Nous arrivons enfin dans la confrontation de la France et de l’Allemagne avec des discordances sur l'euro et de nouvelles tensions sur les dettes espagnole et italienne à la veille d'un sommet européen et de la réunion mensuelle de la BCE. La France sent venir une année de chômage incontrôlable, un déficit qui ne tiendra pas les promesses faites devant une hypothèse de croissance trop optimiste et une remontée de l’euro face au dollar. Cette remontée, due aux manipulations monétaires des pays qui dopent leur croissance, vient pousser la France à demander que la BCE fasse aussi marcher la planche à billets.
Bien entendu l’Allemagne ne l’entend pas de cette oreille d’autant plus que la BCE, qui a déjà fait des entorses à ses statuts pour les banques et la Grèce, devrait faire évoluer les statuts par l’UE pour aller plus loin. L’Allemagne ne craint pas l’euro fort comme la France qui peine à juguler son déficit du commerce extérieur. L’Europe s’endette toujours plus mais la France voit son secours dans des possibilités accrues de soutien à la croissance. C’est donc une possibilité de dépenses supplémentaires et de déficit plus important. En effet la compensation par la fiscalité devient de plus en plus difficile puisque la fiscalité française est l’une des deux plus importantes d’Europe et qu’une nouvelle augmentation ne peut que diminuer la consommation et handicaper nos entreprises.
L’Allemagne mène une politique de réduction du déficit facilitée par un commerce extérieur florissant mais en ayant agi aussi sur sa dépense publique. Elle doit préparer un avenir compromis par une faible natalité et éviter donc de devoir payer des intérêts d’emprunt de plus en plus élevés. La France n’a pas cette préoccupation, l’immigration de l’Est et surtout d’Afrique lui apporte une fécondité bien supérieure aux autochtones. Elle est en train de perdre du terrain par rapport à l’Europe du nord. Incapable pour l’instant de réduire ses dépenses publiques, elle pense trouver son salut dans la méthode américaine de la planche à billets.
Pourtant les Etats-Unis ne sont toujours pas sortis d’une croissance atone malgré la politique monétaire de la Fed, le taux d’emploi dans l’industrie n’augmente pas et les usines licencient. C’est pourquoi leur salut est dans la dévaluation monétaire de fait, au détriment de l’euro. Le sommet de Bruxelles va donc opposer deux politiques diamétralement différentes. L’affrontement rude en privé va certainement accoucher d’un compromis public comme toujours, compromis mi chèvre-mi chou, qui sera salué par la France si elle a la certitude que l’Allemagne ne s’opposera pas à une augmentation de son déficit public. L’Allemagne cherchera un accord qui ne scelle pas dans un accord zone euro une politique sacrifiant l’austérité à la croissance.
Il est symptomatique que l’idée de l’Europe à plusieurs vitesses progresse. Le premier à l’avoir évoqué est Laurent Fabius lors des débats sur la Constitution Européenne. Il parlait d’une Europe découpée en cercles concentriques. Laurent Vauquier vient d’en reparler sur BFM TV. C’est un premier pas vers l’abandon de l’euro sous sa forme actuelle. Les disparités entre pays européens ont de plus en plus de mal à être cachés et la solidarité de plus en plus difficile à obtenir et coûteuse.
L’année 2013 va obliger à revoir les fondements de la zone euro pour le moins. La sortie éventuelle de la Grande-Bretagne sera une occasion de tester la solidité de l’UE. L’Europe attire vers l’adhésion les pays faibles, comme la Croatie, et dans le même temps elle pousse les pays forts à se regrouper entre eux pour lutter contre une solidarité trop facilement mise en œuvre. La France se tourne de plus en plus vers les pays faibles, car elle en prend les caractéristiques. On va voir la France s’allier avec l’Italie et l’Espagne pour affronter la coalition nordique… ce n’est pas bon signe.
L'euro est trop fort pour la France mais acceptable pour l'Allemagne, c'est donc l'aveu que l'euro bloque notre développement économique. La dévaluation externe de la monnaie est l'outil bienfaiteur en période de stagnation et de récession. Les dévaluations ne sont pas un problème puisqu'elles n'ont en aucun cas freiné le rattrapage économique et industriel de la France et de l'Italie par rapport à l'Allemagne de 1960 à 1973. A s'accrocher à l'euro nous perdons nos industries et augmentons notre chômage et plus la chute sera dure.
Plus la France s’accroche à un euro destructeur
Plus l’Allemagne s’enrichit
Jusqu’à quand ?
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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