dimanche 8 janvier 2012

Syrie, Libye, une même ingérence dans deux pays souverains

Khadafi est mort, lâchement meurtri et assassiné, et pour une grande partie du peuple libyen, il est devenu un martyr. « Le peuple libyen va s’apercevoir de la grande différence, de la valeur de son guide, des enjeux qui se font sur son dos et à son détriment. Ajouter que la population qui a souffert des bombardements, avec ses dizaines de milliers de morts, il ne reste aux Libyens que la vengeance enfouie encore l’esprit propre à la culture bédouine […] L’Otan et le CNT n’espéreront jamais son ralliement car, ils leur ont apporté la mort. Bien au contraire, la haine et la vengeance vont décupler. […] Pour l’Islam c’est un martyr, un acte digne de haute valeur. - Les agresseurs de la coalition doivent savoir qu’ils ont ouvert en Libye la « boite à Pandore » de la vengeance que ne peuvent arrêter que les « Grand Sages » religieux reconnus de Libye »( DJERRAD AMAR)

Le bilan de l’opération libyenne se solde par des dizaines de milliers de morts, des villes saccagées, des guerres tribales ravivées, mais des industries pétrolières étrangères redevenues toutes puissantes et une étape réussie de la déstabilisation de l’arc sud méditerranéen et des pays pétrolifères. Grâce à notre intervention « démocratique », nous pouvons lancer nos entreprises à la reconstruction de l’un des pays les plus riches d’Afrique pendant que ce pays risque de retourner vers le chaos.

L’opération américaine se poursuit dans les pays à déstabiliser, soit en interventions militaires par ses vassaux, soit par des infiltrations de services secrets et de mouvements à sa solde ou pour l’instant en collusion d’intérêt, comme Al-Qaïda et les Frères Musulmans. La Syrie fait partie du projet de démembrement du monde arabe sur des bases ethniques, tribales ou confessionnelles en profitant de la révolte des peuples contre la corruption, l’arrogance et les compromissions de leurs dirigeants. Cette stratégie a été définie dès 2001 par les USA. L’éclatement de la Syrie en plusieurs états est envisagé selon un découpage qui ressemblerait à celui qui existait en 1920 sous mandat français.

L’objectif est de casser l’axe Liban-Syrie-Iran, ce dernier pays étant celui ayant la plus grande importance géostratégique par ses champs pétrolifères et ses liens avec la Russie et la Chine. On ne peut mettre en difficulté ses deux géants qu’en les isolants, puisque l’Amérique déclinante joue le jeu dangereux d’une troisième guerre nucléaire. Des navires de guerre russes, le porte-avion Maréchal Kouznetsov avec une escadre importante, se concentrent devant le port de Tartous, base militaire russe en territoire syrien. Il ne fait plus aucun doute que les mouvements intérieurs contre Poutine sont poussés en avant par les Occidentaux. Des « centaines de millions de dollars de fonds étrangers » auraient d’abord circulé en Russie, selon Vladimir Poutine, pour influencer le scrutin. Le but et la raison restent les mêmes, la déstabilisation pour raison démocratique pour alimenter les blogueurs russes et les ONG sur place.

« Pour l’Otan et Israël, le renversement du régime de Damas, la liquidation du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien, ne sont que des étapes. Les Américains et les Français ont demandé à plusieurs reprises à Bachar al-Assad de prendre ses distances avec son allié iranien. Il a refusé, se doutant que son tour viendrait ensuite et qu’à ce moment-là, il serait seul face à la machine de guerre occidentale. […] Face à l’ « arc chiite » pro-iranien - l’expression est du roi Abdallah II de Jordanie – les occidentaux veulent opposer un « croissant sunnite » réunissant les émirs du Golfe, les rois d’Arabie et de Jordanie, et les partis politico-religieux qui leur sont plus ou moins favorables, ne serait-ce que par opportunisme, comme les Frères Musulmans. » (Gilles Munier)
  
La Turquie, sous pression américaine a rompu ses liens avec la Syrie et héberge des combattants d’Al-Qaïda et des libyens à la frontière syrienne. Plusieurs journalistes indépendants, ainsi que des témoignages dignes de foi, comme celui d’une religieuse catholique publiée récemment, montrent que l’agitation en Syrie est suscitée et entretenue de l’extérieur. Les 5000 morts évoqués ne sont corroborés par aucun recensement sérieux. Visiblement on nage dans l’intoxication programmée.

La Russie, inquiète de voir l’OTAN en voie de construire des batteries anti-missiles à sa frontière, pour soi-disant protéger l’Europe de missiles iraniens, développe de nouvelles armes. Nous entrons dans une forme de guerre froide qui peut à tout moment embraser le monde entier. La position de la France est celle d’un vassal des Etats-Unis et, comme en Lybie, ces derniers nous poussent en première ligne. La brusque décision de faire voter la reconnaissance des génocides fait partie de la pression à exercer sur la Turquie pour qu’elle se désolidarise de la Syrie, alors qu’elle ne  répondait pas aux injonctions de la France.
  
Nous, peuple de la liberté,

Nous baffouons notre souveraineté

Par une ingérence dans des pays souverains

En vassaux d’une puissance hégémonique.

Claude Trouvé