L’euro : un leurre des grands
lobbies
Les élections européennes voient la quasi-totalité des
partis continuer l’utilisation de l’euro comme un symbole devenu intouchable
car porteur intrinsèque de la prospérité. Malheureusement il s’agit là d’un
leurre savamment entretenu, comme le réchauffement climatique, pour des
intérêts privés bien loin des préoccupations de niveau de vie des ménages
français. J’ai publié plusieurs articles sur la perte d’enrichissement de la
France en partant du PIB et de la dette française comparées entre 1999 et 2017.
Cette étude montrait, d’une part le décalage défavorable de la France et de
l’Italie par rapport à l’Allemagne, et d’autre part que l’UE et sa zone euro ne
permettaient pas de mieux résister par rapport à des pays concurrents comme le
Japon et la Chine et n’agissaient qu’en entités de redistribution interne des
richesses. Le point de vue développé ici est proche des préoccupations des
gilets jaunes et d’une grande partie de la population, à savoir : « Suis-je plus riche aujourd’hui qu’avant
l’arrivée de l’euro ». En effet si l’on s’en tient à la croissance du
PIB et aux variations de l’inflation on peut se contenter d’observer une
augmentation réelle du PIB/habitant en euros constants. Même s’il y a une
corrélation certaine entre la croissance et l’amélioration du pouvoir d’achat,
elle dépend néanmoins de la politique propre de chacun des pays. J’ai pu
montrer que l’Irlande était un cas de non-retour sur le pouvoir d’achat de la
totalité de la croissance. Le graphique ci-dessus donne le résultat final d’une
étude sur les ressources disponibles des ménages, de leur endettement et de
leur épargne. Elle est basée sur les statistiques publiées en dollars par
l’OCDE et les résultats en euros ont pris un taux de change de 1 dollar = 0,88
euros en 2017. On voit que sur l’ensemble des ménages français, la France est
la grande perdante de l’euro et l’Allemagne la grande gagnante. Avec une
population 5 fois moins élevée les ménages français concèdent une perte
supérieure. Il n’y a pas de miracle de
l’euro mais un leurre qui appauvrit les ménages français dans leur majorité en
perdant globalement 627 milliards d’euros de 1999 à 2017.
Les ménages français s’appauvrissent
quand les ménages allemands s’enrichissent
Alors avant de détailler la méthode d’approche de ce
chiffre, il est bon de s’abstraire de l’effet de taille lié aux nombres
d’habitants de chaque pays et d’illustrer ce que cela représente pour chaque
ménage dans les 4 pays pris dans cette étude. Le graphique montre cette fois
que c’est l’Italie qui est la plus grande perdante, que le décalage avec
l’Allemagne reste très important mais que la perte d’enrichissement des
Etats-Unis est relativement faible. Le résultat est cinglant pour notre pays.
L’Allemagne profite largement de l’euro et les deux pays du trio de tête de
l’euro affichent un appauvrissement de 60% à 70% supérieur au gain des
allemands mettant en évidence le pompage des richesses effectuées par
l’Allemagne. On voit aussi que celui-ci est encore plus spectaculaire que sur
le PIB/habitant, mettant en évidence que c’est le consommateur qui a encaissé
la majeure partie de ce pompage, ou autrement dit, les sociétés privées ont été
relativement protégées. Cela illustre le constat que nous faisons chacun d’entre
nous en regardant nos ressources disponibles, notre épargne, et l’étendue de
nos dettes qui sont une avance de trésorerie que nous paierons dans l’avenir de
toute façon avec les intérêts en plus. Pour la France les ressources disponibles
des ménages/habitant/an en 2017 sont de l’ordre de 29950 euros/an et la perte d’enrichissement
accumulée depuis 1999 représente 1/3 de celles-ci. Autrement dit pour retrouver
le niveau d’enrichissement de 1999, il faudrait travailler 4 mois sans rien
dépenser ou épargner.
La France championne de l’endettement
Ce nouveau graphique détaille les variations des trois
facteurs ressources, épargne et dette pour les 4 pays : Italie, France,
Etats-Unis et Allemagne. La France se signale par l’augmentation de sa dette,
même si la dette publique reste inférieure à celle de l’Italie en % du PIB. Ceci
montre que c’est la dette des ménages qui a supporté le poids de la régression
plus que l’Etat. L’augmentation de l’épargne des français est faible. Les
italiens ont puisé dans l’épargne et ce sont les américains qui ont épargné le
plus juste devant les allemands. Ce sont les allemands qui ont fait progresser
le plus les ressources disponibles des ménages devant les français mais avec un
taux d’endettement de 80% inférieur à celui des français. C’est là que se situe
toute la différence entre nos deux pays. Les français ont vécu largement
au-dessus de leurs moyens et creusé leur endettement au contraire des allemands
dont les ressources disponibles ont beaucoup moins fait appel à la dette pour
en accroître les disponibilités. Le résultat est un enrichissement des ménages
allemands et un appauvrissement important des ménages français. Ceci est
évidemment à l’image des politiques des deux pays où l’austérité allemande a
conditionné le comportement des ménages allemands au contraire d’une politique
dépensière des ménages français. Si je peux résumer ces comportements, je
dirais le Français est un consommateur inconditionnel, l’Allemand un
exportateur forcené. Au fond le Français veut se comporter comme si l’euro lui
était favorable, il vit dans le leurre de l’euro.
Les Français sur la plus mauvaise
trajectoire d’appauvrissement
Pour terminer il est intéressant de regarder l’évolution
de cet enrichissement entre 1999 et 2017, année par année. C’est le but du
graphique ci-dessus. Au passage je dois signaler que tous les chiffres concernant
les Etats-Unis relatent la période 1999-2016, les ressources 2017 n’ayant pas
encore été publiées. Le graphique est cette fois présenté en dollars constants
2017 de façon à mieux coller à la réalité des chiffres publiés et sans
déformation dues aux variations des taux de change entre le dollar et l’euro.
On voit que les évolutions de l’Italie et de la France sont très comparables.
La France suit une trajectoire descendante assez régulière sauf en 2000 et
surtout en 2012, où l’on peut deviner le coup de pouce donné au pouvoir d’achat
par le président Hollande. On constate d’ailleurs que depuis 2002, année de
mise en circulation de la monnaie dans le domaine public, la perte d’enrichissement
en 2017 est encore plus importante. Le cas de l’Italie nous montre que les
Italiens ont payé très cher leur appartenance à la zone euro jusqu’en 2011,
mais qu’ensuite un redressement notable a été opéré, essentiellement dû à une
stagnation de l’endettement, et que l’enrichissement des italiens suit celui
des allemands depuis 2012. Ceci est un très mauvais signe pour la France qui
devient le pays incapable de stopper l’appauvrissement des ménages avec une
progression constante de l’endettement depuis 2012. La trajectoire de l’Allemagne
montre une progression constante de l’enrichissement depuis 2000 pourtant
négatif jusqu’en 2003, trajectoire peu affectée par les suites de la crise de
2008. La trajectoire des Etats-Unis est très différente avec un appauvrissement
accéléré jusqu’en 2007 suivi d’un recouvrement rapide de l’enrichissement jusqu’en
2015 dû certainement à la politique de redistribution d’Obama assortie d’en creusement
abyssal de la dette publique et d’une croissance soutenue par injection de centaines
de milliards de liquidités par la Fed. Néanmoins les américains ont globalement
presque retrouvé leur enrichissement de 1999 malgré des inégalités de
ressources très marquées.
Les Français en route vers les Grecs
En conclusion l’euro tue lentement les
Français qui croient dans sa vertu alors que sa compétitivité ne lui permet pas
de jouer dans la cour de l’Allemagne, ce qui est aussi le cas de l’Italie qui a
encore perdu plus qu’elle à ce jeu. Mais si les italiens semblent avoir stoppé
leur appauvrissement, ce n’est pas le cas de la France. Elle devient le pays
qui met les gilets jaunes sur les ronds-points et dans les grandes artères des
métropoles. On a véritablement dans les chiffres, la raison profonde du
mécontentement des moins privilégiés d’entre nous qui ressentent plus que d’autres
l’effet de cet appauvrissement parce qu’il touche à des dépenses
incontournables que certains même ne peuvent plus assurer. Nos têtes pensantes
de Bercy n’ont pas mis ceci en lumière où Macron ne l’a pas entendu car l’alerte
est claire : « Depuis 2002 les
ménages français ne cessent de s’appauvrir ! ». Les grands partis
traditionnels ne représentent plus qu’eux-mêmes en confortant leurs électeurs
dans l’euro bienfaiteur dont il serait catastrophique de sortir. Le problème de
notre pays c’est l’aveuglement voulu ou accepté au nom du captage facile d’un
électorat assommé de propagande depuis vingt ans de l’ensemble de l’exécutif et
du législatif qui conduit les ménages français vers la trajectoire des Grecs. De
toute évidence seule la sortie de l’euro et donc de l’UE peut nous faire sortir
du cercle infernal de l’appauvrissement. Les français sont réellement en danger
et la plupart d’entre eux croient toujours dans l’euro. Ils sont le siège d’un
phénomène d’autodestruction.
Les français sont sur une trajectoire de lent appauvrissement.
Aucune politique n’a pu infléchir celui-ci depuis 2002.
Il n’y a donc pas de planche de salut dans l’euro !
Saisissons l’occasion des élections européennes
Pour y lancer un véritable cri d’alarme
Sortons vite de l’euro et de l’UE !
Claude Trouvé
17/04/19
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