mercredi 22 mai 2019

A l’heure où la presque totalité des listes pour les européennes « verdissent » leur programme


L’opprobre sur le climato-scepticisme
 
Ne pas mettre l’urgence climatique au centre de ses promesses électorales, ou oser s’afficher individuellement comme eurosceptique, est soit une erreur électorale dans le premier cas, soit un signe de dégénérescence cérébrale ou d’idiotie congénitale dans le second cas. Il ne faut surtout pas ébruiter des nouvelles qui pourraient réveiller les urgentistes du climat qui se complaisent dans ce rôle de sauveteur de la planète après les dégâts causés par les inconscientes générations antérieures. Le Français ne se pare plus du béret et ne brandit plus la baguette de pain, il verdit et, après les Droits de l’Homme, il s’affiche en porte-faix du droit de survivre et se veut reconnu par la planète entière pour ce leadership du salut planétaire. L’écologisme se répand comme un dogme auquel nul ne peut échapper, il en va de la survie de l’humanité à en croire les politiques et les médias qui se régalent des catastrophismes qui attirent les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs. Rien ne doit venir troubler cette belle unanimité auquel le « consensus scientifique » donne une raison incontournable comme au temps de Galilée qui a osé s’y opposer.

La mission du GIEC

Je tiens à rappeler que ce « consensus » se résume en fait à celui des rapports du GIEC (ensemble de groupes d’étude du réchauffement climatique sous l’égide de l’ONU), et que la mission qui lui a été confiée est de prévoir, l’ampleur prévisionnelle du réchauffement climatique pour le groupe scientifique 1, les conséquences néfastes de celui-ci sur l’environnement et la survie de l’homme pour le groupe 2, et les mesures à prendre pour en limiter les effets pour le groupe 3. Les scientifiques à spécialité climatique sont concentrés dans le groupe 1 et ont pour mission de rassembler les publications scientifiques sur le climat du monde entier, de s’intéresser à celles qui font des prévisions sur l’ampleur du réchauffement et le lien de cause à effet entre le carbone et la température globale. Il n’est pas de leur mission de mettre en doute ni le réchauffement, ni l’influence primordiale de l’accumulation anthropique ou non du CO2 sur le climat.

Regards sur l’actualité climatique

Si je reviens sur ce thème du réchauffement climatique, c’est que plusieurs faits importants se produisent presque simultanément. J’ai évoqué dans le précédent article sur ce sujet que les élections européennes figent toute contestation possible sur l’urgence climatique et en font un dénominateur commun de l’ensemble des listes présentes. C’est le premier point. Le second c’est le rétropédalage du GIEC dans son rapport SR15 de 2018 sur lequel les médias sont restés très silencieux alors que le sujet est devenu incontournable dans le discours politique pour le vote du 26 mai prochain. J’ai montré que la compréhension des conclusions a été formulée de telle sorte que tout le monde n’y voit que du feu, hors des spécialistes. En gros on ne parle pas explicitement du recul de l’urgence climatique mais d’une allocation du budget carbone cinq fois plus importante que prévu dans le précédent rapport du GIEC AR5 2015 qui a nourri les débats de la COP21 sous François Hollande. La lecture du dernier rapport du GIEC permet seulement de constater que l’on a un droit d’accumulation de carbone beaucoup plus important, donc un délai plus grand avant d’atteindre les butées de température de 1,5°C et 2°C considérées comme celles supportables par l’humanité. Mais les calculs déductifs que l’on peut faire montrent que cela se traduit par un allongement du temps de 14 ans à partir du 1er janvier 2018… excusez du peu. Le troisième point est l’élection législative australienne du 18 mai dernier. L’Australie est le type même d’un pays écologique, j’ai pu m’en rendre compte sur place. On croise Green Peace un peu partout et leur hostilité au nucléaire est forte, ce qui ne les empêche pas d’ailleurs de bâtir un grand pan de leur commerce extérieur sur la vente d’uranium, minerai dont leur sol regorge. Mais l’australien est très proche de la nature, et il se trouve qu’il a subi récemment de nombreuses catastrophes dont des inondations et des températures extrêmes. On peut donc penser que le candidat qui axait son programme sur le sauvetage de la planète était sûr de son succès, comme le prédisaient les sondages. Alors lisez ceci :

« Les Australiens ont voté (tous, car le vote est obligatoire en Australie) le 18 mai, pour élire un nouveau Parlement et donc un nouveau gouvernement. Deux traits caractérisaient cette élection. Premièrement, la coalition de droite au pouvoir de Tony Morrisson était donnée largement perdante par tous les sondages ; à l’unanimité les experts prédisaient une large victoire du socialiste Bill Shorten, qui composait déjà son prochain cabinet. Deuxièmement, le thème des politiques climatiques a dominé la campagne. Il est important en Australie, un gros exportateur de charbon, qui a souffert d’inondations, de feux de forêts, et de coupures de courant. Bill Shorten a délibérément choisi de jouer la carte de la promesse de politiques climatiques radicales, en faisant de « l’urgence climatique » sa « priorité principale ». Cette carte n’était pas la bonne. Bill Shorten a perdu cette élection imperdable, et Tony Morrisson restera premier ministre. Les motivations des électeurs sont toujours complexes. Mais en l’espèce, le rejet de politiques climatiques ruineuses semble bien le principal facteur explicatif du retournement inattendu des électeurs. Mieux qu’un discours ou un sondage, une élection. »

La position utopique de la France

Il y a sans doute d’autres raisons que l’urgence climatique qui expliquent cette défaite, mais on peut y voir la cause principale de la prise de conscience du coût énorme que représentent les engagements financiers de l’Etat et des particuliers pour changer la production électrique par l’utilisation du vent et du soleil. Pour un peuple si écologiste, c’est un revirement spectaculaire qui montre que la vérité est prise en compte par leur bon sens. On est bien loin de ce pragmatisme dans l’écologisme ambiant en France. Les Espagnols ont cessé les subventions aux EnRIa, énergies renouvelables intermittentes et aléatoires. Si l’Allemagne y trouve un débouché pour son industrie en même temps qu’elle diminue, la part du charbon dans ses centrales thermiques, la France poursuit son rêve de leader d’une idée planétaire avant-gardiste dans une euphorie idéologique et coûteuse pendant que les australiens gardent l’habit vert mais à condition que le coût en soit raisonnable. Alors pour ceux qui sont persuadés que le consensus scientifique du GIEC est une certitude qu’il faut accepter quel qu’en soit le prix, je vais résumer ce qu’elle recouvre avec la dernière mesure publiée de la température globale du mois d’avril et montrer que la certitude est pleine d’incertitudes en commentant le graphique ci-dessous. Le but n’est pas de nier un réchauffement constaté mais de montrer tout ce qui concourt à faire des prévisions climatiques des visions qui tiennent plus de la divination que de la prévision scientifique validée par ses prévisions antérieures.

La réalité des mesures et l’incertitude prévisionnelle

La courbe en bleu représente l’évolution des températures mois par mois sur une année glissante de façon à amortir les fluctuations mensuelles et mieux visualiser les tendances. La connaissance imparfaite des fluctuations climatiques se perçoit sur deux phénomènes inexpliqués. La première vient de l’affirmation que l’augmentation de l’accumulation du -carbone anthropique a commencé dès l’ère préindustrielle en 1870-1880. Or ceci vient en contradiction avec le constat de stagnation des températures de 1946 à 1976, soit pendant 30 ans à une température qui était déjà celle de 1880 avec une moyenne annuelle de 15°C, valeur par rapport à laquelle ne sont exprimées ici que les variations. Le deuxième point qui marque notre méconnaissance est l’impossibilité d’expliquer le même hiatus climatique entre 1998 et 2013, soit une période de 15 ans de stagnation alors que l’accumulation du carbone anthropique continuait de plus belle. Si les mesures montrent une montée indéniable de la température entre 1978 et 1998 sur une période de 20 ans, il n’en reste pas moins que la science climatique ne peut toujours lever l’incohérence entre la montée continue du carbone et les paliers de température observés.

Le rétropédalage masqué du GIEC

Venons-en néanmoins aux prévisions climatiques, car ce n’est pas la température moyenne du globe actuellement qui est invivable bien au contraire, car la grande majorité des scientifiques compétents en la matière s’accordent sur le fait que les bienfaits l’emportent encore sur les inconvénients, en particulier pour la végétation sur une planète qui reverdit. Ce sont les perspectives catastrophiques des prévisions qui sont le moteur du slogan de l’urgence climatique. Si l’on s’en réfère aux prévisions du rapport du GIEC de 2010, basées sur la prise en compte de la montée des températures entre 1978 et1998 soit 20 ans, on a la droite rouge épaisse du graphique. La limité haute des 2°C devait être atteinte dès 2025, soit 15 ans plus tard et celle des 1,5°C en 2020 ce qui a très peu de chances de se produire. Cinq ans plus tard cette prévision s’est avérée beaucoup trop alarmiste, et la prévision du rapport du GIEC AR5 de 2015 annonce une augmentation de 0,6°C/an sur la période 2016-2035. Ceci annonce une atteinte des 1,5°C dès 2037, et des 2°C au-delà de 2050. En 2019 il reste une urgence pour dans 18 ans, ce qui reste court mais praticable s’il suffit de diminuer les émissions de carbone. Mais dès 2018 dans son nouveau rapport SR15 le GIEC avoue, sous couvert d’un constat hermétique à la compréhension de la plupart des gens, que la prévision précédente est encore trop alarmiste et octroie un budget carbone supplémentaire très important éloignant considérablement les dates d’atteinte des limites de température à ne pas dépasser. La date d’atteinte des 1,5°C est repoussée à 2050 et celle des 2°C à 2070. On n’est donc plus dans l’urgence, et l’évolution baissière de la vitesse d’augmentation des températures à chaque rapport du GIEC, peut encore se reproduire et éloigner toujours plus loin les dates limites.

La science captive de la politique

Cette nouvelle prévision a au moins l’avantage de se rapprocher de l’évolution des températures observée depuis 1978 représentée par une droite verte sur le graphique. Même si ce tracé peut paraître simpliste par rapport aux travaux du GIEC, il est finalement le meilleur verdict de la probabilité de voir les modèles mathématiques donner des prévisions plus proches de la réalité qui sera observée ensuite au moins dans le court terme. Le drame de la désinformation qui frise l’arnaque que le monde politico-médiatique a propagé sous forme de certitude catastrophique, alors que le GIEC lui-même attache une probabilité de 50% à ses prévisions, est que des actions dites préventives mais très coûteuses sont enclenchées pour une nécessité qui n’est pas scientifiquement prouvée, puisqu’il y a encore une chance sur deux qu’elle ne se réalise pas. Les politiques et les lobbies qui en attendent de juteuses affaires risquent fort de porter une lourde responsabilité vis-à-vis des peuples, en particulier en France, partenaire contributeur mondial pour le sauvetage de la planète. Alors que la France s’endette, que beaucoup de nos compatriotes sont dans la difficulté, que le nombre de personnes fréquentant les centres alimentaires de secours augmente de mois en mois, l’écologisme irresponsable pousse ce pays à une gabegie très probable. Cette désinformation des peuples par un matraquage qui tue le sens critique affaiblit notre pays dans sa capacité à consacrer ses efforts sur les vraies urgences et peut finalement agir négativement sur l’esprit des plus jeunes qui se sont lancés avec enthousiasme dans le sauvetage d’une planète qui mériterait que l’on occupe avec intelligence, bon sens pratique et surtout sans dogmatisme. Si l’on vous dit que la température globale en avril dernier était à +0.93°C par rapport à 1880, la deuxième plus haute température depuis cette date, répondez : « soit une augmentation de 0,0067°C par an… » Vous couperez l’effet escompté par le locuteur et pourrez lui montrer que vous attendez d’autres explications sur les prévisions climatiques car à ce train-là vous ne voyez pas l’urgence climatique. S’il vous dit que c’est seulement depuis 1978, alors demandez-lui pourquoi ce n’était pas le cas avant, alors que l‘émission de carbone anthropique est continue depuis 1880. Je vous parie qu’il en restera coi.

Conclusion

L’incertitude qui plane sur les prévisions climatiques du GEIC relève de trois constats. Le premier est que le lien de causalité entre température et l’émission cumulative de CO2 ne permet d’expliquer, ni pourquoi 1978 est une date particulière qui explique le départ du réchauffement climatique, ni pourquoi ce réchauffement s’est arrêté ensuite pendant 15 ans. Si l’on ajoute à cela le fait que les prévisions du GIEC ont, d’une part une chance sur deux, selon ses propres écrits, de ne pas se réaliser, et d’autre part que l’urgence climatique tirée de ses rapports est à la baisse par deux fois depuis 2010, il est irresponsable de parler de certitude scientifique sur les prévisions actuelles et surtout dans tirer des actions immédiates coûteuses en particulier dans un pays endetté et en perte de dynamisme économique. Les discours politiques qui ne servent qu’à surfer sur les effets antérieurs d’une propagande mensongère sont une arnaque de plus sur la confiance du peuple dans ses élus et ses médias. Le bon sens revient à l’un des pays les plus écolos de la planète, espérons qu’il atteindra enfin la France dogmatique avant qu’elle s’y appauvrisse un peu plus. Avant tout la sagesse commande le « Wait and see » de nos amis anglais. S’il y a une urgence climatique, c’est celle d’attendre et d’observer.

Rien ne permet de dire que le réchauffement va perdurer, 

Pas plus que va perdurer sa variation annuelle,

Pas plus qu’on doit considérer improbable 

Une inversion vers le refroidissement.

A un niveau d’une chance sur deux 

L’incertitude n’autorise en rien

Une mobilisation d’actions 

Au nom de ce qui n’est

Qu’un dogmatisme 

Manipulateur.
 
Claude Trouvé 
22/05/19