Un grand voile est jeté sur la situation réelle de la France et les raisons de la situation actuelle. La raison de ces non-dits en est simple, c’est que politiques et médias de tous bords y ont largement participé depuis trente ans. Il est vrai que nous vivons dans un univers de dettes publiques pour un cumul mondial en 2011 de 41.100Mds$ soit de l’ordre de 31.600Mds€. Si l’on considère que 100 billets de 1$ bien tassés ont une épaisseur de 1mm, ce total des dettes représente 411.000 km soit plus que la distance de la terre à la lune ou plus de 9 fois le tour de la terre.
Il est vrai que la crise a aggravé un peu plus la situation mais l’Europe est aussi malade que les Etats-Unis avec leur 12.000 Mds$ de dette publique. Les cinq plus grands pays européens ont cumulé 9.400Mds$ de dettes soit de l’ordre de 7.200Mds€. L’Europe est malade de ses dettes. À la crise du crédit subprime, où les particuliers ont été poussé à l’endettement jusqu’à la faillite des banques, succède la crise souveraine subprime où les états se sont endettés jusqu’au cou et ont de plus sauvé les banques. Cette fois les banques européennes, qui n’ont pas encore réussi à se refaire une santé et qui mettent frileusement à l’abri leur argent pour six mois à la BCE même à taux négatif (!), ne viendront pas au secours des états dont les dettes s’alourdissent.
La France n’échappe pas à une dérive vers le catastrophisme si un changement radical de direction n’est pas pris aux élections prochaines. Selon les critères de Maastricht la dette publique est de 1692,7 Mds€. Mais en réalité elle est plus près du double de ce montant car de nombreux organismes ont été créés pour dégonfler le montant de celle-ci. Citons la CADES (Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale) avec 21 milliards de dettes qui devrait être renflouée grâce à l’impôt CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette Sociale) en… 2021. Citons la SNCF avec 36,5 milliards de dettes entre la SAAD (Service Annexe d’Amortissement de la Dette) et la RFF (Réseau des voies Ferrées de France). Citons encore la SFEF, Société de Financement de l’Economie Française crée pour… financer le plan d’aide aux banques, dont la dette s’élève à 77 milliards, et l’endettement des hôpitaux pour 20 milliards, etc. etc.
Depuis 1986 nous sommes dans une logique de dilapidation du patrimoine. Depuis cette date nous privatisons les entreprises, souvenez-vous de TF1, Saint-Gobain, Société Générale, Havas, Matra, Suez, Rhône-Poulenc, Elf-Aquitaine, Renault, Total, Péchiney, Crédit Lyonnais, France Télécom, Thomson, Bull, etc. Mais on est allé plus loin avec les terrains, les voies terrestres, aériennes et spatiales. Citons les Autoroutes du Sud, du Nord, de l’Est, de Paris-Rhin-Rhône, Air-France, les Aéroports de Paris et l’Aérospatiale.
C’est l’exemple d’une politique économique irresponsable. Nous aurions pu emprunter, les intérêts seraient remboursés depuis longtemps et nous n’aurions que la maintenance à payer. Maintenant nous payons tous à vie un patrimoine dilapidé. Nous avons vendu les bijoux de famille sans réduire nos dettes. Alors ne nous moquons pas des grecs qui vendent port, aéroport et terrains pour survivre. Mais rien ne nous arrête. Nous avions 3024,6 tonnes d’or en 2004, soit la troisième réserve mondiale de l’époque, qui constituait une garantie pour nos créanciers. En 2011 il en reste 2435,4 soit 589,2 vendus pour des devises diverses, dollar, yen, livre qui se dévaluent au fur et à mesure de leur émission. Pendant ce temps, l’once d’or est passée de 330€ à 1200€ !
Mais ce n’est pas fini selon Marianne du 10 juin 2010. « La France va vendre aux enchères, avant 2013, 1700 propriétés immobilières ». Nous commençons aussi à nous servir de notre patrimoine culturel en prêt aux musées du monde comme celui d’Abou Dabi. Avec les conflits dans le Moyen-Orient, un jour on ne reverra plus ces 300 œuvres majeures. À quand la location ou la vente du château de Versailles au Qatar ?
Mais il est un signe plus grave de la panique gouvernementale. Ce sont les 930 millions d’euros que l’Etat a dû emprunter de toute urgence en décembre 2010 pour assurer les salaires de milliers de fonctionnaires de huit ministères, dont l’Education Nationale, la Défense et le Budget. En 2012 la France doit emprunter 200 milliards pour rembourser ses dettes intérêt et capital pour les dettes arrivant à terme. En 2011 le déficit de la Sécurité Sociale est de 35 milliards, celui du commerce extérieur de 75 milliards.
Si l’on ajoute à cela le vieillissement de la population qui va peser lourdement sur les dépenses sociales, il est évident que l’Etat est nu et sera encore plus nu chaque année. L’austérité va-t-elle nous sauver ? Même le gouvernement n’y croit pas. En 2008 à Toulon, Nicolas Sarkozy jurait nous devoir « la vérité : dans la situation où se trouve l’économie, je ne conduirai pas une politique d’austérité parce que l’austérité aggraverait la récession ». Hélas la récession augmente la dette à moins que le couple Merkozy ait une nouvelle recette magique. Alors on continue avec l’euro-mark et la politique allemande maintenant dominatrice ? Pas longtemps rassurez-vous, la faillite est proche.
Et si on essayait de sortir de l’euro ?
Cela peut-il être pire ?
Oui si l’on attend encore !
Claude Trouvé