lundi 20 août 2018

Bientôt le jour d’après et alors ? (Suite 4)


Avant de proposer une politique économique adaptée à notre pays et de nature non pas d’enrichir les multinationales mais le peuple, il faut tordre le coup à des idées fausses. Le graphique ci-dessous présente la variation du PIB/habitant qui va nous servir de test pour regarder ensuite l’influence de divers paramètres de gestion de l’économie nationale. Cette variation est présentée une fois soustraite celle de l’ensemble de l’UE, celle-ci apparaissant donc nulle pour l’UE sur le graphique ci-contre. Le premier constat est l’augmentation sensible des pays du Nord et de l’Est bénéficiaires net des aides de l’UE. Ceci apparaît comme un effet positif de l’UE à condition que les pays contributeurs nets ne soient pas en recul sur la variation globale de l’UE. C’est le cas de la France avec +3,5% sur le PIB/habitant en volume de 2012 à 2017 pour 7,8% pour l’UE et 6,3% pour la zone euro et l’Allemagne, ce qui montre bien d’ailleurs que la zone euro marche au pas (de l’oie) de l’Allemagne.

Le Medef brandit sans cesse le coût du travail pour obtenir des aides par ailleurs dont la dernière est le paiement de la part des charges salariales payées par les salariés par une augmentation de la CSG des retraités. Ceci a pour effet de retarder la hausse des salaires par l’employeur puisque les salariés constatent une augmentation sur leur feuille de paye. Regardons donc quel est le coût du travail dans les différents pays de l’UE. Force est de constater qu’une sérieuse diminution a eu lieu dans la période 2012-2017 sur ce coût pour la France. Elle figure dans les dernières de l’augmentation du coût même si l’Italie, l’Espagne, le Portugal font encore plus. On trouve la Grèce en dernière position et en diminution du coût ce qui veut dire que l’austérité a pesé sur les salaires. On peut penser que la demande d’augmentation des salaires par les salariés des pays à faible coût de main-d’œuvre justifie que ces pays soient en tête des augmentations de coût mais si l’on en croit le Medef cela devrait se traduire par une baisse de la compétitivité, ce qui est loin d’être évident si l’on regarde le graphique précédent. La Roumanie par exemple, en tête de l’augmentation du coût de la main-d’œuvre est dans les premières places du classement pour l’augmentation du PIB/habitant. 

Alors croisons ces deux indicateurs après avoir soustrait l’Irlande, cas particulier comme je l’ai expliqué, et Malte paradis fiscal. Le constat est particulièrement clair, il existe un lien très fort entre le coût du travail et le PIB/habitant autrement dit avec la croissance. Mais contrairement à la croyance inculquée l’augmentation du coût du travail entraîne une augmentation du PIB/habitant donc de la croissance. On découvre même que 1% de variation annuelle du coût du travail  entraîne une variation de 3,2% sur une période de 5 ans soit 0,56% par an. Ceci veut dire en gros qu’avec 1% d’augmentation du coût du travail 0,5% vont vers l’augmentation du pouvoir d’achat et 0,5% vers le Trésor Public, on assite à une augmentation du PIB/habitant de 0,56% donc de croissance. On peut difficilement arguer que les entrepreneurs augmentent leurs salaires au regard de leur carnet de commandes. En réalité c’est bien le circuit court salaire-consommation et le retour vers l’Etat des taxes et impôts qui alimentent la croissance.

Les deux graphiques ci-dessous montrent l’évolution annuelle des salaires et des charges sur la même période 2012-2017. 

On voit que la France s’est signalée par une faible augmentation des charges comparativement à l’UE et à la zone euro. Il ne faut donc pas mettre sur le dos des charges la faiblesse générale de notre croissance. Les charges sur les salaires ont crû beaucoup plus vite en Allemagne. On voit que la recette de diminution relative des charges n’est pas meilleure pour tous les pays du sud alors que les pays baltes, la Roumanie et la Bulgarie les ont augmentées 5 fois que nous. N’oublions pas que l’on parle ici de variations relatives et que la faiblesse de départ du coût du travail n’intervient plus. A contrario pour les salaires la France se situe dans la moyenne de l’UE et de la zone euro. Les pays du sud se signalent encore par les dernières places dans l’augmentation des salaires et le Portugal, Chypre et la Grèce les ont fait régresser dans une politique d’austérité de dévaluation interne. Ce n’est pas en diminuant les charges sur les salaires que l’on boostera la croissance. 

Jusqu’à présent la consommation s’est maintenue en France et apporte son soutien à la croissance par une évolution comparativement normale des salaires. Notre problème se situe donc dans l’exportation et l’importation mais le manque de compétitivité ne peut être résolu par la baisse des charges sur les entreprises, l’ordre de grandeur du manque de compétitivité est hors de portée de la diminution des charges qui affaiblit les revenus de l’Etat lequel rogne sur les investissements et les subsides aux collectivités territoriales. Seule la dévaluation de la monnaie peut redonner un coup de fouet avec une amélioration immédiate de la compétitivité et une diminution des importations par recentrage sur les productions nationales compensant le surcout des biens importés. Mais il y a d’autres idées inculquées auxquelles sera consacré le prochain article.
 
Il faut se méfier de la formule « L’impôt tue l’impôt » 

Tout dépend d’une part de son utilisation par l’Etat

Et d’autre part du choix des catégories imposées. 

L’impôt devient inopérant pour la croissance

Quand l’écart de compétitivité à combler 

Dépasse ses capacités de diminution.
 
Claude Trouvé 
20/08/18

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire