un état lamentable d’après les renseignements de
première main dont je dispose auprès de l’Armée de terre. Le budget réellement
disponible pour seulement entretenir l’existant, dont la fiabilité baisse
chaque année, est en diminution. La France ne peut plus être seule sur un vrai
théâtre d’opération. Si la dissuasion nucléaire ne suffit pas, elle ne pourra
même plus défendre son territoire.
Enfin on peut se demander si les français vont accepter
longtemps que le budget de la justice soit en augmentation pour voir de plus en
plus de délinquants épargnés par la prison ou sortis de plus en plus tôt
par rapport à la peine encourue. Ceci correspond à une augmentation
mathématique de la délinquance à venir et à une diminution de l’encombrement
des prisons. Si la France est au-dessus des normes fixées par l’UE sur l’encombrement
carcéral, on peut penser que cette opération de vidange des prisons aurait pu
suffire pour cette année. Non, dans un budget exceptionnel d’austérité, on
investit dans la création de cellules supplémentaires aux frais du
contribuable que la délinquance va « raquetter » et terroriser!
L’UE est au bord de la
rupture
La récession n’épargnera
pas la France
La rue n’épargnera pas
son gouvernement
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon