vendredi 31 mai 2019

Les français dans un grand vide politique

L’élection européenne a clairement montré l’abîme politique dans lequel sont tombés nos concitoyens. Un seul grand parti a véritablement tiré son épingle du jeu sur un axe politique clair, le LREM du Président, sauvé d’ailleurs par l’effacement de sa tête devant l’omniprésence de Macron en campagne électorale depuis novembre, et dont l’image a été placardée sur les panneaux publicitaires, électoraux et les traditionnels affichages sauvages qui donnent du travail ensuite aux municipalités pour les enlever. Macron veut une Europe fédéraliste et fait valider sa politique d’effacement progressif de la France au profit d’instances européennes sous le seul slogan « Hors de l’UE, point de salut ». La parole est forte, le but clairement exprimé. Si on croit à l’Europe, on doit lui faire confiance. Sous-entendu lui seul peut passer à travers les nombreuses embûches que les autres partis ne vont pas manquer de lui tendre en critiquant cette belle institution et en proposant des solutions mi-chèvre, mi-chou, aussi différentes que le sont les listes qui, voulant ager l’UE, s’affichent aussi européistes. Comme on préfère toujours l’original à sa copie, comme en plus celle-ci est floutée, on vote Macron. D’ailleurs ceux de sensibilité originelle à gauche, s’estiment trompés par Macron, l’abandonnent pour revenir aux sources de leur engagement politique, laissant la place à ceux de sensibilité originelle à droite agréablement surpris par son inflexion néolibérale. La couleur moyenne des européistes Macron se droitise, leur nombre reste stable, les milieux financiers et les multinationales sont ravis. Même si ce nombre ne représente que 10% du corps électoral, l’important est que Macron soit remis en selle, et fort d’un parti aux ordres ayant la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, qu’il puisse continuer son programme politique sans opposition réelle et se consacrer à sa deuxième mission, le leadership dans l’UE sur sa personne.
 
Même le parti des mécontents, le RN, qui a finalement rallié beaucoup de gilets jaunes en panne de leader par choix, n’a pas fait une percée en ne décollant pas réellement de son score précédent aux européennes, mais il s’inscrit désormais dans les partis européistes contestataires comme tous les partis d’opposition. Pour le reste on ne voit pas bien comment son credo national sur le fléau de l’immigration peut s’y inscrire puisque les traités ont donné à l’UE la gestion de la politique migratoire. Ce parti est un exutoire aux mécontents et à une grande partie de nos concitoyens rivés sur la difficulté de leur fin de mois quand ce n’est pas sur les moyens de survie. Ce nombre ne peut que grossir avec la fermeture des usines et l’arrivée massive de la robotisation dans le secteur tertiaire, et l’impossibilité pour la France d’être compétitive malgré une politique de dévaluation interne attaquant progressivement tous les droits et avantages sociaux, privatisant et ouvrant la porte aux délocalisations ou à l’apport de main-d’œuvre à bas coût. Le RN est un excellent faire-valoir à Macron car leur crédibilité sur le plan économique et le risque de le voir sombrer dans un nationalisme fascisant et dans un sectarisme sociologique lui barre la route du pouvoir. Mitterrand qui a poussé Le Pen dans les médias savait ce qu’il faisait, la droite traditionnelle ne s’en est finalement jamais remise. Adepte du changement dans la continuité de l’UE, de l’indépendance dans l’interdépendance, le RN n’a pas de vision politique claire de l’avenir et se contente de vendre la marchandise qui plaît dans les sondages « Demander au patron de tout changer pour plaire aux autres, mais louer son entreprise pour y rester ». Faire croire que le patron va changer dans ces conditions est un leurre, et fait du RN un parti faux-cul qui trompe son électorat par des promesses sans lendemain en jouant sur la frilosité de la majorité de nos concitoyens.


Après ce vide politique, sans vision économique et géopolitique, du plus grand parti français, passons à l’autre grand parti d’opposition issu de la gauche traditionnelle qui fut en passe de profiter de la disparition du parti socialiste dans les premiers mois du quinquennat Macron, alors que Marine Le Pen digérait sa défaite du 2ème tour de la Présidentielle et se débattait dans les accusations de fraude lancées par l’UE, et celles sur ses comptes financiers de campagne. Sur ce dernier point c’est aussi la première ombre jetée sur le parti de Mélenchon, suivie de son attitude outrancière lors de la visite de son QG par la justice. Mais ce parti a voulu s’emparer de l’écologie, sujet transversal à tous les partis, donc non discriminant, sauf pour un parti qui en fait un credo primant de loinsur tout autre partie de son programme. La graine n’a finalement pas pris, l’électorat plus ou moins écologiste a préféré l’original à la copie comme d’habitude dans ce domaine. Le querelle de leadership avec Hamon n’a rien arrangé. Mais c’est avec la politique européenne que Mélenchon a brouillé les cartes en particulier pour les Gilets jaunes de sensibilité originelle à gauche. S’il avait franchement tourné sa veste d’européiste avec un message clair montrant que rien ne pourra changer sur le plan social, en particulier pour les revendications des Gilets jaunes, si l’on ne joue pas clairement au moins la carte d’un départ possible de l’UE, il n’aurait pas vu fuir son électorat. Il a pris le même credo européiste que le FN mais à ce jeu le RN apparaît plus crédible dans l’affirmation que l’on peut changer l’UE de l’intérieur, même si c’est évidemment impossible, d’une part par les faibles attributions décisionnaires du Parlement Européen et d’autre part à cause de la règle de l’unanimité des chefs des 28 Etats puis des 28 Assemblées ou des référendums pour changer les grandes lignes des traités. Le résultat du calcul probabiliste est proche de zéro.


Après cette bérézina de Mélenchon et de son FI, accompagnée par la confirmation des difficultés de renaissance du parti socialiste, passons à ce qui fut le plus grand parti représentant l’orientation droitière de l’électorat français, le parti issu du Gaullisme mais dont ce dernier aurait honte. Son soutien à l’arrimage complet à l’OTAN, le non-respect du vote populaire sur la Constitution Européenne en se servant de sa majorité parlementaire pour légiférer sur le traité de Lisbonne, ont définitivement avec Sarkozy tourné la page de l’épine dorsale du gaullisme. Même le côté social de cette politique a été gommé avec le soutien à la restriction des droits des travailleurs de la loi du travail par Hollande et Macron au profit des entreprises et des plus grandes d’abord. Le nouveau parti LR est arrivé dans une impasse politique, avec à sa droite le parti des mécontents qui ne croient plus dans ceux qui ont détenu le pouvoir qui les a brimés. Le credo du Pape, si je puis dire, arrive dans une France en phase avancée de déchristianisation se crispant sur le pôle d’une bourgeoisie dite bien-pensante touchée par les scandales de pédophilie et extrémiste en matière d’évolution sociétale. Le credo de la diminution du nombre de fonctionnaires, et de l’extension de la durée du temps de travail sur la vie, n’est plus porteur sauf par Macron qui a le pouvoir de l’imposer. L’électorat centriste de LR préfère suivre Macron sur ce point. L’argument de l’urgence du danger migratoire est ressassé, mieux crédible chez RN, et beaucoup moins médiatisé depuis que Salvini a fermé les ports d’accueil italiens et parlé avec le pouvoir libyen. Le programme économique, issu de Fillon, fait peur sans avoir un argumentaire crédible car l’Etat n’a jamais diminué ses dépenses depuis 1974 se contentant parfois au mieux de l’augmenter moins que l’inflation. Par ailleurs quand le peuple demande majoritairement plus de services de proximité, la réduction des dépenses passe mal, quand en même temps la lutte contre les paradis fiscaux, et la circulation des capitaux ouvrant la porte à l’évasion fiscale et aux délocalisations n’est pas mis en avant en premier. Disposant d’un vivier de responsables de première ou deuxième génération, le parti se caractérise par une guerre des chefs défendant des visions politiques toutes différentes et dont le dénominateur commun est difficilement perceptible. La droite subit une perte historique et ne sait plus où elle doit aller, ses électeurs non plus. Alors que la droite a été historiquement sceptique sur l’UE, Chirac s’y étant rallié à contre-cœur, LR n’a pas eu le courage d’en revenir aux origines gaullistes, et s’est coulé dans un européisme de confort où l’on crie sans besoin que l’écho lui réponde.


Je terminerai par la victoire des Verts qui fait désormais le consensus médiatique et relativise le succès du FN. Encenser médiatiquement les Verts est un credo médiatique porteur et sans risque. On s’extasie donc sur la réussite de Jadot, assis sur le message urbi et orbi du pape de la climatologie Jean Jouzel. Le peuple a besoin d’un héros. Après Hulot, c’est Jadot. Porté par le fruit de la propagande médiatique et scolaire sur la jeunesse, Jadot réussit l’exploit de faire un peu mieux que dans les européennes précédentes. L’écologisme a donc gagné le droit de parler fort et Jadot a du coffre pour cela. L’UE qui cherche désespérément à trouver un lien qui unisse les citoyens européens lui ouvre les bras, surtout s’il contribue à orienter des centaines de milliards vers les sociétés privées qui ont misé sur les énergies renouvelables et l’isolement des habitations. Le credo du sauvetage de la planète marche à plein, personne ne peut être contre et ceux qui doutent ont droit au bonnet d’âne. Jean Jouzel, promoteur du consensus scientifique, l’affirme, donc c’est vrai il y a urgence. Au fait ce personnage était un spécialiste des carottages glaciaires permettant de mettre en évidence le lien de cause à effet entre le CO2 et les températures du lieu sur des millions d’années. Donc c’est prouvé et Jouzel ajoute : « Vous en voyez bien les conséquences aujourd’hui avec l’augmentation du carbone anthropique et de la température… » Toutefois les variations naturelles sur ces époques étaient d’une autre amplitude sans générer des variations aussi fortes que le CO2 anthropique. Y aurait-il deux sortes de CO2 ? Enfin Jouzel se garde bien de dire que les carottes glaciaires prouvent que les augmentations de CO2 dans l’air suivent et non précèdent les augmentations de températures. Simple détail, Il faut écouter un scientifique reconnu… par les politiques, parce que c’est un prix Nobel… de la paix. J’arrête mes propos perfides, ce n’est pas fair-play, car à 72 ans ce monsieur est toujours payé par un organisme qui a fini depuis longtemps de le faire pour moi… les ans en sont la cause mais à 60 ans… Ultime preuve que c’est lui qui détient la vérité, non ?


Il est vrai que plus la doxa climatique nous assomme de vérités médiatiques puisées à une source unique, plus je m’enfonce dans l’opprobre du climato-réalisme qui cherche par lui-même habité par le doute scientifique. Certes celui-ci n’étreint plus ceux que l’on paye pour mesurer le réchauffement climatique et créer des modèles mathématiques prévisionnels dont la fiabilité est d’une chance sur deux de représenter l’avenir climatique dans une fourchette allant de 1°C à 6°C, puis des modèles mathématiques prévisionnels économiques, prenant en compte les précédents pour chiffrer les impacts socio-économiques. Avez-vous essayé de faire un empilement de verres à champagne sur une table qui tremble ? Les prévisions climatiques du GIEC sont à la baisse mais on vous le cache sous le vocable incompréhensible du budget carbone en hausse, clair non ? Le carbone coûte plus cher ? Non vous avez un droit de tirage plus important sur le budget carbone anthropique. Je peux donc dépenser plus ? Non vous pouvez émettre plus de carbone que prévu avant de griller sur place. Ah bon et alors ? La conséquence non avouée, sauf dans le dernier rapport 2018 du GIEC, c’est que les modèles mathématiques ne collent pas avec la réalité et que le réchauffement est plus lent que prévu… et repoussé de 14 ans avant de nous rôtir.


Le vide politique s’assoie désormais sur un doute scientifique masqué avec un dénominateur commun entre tous les partis, le sauvetage de la planète. Le doute scientifique sur le climat génère immédiatement la nécessité de médiatiser une nouvelle catastrophe impactant d’une part l’humanité et la culpabilisant. On ressort la catastrophique disparition des espèces, qui n’en est pas à sa première sur les prévisions de l’imminence du danger avec des dates toujours repoussées, comme la fonte des glaces du pôle Nord qui devait être totale en 2013. La pensée politique se nourrit de catastrophes imminentes toutes plus culpabilisantes les unes que les autres. L’électeur doit être tenu en haleine et polarisé sur un seul objectif… sauver sa peau et celle de ses enfants si le droit de procréer n’est pas encore contingenté. La pensée politique consiste à déterminer ce qu’il faut faire pour survivre. La pensée politique est réductrice et la liberté de penser et d’agir doit désormais se plier aux exigences de la survie. Les grandes pensées sur les choix socio-économiques doivent désormais être encadrés. Jadot nous dit bien que désormais il va réfléchir à un programme d’action sur ce credo… et non l’inverse puisque l’urgence a tué le doute.


Macron a compris, les oligarques aussi, l’écologisme est le lien européen idéal et son utilisation à leur profit va se propager avec le couvert d’une action humanitaire. Le rêve. Macron va rallier les européens à sa cause, celle du sauvetage planétaire dont il est le chantre et montrer ainsi son indépendance et sa force à Trump, destructeur de l’humanité, non par les guerres que l’on fait avec lui mais par la carbonisation de la planète. L’écologisme est le fil rouge parfois invisible qui va servir aux actions gouvernementales ou européennes. Il videra de toute lisibilité les esprits de nos concitoyens en même temps que celui d’une politique démocratique orientée vers le bonheur des français. Le bonheur n’est pas dans le pré que chacun cultivait à sa manière et en vantait les mérites dans une joute politicienne, le bonheur est dans l’écologisme qui, sous couvert d’une écologie de bon sens, introduit une dictature de la pensée qui est utilisée à des buts imposés par ceux qui en tirent profit et qui manipulent une pseudo-science. La climatologie est une science jeune et balbutiante qu’il ne faut pas leur abandonner mais laisser au temps et à l’esprit scientifique le soin de lever les doutes.


La nature ayant toujours horreur du vide 

L’écologisme va y pourvoir désormais.

Les partis n’ont plus qu’un choix 

Européen peint en Vert écolo.

C’est quoi un parti unique ?


La dictature non ?

Claude Trouvé 
31/05/19

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire