Grecs et Roumains font des sourires à la France. Ces deux pays ont maille à partir avec l’Allemagne. Présent aujourd’hui en Grèce et accueillant demain la Roumanie, le Président Hollande a tenté aussi des rapprochements avec l’Espagne et l’Italie pour faire front à notre voisine allemande. Nous brandissons la politique de croissance comme on prie au Sahel pour faire venir la pluie. Tous ces pays qui nous regardent ont soif de croissance et de moins d’austérité. Nous sommes devenus le chantre de la pauvreté.
Evidemment il y a une bonne raison que ces pays en difficulté nous croit des leurs, puisque le Premier Ministre vient d’annoncer que nous ne tiendrons pas l’objectif de croissance prévu à 0,8% mais un 0,3% auquel déjà beaucoup ne croient plus. Il en déduit que nous ne tiendrons pas l’objectif de 3% de déficit public. On croirait presque que cela a été fait exprès, puisque toutes les autorités internationales avaient donné l’objectif de croissance comme trop optimiste. C’est comme si on voulait déjà renégocier la contrainte d’austérité imposée par la politique allemande.
Le clivage nord-sud de l’Europe se fait de plus en plus jour. Nous nous comportons comme le pays leader des pays en difficulté. Pendant ce temps l’Allemagne et le Royaume-Uni resserrent leurs liens et sont sortis gagnants de la dernière réunion du Conseil Européen. L’accord conclu n’était pas celui que nous voulions, de l’aveu même du Président. Dans la négociation sur le budget de l’Union comme sur le prétendu plan de relance de croissance ou encore l’union bancaire, les positions françaises ont été enfoncées, défoncées, pulvérisées par le bulldozer anglo-allemand.
Il n’est pas jusqu’au grand plan de libre-échange avec les Etats-Unis qui ne sonne le glas de l’entente franco-allemande au profit d’un renforcement de l’alliance germano-britannique. La grande histoire de Bouvines à Waterloo reprend son cours après la parenthèse des deux guerres mondiales. Ces deux pays sont faits pour s’entendre. L’Allemagne vend ses voitures, ses machines-outils, et trouve à la City tout l’argent dont elle a besoin. L’Allemagne ne trouve pas l’euro trop fort et le Royaume-Uni a fait baisser sa monnaie pour rendre son industrie plus compétitive.
Visiblement, tandis que nous pleurons sur l’euro fort, que nos usines ferment, que notre déficit s’accroît, un vent d’optimisme règne dans la nouvelle alliance « Merkeron ». La France devient un boulet. Son socialisme étatique ne correspond plus aux idées de grand large d’une Grande-Bretagne, qui n’a jamais réellement accepté l’UE, et la politique mondiale d’antan de l’Allemagne. Ces deux pays sont en train d’enterrer l’Europe d’Adenauer et de De Gaulle. Il reste à la France à unir autour d’elle les peuples mendiants, ceux du sud et du vin pour qu’elle puisse encore rayonner.
De grands bouleversements se préparent et l’UE ne pourra continuer ainsi. Alors que l’Allemagne semble retrouver la croissance, la France fera piteuse mine pour négocier une autorisation de déficit plus élevé. Il lui faut réunir toutes les voix de ceux qui auront le même problème. Le Président s’y emploie mais il n’y a pas de quoi pavoiser.
Née avec une tare de disparités congénitales
L’Europe va éclater, malade de sa boulimie d’annexions,
La France restera figée sur la Méditerranée.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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