L’écologie ne se résume pas aux choix énergétiques, son
domaine peut en effet être très large mais les mouvements écologistes se sont
surtout fait entendre sur le choix énergétique du nucléaire. Il est vrai que la
France est un leader mondial sur ce sujet. 75% de la production d’électricité
est d’origine nucléaire et globalement la France a été exportatrice
d’électricité même si elle a pu être déficitaire certains mois. Les
gouvernements, sous la pression politique française, européenne et mondiale, nourrie
d’abord de l’accident de Tchernobyl puis de celui de Fukushima, ont
subventionné ou fait subventionner par le consommateur les énergies
renouvelables, solaire et éolien.
Ces énergies doivent assurer 25% de la production à l’horizon
2020 et la fermeture de la centrale nucléaire la plus ancienne est prévue pour
2016. Cette orientation mérite deux remarques. La suppression d’une centrale
dans le parc nucléaire réduit notre capacité de production d’environ 5%,
production qui ne sera que partiellement comblée par la mise en service de
l’EPR de Flamanville. L’Autorité de Sûreté Nucléaire a demandé de nouveaux
travaux sur Fessenheim à hauteur de 4 milliards pour tenir compte des
enseignements de Fukushima et renforcer la sécurité. Elle n’est pas opposée à
pousser la durée de vie de Fessenheim jusqu’à 40 ans si certains autres travaux
sont entrepris.
Le choix de l’arrêt de Fessenheim est donc purement un choix
politique. Il est de plus projeté de descendre la part du nucléaire à 50% d’ici
2020, ce qui suppose une formidable implantation des énergies renouvelables ou un
arrêt d’un tiers de nos réacteurs ou encore un mixte des deux. Les énergies
renouvelables étant entre deux fois et dix fois plus coûteuses, le surcoût
devra, d’une façon ou d’une autre, être épongé par les consommateurs. Mais ces énergies ne demandent pas le même niveau technique,
ni la même recherche fondamentale. La concurrence jouera à plein. La France,
leader mondial du nucléaire et dotée d’importants moyens de recherche et d’un
savoir-faire incomparable, va devoir lutter dans une compétition où elle ne
sera pas mieux armée que nos industries automobiles qui cherchent à survivre.
Par ailleurs le coût de pouce que veut donner le gouvernement à la propulsion électrique automobile va engendrer d’une part d’importantes subventions pour son développement et des investissements pour la mise en place des infrastructures de connexion aux automobiles. Elle engendrera une demande électrique supplémentaire.
Par ailleurs le coût de pouce que veut donner le gouvernement à la propulsion électrique automobile va engendrer d’une part d’importantes subventions pour son développement et des investissements pour la mise en place des infrastructures de connexion aux automobiles. Elle engendrera une demande électrique supplémentaire.
L’argument de la compensation de main-d’œuvre qu’offrent les
énergies renouvelables est fallacieux car le nucléaire demande beaucoup plus de
main-d’œuvre pour la construction des centrales et en utilise beaucoup dans l’extraction,
le traitement chimique des minerais, l’enrichissement et le retraitement des
combustibles usés.
La justification d’un tel choix gouvernemental ne peut pas
non plus s’expliquer par l’émission de gaz à effet de serre puisque le
nucléaire n’en émet que dans la phase de construction et de fabrication des
composants. A contrario le choix de l’énergie solaire est celui de la dépendance
aux métaux rares qui sont essentiellement extraits par la Chine. L’énergie
éolienne demande de larges espaces d’implantation et l’on parle de fermes
éoliennes dans les déserts américains avec des milliers d’éoliennes espacées de
200m pour fournir une puissance annuelle équivalente à un réacteur nucléaire. Ajoutons
enfin que l’énergie nucléaire est enviée, voire jalousée, par de nombreux pays
européens et que certaines pressions écologiques sont soutenues par des
puissances étrangères dont le but n’est pas amical.
La production d’électricité par l’énergie nucléaire a donné à
la France une indépendance énergétique qui lui permet d’augmenter son poids
diplomatique, ses sources d’approvisionnement étant assurées par leur
déploiement sur tous les continents. L’Allemagne aura du mal à s’affranchir du
gaz russe et a choisi la voie de la pollution en utilisant les centrales
thermiques sous la pression écologique. La France détient un atout de première
importance dans la lutte mondiale où les grandes puissances cherchent à
asservir les autres. On peut déplorer qu’elle n’investisse pas dans la
recherche, sur un domaine où elle excelle, de façon à garder son avance
technologique et choisisse d’autres voies plus concurrentielles où les pays à
faible coût peuvent être présents.
L’argument du savoir-faire que l’on pourrait acquérir en
démantelant des centrales est tout aussi fallacieux parce que les techniques en
sont connues et ont été appliquées en France sur des réacteurs expérimentaux à
Marcoule, et depuis 2001 EDF a créé une unité spécialisée dans la
déconstruction des centrales nucléaires. 9 chantiers sont en cours, Brennilis,
Bugey1, Chinon A1, A2, A3, Creys-Malville, Chooz A, Saint-Laurent A1 et A2. EDF
supervise les chantiers sous le contrôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire.
Il faut cesser de raconter des âneries pour justifier des
décisions politiques qui font fi de l’intérêt supérieur de la France pour des
raisons électoralistes. L’abandon du nucléaire et plus encore la volonté étatique des recherches dans
ce domaine sont une bêtise que la France va payer cher et qui va accompagner
son déclin sur la scène mondiale. L’Europe a été jusqu’au vingtième siècle le
continent dont la puissance a été tirée par son avance technologique et
scientifique sur tous les autres continents. Il est dommage que la France veuille
se donner comme but de jouer dans la Cour des petits, donc des vassaux.
L’intelligence mise au
service de la science
A toujours été la proie
de la bêtise et de la jalousie.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon