Il n’est sorti du dernier G20 que des discours lénifiants en dehors du succès du couple Germano-britannique sur la politique d’austérité à l’allemande et le maintien de l’avantage spécifique de contribution au budget européen accordée au Royaume-Uni. La France en est sortie sans avoir obtenu l’aval de son appel à une politique de croissance et sa crédibilité ne se retrouve pas renforcée par le recadrage obligatoire de sa prévision de croissance pour 2013 et vraisemblablement pour 2014.
Le Président Hollande qui nous chantait la fin de la crise doit constater que la croissance française devra être considérée comme bonne si nous n’entrons pas cette année en récession ! C’est dire que la prévision d’inverser la courbe du chômage ne sera pas tenue grâce à la dynamique économique ou qu’il faudra largement augmenter les emplois aidés et les emplois fictifs. Le modèle économique « Mésange » auquel se fie notre ministère des finances a donc failli en minimisant l’effet de la politique d’austérité qui se met en place, malgré tous les dénis du gouvernement.
Sans vouloir entrer dans des discussions techniques éminemment compliquées, il faut comprendre que ces modèles économiques mathématiques intègrent une donnée fondamentale dans les prévisions. Il s’agit du « multiplicateur des dépenses publiques » (ou fiscal multiplier en Anglais), valeur qui relie tout changement dans l’équilibre budgétaire (soit par modification des impôts soit par modification des dépenses publiques) à la variation de la croissance.
Il prend une dimension stratégique dès que l’on discute de l’application de politiques d’austérité. En effet, si la valeur de ce multiplicateur est inférieure à 1, ce qui était la position des principales institutions économiques internationales jusqu’en 2012, l’impact de mesures d’austérité sur la croissance est faible, et ces politiques peuvent connaître le succès. Mais, si cette valeur est élevée, entre 1,5 et 2,5 comme l’indiquent les travaux récents, les politiques d’austérité sont complètement suicidaires. On mesure alors l’importance politique d’un débat qui apparaît comme très technique dans sa forme car il semble bien que cette valeur est plutôt de 1,5 au lieu du 0,8 utilisé.
Cela pourrait apparemment donner raison à François Hollande qui prône la relance de la croissance avec un assouplissement des mesures d’austérité. Malheureusement la difficulté est que l’Etat ne sait pas réduire les dépenses inutiles ou superfétatoires et qu’il cherche son salut dans la pression fiscale et la baisse des prestations sociales. Ces deux axes de mesures plombent la croissance que l’on veut relancer par ailleurs grâce à des facilités d’investissement données aux entreprises et des investissements structurels publics.
La récente déclaration de Marylise Lebranchu sur le délai de carence des fonctionnaires montre bien que l’Etat prend des décisions politiques qui ne cadrent pas avec une réduction des dépenses. La réforme territoriale et la réforme fiscale sont en panne. Des restrictions budgétaires mal ciblées peuvent détruire la confiance et plomber la compétitivité et la consommation interne. De plus nous sommes sous la menace des investisseurs qui suivent les agences de notation et les caisses sont vides, nous vivons à crédit.
Comme dans un ménage en difficulté, l’Etat doit faire des économies sur les postes budgétaires qui sont les moins perturbants et rechercher systématiquement toutes les dépenses qui peuvent être réduites par une meilleure organisation de la vie publique. La tâche est rude et demande une grande confiance en ceux qui la mènent. Celle-ci ne peut être obtenue quand les déclarations des uns et des autres se contredisent, que personne ne voit les grandes directions choisies, que les prévisions s’avèrent constamment erronées et que les discours masquent en permanence la réalité.
Le « Printemps français » se dessine à l’horizon.
Il risque de ne pas être meilleur au mois de Mai
Que de l’autre côté de la Méditerranée !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF34 du Languedoc-Roussillon