Le gouvernement entre dans une phase de pilotage à vue dans un ciel orageux et menaçant. Le décollage s’est passé dans la cacophonie où les démentis furent nombreux. Le Président a dû même réaffirmer sa confiance dans son Premier Ministre. Les promesses du candidat-président se résument à des évolutions sociétales, importantes mais dont l’utilité et l’urgence méritaient de prendre son temps. Par contre l’économie demande des actions urgentes et les remèdes appliqués jusqu’à ce jour ne portent pas leurs fruits.
Les grandes réformes qui devaient redynamiser le pays, comme la grande réforme fiscale et celle sur l’organisation de l’ensemble des collectivités territoriales n’ont pas encore pris réellement leur envol. L’abrogation de dispositions prises par le gouvernement précédent semble satisfaire son suivant, comme l’abolition du délai de carence pour les fonctionnaires. La réforme de l’Education Nationale, centrée sur les rythmes scolaires, se fait dans l’urgence et l’improvisation. Les municipalités sont mises au pied du mur et acculées à des charges supplémentaires sans avoir eu réellement leur mot à dire.
D’ailleurs on voit des ministres lancer des idées d’évolution, présentées comme déjà acquises avec des dates de mise en place, sans que le Premier Ministre acquiesce, et qu’il renie même souvent. Le ministre des Affaires Etrangères parle économie et se fait recadrer. Le ministre du Budget annonce que le déficit prévu du budget ne sera pas tenu et se fait démentir par le Premier Ministre. Le ministre des Finances fait chorus et ne veut rien changer aux prévisions. Dans le même temps, le Président manœuvre à Bruxelles pour faire admettre une dérogation aux objectifs de rigueur budgétaire en évoquant la crise plus dure que prévu. Il a sans doute oublié qu’il avait, il y a peu, chanté que le gros de la crise était derrière nous.
Le ministre de l’Intérieur mène une politique sur la sécurité qui n’avait pas été formellement annoncée par le candidat Hollande et semble œuvrer seul en dehors du Premier Ministre. Le ministre du Travail annonce l’augmentation du chômage et prévoit une inversion en fin d’année, pour reculer récemment. Montebourg nationalise, on lui fait manger son chapeau. Les uns après les autres les principaux ministres lancent leur propre vision de la politique à mener sans qu’apparaisse une cohérence sur des objectifs mûrement réfléchis et impulsés par le Président, ni même parfois partagés.
Le couple Président-Premier Ministre semble balloté par des « généraux » qui détiennent le pouvoir réel et dans l’avion France ce n’est pas le pilote qui tient les commandes. Il règne une atmosphère d’improvisation, de marche au chacun pour soi avec l’ambition de se faire une place dans l’opinion des passagers-citoyens plutôt que de suivre le plan de vol. De promesses non tenues en incapacité de trouver des solutions aux difficultés économiques et budgétaires, l’avion France s’enfonce dans la tourmente avec un Président falot accouplé à un Premier Ministre dévoué mais sans autorité.
Aucun pays en difficulté, en dette et déficit budgétaire importants, n’a trouvé de solution dans la zone euro. La recette allemande ne s’applique pas à la France sous la forme que nous donnons à l’austérité. La réduction des dépenses publiques de fonctionnement devrait être un objectif prioritaire, c’est le seul point où nous devons écouter les recommandations allemandes. Ce n’est pas en augmentant la pression fiscale que l’on réduit les déficits au-delà du court terme. Le Président, pris dans la pensée unique de l’euro solidaire et bienfaiteur, se débat sans arme dans une toile d’araignée que tisse le déficit commercial, l’intérêt de la dette, le déficit budgétaire, la fuite des fortunes et l’augmentation corrélative du chômage.
Les commandes ne répondent plus sur l’Airbus français et l’équipage ne comprend plus le comportement de l’appareil. Chaque commande donne des effets contraires à l’objectif attendu et les passagers sont de plus en plus mécontents d’être ballotés de gauche et de droite sans que ni les uns ni les autres ne réussissent à stabiliser l’appareil. Il faudrait prendre des décisions d’urgence, couper le pilotage automatique sur la pensée unique européenne.
Hélas, trois fois hélas, l’euro continue son œuvre destructrice
Entre les mains d’adorateurs qui s’y brûlent les doigts
Et consume les peuples fragiles l’un après l’autre.
L’Espagne s’indigne, la Grèce mendie, l’Italie vote et renie,
La France cherche encore qui pilote…
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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