Il est frappant de voir l’évolution des discours des tenants de la zone euro. Du slogan « l’euro qui protège », on est passé au « quitter l’euro serait pire ». Ce dernier slogan est martelé avec de plus en plus de force au fur et à mesure que le premier slogan plie sous les constats économiques faits par la majorité des français mis à part ceux qui ne veulent pas voir. Parmi ces derniers il y a la quasi-totalité des politiques qui ont gouverné et souhaité Maastricht et les traités qui ont suivi jusqu’à celui de Lisbonne.
La gauche, derrière Mitterrand, a voulu Maastricht et fait rêver d’un renouveau de la France dans une Europe bienfaitrice. L’idée que la France avait terminé sa période de gloire a été distillée dans l’esprit des français. Le slogan, "hors de l’Europe point de salut", est devenu la lumière vers laquelle les jeunes et les idéalistes de tout poil ont progressivement abandonné l’idée de nation. On peut comprendre les plus âgés qui ont vécu dans le souvenir des deux grandes guerres avec l’Allemagne, on peut comprendre les plus jeunes qui rêvaient d’un grand espace pour y déployer leurs ambitions.
Malheureusement le venin de la libre concurrence, de la déréglementation dans la circulation des capitaux, des marchandises, des monnaies et des hommes minent ce beau projet. Depuis le début de cette marche vers l’union européenne, Jean Monnet avait dans la tête le fédéralisme. L’Europe, sous Jacques Delors, s’est construite avec cette idée sous-jacente de destruction des nations pour la création d’un pouvoir supranational de techno-politiques et une once de démocratie d’un Parlement européen sans grand pouvoir. Les Commissions, qui ont seules le pouvoir de proposition, sont les véritables maîtres de l’Europe et échappent à tout contrôle des peuples. Les gagnants sont les multinationales et les banquiers qui ont eu l’opportunité de faire des profits énormes et de distribuer des stocks-options de rêve. On a remplacé le travail de l’homme par le travail du capital.
Devant les échecs de plusieurs nations européennes, particulièrement dans la zone euro, nations que celle-ci doit aider, la réponse, qui se veut un remède, est « Plus d’Europe ». Ceci revient à dire plus de fédéralisme. Il faut faire disparaître plus rapidement les nations. Intégrons encore plus vite les pays qui attendent… bienvenue à la Croatie. C’est un peu comme si, un médecin, devant un enfant obèse, disait à la famille, mangez tous plus, cela se verra moins !
Le fédéralisme budgétaire est dans les cartons de Baroso, Angela Merkel reste à convaincre mais Sarkozy pousse avec cette idée que le salut vient de l’Allemagne, elle-même sous la tutelle discrète des Etats-Unis. Mutualiser les dettes ne peut être que l’idée des faibles !
La France des cocoricos dont on dit « la France est le seul pays où le coq peut encore chanter quand il a les deux pieds dans la m…. », a toujours un coq pour chanter « Tout va très bien, madame la marquise ». Hier au lever du jour François Baroin a chanté, bien planté sur ses… fondamentaux !
Alors le peuple s’endort rassuré.
- Le chômage n’a pas augmenté en juin passant de 9,6% à 9,7%
- Le nombre de demandeurs d’emploi n’a pas augmenté en juin de 1,3%
- Le total des demandeurs d’emploi n’a pas augmenté de 4% en un an
- L’inflation n’est pas de 1,9% depuis un an
- L’accroissement du PIB en francs constants n’est pas que de 1% en un an
- La dette publique n’est pas de 1591 Mds€ en 2010 à 82,3% du PIB
- La dette publique ne s’est pas aggravée en 2010 de 136,5 Mds
- La dette publique n’est pas passée de 64,2% du PIB en 2006 à 82,3% en 2010
- L’économie européenne et américaine n’est pas en période de ralentissement
- La chute de la bourse n’a aucun effet sur l’économie française
- La France ne devra pas payer une cinquantaine de milliards de plus pour sauver la Grèce
- Le revenu net des ménages n’est pas inférieur à celui de l’Allemagne, de l’Autriche, des Pays-Bas et du Danemark
- La France est parfaitement maîtresse de son budget 2012 et ne doit pas le présenter à Bruxelles pour aval
- Etc…
A compter les moutons des bons fondamentaux, la France va s’endormir. Elle se réveillera sans doute en entendant cette chanson enfantine pleine du bon sens de nos anciens « Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin va trop vite… ». Les investisseurs, les banquiers et autres manipulateurs de capitaux n’auront pas dormi et feront sonner la trompette des agences de notation. La lourde machine, de l’Europe à 27 et de l'euro à 17, va encore s’époumoner pour suivre leur rythme et, portée au rouge, elle calmera ses peuples à la morphine.
Les socialistes, pris dans leur contradiction d’Europe sociale qu’ils ont livrée au capitalisme débridé, n’ont aucune solution qui ouvre une autre voie sinon plus de fédéralisme donc moins de nation et plus de mondialisation, de globalisation marchande, financière et monétaire.
La droite majoritaire, prise aussi dans le filet de l’atlantisme et de la subordination à l’Allemagne, n’a pas plus de chances de résister au courant voulu par les Etats-Unis et les tenants de la gouvernance mondiale. Elle ne le veut même pas et ne croit plus non plus à la France hors de ces tutelles.
Philippe de Villiers a pronostiqué la mort de l’Europe si l’on continue sur cette voie. Si ce n’est pas la finance qui la détruit, ce sera les peuples eux-mêmes, excédés par l’impéritie des faiseurs de mirages, l’accroissement des inégalités de revenus, la paupérisation rampante et l’embonpoint des multinationales qui s’engraissent sur la mondialisation et la destruction de leurs emplois !
Qui aura le courage d’un vrai virage ?
Qui croira encore en la France pour la défendre ?
Son avenir n’est pas dans la disparition de la nation
dans cette Europe livrée au capital et aux marchands,
celle de Jean Monnet, de Jacques Delors, de François Mitterrand
et de Nicolas Sarkozy.
Le MPF et les souverainistes croient qu’elle peut
et doit encore choisir un avenir.
Nous croyons à l’Europe des peuples où ceux-ci gardent encore la parole !