Il faut bien prendre conscience que le néofondamentalisme islamique a évolué vers une prise en compte individuelle du djihad. Chaque musulman est censé défendre personnellement sa religion. Les groupes armés qui se battent sur l’ensemble de la planète disposent d’une grande autonomie. Leurs manières de combat y sont adaptées. Les principes de leur stratégie leur sont communs et à base de collecte de fonds par tous les moyens d’une part et de harcèlement de l’ennemi occidental en tous lieux et en permanence.
C’est souvent le seul point de liaison entre eux, car ils puisent dans les nouvelles qui leur viennent du monde entier leur détermination d’agir. Les « victoires » des uns boostent les autres. Mais il est un autre principe qui est le distinguo à opérer entre le djihad offensif et le djihad défensif. Dans le premier cas il s’agit de la propagation de l’islam par des moyens qui peuvent être pacifiques apparemment, comme l’invasion de peuplement dont l’issue doit être l’implantation de la charia. Dans le second c’est l’ouverture à tous les moyens de lutte, même les plus répréhensibles.
Ce djihad défensif est déclaré quand les infidèles viennent occuper les terres de l’Islam ou considérées comme telles par celui-ci. Les islamistes peuvent en toute sérénité religieuse pratiquer le brigandage, les commerces illicites, les enlèvements, les massacres, les viols, etc. En pénétrant dans le nord Mali, considéré à tort ou à raison terre islamique, nous avons validé la pratique du djihad défensif. C’est pourquoi il existe évidemment un lien entre les enlèvements au Cameroun et notre action en Afghanistan et au Mali.
Nous aurions dû partir il y a plusieurs mois aider le président malien et sécuriser la partie sud du Mali. Nous n’étions pas alors des attaquants de l’Islam. Nous formions l’armée malienne et nous encouragions la recherche d’une solution vers une forme d’indépendance réclamée par le nord-Mali. Non seulement nous avons attendu mais nous avons mis la tutelle sur ce pays et fait, au nom de la lutte contre le terrorisme, une guerre armée sur le nord. Nous devenons des attaquants et le problème ethnique, voire raciste, entre bédouins et noirs n’en est pas réglé pour autant.
Les frontières tracées au tire-ligne sur carte d’Etat-major, n’ont aucune valeur dans le nomadisme des bédouins et elles n’ont pas respecté les découpages ethniques. C’est pourquoi les guerres endémiques postcoloniales ne sont pas prêtes de disparaître. Notre engagement actuel ne peut se terminer par une réelle victoire. Nous voilà engagés au-delà de Gao dans le massif montagneux des Ifoghas, là où nous attendent les « terroristes » qui ne sont que des combattants d’Allah. C’est là aussi que les populations nous accueillent avec beaucoup moins d’enthousiasme.
Ceux qui ont connu la guerre d’Algérie dans le massif des Aurès peuvent se faire une idée de la difficulté de la tâche qui attend nos soldats. Nous avons mis le Mali civil et militaire à nos ordres. L’armée malienne est peu efficace et commet les exactions dont elle avait l’habitude. Nous portons donc tout le poids de cette guerre qui va tuer nos jeunes sans résoudre définitivement l’avenir du Mali, ni exterminer les combattants de l’Islam, ni même faire reculer leur détermination. La France est désormais ciblée comme l’un des principaux ennemis de l’Islam et les larmes qu’engendre tout conflit ont commencé à couler chez nous aussi.
Le temps des croisades est révolu
La France se doit de s’occuper d’elle-même
Avant de s’épuiser en vains combats.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon