Très
occupé à vendre le patrimoine français, même celui qui rapporte comme l’aérodrome
Paris-Charles De Gaulle et la Française des jeux, et à distribuer 2,5 milliards
d’euros aux petites et moyennes entreprises sénégalaises, Bruno Lemaire affiche
une soi-disant bonne santé de nos finances. Inutile de rappeler combien il a
manqué son objectif puisque les 2% de PIB escomptés au départ, se sont transformés
en 1,9% dans le PLF2019, puis en 1,6% en septembre, puis 1,5% selon l’INSEE.
Aujourd’hui il clame la réussite de ses 1,6%, prévision facile à 3 mois faite
en septembre. Mais on parle aujourd’hui de 1,4%, il n’y donc pas lieu de triompher,
surtout après avoir dit que les gilets jaunes allaient peser lourd sur le PIB.
J’avais publié une prévision voisine de 1% du PIB, alors on est en droit de se
demander qui a raison dans ces chiffres. Pour information le chiffre annuel
retenu par l’UE pour le calcul de la croissance est le PIB au prix du marché,
donc entaché d’une inflation différente d’un pays à l’autre. Le PIB trimestriel
publié par l’UE est le PIB en volumes chaînés (2010), millions d'euros qui tient
compte des corrections d’inflation. Ceci explique la différence de résultat
entre la croissance annuelle calculée à partir des 4 croissances trimestrielles
et celle calculée à partir des PIB bruts au prix des marchés entre 2017 et
2018.
Cette différence est
d’autant plus énervante que l’UE publie les chiffres de croissance
trimestrielle, à partir de PIB recalculés en volumes chaînés (2010), millions
d'euros (Données désaisonnalisées et corrigées des effets de calendrier), les
seuls qui permettent des comparaisons hors inflation depuis 2010. Ces valeurs
sont bien celles reprises dans les commentaires trimestriels de Bercy sur la
croissance française, donc valeurs officialisées et publiées. Le graphique
ci-contre donne ces croissances trimestrielles et la croissance annuelle
déduite pour la France selon les chiffres Eurostat. Les valeurs des trois
premiers trimestres ont été publiées par Bercy. L’utilisation des 4 valeurs
trimestrielles permet de calculer la croissance annuelle qui se trouve à 1,01%,
bien loin des 1,6% annoncés finalement par Bruno Lemaire. Chacun peut
comprendre que les valeurs des 4 trimestres ne peuvent donner le résultat
officiel annuel qui n’est pas corrigé de l’inflation évaluée à 2,1% pour 2018.
Il se dégage donc un sentiment d’entourloupe dans les chiffres publiés. Evidemment
il est beaucoup plus valorisant d’annoncer 1,6% de croissance que 1% ! Il est
néanmoins difficile d’admettre que les chiffres officiels trimestriels ne
soient pas en accord avec le chiffre officiel annuel. Je suis toutefois fondé
de penser que ces croissances
trimestrielles sont beaucoup plus représentatives de la croissance réelle après
prise en compte de l’inflation annuelle. De toute façon ils permettent la
comparaison annuelle entre les pays et dans le temps en utilisant une année
glissante pour se rendre compte de l’évolution de la croissance. Il est évident
que la valeur de croissance annuelle annoncée à partir des données brutes
est une annonce politique mais trompeuse sur la santé réelle de notre économie.
Cette étude va donc conserver les valeurs trimestrielles officialisées qui
apparaissent plus réalistes. En effet alors que la croissance acquise sur les
trois premiers trimestres 2018 étaient de 0,68%, il est invraisemblable qu’elle
ait pu monter à 1,6% grâce à une croissance de 0,91% sur le quatrième
trimestre. D’ailleurs le chiffre annuel de 1,01% annuel paraît beaucoup plus
conforme à la santé économique de 2018.
Pour se faire une première idée sur
la santé de la croissance française, il est possible d’utiliser l’année
glissante calculée à la fin de chaque trimestre sur la base de la croissance
des quatre trimestres précédents. La comparaison entre les principaux pays de l’UE
est particulièrement intéressante. On voit que tous les pays, sauf la Suisse
qui décroît au 3ème trimestre 2018, voient diminuer leur croissance
entre le 3ème trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2018. Cette
décroissance commence au 1er trimestre 2018. L’Italie est évidemment
le pays le plus touché et elle finit l’année 2018 en étant très proche de la
récession. A contrario le Royaume-Uni rebondit dès le 1er trimestre
2018 et finit mieux que la France. A l’inverse l’Allemagne finit plus mal sur
une trajectoire inquiétante semblable à l’Italie. L’Espagne montre de loin la
meilleure santé économique avec une croissance 2018 finissant à 2,3%. On note
que le Royaume-Uni se porte apparemment bien et sûrement mieux que ce que
répandent les médias mainstream. Il est évident qu’un point plus complet
demande de regarder l’augmentation de la dette car certains pays jouent sur le
déficit budgétaire pour relancer la croissance, mais il est clair que l’Allemagne
qui joue l’austérité budgétaire est en panne de croissance. Cela va impacter
durement la croissance européenne car elle se dirige vers la récession. On comprend
son intérêt à resserrer les liens avec la France, mais leur décroissance prend
des allures semblables. La force de l’Allemagne réside dans son endettement
proche des 60% et non 100% pour la France, mais sa politique d’austérité à base
de déflation interne se nourrit de moins en moins de la consommation
intérieure. On constate que si la France fait mieux que l’Allemagne et l’Italie,
elle se situe en-dessous de la Belgique, de la Zone euro et de l’UE. Il est
notable que la Suisse est impactée avec un retard de 6 mois et, comme par hasard,
elle rejoint la croissance de l’UE. Sa monnaie ne la protège plus de la
récession européenne au contraire du Royaume-Uni.
La situation actuelle de l’ensemble
des pays peut se résumer sur le graphique ci-contre. Le constat est terrible
pour la France, l’Allemagne et l’Italie. Le poids de leurs économies plombe les
résultats de l’UE et de la zone euro, alors que les Pays-Baltes, la Hongrie et
la Pologne montrent une croissance presque digne de la Chine. On voit que l’UE est l‘objet d’un clivage Est-Ouest,
lequel est en train d’atteindre son but de rééquilibrage des économies sur l’ensemble
de l’UE, les pays donateurs marquant le pas de la croissance. Ce basculement
ne se fait pas dans une croissance globale qui permet de situer l’UE parmi les économies
dynamiques de la planète. On peut dire que le rééquilibrage en cours se fait au
prix d’une décroissance notable des pays fondateurs de l’UE, et même qu’il menace
sérieusement l’économie de ceux-ci en poussant leur croissance vers le bas
jusqu’à la récession comme pour l’Italie.
L’illusion d’une
UE, et mieux d’une zone euro, porteuse de prospérité en prend un sacré coup.
Dans les pays de la zone euro seules l’Espagne et l’Autriche, l’Irlande étant
un cas particulier, ont une croissance de plus de 2%. Il reste à voir si l’Espagne
n’est pas en train de sacrifier sa dette à la relance de son économie. A
contrario les pays de l’Est sont dans l’ensemble peu endettés. Désormais la Suisse se laisse engluer dans le
carcan économique de l’UE à cause de sa proximité avec l’Allemagne, l’Autriche et
l’Italie. On retiendra la faillite du couple franco-allemand mais avec le
handicap supplémentaire français de la dette et d’un déficit revenu à 3,1% du
PIB. Compte-tenu de l’évolution de sa croissance trimestrielle montrée plus haut,
les perspectives de croissance réelle pour la France en 2020 sont largement inférieures
à 1%, contrairement au Royaume-Uni qui peut espérer mieux et faire mentir les
commentaires catastrophiques à son égard. Non Bruno Lemaire n’a pas le droit d’afficher
de l’autosatisfaction, la France va mal et ce n’est pas l’Allemagne qui va la
redresser mais plutôt puiser chez nous l’apport de croissance qui lui manque.
La France est généreuse avec 2,5 milliards d’euros donnés aux petites et moyennes entreprises du Sénégal et d’ailleurs en Afrique francophone. La France se veut la lumière du monde dans le sauvetage de la planète avec un plan énergétique délirant et dispendieux avec la dépense de dizaines de milliards de l’Etat dans les années qui viennent, auxquels il faut ajouter la taxe « énergies renouvelables » en croissance sur notre facture électrique. Cela donne +5% en juin, soit beaucoup plus que l’inflation poussant notre kWh vers le prix allemand qui était le double du nôtre il y a quelques années en arrière avant que nous… sauvions la planète. Il est temps de resserrer les boulons, non sur l’attaque de symboles, mais sur les dépenses injustifiées comme la transition énergétique et les dizaines de milliards investis dans les entreprises sans résultat ni sur le chômage, ni sur l’économie, alors que ces sommes sont captées en majeure partie par les très grosses entreprises souvent multinationales payant relativement peu d’impôts.
La France est généreuse avec 2,5 milliards d’euros donnés aux petites et moyennes entreprises du Sénégal et d’ailleurs en Afrique francophone. La France se veut la lumière du monde dans le sauvetage de la planète avec un plan énergétique délirant et dispendieux avec la dépense de dizaines de milliards de l’Etat dans les années qui viennent, auxquels il faut ajouter la taxe « énergies renouvelables » en croissance sur notre facture électrique. Cela donne +5% en juin, soit beaucoup plus que l’inflation poussant notre kWh vers le prix allemand qui était le double du nôtre il y a quelques années en arrière avant que nous… sauvions la planète. Il est temps de resserrer les boulons, non sur l’attaque de symboles, mais sur les dépenses injustifiées comme la transition énergétique et les dizaines de milliards investis dans les entreprises sans résultat ni sur le chômage, ni sur l’économie, alors que ces sommes sont captées en majeure partie par les très grosses entreprises souvent multinationales payant relativement peu d’impôts.
Le rideau de fumée du gouvernement empêche le peuple
De voir le gouffre qui s’ouvre devant nous dès demain.
Stop à la pensée « Printemps », slogan trompeur
Fait pour endormir un peuple à qui on masque
Une réalité qui va éclater brusquement
Plongeant surtout les plus démunis
Dans une plus grande détresse
Dans laquelle nous mène
L’UE des lobbies !
Claude Trouvé
03/04/19