A Londres la Chambre
des Communes a rejeté l’accord sur le Brexit proposé par Theresa May avec une
très large majorité jamais connue auparavant depuis 1920. Le score est sans
appel et le projet d’accord très longuement négocié avec l’UE est nul et non
avenu. De plus Theresa May a été soumise hier à un vote de confiance. Sauvée
par une majorité étroite de 19 sièges, elle tente de recueillir les avis de
tous les partis pour présenter un nouveau « plan B » à l’UE qui
essuie lui aussi un échec (au fond souhaité en espérant un abandon du Brexit). Il
est néanmoins peu probable qu’un deuxième référendum puisse avoir lieu car son
issue est incertaine, surtout compte-tenu de l’attachement des britanniques à
la démocratie. En effet il s’agirait là d’un déni du style de celui qu’ont
connu les Français avec la Constitution Européenne, et on voit que le copier-coller
du traité de Lisbonne signé sans référendum a laissé en France des traces
indélébiles de frustration et de déni de démocratie.
Evidemment
les partisans britanniques de l’UE et les opposants à toute forme de Brexit y
voient une raison de se réjouir, de montrer que l’on ne sort pas si facilement
de l’UE et que de toute façon cela coûterait très cher. Il en est de même chez
les écossais qui ont voté massivement pour le maintien dans l’UE. Pour
connaître un peu la mentalité écossaise, il ne faut jamais oublier que l’Ecosse
fut longtemps considérée par l’Angleterre comme une province pauvre peuplée de
rustres et les guerres meurtrières entre ces deux clans, ces deux ethnies, ont
même coûté la tête à la reine d’Ecosse, Marie Stuart. Avec la découverte du
pétrole au large des côtes écossaises, la situation économique s’est
profondément modifiée et l’Ecosse ne rate pas une occasion de mettre en avant
son souci d’indépendance, laquelle lui donne déjà une large autonomie
financière et politique avec un statut qui va plus loin que celui accordé à la
Corse par la France. Curieusement, la France et l’Ecosse sont restées
historiquement assez proches et, alors que le Royaume-Uni veut sortir de l’UE,
ces deux territoires veulent y rester. L’occasion est trop belle pour que
l’Ecosse ne milite pas opportunément pour un nouveau référendum sur le Brexit
mais de nouvelles concessions d’autonomie à l’Ecosse auraient tôt fait de
calmer ce jeu opportuniste.
Néanmoins,
il est intéressant de regarder les commentaires des médias et des milieux
d’affaires qui jouent tout-à-coup sur la corde sensible d’un désastre pour la
France alors que l’on ne parlait jusqu’à présent que du désastre pour le pays
qui sortirait de l’UE. On surfait sur l‘aspect catastrophique pour le pays sortant, afin de désamorcer toute velléité
d’une sortie comme le Frexit. Les arguments étaient de poids : « Une sortie de l’UE serait catastrophique »
selon Alain Juppé. Enfin le poids était censé lié au poids politique de cet
ancien Premier Ministre. Pour les voyageurs on pouvait développer le recul dans
la facilité de circuler dans l’UE, pour le citoye on parlait de l’augmentation
du prix du carburant par suite de la dévaluation de notre monnaie nationale. En
fait, en dehors du rêve de l’UE fraternelle et protectrice, c’est une affaire
de gros sous pour les grands lobbies dans une libre circulation des capitaux
(optimisation fiscale, délocalisation, paradis fiscaux), des marchandises (suppression
des droits de douane) et des hommes (possibilité d’agir sur les salaires par l’immigration).
Le
Brexit sans accord, perspective possible, change la tactique des eurocrates et
cette fois on met en avant combien cela est nuisible aux autres pays restants
dans l’UE. L’augmentation de notre participation est désormais publiée et à
hauteur de 1,2 milliards. Ceci nous rappelle que nous sommes pays contributeur
au budget de l’UE comme l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie. On comprend
que les pays européens soient partisans de conditions qui leur soient
favorables, en particulier le paiement du reste dû par le Royaume-Uni sur sa
participation au budget européen jusqu’en 2022, soit une quarantaine de
milliards. Mais les entreprises exportatrices sont conscientes que ce pays importe
plus qu’il n’exporte vers l’UE. La pensée unique cherche donc maintenant à nous
persuader que le Brexit est une opération perdant-perdant pour tous. C’est une
nouvelle façon de justifier un barrage féroce contre le Brexit pour que
celui-ci n’ait jamais lieu où dans les plus mauvaises conditions pour le Royaume-Uni.
Mais
au Royaume-Uni et dans l’UE on sait qu’il n’y aura pas de retour au sein de l’UE.
Le chiffon rouge d’un second référendum mettrait la démocratie britannique en si
grave danger que le gouvernement britannique, nouvelle élection législative ou
pas, ne peut pas en prendre le risque, surtout au vu des évènements en France et
des gilets jaunes qui ont commencé à manifester à Londres. L’UE regrette sans doute
l’article 50 du Traité de l’UE qui permet une sortie judiciairement
incontestable de l’UE et de ne pas avoir fermé la porte comme pour la sortie de
la zone euro. Mais la bronca des pays européens contre le Royaume-Uni est
surtout une affaire de gros sous et certainement l’un des derniers moments de
consensus entre les 28 pays. Il n’est même plus sûr que l’Italie freine cette
sortie quand on voit sa position favorable aux Gilets Jaunes Français qui réalisent
petit-à-petit que l’obtention du RIC passera par la sortie de l’UE.
En réalité
les grands supporters d’une Europe dictatoriale et fédérale c’est Macron et le
Commissaire Michel Barnier chargé des négociations sur le Brexit. Ils sont, par
leurs positions très dures, les principaux artisans de l’échec actuel du projet
d’accord. Ils ont fait céder si loin Theresa May que les parlementaires britanniques
ont rejeté celui-ci avec raison. Les pro-Brexit l’ont rejeté parce que les
adhérences restantes avec l’UE étaient beaucoup trop fortes, en particulier le
fait que les échanges commerciaux restaient sous l’œil de la Justice
Européenne. Les anti-Brexit l’ont rejeté parce qu’ils veulent rester dans l’UE.
En fait cet accord chèvre et chou a été jugé de part et d’autre comme léonin. Les
conditions dures de négociation défendues par Macron ont abouti à ce résultat
et vont conduire l’UE à revoir sa position car l’Allemagne n’a aucun intérêt à
un Brexit sans accord et va le faire savoir.
C’est lors d’une
réunion à huis clos sans Theresa May à Salzbourg en septembre dernier que
Macron a fait prévaloir sa position de durcissement des conditions de sortie de
l’UE négociables. Macron était encore alors sur sa stature de futur grand
fédérateur de l’UE. Macron avait obtenu contre l’avis de la plupart de mettre
la pression sur Theresa May : « On reproche souvent à l'Europe d'aller trop
lentement, il faut aller plus vite. » Interviewé par la BBC le 20
janvier 2018, Emmanuel Macron a estimé que les Français auraient
"probablement" pris la même décision que les Britanniques et décidé
de quitter l'Union européenne, si la question leur avait été soumise par
référendum. Macron combat le Brexit comme il refuse tout référendum sur
le maintien ou non de son pays dans l’UE, et cela ne fait pas partie du grand débat
national ouvert hier en Normandie avec les maires. Les temps ont changé pour
lui et Merkel a le soutien du patronat allemand pour un Brexit avec accords
commerciaux favorables à l’Allemagne. Macron est bien l’artisan d’une UE anti-démocratique
et non celui du consensus comme signe de paix entre les peuples. Il fustige à
droite et à gauche les pays européens et perd toute crédibilité sur le plan
extérieur et intérieur.
Alors
à l’heure où les Gilets Jaunes ouvrent les yeux de nos concitoyens sur le nécessaire
changement de comportement abstentionniste et moutonnier de la majorité de nos
concitoyens avec 55% d’abstention, et demandent à notre peuple de se réapproprier
la politique et la conduite de leur destin confisquées par la représentation
parlementaire, syndicale, médiatique et gouvernementale, une grande question se
pose : « L’UE est-elle bénéfique
à notre pays ? ». Elle nous emmène vers un fédéralisme
mondialiste. Quel intérêt le peuple français peut encore y trouver ? Ce
sera l’objet du prochain article.
Les élections européennes approchent à
grands pas
Gouvernement et médias font feu de tout
bois
Pour ridiculiser le choix du Royaume-Uni,
Qui ne montre pas de signes de mort.
Macron en est le principal artisan.
Son adversaire c’est la France
Celle d’un peuple libre
Qui veut le Frexit !
Claude Trouvé
17/01/19