Égypte. Lors de la séance d'ouverture du sommet économique de la Ligue arabe à Riyad le 21 janvier, le président égyptien Mohamed Morsi a exprimé son opposition à l'opération Serval : « Nous n'approuvons pas du tout l'intervention militaire au Mali, qui est de nature à attiser le conflit dans la région [Sahel, NDLR] et à séparer l'Afrique du Nord arabe de sa profondeur au sud. » Mauritanie. Lors d'un meeting à Nouakchott le 16 janvier, la Coordination de l'opposition démocratique (COD) au président Mohamed Ould Abdelaziz a condamné l'intervention française, surtout pour dénoncer par avance un éventuel engagement de la Mauritanie. Maroc. Les premières réactions hostiles à l'opération menée par la France au Mali ont été l'œuvre de cheikhs de la Salafiya Jihadiyahi qui ont dénoncé une « agression » et une « immixtion dans les affaires des musulmans ». Même son de cloche chez Mohamed Al Maghraoui, une autorité du camp salafiste. Algérie. Même la prise d'otages d'In Amenas n'a pas étouffé les critiques contre la guerre au Mali. Parmi les islamistes opposés à l'intervention française, l'inévitable Ali Benhadj, cofondateur du Front islamique du salut (FIS). Il a mobilisé un petit groupe de fidèles de la mosquée Al-Wafaa dans le quartier Kouba, à Alger. Mais la vraie question qui a fait débat est l'autorisation de survol accordée aux avions français, annoncée par Laurent Fabius le 13 janvier.
Nous sommes lancés dans une intervention dont le but n’est pas franchement clair puisque, sous prétexte de libérer le Mali d’une guerre civile, nous y sommes en fait pour détruire la présence de groupes islamistes qui se réclament du djihad. C’est en fait la peur d’un pays aux mains d’un islamisme intégriste qui est notre réelle motivation. On affuble ce dernier du nom de « terroristes » et de brigands alors qu’aux exactions et aux trafics destinés à se procurer de l’argent, il faut ajouter le soutien de puissances arabes qui mènent le combat de l’expansionnisme de l’islam.
Par contre le silence de l’Europe est assourdissant et l’appui des pays européens n’est que poli. L’Allemagne se fend par exemple de deux avions ravitailleurs. Or depuis 14 ans les pays européens sont dans une lutte sans fin contre le « terrorisme », islamique il faut bien le dire, si l’on ajoute la guerre des Balkans. Aucune concertation ne l’a précédée, en violation du traité de Lisbonne (art. 32, 347). Nous sommes presque toujours projetés dans la guerre. On a même quelqu’un – pompeusement baptisé "Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères" [Catherine Ashton] – pour remercier la France, tout en précisant aussitôt que Paris devra se débrouiller seul, "en l’absence d’une force militaire européenne".
L’opération militaire va entrer dans une deuxième phase qui sera beaucoup plus périlleuse et longue que la première. Elle n’a fait que s’emparer de localités abandonnées par un ennemi inférieur en nombre et qui a utilisé la tactique d’évitement. Replié dans ses bases arrières, disséminé dans le désert, à l’abri de frontières de pays incontrôlables, le terrain sera cette fois à l’avantage de groupes mobiles et bien armés pour piéger nos soldats. Seule la supériorité des drones et de l’aviation est de notre côté. Ceux qui ont connu la guerre d’Algérie savent que ce combat est très difficile à gagner. De plus l’afflux de réfugiés et de déplacement de populations donneront des occasions à l’ennemi de s’introduire dans les localités où ils trouveront l’appui de certains habitants.
L’euphorie d’une opération militaire gagnée sans combattre
Va se muer en une guerre de harcèlement sur nos soldats
Et une montée du ressentiment islamique en France.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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