Quel
que soit le résultat des urnes, ces élections municipales, dont on voulait qu’elles
se réduisent à l’intérêt local, se sont pliées au combat de deux partis dominants
par FN interposé. Engluée par Mitterrand dans la diabolisation du FN, la droite
pense surfer sur la défaite de la gauche et renonce à pactiser avec le FN. La
gauche joue le jeu ancien de l’exagération de la montée du FN pour en détourner
l’électorat de l’UMP. Elle utilise pour cela le relais médiatique (34 pages du
Monde) et accentue la diabolisation d’un parti qui mord sur sa gauche. Elle
marginalise le Front de Gauche qui pourtant a mieux résisté qu’elle.
Ainsi,
en dehors de petites municipalités, la chasse au FN est devenue le leitmotiv
des deux principales formations politiques et les municipales sont devenues un
champ clos de guerre à trois entre deux partis républicains et un qui ne l’est
pas ou n’est pas considéré comme tel. En réalité c’est le combat d’une majorité
de votants, englués dans des promesses non tenues depuis trente ans, contre les
désabusés de l’abstention et ceux qui ne veulent pas renoncer à voir s’ouvrir
un vrai débat sur l’Europe et l’immigration, responsables à leurs yeux, du
chômage et de l’insécurité.
Les
élections européennes sont jusqu’à présent l’occasion d’un abstentionnisme
record. C’est malheureusement la preuve du désintéressement du peuple pour une
entité informe, antidémocratique, distante et qui se signale à lui par des
normes et une politique d’austérité imposée derrière un drapeau. Combien de
drapeaux européens voit-on brandis spontanément ? Il est vrai qu’à l’élection
du Président de la République on cherchait les drapeaux français dans le
florilège de drapeaux étrangers.
L’arrivée
dans la vie locale d’un parti qui prône une autre vision de l’Europe et qui n’élude
pas le problème de l’immigration, quelle que soit la solidité de ses arguments,
ouvre la perspective d’un véritable débat sur l’Europe souhaitée par le peuple
et non par ses élites, les multinationales américaines et les lobbies en
général.
C’est
l’occasion de laisser les économistes se battre sur l’intérêt de l’euro, sur la
politique économique nationale et non européenne à suivre. C’est l’occasion de
définir si nous acceptons de nous diriger inexorablement vers une Europe
fédérale où les pouvoirs régaliens des nations sont réduits à ceux d’un Conseil
Régional, au mieux type « länder ». Doit-on continuer avec une
Commission européenne non élue qui a l’exclusivité des propositions, un
Parlement qui n’a que le pouvoir de les accepter ou non avec des gouvernements
nationaux réduits à un rôle d’acquiescement ou au mieux de freins, un Conseil
européen dont les décisions échappent à tout contrôle, une Cour de Justice qui
impose la primauté du droit communautaire sur le droit national, une Banque
Centrale dont l’unique rôle statutaire est celui de la régulation de l’inflation
mais est tordu pour venir au secours des banques, etc. ?
Le
véritable enjeu pour la France est la place qu’elle veut occuper dans l’Europe.
Celle-ci est marginalisée dans le duo États-Unis – Chine. Cette dernière va
devenir bientôt la première puissance économique mondiale même si l’hégémonie
américaine va continuer par sa puissance militaire, la puissance financière de
ses multinationales et par le jeu des alliances qu’elle a constitué dont l’Otan
fait partie. Les États-Unis ont basculé leur flotte dans le Pacifique, l’Europe
est devenue l’attraction d’un marché transatlantique et un glacis devant la Russie.
Elle n’existe plus qu’en tant que telle.
Si l’Europe
veut encore exister, elle doit présenter un front commun de nations unies et
non disparues qui redéfinit un espace européen incluant la Russie, laquelle a
une culture commune et des échanges commerciaux privilégiés dans ce territoire
européen. La France a sanctionné la gauche mais elle ne verra pas changer notre
allégeance aux États-Unis ni l’emprise de l’Europe sur notre politique
économique et migratoire. Il va falloir que les Français se posent la question
de l’Europe qu’ils veulent. C’est pour
notre pays une décision qui engagera beaucoup plus notre avenir que les
élections qui viennent de se terminer.
La commune est la cellule de base de la
vie politique
Mais c’est la Nation qui structure l’Europe
Sa disparition est en jeu.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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