Les
chiffres sur le nombre de décès hospitalisés ou en EHPAD, de contaminés, d’hospitalisés,
de pourcentage de décès par âge, sous respiration artificielle, de guéris, pour
la France, les Etats-Unis, l’Italie, L’Espagne, le Royaume-Uni, etc. vrombissent
à nos oreilles ou parcourent nos smartphones dans un surplus d’informations qui
bloque toute réflexion. Les chiffres n’ont d’intérêt que s’ils sont analysés
que comme des porteurs de réflexions. Un trop-plein d’informations pousse les
récepteurs que nous sommes vers des réactions purement émotionnelles. Un enfant
qui meurt vaut plus que 1000 morts par jour ; l’info sur des masques volés
ou détournés est plus insupportable qu’une pénurie d’approvisionnement. Les
chiffres importants de décès aux Etats-Unis nous frappent plus que ceux en Espagne,
car on oublie totalement la différence de taille entre ces deux pays. On ne divise
pas, même mentalement, les décès américains par sept pour les comparer à l’Espagne.
Je vous propose donc
une vision sur les chiffres fournis le 8 avril pour les mettre en perspective
dans l’espace et dans le temps. On va comparer l’évolution des décès dans 6
pays occidentaux dont la France avec comme jour de départ celui où le nombre de
décès a dépassé un mort par million d’habitants. Les chiffres de décès sont
donc fournis-en décès/million pour permettre la comparaison entre les pays. J’y
ai ajouté une prévision mathématique à quelques jours devant nous, prévision à
prendre avec prudence comme toutes les prévisions, surtout lorsque le nombre de
décès/jour n’a pas atteint son maximum. Ainsi la tendance récente des décès en France
laisse prévoir un arrêt ou quasi-arrêt au 14 avril. Mais ce résultat est très
différent de celui des autres pays, en particulier de l’Espagne et de l’Italie qui
au bout respectivement de 27 et 36 jours au-delà de l’atteinte du 1
décès/million sont très loin encore du maximum.
Cette
comparaison montre un contraste énorme entre ce qui se passe en Espagne et en Allemagne.
On note que l’évolution aux Etats-Unis n’a relativement rien d’alarmant. La
courbe torturée de la France tient au fait de l’apport important et récent des
décès en EHPAD. Cet ajout lui a fait rattraper l‘évolution italienne. La
prévision pour la France est donc particulièrement étonnante d’autant plus que c’est
la première fois que son évolution réelle des décès se distancierait de celle
de l’Italie depuis que l’on tient compte des décès dans les EHPAD. Les deux
jours qui suivent vont être particulièrement instructifs. Le Royaume-Uni amorce
une évolution comparable à l’Espagne mais il y a trop peu de jours pour
conclure. L’Italie semble amorcer comme la France une diminution de la vitesse
de croissance du nombre de décès, mais elle reste beaucoup plus touchée que la France.
Le confinement strict de l’Italie et de l’Espagne aurait tendance à montrer qu’il
n’apporte aucune amélioration ni dans le nombre de décès, ni dans la vitesse d’évolution
de leur nombre. En conclusion la France qui commence à utiliser l’hydro chloroquine
dans les hôpitaux va peut-être sortir plus vite que les autres pays en
déchargeant les équipes de réanimation et en favorisant les sorties.
Regards
sur l’économie
On
commence à faire les comptes de la perte économique de notre pays avec l’épidémie
du Covid-19 et ce n’est pas fini. La note s’allonge de jour en jour et la
prolongation du confinement va creuser la dette de l’Etat et des entreprises.
La prolongation du confinement jusqu’à fin mai ne préserve que la possibilité
de terminer les élections municipales par un deuxième tour en juin. En effet la
perspective de recommencer les deux tours en octobre terrorise le gouvernement.
La probabilité d’un atterrissage économique catastrophique à cette date prédit
une bérézina pour lui et ses candidats. Ce n’est pas de 2,2% que va plonger le
PIB de la France, mais de bien plus et l’Allemagne prévoit trois fois plus.
D’ailleurs
à propos des mensonges répétés du gouvernement, je viens de vérifier que les
chiffres annuels de croissance de la France sont manipulés, truqués. La preuve
vient de m’en être fournie dans un travail de comparaison des PIB 2018 et 2019.
Pour les connaître on peut, soit consulter les données annuelles fournies par Eurostat
ou l’OCDE, soit calculer soi-même la croissance en partant des données des
quatre trimestres qui sont aussi fournies. On s’aperçoit alors pour 2019 que le
chiffre annuel fourni pour la Russie, est inférieur de -0,27% à celui du calcul
trimestriel, que les deux valeurs sont très proches pour l’OCDE, les Etats-Unis
et la Chine, mais différents de +0,40% pour la France en faveur du chiffre
annuel finalement publié, chiffre qui reste dans les mémoires des français. De
la même façon la croissance de la zone euro
est surévaluée de +0,20%, et celle de l’UE de +0,24%.
Le
fait que les chiffres officialisés de la croissance soient sous-évalués pour le
trio Etats-Unis, Russie et Chine et surévalués pour la Zone euro et l’UE, n’est
évidemment pas le fruit du hasard mais une grossière manipulation de l’information
pour gommer le décalage entre l’UE et les autres grands pays du monde. En plus j’accuse
le gouvernement français de manipulation des chiffres de croissance d’une façon
encore plus importante que l’UE elle-même. La croissance de 2019 n’était
pas de 1,32% mais de 0,92%. Il est d’ailleurs révélateur que les chiffres publiés
en cours d’année 2019, trimestre par trimestre, de la croissance cumulée acquise
sur les trimestres écoulés était en phase avec le calcul à partir des
trimestres, soit après les 1er, 2ème et 3ème
trimestres, mais ne l’était plus après le 4ème trimestre, donc l’année
entière.
Macron ne va pas
manquer l’occasion de faire retomber la baisse de croissance entièrement sur le
COVD-19. Il est donc important de faire le point de ce qu’était la situation
économique à la fin de 2019 en comparaison avec 2018. Les chiffres sont ceux
du calcul annuel à partir des croissances trimestrielles. Ils sont d’ailleurs
consultables dans les statistiques de l’OCDE, sous la forme du résultat de
croissance calculé sur 4 trimestres glissants (rubrique PC_CHGPY et années 2018 et 2019). Le graphique
présente la croissance en 2018 et 2019 de 11 entités géographiques, dont 8 de l’UE.
La faiblesse de l’UE apparaît clairement comme l’est le tassement global de la
croissance en 2019. Mis à part la Russie, soumise aux sanctions, ce tassement
est seulement plus net dans l’UE qu’ailleurs. L’Italie frise avec la récession,
l’Allemagne s’en approche et la France aussi avec un dernier trimestre à
-0,05%. Le 1er trimestre 2019 s’annonçant catastrophique, nous
sommes donc officiellement en récession. Le couple franco-allemand, donné comme
le moteur économique de l’Europe, en devient un boulet.
Que sera la croissance en 2020 et 2021 ? Personne
n’est en mesure de le prévoir tant que les mesures de confinement ne seront pas
levées. Mais ce dont on peut juger c’est la portée des chiffres annoncés par le
gouvernement. Le Budget 2019 a été bâti sur une croissance de 1,2%, et si le
PIB prévu décroît de 2,2%, selon Bruno Lemaire, alors on aura une croissance
négative de -1%. Mais souvenons-nous que le budget 2019 était bâti sur une
croissance de 1,31% et que la croissance réelle non avouée a été de 0,92% soit
un écart de -0,39%. C’est donc déjà plus probablement une récession réelle à
-1,4% que les chiffres officiels nous annoncent déjà.
Gageons que cela ira beaucoup plus loin si le confinement
dure encore. Mais le coronavirus prolonge et amplifie une tendance économique lourde
qui avait déjà affecté particulièrement l’Union Européenne et plus précisément
le couple franco-allemand et l’Italie. Ce n’est pas la solidarité européenne
qui va venir au secours de la France, c’est du chacun pour soi après le refus
prévisible des eurobonds et de la mutualisation de la dette. Les 300 milliards
évoqués par Bruno Lemaire ne sont pas tous une manne-cadeau aux entreprises
mais un report, et couvrent des dépenses supplémentaires pour maintenir un
semblant d’économie et un fonctionnement minimal du système de santé. La
trentaine de milliards qui restent va, d’une façon ou d’une autre, aller sauver
le système bancaire. Le confinement global décidé aide des hôpitaux en surcharge
dans un ¼ de la France mais plombe l’économie sur la totalité du territoire et
l’impact va être maximal sur les années à venir. Même les chinois n’en sont pas
arrivés là. Pékin est isolé mais Wuhan s’ouvre. Le confinement ciblé et non
global leur a suggéré la voie du bon sens. Dans une Italie et une Espagne toutes
deux totalement bloquées, le virus continue sa propagation.
Le confinement
ne diminue pas la propagation du virus
Mais vient aider
un système de santé en détresse.
97% des
contaminés ne le sauront pas
Mais c’est
80% de l’économie
Qui est déjà
frappée
Par sa
globalité !
Claude Trouvé
10/04/20
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