L’élection européenne a clairement montré l’abîme
politique dans lequel sont tombés nos concitoyens. Un seul grand parti a
véritablement tiré son épingle du jeu sur un axe politique clair, le LREM du
Président, sauvé d’ailleurs par l’effacement de sa tête devant l’omniprésence de
Macron en campagne électorale depuis novembre, et dont l’image a été placardée
sur les panneaux publicitaires, électoraux et les traditionnels affichages sauvages
qui donnent du travail ensuite aux municipalités pour les enlever. Macron veut
une Europe fédéraliste et fait valider sa politique d’effacement progressif de
la France au profit d’instances européennes sous le seul slogan « Hors
de l’UE, point de salut ». La parole est forte, le but clairement exprimé.
Si on croit à l’Europe, on doit lui faire confiance. Sous-entendu lui seul peut
passer à travers les nombreuses embûches que les autres partis ne vont pas manquer
de lui tendre en critiquant cette belle institution et en proposant des
solutions mi-chèvre, mi-chou, aussi différentes que le sont les listes qui,
voulant ager l’UE, s’affichent aussi européistes. Comme on préfère toujours l’original
à sa copie, comme en plus celle-ci est floutée, on vote Macron. D’ailleurs ceux
de sensibilité originelle à gauche, s’estiment trompés par Macron, l’abandonnent
pour revenir aux sources de leur engagement politique, laissant la place à ceux
de sensibilité originelle à droite agréablement surpris par son inflexion néolibérale.
La couleur moyenne des européistes Macron se droitise, leur nombre reste stable,
les milieux financiers et les multinationales sont ravis. Même si ce nombre ne
représente que 10% du corps électoral, l’important est que Macron soit remis en
selle, et fort d’un parti aux ordres ayant la majorité absolue à l’Assemblée
Nationale, qu’il puisse continuer son programme politique sans opposition réelle
et se consacrer à sa deuxième mission, le leadership dans l’UE sur sa personne.
Même le parti des mécontents, le RN,
qui a finalement rallié beaucoup de gilets jaunes en panne de leader par choix,
n’a pas fait une percée en ne décollant pas réellement de son score précédent
aux européennes, mais il s’inscrit désormais dans les partis européistes
contestataires comme tous les partis d’opposition. Pour le reste on ne voit pas
bien comment son credo national sur le fléau de l’immigration peut s’y inscrire
puisque les traités ont donné à l’UE la gestion de la politique migratoire. Ce parti
est un exutoire aux mécontents et à une grande partie de nos concitoyens rivés sur
la difficulté de leur fin de mois quand ce n’est pas sur les moyens de survie. Ce
nombre ne peut que grossir avec la fermeture des usines et l’arrivée massive de
la robotisation dans le secteur tertiaire, et l’impossibilité pour la France d’être
compétitive malgré une politique de dévaluation interne attaquant
progressivement tous les droits et avantages sociaux, privatisant et ouvrant la
porte aux délocalisations ou à l’apport de main-d’œuvre à bas coût. Le RN est
un excellent faire-valoir à Macron car leur crédibilité sur le plan économique
et le risque de le voir sombrer dans un nationalisme fascisant et dans un
sectarisme sociologique lui barre la route du pouvoir. Mitterrand qui a poussé Le
Pen dans les médias savait ce qu’il faisait, la droite traditionnelle ne s’en
est finalement jamais remise. Adepte du changement dans la continuité de l’UE,
de l’indépendance dans l’interdépendance, le RN n’a pas de vision politique claire
de l’avenir et se contente de vendre la marchandise qui plaît dans les sondages « Demander
au patron de tout changer pour plaire aux autres, mais louer son entreprise
pour y rester ». Faire croire que le patron va changer dans ces conditions
est un leurre, et fait du RN un parti faux-cul qui trompe son électorat par des
promesses sans lendemain en jouant sur la frilosité de la majorité de nos
concitoyens.
Après ce vide politique, sans vision
économique et géopolitique, du plus grand parti français, passons à l’autre
grand parti d’opposition issu de la gauche traditionnelle qui fut en passe de
profiter de la disparition du parti socialiste dans les premiers mois du
quinquennat Macron, alors que Marine Le Pen digérait sa défaite du 2ème tour de
la Présidentielle et se débattait dans les accusations de fraude lancées par l’UE,
et celles sur ses comptes financiers de campagne. Sur ce dernier point c’est
aussi la première ombre jetée sur le parti de Mélenchon, suivie de son attitude
outrancière lors de la visite de son QG par la justice. Mais ce parti a voulu s’emparer
de l’écologie, sujet transversal à tous les partis, donc non discriminant, sauf
pour un parti qui en fait un credo primant de loinsur tout autre partie de son
programme. La graine n’a finalement pas pris, l’électorat plus ou moins écologiste
a préféré l’original à la copie comme d’habitude dans ce domaine. Le querelle
de leadership avec Hamon n’a rien arrangé. Mais c’est avec la politique européenne
que Mélenchon a brouillé les cartes en particulier pour les Gilets jaunes de
sensibilité originelle à gauche. S’il avait franchement tourné sa veste d’européiste
avec un message clair montrant que rien ne pourra changer sur le plan social,
en particulier pour les revendications des Gilets jaunes, si l’on ne joue pas clairement
au moins la carte d’un départ possible de l’UE, il n’aurait pas vu fuir son
électorat. Il a pris le même credo européiste que le FN mais à ce jeu le RN
apparaît plus crédible dans l’affirmation que l’on peut changer l’UE de l’intérieur,
même si c’est évidemment impossible, d’une part par les faibles attributions
décisionnaires du Parlement Européen et d’autre part à cause de la règle de l’unanimité
des chefs des 28 Etats puis des 28 Assemblées ou des référendums pour changer
les grandes lignes des traités. Le résultat du calcul probabiliste est proche
de zéro.
Après cette bérézina de Mélenchon et
de son FI, accompagnée par la confirmation des difficultés de renaissance du parti
socialiste, passons à ce qui fut le plus grand parti représentant l’orientation
droitière de l’électorat français, le parti issu du Gaullisme mais dont ce
dernier aurait honte. Son soutien à l’arrimage complet à l’OTAN, le non-respect
du vote populaire sur la Constitution Européenne en se servant de sa majorité
parlementaire pour légiférer sur le traité de Lisbonne, ont définitivement avec
Sarkozy tourné la page de l’épine dorsale du gaullisme. Même le côté social de
cette politique a été gommé avec le soutien à la restriction des droits des
travailleurs de la loi du travail par Hollande et Macron au profit des
entreprises et des plus grandes d’abord. Le nouveau parti LR est arrivé dans une
impasse politique, avec à sa droite le parti des mécontents qui ne croient plus
dans ceux qui ont détenu le pouvoir qui les a brimés. Le credo du Pape, si je
puis dire, arrive dans une France en phase avancée de déchristianisation se
crispant sur le pôle d’une bourgeoisie dite bien-pensante touchée par les scandales
de pédophilie et extrémiste en matière d’évolution sociétale. Le credo de la
diminution du nombre de fonctionnaires, et de l’extension de la durée du temps
de travail sur la vie, n’est plus porteur sauf par Macron qui a le pouvoir de l’imposer.
L’électorat centriste de LR préfère suivre Macron sur ce point. L’argument de l’urgence
du danger migratoire est ressassé, mieux crédible chez RN, et beaucoup moins
médiatisé depuis que Salvini a fermé les ports d’accueil italiens et parlé avec
le pouvoir libyen. Le programme économique, issu de Fillon, fait peur sans
avoir un argumentaire crédible car l’Etat n’a jamais diminué ses dépenses
depuis 1974 se contentant parfois au mieux de l’augmenter moins que l’inflation.
Par ailleurs quand le peuple demande majoritairement plus de services de proximité,
la réduction des dépenses passe mal, quand en même temps la lutte contre les
paradis fiscaux, et la circulation des capitaux ouvrant la porte à l’évasion
fiscale et aux délocalisations n’est pas mis en avant en premier. Disposant d’un
vivier de responsables de première ou deuxième génération, le parti se
caractérise par une guerre des chefs défendant des visions politiques toutes
différentes et dont le dénominateur commun est difficilement perceptible. La
droite subit une perte historique et ne sait plus où elle doit aller, ses
électeurs non plus. Alors que la droite a été historiquement sceptique sur l’UE,
Chirac s’y étant rallié à contre-cœur, LR n’a pas eu le courage d’en revenir
aux origines gaullistes, et s’est coulé dans un européisme de confort où l’on crie
sans besoin que l’écho lui réponde.
Je terminerai par la victoire des
Verts qui fait désormais le consensus médiatique et relativise le succès du FN.
Encenser médiatiquement les Verts est un credo médiatique porteur et sans risque.
On s’extasie donc sur la réussite de Jadot, assis sur le message urbi et orbi
du pape de la climatologie Jean Jouzel. Le peuple a besoin d’un héros. Après
Hulot, c’est Jadot. Porté par le fruit de la propagande médiatique et scolaire sur
la jeunesse, Jadot réussit l’exploit de faire un peu mieux que dans les
européennes précédentes. L’écologisme a donc gagné le droit de parler fort et Jadot
a du coffre pour cela. L’UE qui cherche désespérément à trouver un lien qui
unisse les citoyens européens lui ouvre les bras, surtout s’il contribue à
orienter des centaines de milliards vers les sociétés privées qui ont misé sur
les énergies renouvelables et l’isolement des habitations. Le credo du
sauvetage de la planète marche à plein, personne ne peut être contre et ceux
qui doutent ont droit au bonnet d’âne. Jean Jouzel, promoteur du consensus scientifique,
l’affirme, donc c’est vrai il y a urgence. Au fait ce personnage était un
spécialiste des carottages glaciaires permettant de mettre en évidence le lien
de cause à effet entre le CO2 et les températures du lieu sur des
millions d’années. Donc c’est prouvé et Jouzel ajoute : « Vous en voyez bien les conséquences aujourd’hui
avec l’augmentation du carbone anthropique et de la température… » Toutefois
les variations naturelles sur ces époques étaient d’une autre amplitude sans générer
des variations aussi fortes que le CO2 anthropique. Y aurait-il deux
sortes de CO2 ? Enfin Jouzel se garde bien de dire que les
carottes glaciaires prouvent que les augmentations de CO2 dans l’air
suivent et non précèdent les augmentations de températures. Simple détail, Il
faut écouter un scientifique reconnu… par les politiques, parce que c’est un
prix Nobel… de la paix. J’arrête mes propos perfides, ce n’est pas fair-play, car
à 72 ans ce monsieur est toujours payé par un organisme qui a fini depuis
longtemps de le faire pour moi… les ans en sont la cause mais à 60 ans… Ultime
preuve que c’est lui qui détient la vérité, non ?
Il est vrai que plus la doxa climatique nous
assomme de vérités médiatiques puisées à une source unique, plus je m’enfonce
dans l’opprobre du climato-réalisme qui cherche par lui-même habité par le
doute scientifique. Certes celui-ci n’étreint plus ceux que l’on paye pour
mesurer le réchauffement climatique et créer des modèles mathématiques prévisionnels
dont la fiabilité est d’une chance sur deux de représenter l’avenir climatique dans
une fourchette allant de 1°C à 6°C, puis des modèles mathématiques prévisionnels
économiques, prenant en compte les précédents pour chiffrer les impacts
socio-économiques. Avez-vous essayé de faire un empilement de verres à
champagne sur une table qui tremble ? Les prévisions climatiques du GIEC
sont à la baisse mais on vous le cache sous le vocable incompréhensible du budget
carbone en hausse, clair non ? Le carbone coûte plus cher ? Non vous
avez un droit de tirage plus important sur le budget carbone anthropique. Je
peux donc dépenser plus ? Non vous pouvez émettre plus de carbone que
prévu avant de griller sur place. Ah bon et alors ? La conséquence non
avouée, sauf dans le dernier rapport 2018 du GIEC, c’est que les modèles
mathématiques ne collent pas avec la réalité et que le réchauffement est plus
lent que prévu… et repoussé de 14 ans avant de nous rôtir.
Le vide politique s’assoie désormais sur un doute
scientifique masqué avec un dénominateur commun entre tous les partis, le
sauvetage de la planète. Le doute scientifique sur le climat génère immédiatement
la nécessité de médiatiser une nouvelle catastrophe impactant d’une part l’humanité
et la culpabilisant. On ressort la catastrophique disparition des espèces, qui
n’en est pas à sa première sur les prévisions de l’imminence du danger avec des
dates toujours repoussées, comme la fonte des glaces du pôle Nord qui devait être
totale en 2013. La pensée politique se nourrit de catastrophes imminentes toutes
plus culpabilisantes les unes que les autres. L’électeur doit être tenu en haleine
et polarisé sur un seul objectif… sauver sa peau et celle de ses enfants si le
droit de procréer n’est pas encore contingenté. La pensée politique consiste à déterminer
ce qu’il faut faire pour survivre. La pensée politique est réductrice et la
liberté de penser et d’agir doit désormais se plier aux exigences de la survie.
Les grandes pensées sur les choix socio-économiques doivent désormais être
encadrés. Jadot nous dit bien que désormais il va réfléchir à un programme d’action
sur ce credo… et non l’inverse puisque l’urgence a tué le doute.
Macron a compris, les oligarques
aussi, l’écologisme est le lien européen idéal et son utilisation à leur profit
va se propager avec le couvert d’une action humanitaire. Le rêve. Macron va
rallier les européens à sa cause, celle du sauvetage planétaire dont il est le
chantre et montrer ainsi son indépendance et sa force à Trump, destructeur de l’humanité,
non par les guerres que l’on fait avec lui mais par la carbonisation de la
planète. L’écologisme est le fil rouge parfois invisible qui va servir aux
actions gouvernementales ou européennes. Il videra de toute lisibilité les
esprits de nos concitoyens en même temps que celui d’une politique démocratique orientée
vers le bonheur des français. Le bonheur n’est pas dans le pré que chacun
cultivait à sa manière et en vantait les mérites dans une joute politicienne,
le bonheur est dans l’écologisme qui, sous couvert d’une écologie de bon sens,
introduit une dictature de la pensée qui est utilisée à des buts imposés par
ceux qui en tirent profit et qui manipulent une pseudo-science. La climatologie
est une science jeune et balbutiante qu’il ne faut pas leur abandonner mais
laisser au temps et à l’esprit scientifique le soin de lever les doutes.
La nature ayant toujours horreur du vide
L’écologisme va y pourvoir désormais.
Les partis n’ont plus qu’un choix
Européen peint en Vert écolo.
C’est quoi un parti unique ?
La dictature non ?
Claude Trouvé
31/05/19
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