Avant de proposer une
politique économique adaptée à notre pays et de nature non pas d’enrichir les
multinationales mais le peuple, il faut tordre le coup à des idées fausses. Le
graphique ci-dessous présente la variation du PIB/habitant qui va nous servir
de test pour regarder ensuite l’influence de divers paramètres de gestion de
l’économie nationale. Cette variation est présentée une fois soustraite celle
de l’ensemble de l’UE, celle-ci apparaissant donc nulle pour l’UE sur le
graphique ci-contre. Le premier constat est l’augmentation sensible des pays du
Nord et de l’Est bénéficiaires net des aides de l’UE. Ceci apparaît comme un
effet positif de l’UE à condition que les pays contributeurs nets ne soient pas
en recul sur la variation globale de l’UE. C’est le cas de la France avec +3,5%
sur le PIB/habitant en volume de 2012 à 2017 pour 7,8% pour l’UE et 6,3% pour
la zone euro et l’Allemagne, ce qui montre bien d’ailleurs que la zone euro
marche au pas (de l’oie) de l’Allemagne.
Le Medef brandit sans
cesse le coût du travail pour obtenir des aides par ailleurs dont la dernière
est le paiement de la part des charges salariales payées par les salariés par
une augmentation de la CSG des retraités. Ceci a pour effet de retarder la hausse
des salaires par l’employeur puisque les salariés constatent une augmentation
sur leur feuille de paye. Regardons donc quel est le coût du travail dans les
différents pays de l’UE. Force est de constater qu’une sérieuse diminution a eu
lieu dans la période 2012-2017 sur ce coût pour la France. Elle figure dans les
dernières de l’augmentation du coût même si l’Italie, l’Espagne, le Portugal font
encore plus. On trouve la Grèce en dernière position et en diminution du coût ce
qui veut dire que l’austérité a pesé sur les salaires. On peut penser que la demande
d’augmentation des salaires par les salariés des pays à faible coût de main-d’œuvre
justifie que ces pays soient en tête des augmentations de coût mais si l’on en
croit le Medef cela devrait se traduire par une baisse de la compétitivité, ce qui
est loin d’être évident si l’on regarde le graphique précédent. La Roumanie par
exemple, en tête de l’augmentation du coût de la main-d’œuvre est dans les
premières places du classement pour l’augmentation du PIB/habitant.
Alors croisons ces deux indicateurs
après avoir soustrait l’Irlande, cas particulier comme je l’ai expliqué, et
Malte paradis fiscal. Le constat est particulièrement clair, il existe un lien
très fort entre le coût du travail et le PIB/habitant autrement dit avec la
croissance. Mais contrairement à la
croyance inculquée l’augmentation du coût du travail entraîne une augmentation
du PIB/habitant donc de la croissance. On découvre même que 1% de variation
annuelle du coût du travail entraîne une
variation de 3,2% sur une période de 5 ans soit 0,56% par an. Ceci veut dire en
gros qu’avec 1% d’augmentation du coût du travail 0,5% vont vers l’augmentation
du pouvoir d’achat et 0,5% vers le Trésor Public, on assite à une augmentation
du PIB/habitant de 0,56% donc de croissance. On peut difficilement arguer que
les entrepreneurs augmentent leurs salaires au regard de leur carnet de
commandes. En réalité c’est bien le circuit court salaire-consommation et le
retour vers l’Etat des taxes et impôts qui alimentent la croissance.
Les
deux graphiques ci-dessous montrent l’évolution annuelle des salaires et des
charges sur la même période 2012-2017.
On voit que la France s’est signalée par
une faible augmentation des charges comparativement à l’UE et à la zone euro.
Il ne faut donc pas mettre sur le dos des charges la faiblesse générale de
notre croissance. Les charges sur les salaires ont crû beaucoup plus vite en Allemagne.
On voit que la recette de diminution relative des charges n’est pas meilleure
pour tous les pays du sud alors que les pays baltes, la Roumanie et la Bulgarie
les ont augmentées 5 fois que nous. N’oublions pas que l’on parle ici de
variations relatives et que la faiblesse de départ du coût du travail n’intervient
plus. A contrario pour les salaires la France se situe dans la moyenne de l’UE
et de la zone euro. Les pays du sud se signalent encore par les dernières
places dans l’augmentation des salaires et le Portugal, Chypre et la Grèce les
ont fait régresser dans une politique d’austérité de dévaluation interne. Ce n’est pas en diminuant les charges sur
les salaires que l’on boostera la croissance.
Jusqu’à
présent la consommation s’est maintenue en France et apporte son soutien à la
croissance par une évolution comparativement normale des salaires. Notre
problème se situe donc dans l’exportation et l’importation mais le manque de
compétitivité ne peut être résolu par la baisse des charges sur les
entreprises, l’ordre de grandeur du manque de compétitivité est hors de portée
de la diminution des charges qui affaiblit les revenus de l’Etat lequel rogne
sur les investissements et les subsides aux collectivités territoriales. Seule
la dévaluation de la monnaie peut redonner un coup de fouet avec une
amélioration immédiate de la compétitivité et une diminution des importations par
recentrage sur les productions nationales compensant le surcout des biens
importés. Mais il y a d’autres idées inculquées auxquelles sera consacré le
prochain article.
Il faut se méfier de la formule « L’impôt
tue l’impôt »
Tout dépend d’une part de son
utilisation par l’Etat
Et d’autre part du choix des catégories imposées.
L’impôt devient inopérant pour la
croissance
Quand l’écart de compétitivité à combler
Dépasse ses capacités de diminution.
Claude Trouvé
20/08/18
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