mardi 1 janvier 2019

2018 est mort, notre Prince survivra-t-il ?

Le petit Prince qu’un certain nombre de français pensaient avoir donné à la France, et même à l’Europe, se cache dans les jupes de sa mère pour finir l’année loin de la fureur du peuple. Le Prince, qui riait à pleine dents carnassières, rit jaune, rejoue la même pièce sans mesurer l’ampleur de son impuissance à renaître en nouveau Phénix. Macron devait faire de 2018, l’année de cohésion et de rassemblement des français. Macron, monarque républicain des français, a oublié l’histoire de Clovis, roi des Francs, roi des hommes libres. 1532 ans plus tard il n’a pas su empêcher que son vase de Soissons, la France, soit brisé en mille morceaux. Par qui ? Non plus par un représentant de la puissance Romaine de l’époque mais par une oligarchie financière, occidentale et dominatrice, qui préfère casser plutôt que donner. Couche après couche le pouvoir a pourtant lâché du lest et des sous, mais rien ni fait, la colle n’adhère plus. Les gilets jaunes sont toujours sur les Champs-Elysées et dans les provinces, malgré les blessés qui s’accumulent.


Le Président a parlé pour relancer l’espoir et la confiance en lui, lui qui dit savoir où il va, sans doute le seul, mais ne veut pas lâcher la mise en œuvre de sa feuille de route donnée par Bruxelles dans les Grandes Orientations de la politique socio-économique de notre pays. Son bilan économique est très faible mais les derniers chiffres de l’INSEE sur la croissance à 1,5% laissent encore des illusions que le mois de janvier va effacer avec un déficit de croissance impressionnant par rapport aux premières ébauches du PLF 2018 à 1,9%, ramenée à 1,7% ensuite. C’est bien en-dessous des 1,5% que la croissance va se situer entre 1,0% et 1,3% probablement et ce n’est pas la perte économique due aux gilets jaunes qui en est la première responsable. Ceci va nous placer au dernier rang des pays de l’UE. Toutes les études sérieuses, et indépendantes de l’Etat, montrent qu’effectivement les classes sociales représentées dans les gilets jaunes ont majoritairement vu leur pouvoir d’achat diminuer. J’ai moi-même montré que cette perte s’accentue depuis 2016 et depuis 2014 pour le SMIC, que les inégalités progressent et que la classe moyenne s’étiole vers les classes pauvres sous la pression fiscale. Le graphique ci-dessus montre que le SMIC est de plus en plus le grand perdant et que les salaires augmentent globalement plus vite que le PIB/habitant. Les chiffres de 2018 devraient montrer que cette situation perdure. Mais la faible croissance et l’augmentation de la population vont finir par peser sur les salaires en 2019. 

L’autre préoccupation des salariés est le taux de chômage. La France a légèrement fait baisser ce pourcentage entre les deux 3èmes trimestres 2017 et 2018 grâce à une bonne croissance européenne en 2017 et début 2018. Néanmoins elle reste avec l’un des taux de chômage les plus élevés de l’UE et surtout l’une des décroissances les plus faibles, derrière la Grèce, l’Espagne et l’Italie. La faible croissance de 2018, en-dessous des 1,5% fatidiques pour stabiliser le taux de chômage, laisse présager une nouvelle détérioration de celui-ci. Le bilan Macron qui a largement aidé les entreprises en vantant la technique du ruissellement sur les salaires, la croissance et le chômage est un véritable fiasco au vu des dizaines de milliards investis dans le CICE. Sa pérennisation en 2019 oblitère gravement le déficit budgétaire alors que les résultats de cette politique s’avèrent désastreux et alors qu’une partie de la population souffre de la détérioration de son pouvoir d’achat.

Il est évident que l’apport financier énorme et la nouvelle flexibilité du travail sont néanmoins insuffisants pour combler la perte de compétitivité de 15% à 25% due à l’euro. C’est la première leçon à tirer. La deuxième se trouve Outre-Atlantique où Trump réussit pour l’instant son pari de faire redémarrer l’économie, baisser le chômage et augmenter les salaires. Le mépris des politiques et des médias pour Trump, homme dont on peut détester les manières vues de France, est une fantastique erreur. Trump est notre ennemi parce qu’il est en train de réussir son pari en partie sur notre dos, mais sa politique économique est revenue sur les recettes de base, la baisse de la pression fiscale sur les sociétés, les particuliers, et le jeu de la monnaie où le dollar continue malgré tout de faire encore la loi. Contrairement à cette politique de la demande, nous sommes lancés dans celle de l’offre, de l’austérité et des taxes globalement augmentées avec une ponction ciblée sur les classes moyennes et les retraités. 

A ce titre 2019 ne peut s’avérer meilleur d’autant plus que nous avons notre danseuse, notre pompe à fric, la politique énergétique dans laquelle nous engouffrons des dizaines de milliards sans raison valable autre que de satisfaire un fantasme celui de participer au sauvetage de la planète. On peut estimer que notre production électrique contribue à 1 pour mille par an sur le taux de carbone mondial. La Chine va construire des réacteurs nucléaires à tout va, se positionne en leader de ce marché après avoir pris notre savoir-faire, truste le marché des panneaux solaires avec son leadership sur les terres rares, mais reste l’un des deux grands pollueurs de la planète. Pendant ce temps nous nous targuons devant le monde entier de savoir arrêter nos réacteurs qui nous donnent un avantage économique avec l’un des kWh les moins chers hors pays ayant un plus fort pourcentage d’énergie hydraulique que nous. J’ai montré dans de nombreux articles que la baisse du CO2 grâce aux énergies renouvelables est un leurre et que l’Allemagne en est un parfait exemple.

La libre circulation des capitaux promus par l’UE va continuer à faciliter, les délocalisations de nos industries, l’ampleur de la fraude fiscale des grandes sociétés, et à céder à l’étranger les fleurons de notre industrie, de notre patrimoine et de nos terroirs. La situation sociale ne peut que se détériorer avec la politique d’austérité jouant sur la consommation intérieure, le SMIC devant être maintenu au plus bas et les retraités en perte continue de pouvoir d’achat. La contestation sur le réchauffement climatique va s’amplifier au vu de la non-concordance des mesures de température et des prévisions des modèles mathématiques du GIEC. La supercherie actuelle va laisser un sentiment de tromperie au moment où les gilets jaunes veulent que leurs revendications n’obèrent pas la transition écologique. Leur déception n’en sera que plus grande et leur défiance sur tous les discours de Macron en sera renforcée. Ce sera une bombe qui peut fort bien éclater en 2019 et s’’avérer l’un des principaux postes de gabegie budgétaire. 

Mais le pire pour la place de la France dans le monde est sans aucun doute la politique étrangère que Macron n’a pas su changer et qui est devenue incompréhensible pour les autres nations. C’est vrai pour l’opération Barkhane dont le but n’est que la protection de nos industries au Tchad et au Niger, opération que nous menons pratiquement seuls. On voit qu’elle ne peut avoir de fin heureuse. Le problème du Mali, à l’origine de notre guerre dans ce pays, n’est par réglé avec les berbères et le terrorisme y est toujours présent. Notre incursion en Syrie avec nos 9 bases, illicite dès le départ, devient ridicule avec le retrait progressif des USA qui n’avaient pas non plus d’autorisation de l’ONU pour s’y introduire. Bachar el-Assad continue la reconquête complète de son pays avec l’aide russe. Le problème kurde ne peut avoir qu’une solution diplomatique et elle se fera entre la Turquie, la Russie et la Syrie. Nous n’avons plus notre mot à dire dans notre ancien protectorat et les entreprises françaises n’auront que des miettes du grand marché de reconstruction de ce pays. Notre crédit au Moyen-Orient est au plus bas.

Les velléités françaises de s’imposer dans l’UE ont toutes été sapées par l’Allemagne même avec une Angela Merkel en difficulté, comme la modification des articles sur les travailleurs détachés, la mutualisation de la dette. Pour les autres elles seront récupérées par l’Allemagne comme le budget de la zone euro, le siège commun au Conseil de Sécurité de l’ONU ou la Défense européenne, sujets où l’Allemagne fera valoir son leadership comme le font savoir en off des leaders allemands. Macron a désormais perdu la main sur l’UE, les autres pays ne croient plus en lui ou lui sont hostiles comme l’Italie, la Hongrie et la Pologne. Notre poids sur les Etats-Unis a montré toute sa faiblesse lors de la dernière visite de Macron dans ce pays où il n’a pas infléchi d’un pouce la politique de Trump qui est en train de finir de nous vassaliser et devient un ennemi économique de l’UE. Notre position dure contre le Royaume-Uni et la Russie ne peut que nous nuire dans les traités bilatéraux sur les échanges commerciaux et autres. La France se fait honnir un peu partout par son interventionnisme constant et méprisant. 

Car c’est bien le mépris et sa position constante de donneur de leçons qui caractérisent ce Président et qui ont détruit désormais son image dans le peuple français aussi. Ses prestations à Saint Martin avec des anciens détenus, sa fête à l’Elysée qui tenait plus du carnaval que d’une soirée un peu classe comme aiment le voir ceux qui respectent la fonction, ses gesticulations de gamin lors de la coupe du Monde de football devant un Poutine médusé, ont détruit l’image de la fonction encore plus que ses prédécesseurs. Cela a fait dire à l’ancien Ministre Luc Ferry : « Nous avons voté pour un gamin comme Président, et nous allons le payer très cher »

Macron va lancer une consultation dont les acteurs couvriront le plus large éventail de la société allant des institutions, syndicats, gilets jaunes, aux parlementaires, maires, etc., éventail dont l’extension est proportionnelle à la durée prévisible des échanges et à leur convergence vers le plus petit dénominateur commun. Autrement dit les demandeurs auront le plus petit lot possible, et le patronat et l’Etat donneront le plus petit cadeau au nom de la politique d’austérité… comme toujours. Les vœux de Noël du Président ont été on ne peut plus flous sur ce sujet mais le niveau de compréhension de ce qui se passe en France tel que décrit par Macron laisse le plus grand doute sur l’utilité de ce grand remue-ménage ou remue-méninges. Nulle contrition du Prince sur le constat de ce grand dégât entre le pouvoir et le peuple n’a été exprimée, mais bien au contraire la fin de la partie en cours est sifflée et les participants sont priés de rentrer chez eux et de ne plus alimenter une foule haineuse. Le cap est maintenu et rien ne doit changer selon Macron, les nouvelles dispositions devront rester dans ce cadre étroit que lui-même va définir dans les prochains jours. Macron veut agir comme avec les syndicats pour la loi Travail, où tout est borné, seuls les décrets d’application peuvent être amendés. 

Un monarque, même républicain, qui ne veut plus tenir compte des désirs de son peuple, ne peut plus que jouer sur la légitimité de la fonction, appuyée sur les forces de l’ordre et l’Armée, ou démissionner. Dans le premier cas il prend le risque d’une guerre civile ou d’un coup d’Etat, dans le second cas il faudra que ses commanditaires le lui ordonnent car l’homme croit toujours en son avenir et devrait déjà l’avoir au moins mis dans la balance. Il reste une troisième voie pour l’y forcer, c’est la procédure de destitution de l’article 68 de la Constitution qui le permet. Une opposition réelle à la politique actuelle devrait au moins conduire le Président devant une Commission d’enquête parlementaire, même si la procédure ne va pas jusqu’au bout. Si tel n’est pas le cas, cela veut dire que les partis en place, qui ne réclament pas non plus la dissolution de l’Assemblée Nationale, n’ont pas envie de voir le Système actuel, confortable pour eux, s’effondrer pour un inconnu qu’ils redoutent. Ils ne sont donc plus, comme le sentent les gilets jaunes, les représentants du peuple mais de simples apparatchiks.
 
La France a commis une troisième erreur en élisant Macron. 

L’action des gilets jaunes restera dans l’histoire de France

Car elle a montré la dérive de toute notre démocratie, 

La paupérisation d’une bonne partie du peuple,

La satellisation béate des médias et des partis 

Dans une Europe mondialiste confortable

Où l’argent va des pauvres aux riches 

Sous la férule d’une ploutocratie

Ne craignant que la Révolution !


Claude Trouvé 
02/01/19

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