Macron
est en train d’inféoder la France à l’Allemagne en laissant l’illusion que ce
duo rassemble deux forces équivalentes et dirigées dans le même sens, ce qui
garantit une efficacité maximum comme nous l’enseigne la physique. Hélas les
deux forces ne sont pas équivalentes et orientées dans deux sens diamétralement
opposés. Le résultat est que la France est traînée par l’Allemagne et doit même
en adopter la vision géopolitique bon gré mal gré comme on l’a vu dernièrement
dans de nombreux sujets dont le dernier est le délai accordé à Theresa May pour
négocier le Brexit. Macron a affiché avec superbe que le départ du Royaume-Uni
le plus tôt possible était le mieux, donc le 12 avril ou le 25 au plus tard et
sans accord. Angela Merkel a eu l’attitude diamétralement opposée avec
l’obligation d’une sortie avec accord ou rien, et ceci en parfait accord avec
Donald Tusk et Jean-Claude Junker, les représentants de l’UE. Angela Merkel
exporte beaucoup vers le Royaume-Uni, en particulier des automobiles qui
remplissent les rues londoniennes, elle n’a aucun intérêt à se voir obligée de
payer des droits de douane.
Theresa May mène un combat de dissolution du vote
britannique pour le Brexit en jouant la lassitude et l’énervement de son
peuple, amenant les uns à se sentir frustrés de leur vote et les autres de
l’atermoiement dont la faute est rejetée sur l’UE, ce qui n’est d’ailleurs qu’à
moitié faux. Macron lui, peu soucieux des questions économiques, à part les
zones de pêche et les camps d’immigrés du Nord, voit d’un très bon œil le
départ du Royaume-Uni pour être le seul et incontournable second pays de l’UE
avec l’ambition de la guider à sa main, enfin celle de ses commanditaires de
l’oligarchie euro-atlantique. Le résultat est un échec pour lui car non
seulement la sortie rapide sans accord n’est pas actée, mais le Royaume-Uni va
participer aux élections européennes, peser encore sur l’avenir de l’UE, et il doit
accepter un report au 31 octobre avec le sentiment que cette date peut encore
repoussée à deux ans ou plus selon les vœux de l’UE.
Voilà
un exemple de capitulation de la France, mais il en va de même pour les accords
commerciaux avec les Etats-Unis. La France est contre, l’Allemagne et l’UE sont
pour. Résultat ? Les accords sont en cours. L’agriculture allemande est en
train de prendre le pas sur la française, le glyphosate n’est donc pas prêt de
disparaître. L’Allemagne maintient un haut pourcentage d’énergie thermique (lignite,
charbon remplacé progressivement par du gaz) nécessaire à l’augmentation rapide
de ses éoliennes et de ses panneaux solaires. Elle fabrique des éoliennes,
s’est arrangée pour faire mettre des droits de douane sur les éoliennes
chinoises, en violation du traité de libre circulation des marchandises, et
veut être le pays leader de l’énergie électrique européen. Sa position centrale
l’incite à être un véritable château d’eau de l’électricité et du gaz russe sur
tout l’Est, le Centre et le Nord de l’Europe. Elle pousse la disparition de
l’énergie nucléaire, fleuron de l’énergie électrique française, et
l’implantation des éoliennes en France, source de profit pour ses fabricants,
et diminuant la possibilité de progression de l’exportation de notre énergie
électrique pour laquelle la France est encore leader. On pourrait multiplier
les exemples pour montrer que les intérêts des deux pays sont non seulement
différents mais souvent opposés. C’est la folie européenne de Macron, et
l’idolâtrie dogmatique des français, dûment chapitrés depuis 1992 sur le
catastrophisme de l’isolationnisme de la France. Cela date de François
Mitterrand, encore soumis aux vieux réflexes pétainistes de sa jeune carrière
sur l’idée de la faiblesse de la France sans l’Allemagne.
Dans
les articles précédents on a pu voir que, tant pour le PIB/habitant,
représentant la richesse du pays, que pour les ressources des ménages/habitant,
la France obtenait de très mauvais résultats et qu’ils divergeaient de plus en
plus par rapport à l’Allemagne et cela à notre désavantage. A titre de rappel
des articles précédents, pendant la période 1999-2017 de l’euro et par
rapport à l’Allemagne en monnaies actuelles, notre PIB/habitant a baissé de 6000 dollars/habitant (-5280 €/habitant),
la dette publique s’est aggravée de
15000 dollars/habitant (+13200 €/habitant), les ressources disponibles des ménages par habitant se sont réduites de
-17 000 €/habitant et la dette des ménages a augmenté de +15 100 €/habitant. Une
autre façon de constater cette perte relative est de regarder l’évolution de la
production industrielle dans les quatre pays déjà évalués précédemment à
savoir : France, Italie, Etats-Unis et Allemagne. Les graphiques
ci-dessous donnent une autre claire démonstration de notre plongeon relatif par
rapport à l’Allemagne.
Le
graphique de gauche montre que la période de l’euro a été vécue de différentes
façons. Si les Etats-Unis et l’Allemagne ont montré une croissance globale
soutenue de l’ordre de 0,85 point/an pour les Etats-Unis et de 1,56 points pour
l’Allemagne, l’Italie est la grande perdante avec une production industrielle
qui a baissé de -0,85 point/an. Quant à la France on pourrait dire que l’euro
ne lui a rien apporté avec même une légère baisse de -0,10 point. En 1999 la
France tenait la 2ème place et finit à la dernière en 2018 alors que
l’Italie qui était à la 1ère place en 1999, le reste en 2018 même si
c’est ce pays pour lequel l’euro a été le plus défavorable. Pour ces quatre
pays l’année 2009 a évidemment fait plonger les productions. Le graphique de
gauche agrandit la période 2012-2018 et illustre de façon claire l’augmentation
régulière de 2013 à 2018 de la production allemande d’une part et de décrochage
de la production française. Pour les Etats-Unis, on remarque l’effet de la
politique de Trump qui redonne la plus vigoureuse impulsion sur les 2 dernières
années des quatre pays.
On peut mieux juger
de la vitesse des évolutions sur le graphique ci-contre qui donne les
variations annuelles sur les deux périodes 1999-2018 et 2012-2018. Sur la
première période on constate combien l’Allemagne a bénéficié de l’euro en nous
distançant en moyenne de 1,66 point d’indice/an et de 2,41 pour l’Italie. A
contrario la situation change pour l’Allemagne dans la dernière période de
2012-2018 où elle ne devance plus que légèrement la France et fait jeu égal
avec l’Italie pour la progression par an. Cette fois ce sont les Etats-Unis qui
dament le pion à l’UE des grandes puissances. On voit donc bien que l’UE et
l’euro ne sont pas en soi une protection et qu’elle est un lieu de transfert de
richesses où l’Allemagne a été jusqu’ici la grande gagnante. Les choses sont
donc en train de changer par appauvrissement de la France et de l’Italie et par
l’utilisation de main-d’œuvre de moins en moins bon marché dans les pays
satellites où elle puisait celle-ci. Le transfert de richesses vers l’Est et le
Sud proche y fait donc monter les salaires.
Si l’on tient compte
de l’inflation (France : 30%, Allemagne : 29%, Italie : 49%,
Etats-Unis : 45%) sur la période de 1999-2018, on obtient une vue beaucoup
plus contrastée. On constate que l’Italie
a perdu 57% de sa production industrielle, la France 51%, les Etats-Unis 11%.
La grande gagnante est l’Allemagne avec
un gain de 9%. L’impact de l’UE et de l’euro est bien clairement mis en
évidence. Le décalage entre l’Allemagne et le couple France-Italie est accentué
par une différence d’inflation importante de l’ordre respectivement de 19% et
14%. Ceci montre que non seulement l’Allemagne exporte beaucoup mais que le
coût des produits importés est à son avantage et maintient un taux plus faible
d’inflation. Toutefois on note que cette période montre que, hormis pour
l’Allemagne, est peu favorable à l’activité industrielle, alors que celle des
Etats-Unis a fait appel à des plans de relance successifs avec un déversement
de liquidités importantes par la Fed. Ceci cache une réelle baisse d’activité
que n’ont pas pu compenser l’avènement des nouvelles technologies.
Si l’on s’intéresse à
la période proche de nous depuis le mandat de Hollande, donc après la crise de
2008, le constat sur notre production industrielle est encore plus amer.
En
grisé on voit ce qu’il reste de l’évolution de notre production industrielle
depuis 2012, pratiquement rien. C’est la stagnation alors que même l’Italie
fait mieux. On retrouve les Etats-Unis derrière l’Allemagne qui tire toujours
le meilleur parti de sa présence dans la zone euro. Il est donc évident que plus nous serons attachés à l’Allemagne par
la monnaie, les traités commerciaux, et les normes européennes bâties à sa
main, plus nous paierons la richesse allemande. Ce n’est pas la faute de
l’Allemagne évidemment, mais la nôtre puisque nous nous prêtons à ce jeu avec
complaisance. Mais devant une situation qui ne cesse de s’aggraver, on est
devant des décisions politiques clairement édictées non pour le bien de notre
pays mais pour une oligarchie euro-atlantiste et une hégémonie allemande.
La
production industrielle totale reste un facteur très important de la variation
de notre PIB et sa croissance est essentielle pour pouvoir espérer une
amélioration du niveau de vie des Français. Force est de constater que nous
prenons le chemin de l’Italie et que nous nous éloignons des performances
allemandes. Cette dernière a puisé dans l’euro une dynamique qui l’a fait
passer de la dernière place des 4 grands pays considérés à la première, et même
de loin si l’on tient compte de l’érosion de l’inflation. Ce renforcement de
puissance de l’Allemagne lui permet de plus en plus de mener l’UE à sa guise
sur tous les plans. Elle s’intéresse désormais de près à la géopolitique mondiale
puisque sa puissance s’est affirmée sur l’UE et elle veut se donner tous les
moyens d’une grande puissance en s’appuyant sur les atouts restants de la
France tout en continuant à lui mettre la tête sous l’eau. La monnaie euro
tient une grande part dans la situation actuelle de la France, mais il faut
comprendre pourquoi. Il ne suffit pas de dire que nous ne sommes plus
compétitifs, il faut aller plus loin pour rechercher la cause des causes. C’est
ce que je vous propose de lire dans le prochain article sur ce sujet.
Tous les Français qui croient encore à
l’euro
Ne cessent de créer leur propre malheur.
Ceux qui en tirent profit aujourd’hui
Seront moins nombreux demain.
La France lie son propre destin
A une Allemagne dévorante
Dans un tel masochisme
Devenu pure idéologie
Que toute vessie
Est lanterne !
Claude
Trouvé
20/04/19
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