Le petit Prince qu’un
certain nombre de français pensaient avoir donné à la France, et même à l’Europe,
se cache dans les jupes de sa mère pour finir l’année loin de la fureur du
peuple. Le Prince, qui riait à pleine dents carnassières, rit jaune, rejoue la même
pièce sans mesurer l’ampleur de son impuissance à renaître en nouveau Phénix. Macron
devait faire de 2018, l’année de cohésion et de rassemblement des français.
Macron, monarque républicain des français, a oublié l’histoire de Clovis, roi
des Francs, roi des hommes libres. 1532 ans plus tard il n’a pas su empêcher
que son vase de Soissons, la France, soit brisé en mille morceaux. Par qui ?
Non plus par un représentant de la puissance Romaine de l’époque mais par une oligarchie
financière, occidentale et dominatrice, qui préfère casser plutôt que donner. Couche
après couche le pouvoir a pourtant lâché du lest et des sous, mais rien ni fait,
la colle n’adhère plus. Les gilets jaunes sont toujours sur les Champs-Elysées et
dans les provinces, malgré les blessés qui s’accumulent.
Le Président a parlé
pour relancer l’espoir et la confiance en lui, lui qui dit savoir où il va,
sans doute le seul, mais ne veut pas lâcher la mise en œuvre de sa feuille de
route donnée par Bruxelles dans les Grandes Orientations de la politique
socio-économique de notre pays. Son bilan économique est très faible mais les derniers
chiffres de l’INSEE sur la croissance à 1,5% laissent encore des illusions que
le mois de janvier va effacer avec un déficit de croissance impressionnant par
rapport aux premières ébauches du PLF 2018 à 1,9%, ramenée à 1,7% ensuite. C’est
bien en-dessous des 1,5% que la croissance va se situer entre 1,0% et 1,3%
probablement et ce n’est pas la perte économique due aux gilets jaunes qui en
est la première responsable. Ceci va nous placer au dernier rang des pays de l’UE.
Toutes les études sérieuses, et indépendantes de l’Etat, montrent qu’effectivement
les classes sociales représentées dans les gilets jaunes ont majoritairement vu
leur pouvoir d’achat diminuer. J’ai moi-même montré que cette perte s’accentue
depuis 2016 et depuis 2014 pour le SMIC, que les inégalités progressent et que
la classe moyenne s’étiole vers les classes pauvres sous la pression fiscale.
Le graphique ci-dessus montre que le SMIC est de plus en plus le grand perdant
et que les salaires augmentent globalement plus vite que le PIB/habitant. Les
chiffres de 2018 devraient montrer que cette situation perdure. Mais la faible
croissance et l’augmentation de la population vont finir par peser sur les
salaires en 2019.
L’autre préoccupation des
salariés est le taux de chômage. La France a légèrement fait baisser ce pourcentage
entre les deux 3èmes trimestres 2017 et 2018 grâce à une bonne croissance
européenne en 2017 et début 2018. Néanmoins elle reste avec l’un des taux de chômage
les plus élevés de l’UE et surtout l’une des décroissances les plus faibles,
derrière la Grèce, l’Espagne et l’Italie. La faible croissance de 2018, en-dessous
des 1,5% fatidiques pour stabiliser le taux de chômage, laisse présager une
nouvelle détérioration de celui-ci. Le bilan Macron qui a largement aidé les
entreprises en vantant la technique du ruissellement sur les salaires, la
croissance et le chômage est un véritable fiasco au vu des dizaines de milliards
investis dans le CICE. Sa pérennisation en 2019 oblitère gravement le déficit
budgétaire alors que les résultats de cette politique s’avèrent désastreux et
alors qu’une partie de la population souffre de la détérioration de son pouvoir
d’achat.
Il est évident que l’apport financier
énorme et la nouvelle flexibilité du travail sont néanmoins insuffisants pour
combler la perte de compétitivité de 15% à 25% due à l’euro. C’est la première
leçon à tirer. La deuxième se trouve Outre-Atlantique où Trump réussit pour l’instant
son pari de faire redémarrer l’économie, baisser le chômage et augmenter les
salaires. Le mépris des politiques et des médias pour Trump, homme dont on peut
détester les manières vues de France, est une fantastique erreur. Trump est
notre ennemi parce qu’il est en train de réussir son pari en partie sur notre
dos, mais sa politique économique est revenue sur les recettes de base, la
baisse de la pression fiscale sur les sociétés, les particuliers, et le jeu de
la monnaie où le dollar continue malgré tout de faire encore la loi. Contrairement
à cette politique de la demande, nous sommes lancés dans celle de l’offre, de l’austérité
et des taxes globalement augmentées avec une ponction ciblée sur les classes moyennes
et les retraités.
A ce titre 2019 ne peut s’avérer
meilleur d’autant plus que nous avons notre danseuse, notre pompe à fric, la
politique énergétique dans laquelle nous engouffrons des dizaines de milliards
sans raison valable autre que de satisfaire un fantasme celui de participer au
sauvetage de la planète. On peut estimer que notre production électrique contribue
à 1 pour mille par an sur le taux de carbone mondial. La Chine va construire
des réacteurs nucléaires à tout va, se positionne en leader de ce marché après
avoir pris notre savoir-faire, truste le marché des panneaux solaires avec son
leadership sur les terres rares, mais reste l’un des deux grands pollueurs de
la planète. Pendant ce temps nous nous targuons devant le monde entier de savoir
arrêter nos réacteurs qui nous donnent un avantage économique avec l’un des kWh
les moins chers hors pays ayant un plus fort pourcentage d’énergie hydraulique
que nous. J’ai montré dans de nombreux articles que la baisse du CO2
grâce aux énergies renouvelables est un leurre et que l’Allemagne en est un
parfait exemple.
La libre circulation des capitaux promus par l’UE
va continuer à faciliter, les délocalisations de nos industries, l’ampleur de
la fraude fiscale des grandes sociétés, et à céder à l’étranger les fleurons de
notre industrie, de notre patrimoine et de nos terroirs. La situation sociale
ne peut que se détériorer avec la politique d’austérité jouant sur la consommation
intérieure, le SMIC devant être maintenu au plus bas et les retraités en perte
continue de pouvoir d’achat. La contestation sur le réchauffement climatique va
s’amplifier au vu de la non-concordance des mesures de température et des prévisions
des modèles mathématiques du GIEC. La supercherie actuelle va laisser un
sentiment de tromperie au moment où les gilets jaunes veulent que leurs
revendications n’obèrent pas la transition écologique. Leur déception n’en sera
que plus grande et leur défiance sur tous les discours de Macron en sera
renforcée. Ce sera une bombe qui peut fort bien éclater en 2019 et s’’avérer l’un
des principaux postes de gabegie budgétaire.
Mais
le pire pour la place de la France dans le monde est sans aucun doute la
politique étrangère que Macron n’a pas su changer et qui est devenue
incompréhensible pour les autres nations. C’est vrai pour l’opération Barkhane
dont le but n’est que la protection de nos industries au Tchad et au Niger,
opération que nous menons pratiquement seuls. On voit qu’elle ne peut avoir de
fin heureuse. Le problème du Mali, à l’origine de notre guerre dans ce pays, n’est
par réglé avec les berbères et le terrorisme y est toujours présent. Notre incursion
en Syrie avec nos 9 bases, illicite dès le départ, devient ridicule avec le
retrait progressif des USA qui n’avaient pas non plus d’autorisation de l’ONU
pour s’y introduire. Bachar el-Assad continue la reconquête complète de son
pays avec l’aide russe. Le problème kurde ne peut avoir qu’une solution
diplomatique et elle se fera entre la Turquie, la Russie et la Syrie. Nous n’avons
plus notre mot à dire dans notre ancien protectorat et les entreprises
françaises n’auront que des miettes du grand marché de reconstruction de ce
pays. Notre crédit au Moyen-Orient est au plus bas.
Les velléités
françaises de s’imposer dans l’UE ont toutes été sapées par l’Allemagne même
avec une Angela Merkel en difficulté, comme la modification des articles sur
les travailleurs détachés, la mutualisation de la dette. Pour les autres elles
seront récupérées par l’Allemagne comme le budget de la zone euro, le siège
commun au Conseil de Sécurité de l’ONU ou la Défense européenne, sujets où l’Allemagne
fera valoir son leadership comme le font savoir en off des leaders allemands.
Macron a désormais perdu la main sur l’UE, les autres pays ne croient plus en
lui ou lui sont hostiles comme l’Italie, la Hongrie et la Pologne. Notre poids
sur les Etats-Unis a montré toute sa faiblesse lors de la dernière visite de
Macron dans ce pays où il n’a pas infléchi d’un pouce la politique de Trump qui
est en train de finir de nous vassaliser et devient un ennemi économique de l’UE.
Notre position dure contre le Royaume-Uni et la Russie ne peut que nous nuire
dans les traités bilatéraux sur les échanges commerciaux et autres. La France se
fait honnir un peu partout par son interventionnisme constant et méprisant.
Car
c’est bien le mépris et sa position constante de donneur de leçons qui
caractérisent ce Président et qui ont détruit désormais son image dans le
peuple français aussi. Ses prestations à Saint Martin avec des anciens détenus,
sa fête à l’Elysée qui tenait plus du carnaval que d’une soirée un peu classe
comme aiment le voir ceux qui respectent la fonction, ses gesticulations de
gamin lors de la coupe du Monde de football devant un Poutine médusé, ont
détruit l’image de la fonction encore plus que ses prédécesseurs. Cela a fait dire
à l’ancien Ministre Luc Ferry : « Nous
avons voté pour un gamin comme Président, et nous allons le payer très cher »
Macron
va lancer une consultation dont les acteurs couvriront le plus large éventail de
la société allant des institutions, syndicats, gilets jaunes, aux parlementaires,
maires, etc., éventail dont l’extension est proportionnelle à la durée prévisible
des échanges et à leur convergence vers le plus petit dénominateur commun. Autrement
dit les demandeurs auront le plus petit lot possible, et le patronat et l’Etat donneront
le plus petit cadeau au nom de la politique d’austérité… comme toujours. Les vœux
de Noël du Président ont été on ne peut plus flous sur ce sujet mais le niveau
de compréhension de ce qui se passe en France tel que décrit par Macron laisse
le plus grand doute sur l’utilité de ce grand remue-ménage ou remue-méninges.
Nulle contrition du Prince sur le constat de ce grand dégât entre le pouvoir et
le peuple n’a été exprimée, mais bien au contraire la fin de la partie en cours
est sifflée et les participants sont priés de rentrer chez eux et de ne plus
alimenter une foule haineuse. Le cap est maintenu et rien ne doit changer selon
Macron, les nouvelles dispositions devront rester dans ce cadre étroit que lui-même
va définir dans les prochains jours. Macron veut agir comme avec les syndicats
pour la loi Travail, où tout est borné, seuls les décrets d’application peuvent
être amendés.
Un
monarque, même républicain, qui ne veut plus tenir compte des désirs de son
peuple, ne peut plus que jouer sur la légitimité de la fonction, appuyée sur
les forces de l’ordre et l’Armée, ou démissionner. Dans le premier cas il prend
le risque d’une guerre civile ou d’un coup d’Etat, dans le second cas il faudra
que ses commanditaires le lui ordonnent car l’homme croit toujours en son
avenir et devrait déjà l’avoir au moins mis dans la balance. Il reste une
troisième voie pour l’y forcer, c’est la procédure de destitution de l’article 68
de la Constitution qui le permet. Une opposition réelle à la politique actuelle
devrait au moins conduire le Président devant une Commission d’enquête
parlementaire, même si la procédure ne va pas jusqu’au bout. Si tel n’est pas
le cas, cela veut dire que les partis en place, qui ne réclament pas non plus
la dissolution de l’Assemblée Nationale, n’ont pas envie de voir le Système actuel,
confortable pour eux, s’effondrer pour un inconnu qu’ils redoutent. Ils ne sont
donc plus, comme le sentent les gilets jaunes, les représentants du peuple mais
de simples apparatchiks.
La France a commis une troisième erreur
en élisant Macron.
L’action des gilets jaunes restera dans
l’histoire de France
Car elle a montré la dérive de toute notre
démocratie,
La paupérisation d’une bonne partie du
peuple,
La satellisation béate des médias et des
partis
Dans une Europe mondialiste confortable
Où l’argent va des pauvres aux riches
Sous la férule d’une ploutocratie
Ne craignant que la Révolution !
Claude Trouvé
02/01/19
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