Lundi 30 janvier à Bruxelles le temps est venu de préparer la signature des deux traités, voulus par l'Allemagne qui coule dans le marbre, discipline budgétaire et solidarité financière. L’un est un « pacte budgétaire » réclamé sans concession par la Chancelière allemande, l’autre le « mécanisme européen de stabilité (MES) qui instaure une solidarité financière qui avait été exclue du traité de Maastricht.
Le premier imposera la discipline budgétaire à tous les pays de l’Union sauf le Royaume-Uni. L’adoption de ce premier traité est considérée par l’Allemagne comme un préliminaire incontournable pour aborder le second. D’ailleurs il est spécifié qu’un pays ne pourra bénéficier du MES en juillet 2012 s’il n’a pas signé le pacte budgétaire, ce qui en exclut donc le Royaume-Uni. Le non-respect de la rigueur budgétaire serait l’objet de sanctions automatiques sans droit de recours. L’Allemagne veut aller plus loin en incluant la dette dans le pacte avec l’objectif du 60%/PIB malgré l’opposition de la France. Un compromis sera donc discuté.
La hauteur des fonds du MES ne devrait pas dépasser les 500Mds€. Pour augmenter la puissance des fonds de solidarité européens, le fonds européen de stabilité financière (FESF) de 250Mds€ serait maintenu. Grâce à l’effet de levier que garantissent les pays de l’UE, le montant des fonds disponibles pourrait être doublé.
Au moins deux sommets par an sont prévus pour les pays de la zone euro et un débat va s’instaurer sur la présence de ceux qui auront signé les traités. La France s’y oppose alors que la Pologne le demande. On voit là une nouvelle escalade dans l’hétérogénéité de l’UE. L’UE devient une zone d’accueil où chaque pays prend ce qui l’intéresse. L’Allemagne tente de resserrer les rangs de la zone euro dont elle est, jusqu’à présent la grande bénéficiaire. Accueillir la quasi-totalité dans les nouveaux textes lui permet de diminuer les risques par le pacte budgétaire et de diminuer relativement sa participation dans le sauvetage des pays en difficulté.
Si cela répond aux conditions du maintien de l’Allemagne dans la zone euro, il est peu probable que l’année 2012 ne se solde pas par des pays incapables de rembourser leurs dettes et de supporter une monnaie trop forte pour leur économie. L’année 2012 sera une année de récession et les dettes vont continuer à augmenter. Dans ce cas c’est un château de cartes qui s’écroule entraînant avec lui l’ensemble de la zone euro. L’imbrication des dettes des pays en difficulté avec les autres pays est montrée d’une façon imagée par le graphique publié par le New-York Times.
Les « emprunts », exprimés en dollars, faits aux autres états sont les flèches sortant des cercles des pays. On voit que la France a pour 511Mds$ soit 400Mds€ d’obligations italiennes, 220Mds$ soit 170Mds$ d’obligations espagnoles entre autres qui sont d’une autre importance que les 75Mds$ soit 58Mds€ d’obligations grecques.
L’Europe va rapidement se rendre compte que, la récession arrivant, les cures d’austérité amplifient la dette des pays déjà en difficulté. La différence de compétitivité entre l’Allemagne et la France sera maintenue, les classes moyennes du peuple français paieront la note et le chômage augmentera. La chape de plomb de l’euro, et de la libre-circulation des produits et des capitaux sont trois ingrédients mortels qui ne peuvent que profiter aux multinationales, aux spéculateurs et aux banquiers.
Quand on tombe dans la mer froide
Plus on se débat, plus on meurt vite.
L’euro n’est pas une bouée de sauvetage mais un linceul