L’opprobre
sur le climato-scepticisme
Ne
pas mettre l’urgence climatique au centre de ses promesses électorales, ou oser
s’afficher individuellement comme eurosceptique, est soit une erreur électorale
dans le premier cas, soit un signe de dégénérescence cérébrale ou d’idiotie
congénitale dans le second cas. Il ne faut surtout pas ébruiter des nouvelles
qui pourraient réveiller les urgentistes du climat qui se complaisent dans ce
rôle de sauveteur de la planète après les dégâts causés par les inconscientes
générations antérieures. Le Français ne se pare plus du béret et ne brandit
plus la baguette de pain, il verdit et, après les Droits de l’Homme, il s’affiche
en porte-faix du droit de survivre et se veut reconnu par la planète entière
pour ce leadership du salut planétaire. L’écologisme se répand comme un dogme
auquel nul ne peut échapper, il en va de la survie de l’humanité à en croire
les politiques et les médias qui se régalent des catastrophismes qui attirent
les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs. Rien ne doit venir troubler
cette belle unanimité auquel le « consensus scientifique » donne une
raison incontournable comme au temps de Galilée qui a osé s’y opposer.
La mission
du GIEC
Je
tiens à rappeler que ce « consensus » se résume en fait à celui des rapports
du GIEC (ensemble de groupes d’étude du réchauffement climatique sous l’égide
de l’ONU), et que la mission qui lui a été confiée est de prévoir, l’ampleur
prévisionnelle du réchauffement climatique pour le groupe scientifique 1, les
conséquences néfastes de celui-ci sur l’environnement et la survie de l’homme
pour le groupe 2, et les mesures à prendre pour en limiter les effets pour le
groupe 3. Les scientifiques à spécialité climatique sont concentrés dans le
groupe 1 et ont pour mission de rassembler les publications scientifiques sur
le climat du monde entier, de s’intéresser à celles qui font des prévisions sur
l’ampleur du réchauffement et le lien de cause à effet entre le carbone et la
température globale. Il n’est pas de leur mission de mettre en doute ni le
réchauffement, ni l’influence primordiale de l’accumulation anthropique ou non du
CO2 sur le climat.
Regards
sur l’actualité climatique
Si
je reviens sur ce thème du réchauffement climatique, c’est que plusieurs faits
importants se produisent presque simultanément. J’ai évoqué dans le précédent
article sur ce sujet que les élections européennes figent toute contestation
possible sur l’urgence climatique et en font un dénominateur commun de l’ensemble
des listes présentes. C’est le premier point. Le second c’est le rétropédalage
du GIEC dans son rapport SR15 de 2018 sur lequel les médias sont restés très
silencieux alors que le sujet est devenu incontournable dans le discours
politique pour le vote du 26 mai prochain. J’ai montré que la compréhension des
conclusions a été formulée de telle sorte que tout le monde n’y voit que du
feu, hors des spécialistes. En gros on ne parle pas explicitement du recul de l’urgence
climatique mais d’une allocation du budget carbone cinq fois plus importante
que prévu dans le précédent rapport du GIEC AR5 2015 qui a nourri les débats de
la COP21 sous François Hollande. La lecture du dernier rapport du GIEC permet seulement
de constater que l’on a un droit d’accumulation de carbone beaucoup plus
important, donc un délai plus grand avant d’atteindre les butées de température
de 1,5°C et 2°C considérées comme celles supportables par l’humanité. Mais les
calculs déductifs que l’on peut faire montrent que cela se traduit par un
allongement du temps de 14 ans à partir du 1er janvier 2018… excusez
du peu. Le troisième point est l’élection législative australienne du 18 mai
dernier. L’Australie est le type même d’un pays écologique, j’ai pu m’en rendre
compte sur place. On croise Green Peace un peu partout et leur hostilité au
nucléaire est forte, ce qui ne les empêche pas d’ailleurs de bâtir un grand pan
de leur commerce extérieur sur la vente d’uranium, minerai dont leur sol
regorge. Mais l’australien est très proche de la nature, et il se trouve qu’il
a subi récemment de nombreuses catastrophes dont des inondations et des
températures extrêmes. On peut donc penser que le candidat qui axait son
programme sur le sauvetage de la planète était sûr de son succès, comme le prédisaient
les sondages. Alors lisez ceci :
« Les Australiens ont voté (tous, car le vote est obligatoire en Australie) le 18 mai, pour élire un nouveau Parlement et donc un nouveau
gouvernement. Deux traits caractérisaient cette élection. Premièrement, la
coalition de droite au pouvoir de Tony Morrisson était donnée largement
perdante par tous les sondages ; à l’unanimité les experts prédisaient une large
victoire du socialiste Bill Shorten, qui composait déjà son prochain cabinet.
Deuxièmement, le thème des politiques
climatiques a dominé la campagne. Il est important en Australie, un gros
exportateur de charbon, qui a souffert d’inondations, de feux de forêts, et de
coupures de courant. Bill Shorten a délibérément
choisi de jouer la carte de la promesse de politiques climatiques radicales, en
faisant de « l’urgence climatique » sa « priorité principale ». Cette carte
n’était pas la bonne. Bill Shorten a perdu
cette élection imperdable, et Tony Morrisson restera premier ministre. Les
motivations des électeurs sont toujours complexes. Mais en l’espèce, le rejet
de politiques climatiques ruineuses semble bien le principal facteur explicatif
du retournement inattendu des électeurs. Mieux qu’un discours ou un sondage,
une élection. »
La position
utopique de la France
Il y
a sans doute d’autres raisons que l’urgence climatique qui expliquent cette
défaite, mais on peut y voir la cause principale de la prise de conscience du
coût énorme que représentent les engagements financiers de l’Etat et des
particuliers pour changer la production électrique par l’utilisation du vent et
du soleil. Pour un peuple si écologiste, c’est un revirement spectaculaire qui
montre que la vérité est prise en compte par leur bon sens. On est bien loin de
ce pragmatisme dans l’écologisme ambiant en France. Les Espagnols ont cessé les
subventions aux EnRIa, énergies renouvelables intermittentes et aléatoires. Si
l’Allemagne y trouve un débouché pour son industrie en même temps qu’elle diminue,
la part du charbon dans ses centrales thermiques, la France poursuit son rêve
de leader d’une idée planétaire avant-gardiste dans une euphorie idéologique et
coûteuse pendant que les australiens gardent l’habit vert mais à condition que
le coût en soit raisonnable. Alors pour ceux qui sont persuadés que le
consensus scientifique du GIEC est une certitude qu’il faut accepter quel qu’en
soit le prix, je vais résumer ce qu’elle recouvre avec la dernière mesure
publiée de la température globale du mois d’avril et montrer que la certitude
est pleine d’incertitudes en commentant le graphique ci-dessous. Le but n’est pas de nier un réchauffement
constaté mais de montrer tout ce qui concourt à faire des prévisions
climatiques des visions qui tiennent plus de la divination que de la prévision
scientifique validée par ses prévisions antérieures.
La réalité
des mesures et l’incertitude prévisionnelle
La courbe en bleu représente
l’évolution des températures mois par mois sur une année glissante de façon à amortir
les fluctuations mensuelles et mieux visualiser les tendances. La connaissance
imparfaite des fluctuations climatiques se perçoit sur deux phénomènes
inexpliqués. La première vient de l’affirmation que l’augmentation de l’accumulation
du -carbone anthropique a commencé dès l’ère préindustrielle en 1870-1880. Or
ceci vient en contradiction avec le constat de stagnation des températures de 1946
à 1976, soit pendant 30 ans à une température qui était déjà celle de 1880 avec
une moyenne annuelle de 15°C, valeur par rapport à laquelle ne sont exprimées ici
que les variations. Le deuxième point qui marque notre méconnaissance est l’impossibilité
d’expliquer le même hiatus climatique entre 1998 et 2013, soit une période de
15 ans de stagnation alors que l’accumulation du carbone anthropique continuait
de plus belle. Si les mesures montrent une montée indéniable de la température
entre 1978 et 1998 sur une période de 20 ans, il n’en reste pas moins que la science
climatique ne peut toujours lever l’incohérence entre la montée continue du
carbone et les paliers de température observés.
Le
rétropédalage masqué du GIEC
Venons-en
néanmoins aux prévisions climatiques, car ce n’est pas la température moyenne
du globe actuellement qui est invivable bien au contraire, car la grande majorité
des scientifiques compétents en la matière s’accordent sur le fait que les
bienfaits l’emportent encore sur les inconvénients, en particulier pour la
végétation sur une planète qui reverdit. Ce sont les perspectives catastrophiques
des prévisions qui sont le moteur du slogan de l’urgence climatique. Si l’on s’en
réfère aux prévisions du rapport du GIEC de 2010, basées sur la prise en compte
de la montée des températures entre 1978 et1998 soit 20 ans, on a la droite
rouge épaisse du graphique. La limité haute des 2°C devait être atteinte dès
2025, soit 15 ans plus tard et celle des 1,5°C en 2020 ce qui a très peu de
chances de se produire. Cinq ans plus tard cette prévision s’est avérée
beaucoup trop alarmiste, et la prévision du rapport du GIEC AR5 de 2015 annonce
une augmentation de 0,6°C/an sur la période 2016-2035. Ceci annonce une atteinte
des 1,5°C dès 2037, et des 2°C au-delà de 2050. En 2019 il reste une urgence
pour dans 18 ans, ce qui reste court mais praticable s’il suffit de diminuer
les émissions de carbone. Mais dès 2018 dans son nouveau rapport SR15 le GIEC
avoue, sous couvert d’un constat hermétique à la compréhension de la plupart
des gens, que la prévision précédente est encore trop alarmiste et octroie un budget
carbone supplémentaire très important éloignant considérablement les dates d’atteinte
des limites de température à ne pas dépasser. La date d’atteinte des 1,5°C est
repoussée à 2050 et celle des 2°C à 2070. On n’est donc plus dans l’urgence, et
l’évolution baissière de la vitesse d’augmentation des températures à chaque rapport
du GIEC, peut encore se reproduire et éloigner toujours plus loin les dates
limites.
La
science captive de la politique
Cette
nouvelle prévision a au moins l’avantage de se rapprocher de l’évolution des
températures observée depuis 1978 représentée par une droite verte sur le
graphique. Même si ce tracé peut paraître simpliste par rapport aux travaux du
GIEC, il est finalement le meilleur verdict de la probabilité de voir les
modèles mathématiques donner des prévisions plus proches de la réalité qui sera
observée ensuite au moins dans le court terme. Le drame de la désinformation
qui frise l’arnaque que le monde politico-médiatique a propagé sous forme de
certitude catastrophique, alors que le GIEC lui-même attache une probabilité
de 50% à ses prévisions, est que des actions dites préventives mais très
coûteuses sont enclenchées pour une nécessité qui n’est pas scientifiquement
prouvée, puisqu’il y a encore une chance sur deux qu’elle ne se réalise pas. Les
politiques et les lobbies qui en attendent de juteuses affaires risquent fort
de porter une lourde responsabilité vis-à-vis des peuples, en particulier en France,
partenaire contributeur mondial pour le sauvetage de la planète. Alors que la France
s’endette, que beaucoup de nos compatriotes sont dans la difficulté, que le
nombre de personnes fréquentant les centres alimentaires de secours augmente de
mois en mois, l’écologisme irresponsable pousse ce pays à une gabegie très probable.
Cette désinformation des peuples par un matraquage qui tue le sens critique
affaiblit notre pays dans sa capacité à consacrer ses efforts sur les vraies
urgences et peut finalement agir négativement sur l’esprit des plus jeunes qui
se sont lancés avec enthousiasme dans le sauvetage d’une planète qui mériterait
que l’on occupe avec intelligence, bon sens pratique et surtout sans dogmatisme.
Si l’on vous dit que la température globale en avril dernier était à +0.93°C
par rapport à 1880, la deuxième plus haute température depuis cette date, répondez :
« soit une augmentation de 0,0067°C par an… » Vous couperez l’effet
escompté par le locuteur et pourrez lui montrer que vous attendez d’autres
explications sur les prévisions climatiques car à ce train-là vous ne voyez pas
l’urgence climatique. S’il vous dit que c’est seulement depuis 1978, alors
demandez-lui pourquoi ce n’était pas le cas avant, alors que l‘émission de carbone
anthropique est continue depuis 1880. Je vous parie qu’il en restera coi.
Conclusion
L’incertitude
qui plane sur les prévisions climatiques du GEIC relève de trois constats. Le premier
est que le lien de causalité entre température et l’émission cumulative de CO2
ne permet d’expliquer, ni pourquoi 1978 est une date particulière qui explique
le départ du réchauffement climatique, ni pourquoi ce réchauffement s’est arrêté
ensuite pendant 15 ans. Si l’on ajoute à cela le fait que les prévisions du
GIEC ont, d’une part une chance sur deux, selon ses propres écrits, de ne pas
se réaliser, et d’autre part que l’urgence climatique tirée de ses rapports est
à la baisse par deux fois depuis 2010, il est irresponsable de parler de
certitude scientifique sur les prévisions actuelles et surtout dans tirer des
actions immédiates coûteuses en particulier dans un pays endetté et en perte de
dynamisme économique. Les discours politiques qui ne servent qu’à surfer sur les
effets antérieurs d’une propagande mensongère sont une arnaque de plus sur la
confiance du peuple dans ses élus et ses médias. Le bon sens revient à l’un des
pays les plus écolos de la planète, espérons qu’il atteindra enfin la France dogmatique
avant qu’elle s’y appauvrisse un peu plus. Avant tout la sagesse commande le « Wait
and see » de nos amis anglais. S’il
y a une urgence climatique, c’est celle d’attendre et d’observer.
Rien ne permet de dire que le
réchauffement va perdurer,
Pas plus que va perdurer sa variation
annuelle,
Pas plus qu’on doit considérer improbable
Une inversion vers le refroidissement.
A un niveau d’une chance sur deux
L’incertitude n’autorise en rien
Une mobilisation d’actions
Au nom de ce qui n’est
Qu’un dogmatisme
Manipulateur.
Claude Trouvé
22/05/19