On avait prévu
que les conclusions du Grand Débat National seraient difficiles à synthétiser
autrement que par des banalités que chaque citoyen normalement constitué était
capable d’exprimer. D’ailleurs la simple lecture des pancartes des Gilets
Jaunes suffisait à résumer ce qui devait évoluer dans notre pays. Après les 10
milliards accordés dans une précipitation voisinant la panique, argent dont la
répartition n’est toujours pas claire dans l’esprit des français, il a fallu
quatre mois pour avoir un nouveau geste de 5 milliards dont la répartition
n’est toujours pas claire ni la répartition, ni le financement. Macron est
piégé et il le sait, alors son grand discours avait un seul but, ne rien dire
ou si peu, pour ne s’engager sur rien sauf sur celui de garder le cap, celui de
l’oligarchie financière. On a compris que Macron veut gagner du temps, comme il
l’a fait en laissant traîner le Grand Débat. Pour les européennes, il se contentera
de maintenir son socle d’électeurs inconditionnels, car Loiseau n’y changera
rien au mieux, et tout doit être joué sur la seconde partie de son quinquennat
ou les municipales et surtout la présidentielle restent en ligne de mire. Macron
nous parle des premiers frémissements de décollage de l’économie par l’effet de
sa politique. Il n’en est rien, il suffit de regarder les chiffres du chômage
et l’injonction faite au peuple français de cultiver l’art d’être français
n’apparait que comme une insulte aux gilets jaunes qui ont défilé ce 1er
mai.
Les chiffres publiés
par Eurostat sur le chômage sont édifiants, le taux est passé de 9,2 à 9,1
entre 2017 et 2018 soit une légère baisse alors que la baisse est de 0,7 dans
l’Union Européenne et de 0,8 dans la zone euro. Même l’Italie fait mieux
avec une baisse de 0,4. La France continue à se situer dans les pays au taux de
chômage le plus élevé mais en plus se signale par la plus faible décroissance
du chômage. Citons le Royaume-Uni qui affiche un taux de 3,8 et une baisse de
0,4 ! Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire depuis juin 2016
où les Britanniques ont voté le Brexit, le Royaume-Uni se porte bien alors que
l’on avait prédit un avenir catastrophique à très court terme. Mais les derniers
chiffres de la DARES pour les demandeurs d’emploi en France au 1er
trimestre 2019 ne font que confirmer l’échec de Macron sur le chômage avec une
stagnation par rapport au trimestre précédent pour le chiffre toutes catégories
de +200 et un total de 6 224 700 demandeurs. Le chiffre de la baisse des
demandeurs d’emploi pour la catégorie A (-24200 ou -0.71%) pour 3 391 900
demandeurs est en fait une mauvaise nouvelle puisqu’elle dignifie que les
travailleurs à temps plein ont migré vers le temps partiel. La stagnation des
demandeurs d’emploi est pérenne depuis le 2ème trimestre 2016 où
nous avions 6 153 900 demandeurs soit 70 800 de moins
qu’aujourd’hui. Mais en réalité la situation a empiré puisque le nombre de
demandeurs à temps plein était de 3 522 700 soit 130 800 de plus
qu’aujourd’hui. Le chômage ne diminue pas
et on glisse de plus en plus vers des emplois précaires. De plus lorsque
l’on regarde la Suisse on voit que l’UE est une machine à perdre pour la
France.
L’année 2019 ne
commence pas sous de bons auspices pour le chômage mais ceci est corrélé avec
la croissance. En effet les premiers chiffres publiés par Eurostat montrent que
la France continue à perdre du terrain par rapport à ses principaux voisins
pour la croissance du 1er trimestre 2019. Seule l’Italie fait moins
bien qu’elle. Nous nous situons derrière l’UE et même de la zone euro. La
croissance allemande n’est pas publiée mais l’Allemagne craint de voir sa
croissance annuelle ralentie à 0,8%, soit environ 0,2% par trimestre par suite
de l’éventualité du Brexit qui toucherait sa production automobile. On comprend
les efforts de l’Allemagne pour demander un report des négociations à ce sujet
contrairement à la France. L’Italie sort de la récession et l’Espagne confirme
sa bonne santé économique retrouvée. C’est aussi le cas du Royaume-Uni. On peut
en tirer les conclusions suivantes. Le couple franco-allemand est en période de
freinage et fait moins bien que les
autres pays de la zone euro et que la moyenne des pays de l’UE. La
France paie sa politique d’austérité à l’allemande. L’Espagne en redonnant du
pouvoir d’achat montre une voie beaucoup plus prometteuse, comme l’a fait Trump
aux Etats-Unis. Se rapprocher sans cesse de l’Allemagne ne peut que mener la
France à sa perte et à une dernière ponction mortelle de celle-.ci sur nous. La
politique de Macron (imposée par l’UE allemande) trouve un nouveau désaveu avec
une croissance relativement faible.
Sur le graphique ci-dessus on se rend
bien compte que la France est piégée dans un magma dont elle ne peut sortir.
Ces valeurs de croissance sont tirées des statistiques de l’OCDE et de la
Banque mondiale. Avec l’Allemagne elle reste dans la moyenne de l’OCDE et du
G20 mais elle voit l’UE, le G7 et la zone euro faire mieux qu’elle pendant que
le Japon, l’Inde, les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande,
l’Australie, la Chine, l’Indonésie, l’Islande, Israël, lui montrent qu’il n’est
pas nécessaire de faire partie d’une structure contraignante comme l’UE pour
assurer une meilleure réussite économique. De même la Suède, le Danemark, la
Hongrie, et la Pologne montrent que la réussite peut exister en dehors de
l’euro. D’ailleurs cette monnaie ne nous protège pas des grandes puissances
économiques comme les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Chine et l’Indonésie. La
France devance encore l’Italie, le Royaume-Uni et la Belgique mais on a vu que le
Royaume-Uni risque fort de lui passer devant en 2019, alors que l’Espagne
montre son redressement économique que le 1er trimestre 2019 confirme.
Les plus grandes décroissances, non représentées ici, ont lieu en Turquie
(-9.8%), et en Argentine et sont dues à des inflations respectives de +16% pour
la Turquie, +47% pour l’Argentine. Tous les autres pays sont en croissance,
sauf l’Afrique du Sud, le Mexique et la Colombie. D’ailleurs la performance des
BRIICS, avec le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, est handicapée par l’inflation et même celle de l’UE. Si la
France se fait rattraper par l’Inde, elle maintient toutefois sa place de 8ème
économie mondiale en 2018, juste derrière le Royaume-Uni.
Notre moteur économique
souffre d’une monnaie euro inadaptée à notre économie et si le creusement du
déficit profite à une relance du pouvoir d’achat, l’effet sur la croissance ne
peut qu’être faible à cause de ce handicap. La harangue de Macron pour inciter
les salariés à travailler plus ne sert pas à grand-chose car il faut pour cela
que les carnets de commande soient pleins. Pour cette même raison l’incitation
à travailler plus longtemps n’aura que des effets négatifs sur le chômage des
jeunes qui trouveront moins facilement de l’emploi sans que les salaires élevés
des salariés en fin de carrière amènent une baisse des coûts salariaux. Il y a un
échange évident entre retraites et chômage. C’est le type même des fausses
bonnes idées. A contrario le statut de paradis fiscal pour Malte et le Luxembourg,
et d’autorisation particulière de fiscalisation pour l’Irlande démontrent que
l’UE cautionne la fraude fiscale d’une façon éhontée au profit des grands
lobbies. La France file vers une situation vécue par la Grèce. Les caisses sont vides puisque notre
déficit budgétaire ne cesse de se perpétrer avec une dette qui va atteindre les
100% du PIB et notre solde commercial négatif atteint 91 milliards de dollars
ou 75,7 milliards d’euros en 2018. Cette situation ne date évidemment pas d’aujourd’hui
et est le résultat d’une politique délibérée favorisant les grandes sociétés
qui délocalisent et échappent à l’impôt par une « optimisation »
fiscale frisant ou tombant dans la fraude. Ceci est valable pour les autres pays
mais la France ajoute une compétitivité plombée par une monnaie inadaptée à son
économie. Les graphiques ci-contre montre le résultat de notre appartenance à
une UE dominée par l’Allemagne. On y voit le résultat de la politique accordée
à l’Irlande pour les faibles impôts sur les sociétés, l’écart entre les pays du
sud et du nord, la prédominance de l’Allemagne et de son compère des Pays-Bas.
Mais on constate que la France a perdu 742
milliards d’euros 2018 en 10 ans soit près de quatre mois de PIB. Cette
perte de richesse nationale est aussi particulièrement lourde par rapport à
notre population avec une perte cumulée
de 11000 euros/habitant. On peut ajouter à ce constat que les 2/3 de cette
perte provient du déséquilibre de notre commerce à l’extérieur de l’UE, ce qui
montre bien que l’euro est un handicap pour la France.
En pompant 2145 milliards par son solde
commercial positif, dont on peut montrer par ailleurs que 70% de cette somme
est acquise dans ses échanges commerciaux à l’intérieur de l’UE, l’Allemagne se
pose comme le pays prédateur tirant le meilleur profit de la construction européenne.
Cette situation peut néanmoins s’inverser avec un épuisement des pays du sud,
ce qui agira négativement sur la part prépondérante de ses échanges. Le
ralentissement brutal de sa croissance en est un indicateur annonciateur. On
voit que le rapprochement de la France avec l’Allemagne, voulue par Macron, est
un acte suicidaire pour la France. En effet si l’Allemagne ralentit, cela n’éteindra
pas sa faculté de pompage des richesses des pays du sud en particulier et donc
celle de la France. Si l’Allemagne ralentit,
plus nous nous unirons à elle, plus vite nous plongerons. Les grandes
promesses de Macron sont irréalisables, sinon en creusant le déficit en
association avec une politique de transvasement des uns vers les autres, et plutôt
qu’inciter les français à développer l’art d’être français, il devrait plutôt s’attacher
à développer l’art d’être Président. Si Moscovici permet à la France de ne
pas tenir ses promesses de déficit budgétaires et ferme les yeux sur l’année
2020 de peur de voir la France entrer en révolution permanente, cette situation
ne pourra pas durer, l’Allemagne s’y opposera et les contraintes budgétaires
reviendront sur nous avec une force bien plus importante encore.
L’art politique ne peut se résumer à l’art
de communiquer.
C’est cette politique d’enfumage permanent
Que le peuple ne supportera plus.
Notre marionnette Macron
Obéit à l’UE et à l’OTAN.
Il se fout du peuple,
Pas de l’oligarchie.
Claude Trouvé
04/05/19
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