Le Grand Débat lancé par Macron
regarde la France par le petit bout d’une lorgnette qui ne voit pas la face
cachée de la lune. L’ouverture d’un bureau national des réclamations, et un
show médiatique de campagne électoral avec la promesse de résoudre un à un tous
les problèmes soulevés, plongent la France dans une microéconomie politicarde.
C’est le piège auquel tente d’échapper les Gilets Jaunes qui n’ont pas la
solution de leurs problèmes mais qui demandent que des solutions soient
trouvées à base de réformes constitutionnelles permettant une véritable prise
en compte et une vérification ultérieure de leurs demandes. Cet élan populaire,
à partir de faits concrets de perte de démocratie et de pouvoir d’achat, pose
en réalité des problèmes de macroéconomie. Prêt à souhaiter la démission du
Président, tenu pour responsable, il prend conscience qu’un Président peut en
cacher un autre qui fera la même chose dans ce cadre de l’UE qui les contraint
depuis plus de 20 ans.
Petit à petit cet élan populaire, qui
prend une forme insurrectionnelle, prend conscience que, élections européennes
proches y aidant, nous sommes de plus en plus liés à l’Union Européenne, aux
directives de plus en plus contraignantes sur des sujets majeurs comme le droit
du travail, l’éducation, l’immigration, l’économie, la gestion des inégalités,
la défense nationale et une justice surveillée par la Cour de Justice Européenne.
L’espace de liberté de manœuvre se réduit constamment vers un fédéralisme dont
on a chanté le plus grand bien. Nous sommes lancés dans une aventure où en tant
que pays contributeur au budget de l’UE, nous devons partager une partie de notre
richesse avec des pays dont on a imposé l’entrée aux peuples hôtes sans
demander leur avis.
Si l’ensemble était doté d’une dynamique telle qu’il
soit poussé vers le haut, on pourrait dire au moins que l’union fait la force. Ce
n’est malheureusement pas le cas pour les pays donateurs, hormis l’Allemagne par
rapport aux pays de l’OCDE. On voit que la croissance de l’UE sur la période
2012-2017 est inférieure à celle de l’OCDE. L’écart est encore plus défavorable
pour la Zone euro. On voit que les Etats-Unis font mieux que l’OCDE mais la
grande gagnante de la création de l’UE est l’Allemagne. Un calcul de la
croissance de la Zone euro sans l’Allemagne donne une valeur de 3,06% annuelle,
ce qui est justement la croissance française. C’est donc 3,78% de croissance
cumulée que la France a perdu sur l’Allemagne, soit 1 année ¼ de perdue en 5
ans ! Le fait que l’Italie est la grande perdante ne nous est d’aucune
utilité.
Le deuxième indicateur, lié au pouvoir d’achat des
ménages et à la dépense publique, est le PIB/habitant. Il permet une comparaison
spatio-temporelle qui est proposée sur le graphique ci-contre sur la même
période 2012-2017. Les valeurs de variation sont toutes inférieures à celles du
PIB. Cela montre que la croissance a évolué moins vite que la croissance des
populations. Cela a pu évoluer différemment d’un pays à l’autre et les exemples
de la Suisse et de l’Italie sont significatifs. Pour l’Italie les croissances
du PIB et du PIB/habitant sont très proches, il y a une bonne adéquation entre
la création de richesse et l’accroissement de la population même si cette croissance
est faible. Pour la Suisse l’évolution démographique diminue sensiblement le
gain du PIB/habitant qui devient d’ailleurs inférieur à la croissance du
PIB/habitant de la France. Toutefois il faut tenir compte de la dévaluation du franc suisse opérée en 2015, car les
PIB sont comptabilisés en dollars par l’OCDE.
Pour ceux qui croient que Macron va
améliorer cette situation désastreuse de la France relativement aux grands pays
de l’OCDE, de l’UE et de l’Allemagne, je publie à partir des résultats connus à
ce jour la variation du PIB/habitant en 2018. Les résultats de la croissance du
PIB ont été publiés dans l’article précédent mais nous ne retrouvons plus le
même constat qu’en 2012-2017. En 2018 les variations du PIB/habitant ont toutes une valeur inférieure au
PIB sauf pour l’Espagne mais où elles sont très proches. Ceci veut dire que
nous sommes devant une évolution plus lente de la population que celle de la
croissance. L’accroissement de la population de l’UE et de la zone euro sur
2017 est en effet respectivement de 0,23% et 0,24%. La plus grande différence s’observe
pour l’Italie mais la population est en régression de -0,17%, ce qui gonfle
artificiellement le PIB/habitant mais vieillit le pays. Les chiffres du
PIB/habitant sont toutefois à prendre avec précaution car les populations
prises en compte sont celles au 1er janvier 2018 et les chiffres
définitifs peuvent évoluer sur la population moyenne en 2018.
Il faut simplement retenir que la
croissance annuelle de la France est passée d’une moyenne de 2,61% entre 2012 et 2017 à 0,92%
en 2018 soit -0,69%. C’est un effondrement
pire que celui de la Zone euro qui passe de 1,60% à 1,18% en 2018 soit -0,42%.
On constate de plus que, contrairement aux allégations de la pensée unique sur
les bienfaits de l’UE, l’UE ne donne aucun avantage significatif dans la
période 2012-2017 par rapport à la moyenne de croissance annuelle des pays de l’OCDE
et que la Zone euro est encore plus en retrait de cette croissance moyenne.
Mais le plus grave est que la Zone euro a
affaibli la France et encore plus l’Italie au seul profit de l’Allemagne qui
tire avec elle les pays de l’UE qui n’ont pas choisi l’euro.
La publication rapide du chiffre de
croissance de 1,5% par l’INSEE ne tient pas la routquand le gouvernement a
avoué une croissance de l’ordre de 0,8% à l’issue des 3 premiers trimestres
2018. Les chiffres trimestriels et consultables sur Eurostat viennent montrer
une manipulation frauduleuse des chiffres. Sans doute s’agit-il du chiffre des
valeurs réelles du PIB qui tiennent compte de l’inflation et non des valeurs corrigées
de celle-ci, désaisonnalisées et corrigées des effets de calendrier, valeurs officielles
pour tous les pays de l’UE. L’UE a d’ailleurs publié pour elle une croissance
de 1,2% en parfaite concordance avec ses chiffres trimestriels qui donnent
1,18% et qui m’ont servi pour la croissance française. Cette valeur a été
portée sur le graphique de croissance. Ce n’est pas en masquant la vérité que l’on
sauvera la France, mais c’est ainsi que l’on trompe le vote des français et que
l’on endort leur capacité de réaction. La vérité finira par triompher car le
peuple ouvre les yeux et contemple le désastre de la politique actuelle qui n’est
qu’un vaste transfert de l’argent du bas vers un haut de grandes entreprises et
de banquiers pour lesquels l’Etat verse des dizaines de milliards, 10,5
milliards pour les 6 plus grandes banques françaises pour éviter qu’elles
tombent, 40 milliards aux entreprises pour qu’elles créent 1 million d’emplois
que l’on attend toujours. Peut-être faut-il compter les emplois qu’elles ont créés
à l’étranger…
Les
banques ne cessent d’augmenter le tarif de leurs
services, et leur frilosité pour accorder du crédit. Les investissements
stagnent, la France continue à se désindustrialiser, à devenir une
société de
services. Le nombre d’agriculteurs s’effondre. La pression fiscale
s’accroît, et
la croissance plonge. Les inégalités s'aggravent et les répressions
policières et judiciaires aussi. Les associations caritatives
s'inquiètent de l'accroissement de la pauvreté. Les tarifs du gaz
augmentent, ceux de l’électricité sont
retenus jusqu’en août avec +5,5% en perspective. Les retraites sont
bloquées et
ponctionnées.
L'Etat ponctionne le livret de caisse d’Epargne qui a un
taux d’intérêt 2 fois plus faible que l’inflation. Les services de
l’Etat s’éloignent de
plus en plus des besoins du monde rural. Les prestations sociales
diminuent. Les services d'urgence, les infirmières sont en
sous-effectif. Les médecins manquent. C'est l'image d'un pays qui plonge
et où le peuple crie son angoisse.
L’allongement de l’âge légal de la
retraite est absurde dans un pays où le chômage est l’un des plus élevés de l’UE
et en stagnation. Il ne fera que créer plus de chômage en particulier chez les
jeunes qui arrivent sur le marché du travail ou inciter les entreprises à faire
des plans de licenciement collectif des plus anciens pour les remplacer par des
jeunes moins payés. Dans les deux cas le chômage augmentera si la croissance ne
repart pas au-delà des 2%, et cela ne s’annonce pas pour 2019 et 2020. Serait-ce
parce que le chômeur coûte moins cher que le retraité ? Le 80km rajoute
des contraintes inutiles puisqu’il est prouvé que ce n’est pas la vitesse qui
crée les accidents mais la différence de vitesse entre les véhicules
selon les études américaines. La vitesse en elle-même ne serait responsable que
de 2 à 3% des accidents et les principaux facteurs de décroissance des
accidents sont essentiellement l’amélioration des véhicules et des
infrastructures routières. Les radars sont bien essentiellement une pompe à fric. Une
signalisation adaptée et des panneaux intelligents tenant compte de la densité
du trafic pour afficher la vitesse conseillée seraient plus efficaces… mais
moins rentables.
Cette réduction de vitesse est bien le symbole d’une France
qui laisse partir devant elle des pays aux chaînes moins lourdes, et son
rayonnement se laisse obscurcir par une Allemagne prédatrice, et un OTAN qui n’aura
aucun scrupule à faire de l’UE un terrain de conflit est-ouest. Le monde nouveau
est en marche, mais pas dans la marche de Macron, vieille marche de l’Ancien Monde,
du mondialisme au sens de prise en main de la planète par un Dieu Argent avec
ses prêtres dorés sur tranche et tout puissants. La France s’engage dans la
voie qui va la conduire à devenir un peuple cloné dans une uniformité de
servage à la consommation et au travail, où toute rébellion sera impossible et
où le mépris sera son lot. Macron est le liquidateur de la France, construite
et léguée par nos ancêtres… elle est en train de devenir une proie à finir de
dépouiller.
Le drame de la situation actuelle est qu’elle est accrochée à un rêve,
Un rêve entretenu, contre vents et marées, par le phare de la paix.
La colombe est dans la tête de deux générations d’après mai 68
Mais les plus anciens savent que la paix à tout prix a fini
Par nous amener une seconde guerre mondiale.
Guerre ou révolution va être le prix à payer
Mais toutes deux baignent dans le sang !
Sortons de l’UE pour éviter le pire…
Claude Trouvé
04/02/19