vendredi 10 avril 2020

Coronavirus : Une autre vision des chiffres


Les chiffres sur le nombre de décès hospitalisés ou en EHPAD, de contaminés, d’hospitalisés, de pourcentage de décès par âge, sous respiration artificielle, de guéris, pour la France, les Etats-Unis, l’Italie, L’Espagne, le Royaume-Uni, etc. vrombissent à nos oreilles ou parcourent nos smartphones dans un surplus d’informations qui bloque toute réflexion. Les chiffres n’ont d’intérêt que s’ils sont analysés que comme des porteurs de réflexions. Un trop-plein d’informations pousse les récepteurs que nous sommes vers des réactions purement émotionnelles. Un enfant qui meurt vaut plus que 1000 morts par jour ; l’info sur des masques volés ou détournés est plus insupportable qu’une pénurie d’approvisionnement. Les chiffres importants de décès aux Etats-Unis nous frappent plus que ceux en Espagne, car on oublie totalement la différence de taille entre ces deux pays. On ne divise pas, même mentalement, les décès américains par sept pour les comparer à l’Espagne.

Je vous propose donc une vision sur les chiffres fournis le 8 avril pour les mettre en perspective dans l’espace et dans le temps. On va comparer l’évolution des décès dans 6 pays occidentaux dont la France avec comme jour de départ celui où le nombre de décès a dépassé un mort par million d’habitants. Les chiffres de décès sont donc fournis-en décès/million pour permettre la comparaison entre les pays. J’y ai ajouté une prévision mathématique à quelques jours devant nous, prévision à prendre avec prudence comme toutes les prévisions, surtout lorsque le nombre de décès/jour n’a pas atteint son maximum. Ainsi la tendance récente des décès en France laisse prévoir un arrêt ou quasi-arrêt au 14 avril. Mais ce résultat est très différent de celui des autres pays, en particulier de l’Espagne et de l’Italie qui au bout respectivement de 27 et 36 jours au-delà de l’atteinte du 1 décès/million sont très loin encore du maximum. 

Cette comparaison montre un contraste énorme entre ce qui se passe en Espagne et en Allemagne. On note que l’évolution aux Etats-Unis n’a relativement rien d’alarmant. La courbe torturée de la France tient au fait de l’apport important et récent des décès en EHPAD. Cet ajout lui a fait rattraper l‘évolution italienne. La prévision pour la France est donc particulièrement étonnante d’autant plus que c’est la première fois que son évolution réelle des décès se distancierait de celle de l’Italie depuis que l’on tient compte des décès dans les EHPAD. Les deux jours qui suivent vont être particulièrement instructifs. Le Royaume-Uni amorce une évolution comparable à l’Espagne mais il y a trop peu de jours pour conclure. L’Italie semble amorcer comme la France une diminution de la vitesse de croissance du nombre de décès, mais elle reste beaucoup plus touchée que la France. Le confinement strict de l’Italie et de l’Espagne aurait tendance à montrer qu’il n’apporte aucune amélioration ni dans le nombre de décès, ni dans la vitesse d’évolution de leur nombre. En conclusion la France qui commence à utiliser l’hydro chloroquine dans les hôpitaux va peut-être sortir plus vite que les autres pays en déchargeant les équipes de réanimation et en favorisant les sorties. 

Regards sur l’économie 

On commence à faire les comptes de la perte économique de notre pays avec l’épidémie du Covid-19 et ce n’est pas fini. La note s’allonge de jour en jour et la prolongation du confinement va creuser la dette de l’Etat et des entreprises. La prolongation du confinement jusqu’à fin mai ne préserve que la possibilité de terminer les élections municipales par un deuxième tour en juin. En effet la perspective de recommencer les deux tours en octobre terrorise le gouvernement. La probabilité d’un atterrissage économique catastrophique à cette date prédit une bérézina pour lui et ses candidats. Ce n’est pas de 2,2% que va plonger le PIB de la France, mais de bien plus et l’Allemagne prévoit trois fois plus.

D’ailleurs à propos des mensonges répétés du gouvernement, je viens de vérifier que les chiffres annuels de croissance de la France sont manipulés, truqués. La preuve vient de m’en être fournie dans un travail de comparaison des PIB 2018 et 2019. Pour les connaître on peut, soit consulter les données annuelles fournies par Eurostat ou l’OCDE, soit calculer soi-même la croissance en partant des données des quatre trimestres qui sont aussi fournies. On s’aperçoit alors pour 2019 que le chiffre annuel fourni pour la Russie, est inférieur de -0,27% à celui du calcul trimestriel, que les deux valeurs sont très proches pour l’OCDE, les Etats-Unis et la Chine, mais différents de +0,40% pour la France en faveur du chiffre annuel finalement publié, chiffre qui reste dans les mémoires des français. De la même façon la croissance de la zone euro est surévaluée de +0,20%, et celle de l’UE de +0,24%.

Le fait que les chiffres officialisés de la croissance soient sous-évalués pour le trio Etats-Unis, Russie et Chine et surévalués pour la Zone euro et l’UE, n’est évidemment pas le fruit du hasard mais une grossière manipulation de l’information pour gommer le décalage entre l’UE et les autres grands pays du monde. En plus j’accuse le gouvernement français de manipulation des chiffres de croissance d’une façon encore plus importante que l’UE elle-même. La croissance de 2019 n’était pas de 1,32% mais de 0,92%. Il est d’ailleurs révélateur que les chiffres publiés en cours d’année 2019, trimestre par trimestre, de la croissance cumulée acquise sur les trimestres écoulés était en phase avec le calcul à partir des trimestres, soit après les 1er, 2ème et 3ème trimestres, mais ne l’était plus après le 4ème trimestre, donc l’année entière.

Macron ne va pas manquer l’occasion de faire retomber la baisse de croissance entièrement sur le COVD-19. Il est donc important de faire le point de ce qu’était la situation économique à la fin de 2019 en comparaison avec 2018. Les chiffres sont ceux du calcul annuel à partir des croissances trimestrielles. Ils sont d’ailleurs consultables dans les statistiques de l’OCDE, sous la forme du résultat de croissance calculé sur 4 trimestres glissants (rubrique PC_CHGPY et années 2018 et 2019). Le graphique présente la croissance en 2018 et 2019 de 11 entités géographiques, dont 8 de l’UE. La faiblesse de l’UE apparaît clairement comme l’est le tassement global de la croissance en 2019. Mis à part la Russie, soumise aux sanctions, ce tassement est seulement plus net dans l’UE qu’ailleurs. L’Italie frise avec la récession, l’Allemagne s’en approche et la France aussi avec un dernier trimestre à -0,05%. Le 1er trimestre 2019 s’annonçant catastrophique, nous sommes donc officiellement en récession. Le couple franco-allemand, donné comme le moteur économique de l’Europe, en devient un boulet.

Que sera la croissance en 2020 et 2021 ? Personne n’est en mesure de le prévoir tant que les mesures de confinement ne seront pas levées. Mais ce dont on peut juger c’est la portée des chiffres annoncés par le gouvernement. Le Budget 2019 a été bâti sur une croissance de 1,2%, et si le PIB prévu décroît de 2,2%, selon Bruno Lemaire, alors on aura une croissance négative de -1%. Mais souvenons-nous que le budget 2019 était bâti sur une croissance de 1,31% et que la croissance réelle non avouée a été de 0,92% soit un écart de -0,39%. C’est donc déjà plus probablement une récession réelle à -1,4% que les chiffres officiels nous annoncent déjà. 

Gageons que cela ira beaucoup plus loin si le confinement dure encore. Mais le coronavirus prolonge et amplifie une tendance économique lourde qui avait déjà affecté particulièrement l’Union Européenne et plus précisément le couple franco-allemand et l’Italie. Ce n’est pas la solidarité européenne qui va venir au secours de la France, c’est du chacun pour soi après le refus prévisible des eurobonds et de la mutualisation de la dette. Les 300 milliards évoqués par Bruno Lemaire ne sont pas tous une manne-cadeau aux entreprises mais un report, et couvrent des dépenses supplémentaires pour maintenir un semblant d’économie et un fonctionnement minimal du système de santé. La trentaine de milliards qui restent va, d’une façon ou d’une autre, aller sauver le système bancaire. Le confinement global décidé aide des hôpitaux en surcharge dans un ¼ de la France mais plombe l’économie sur la totalité du territoire et l’impact va être maximal sur les années à venir. Même les chinois n’en sont pas arrivés là. Pékin est isolé mais Wuhan s’ouvre. Le confinement ciblé et non global leur a suggéré la voie du bon sens. Dans une Italie et une Espagne toutes deux totalement bloquées, le virus continue sa propagation.
 
Le confinement ne diminue pas la propagation du virus 

Mais vient aider un système de santé en détresse.

97% des contaminés ne le sauront pas 

Mais c’est 80% de l’économie

Qui est déjà frappée 

Par sa globalité !
 
Claude Trouvé 
10/04/20

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