La campagne des européennes est
conduite pour éviter tout débat de fond sur la volonté populaire de continuer
ou non l’aventure européenne. Tous les grands partis dits d’opposition ne
veulent que changer l’UE, chacun à sa manière, mais on ne parle même plus
d’abandonner l’euro chez Dupont-Aignan après avoir largement surfé sur ce thème
jusqu’alors. Après une campagne sur le même sujet, Marine Le Pen ne veut plus
qu’une Europe « verte » … et blanche. Chez Mélenchon on croit dans la
force de conviction du peuple de gauche pour transformer l’UE en paradis social
en bravant les puissants lobbies qui l’écrasent. Son plan B est passé à la
trappe… mais on est prêts à aller
jusqu’au bout sans que le bout soit vraiment précisé. Quant aux Verts, ils
verdissent tous les partis sans qu’en dehors du sauvetage de la planète et la
mort du glyphosate, on ne sache pas bien ce que tout cela renferme dans les
actions à mener. Pour les Verts les européennes sont l’occasion de se refaire
une santé. Les allemands veulent vendre leurs éoliennes et le gaz russe à une
France qui veut seulement sauver la planète et faire de son impact de 1% sur le
tonnage mondial de CO2 une occasion de diriger celle-ci vers un
cadre vertueux et rédempteur. La jeunesse qui cherche une raison de vivre y
trouve un espoir dans un monde où l’avenir s’annonce plus sombre que pour les
générations précédentes. On lui a dit que la planète était menacée, elle le
croit sans chercher par elle-même si le réchauffement climatique est vraiment
menaçant en regardant simplement les chiffres de la température globale. Ils
verraient que celle-ci se refuse à suivre les prédictions catastrophiques que
délivre la doxa climatique relayée par les politiques qui en font un passage obligé
de preuve de vertu. Pourtant le GIEC vient de faire discrètement machine
arrière, on n’en parle pas mais on entend, comme par hasard, les trompettes de
Jéricho qui nous livrent une nouvelle catastrophe, la disparition des espèces.
Voilà de quoi alimenter l’écologisme et relativiser l’enjeu des européennes et
surtout d’éviter tout débat sur l’utilité d’être ou non dans l’euro.
Tout le monde ou
presque dans les partis, mis à part deux fous du FREXIT avec Florian Philippot
et François Asselineau, se retrouve dans le camp européiste pour débattre du
changement des traités qui demandent l’approbation unanime de 28 pays et de 28
référendums ou acceptations parlementaires selon les pays. Je vous laisse
compter la probabilité pour que cela puisse arriver. Les crocodiles sont donc dans
la même mare pour se partager l’opinion publique. Tout irait bien puisque les
deux gêneurs n’ont qu’un petit porte-voix et que l’on s’ingénie à transformer
en trompette bouchée. C’est particulièrement le cas pour François Asselineau
dont l’accès aux médias nationaux et aux grands médias privés a été interdit
depuis la Présidentielle, ce qui n’a pas été le cas de Florian Philippot. Tout
se présentait bien en plus depuis le 29 mars où le Brexit n’avait pas été
conclu entre l’UE et le Royaume-Uni et renvoyé en octobre, voire sine die. Le 2
mai 2019 un caillou s’est tout-à-coup mis dans ce bel engrenage avec les
élections locales britanniques. Le parti conservateur de Theresa May et les
travaillistes ont pris une véritable claque. Les électeurs britanniques ont
ainsi montré qu’ils n’en peuvent plus de l’indécision et de l’incompétence des
conservateurs et des travaillistes, et ont donné le pouvoir à des partis dotés
d’une vision claire pour ou contre le Brexit.
Les grands médias français ont
évidemment insisté sur le bon score des Verts, des libéraux, et des partis « pro-remain »,
sans noter que Nigel Farage, qu’ils vilipendaient comme traître à sa cause,
fait un retour tonitruant avec son nouveau parti pro-Brexit après avoir fait
gagner le référendum au Brexit avec le UKIP. La presse britannique relayait
samedi l'"immense cri de colère" des électeurs, " écoeurés d'être traités comme des imbéciles",
selon les mots de l'éditorialiste du Daily Mail. "Vous avez reçu le message ?
Concrétisez le Brexit", titrait en une le tabloïd Daily Express. Les
commentaires des médias français ne reflètent évidemment pas ce constat en
commentant ce résultat comme une victoire des pros-Brexit. Le Monde a titré « Elections locales britanniques : les partis
pro-UE sont en forte progression ». Ce journal, chasseur de fakenews,
s’avère être un maître dans l’art de la propagation d’informations déformées.
C’est pourtant bien ce message d’impatience
du peuple britannique devant la non-concrétisation du Brexit qui a été entendu
par Theresa May dans son discours au Parlement. Dans son discours à la Chambre
des Communes après le vote, Theresa May a refusé l’éventualité d’un second
référendum, et a jugé que le peuple indiquait clairement que le Brexit devait
avoir lieu dans les plus brefs délais et que la voix du peuple pour le Brexit,
exprimée par référendum, devait être respectée. Lors de sa nouvelle rencontre
avec Jeremy Corbyn, le leader du Labour, elle s’est engagée à présenter un
projet d’accord avec l’UE dans la semaine du 3 juin prochain alors que le délai
maximum a été fixé au 31 octobre. D’ailleurs le peuple britannique envoie un
nouveau message pour les élections européennes. Le Parti du Brexit de
l’europhobe Nigel Farage s’envole en intentions de vote aux européennes avec 34
%, soit plus que le Parti conservateur et le Parti travailliste réunis, selon
un sondage publié dimanche dans The Observer. Par rapport au précédent sondage,
le Parti du Brexit double ainsi son avance sur le Parti travailliste, lequel
arrive en deuxième position avec 21 % des intentions de vote (en chute de sept
points). Les Libéraux-démocrates, opposés au Brexit, sont crédités de 12 % (en
hausse de cinq points) et dépassent le Parti conservateur de la Première
ministre Theresa May, qui ne recueille que 11 %, selon The Observer… Les médias
français ne cessent de fournir une image fausse de l’opinion et de l’économie
britanniques. Les élections européennes vont très probablement leur apporter un
démenti cinglant.
Les nouvelles gênantes pour
les européistes se suivent avec l’annonce du taux de chômage britannique au
plus bas depuis 1974 avec 3,8% au premier trimestre, soit une baisse annuelle
de 0,4% quand la France affiche 9,1% fin 2018 avec une baisse annuelle de 0,1%
seulement. Voilà de quoi bien énerver les tenants des bienfaits de la zone
euro, alors qu’ils prédisaient pis que pendre au Royaume-Uni s’ils votaient le
Brexit et cela dès le lendemain du vote. Mais les nouvelles gênantes continuent
avec la croissance du PIB publiée à 0,5% par Eurostat quand elle n’est que de
0,3% en France, et 0,4% dans la zone euro ! Le discours du catastrophisme
de la situation britannique est un discours particulièrement mensonger comme
ont désormais coutume de le faire ceux qui défendent les bienfaits de la zone
euro. Petit indicateur supplémentaire de l’état majoritaire de l’opinion
britannique, le voyagiste Thomas Cook signale que les anglais se détournent de
l’Europe pour leurs séjours de vacances. Le Royaume-Uni se porte bien et renoue
des accords commerciaux bilatéraux dans de nombreux pays du monde dont son
ancien Commonwealth.
C’est la France et l’Allemagne qui ont le plus à perdre du
départ des Britanniques. C’est déjà une augmentation de leur participation au
budget européen qui va les frapper, avec 2 milliards pour la France, afin de
compenser le départ du Royaume-Uni. La facilité de report du Brexit accordé
Theresa May en dit long sur la préoccupation allemande de préserver ses
exportations vers ce pays, en particulier pour son industrie automobile. La
position de la France de refus de la prolongation n’est justifiée que par le
désir de Macron de s’afficher comme le leader d’une UE débarrassée d’un concurrent
de poids dans les décisions de l’UE. La France apparait de plus en plus comme une
victime de l’UE et de la monnaie unique, mais la propagande de Macron pour l’UE
et pour sa politique laisse encore des traces profondes car cette doxa date de
plusieurs dizaines d’années. La France coule lentement, le Royaume-Uni prend le
vent du large et quitte son port d’attache depuis qu’il a senti qu’il s’y encalaminait.
Macron veut s’attacher à l’Allemagne… comme Pétain ? Le Royaume-Uni a
compris que l’UE n’était qu’un carcan foulant sans vergogne la souveraineté des
peuples dans un comportement dictatorial laissant peu de place à la démocratie.
Depuis Mitterrand la France doute d’elle-même et se vautre dans un carrosse
dont les chevaux tirent à hue et à dia en croyant aller plus vite et plus loin.
Funeste erreur qu’il faut cacher en jetant l’opprobre sur ceux qui font cavalier
seul.
La France passe à côté d’une opportunité historique
En vendant son âme à une puissance étrangère
Malgré les leçons de deux conflits majeurs
Et s’engage dans une politique étrangère
Qui prive notre défense de sa mission
La défense de ses seuls intérêts.
Le Royaume-Uni l’a compris
Pas la France de Macron !
Claude Trouvé
15/05/19
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