Au vu des évènements récents il est utile de reprendre le cours de cet article de fond. Hier 16 août 2011, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont lancé l’idée d’un « gouvernement économique de la zone euro », proposé l’adoption de la « règle d’or » dans les 17 pays et lancé l’idée d’une taxation des opérations financières.
De toute évidence l’Allemagne n’a aucune envie d’aller très loin dans les contraintes qui peuvent lui être imposées. Le gouvernement, dont les règles de fonctionnement sont à préciser, or tout est là, sera sûrement sous la houlette de l’Allemagne plus que du président de l’Europe. Sa réunion deux fois par an ne changera pas grand-chose. D’ailleurs les réactions des marchés sont plutôt mitigées et attentistes.
L’adoption de la règle d’or, dans le droit fil de la politique allemande, n’est pas encore votée par le Congrès français et apparaît plutôt comme une opération politique. On est d’ailleurs surpris qu’il faille écrire cela dans la constitution alors qu’il s’agit d’une règle de simple bon sens, valable pour un simple particulier qui, lui, connaît le danger du crédit-revolving ! Le véritable signal est sa mise en œuvre dans un budget 2012 particulièrement difficile dans un contexte de ralentissement économique.
Enfin la taxation des opérations financières, très complexe à mettre en œuvre, demande que la Grande-Bretagne et les États-Unis l’adoptent pour que l’Europe ne soit pas handicapée. Or ces deux pays l’ont refusée catégoriquement. Jean-Louis Borloo gardera le bénéfice d’une idée à but également politique pour pouvoir exister dans le paysage médiatique.
Afin de pouvoir comparer les propositions des différents candidats au fur et à mesure que nous nous rapprocherons de l’élection présidentielle, il nous reste à terminer le tour d’horizon sur la position économique de la France dans le monde et d’examiner plus profondément la gestion de la dette publique. Dans les précédents articles nous avons essayé de voir comment l’on pouvait juger de la position relative de la France par rapport à d’autres pays. L’OCDE vient de publier des chiffres sur le premier trimestre 2011 qui vont permettre d’ajouter deux indicateurs supplémentaires, l’épargne des ménages et le taux d’investissement des entreprises par rapport à la valeur ajoutée.
C’est sans doute le domaine où la France se présente sous son meilleur jour. Toutefois elle n’est plus en tête des pays européens mais reste et au-dessus de la moyenne de la zone euro. Il faut néanmoins ajouter qu’elle ne se distingue que par un taux d’investissement très moyen de cette épargne et qu’une grande partie est investie à l’étranger. Il n’en reste pas moins que la France pourrait encore jouer sur des emprunts d’état.
Le seul problème c’est que depuis l’action de Pierre Bérégovoy, renforcée par celle de Dominique Strauss-Kahn, le petit épargnant ne peut plus acheter des bons du Trésor. Tout passe par les banques françaises qui se sont engagées dans des opérations à risque élevé dans des pays en difficulté (Grèce, Portugal, Irlande, et.) pour 650 milliards de dollars !
L’audit des banques n’a pas pris en compte leur résistance au défaut de paiement d’un de ces pays et elles ont donc un degré de fragilité à une crise majeure d’ailleurs probable. C’est la grande différence avec le Japon, dont la dette est de l’ordre de 8000 milliards mais dont 90% est détenue par l’épargnant japonais. La force relative de l’épargne française n’apparait donc pas comme une source sûre de désendettement et ne peut donc être prise en compte dans le jugement sur la santé de l’économie française.
Le deuxième indicateur donnant une image de la santé économique est l’investissement des entreprises. Le graphique ci-contre montre le taux d’investissement par rapport à la valeur ajoutée des produits mis sur le marché. La France ne montre pas une dynamique particulièrement brillante puisqu’elle se situe en-dessous des moyennes de la zone euro et de l’Union Européenne.
Elle se situe curieusement en dessous de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal qui montrent eux une dynamique intéressante. La France montre donc soit une certaine atonie, soit une faible disponibilité de capitaux d’investissement dus aux charges assumées. Le chiffre pour l’Allemagne n’a pas encore été publié.
Il est alors possible de regarder de nouveau la place de la France sur la globalité des trois indicateurs (capacité de résorption de la dette, chômage, investissement). Le graphique joint est bâti sur la moyenne des notes de ces trois indicateurs. Les données ne portent que sur un nombre limité de pays et en particulier sans l’Allemagne qui aurait une excellente note. On voit que La France ne devance pas le Portugal et l’Italie. Ceci montre une nouvelle fois que la France est dans une position qui peut attirer d’un jour à l’autre une dégradation de sa note AAA.
Avec une croissance nulle au deuxième trimestre, un chômage qui ne s’éloigne guère des 10%, une dette lourde, un commerce extérieur largement déficitaire, une épargne qui ne peut être mobilisée qu’à travers des banques françaises dans les fonds propres ne peuvent encaisser la faillite des états en difficulté, les « fondamentaux » de la France sont fondamentalement fragiles. Sa capacité à se désendetter est loin d’être prouvée.
Le salut à court terme ne pouvant venir d’une compétitivité miraculeusement retrouvée et la monnaie lui étant imposée, c’est le budget de l’état qui devient la variable d’ajustement. D’ores et déjà cela signifie que l’emploi ne sera pas l’axe de l’effort et même sera impacté par les décisions gouvernementales prises.
La recherche de la compétitivité peut se faire sur le modèle allemand avec une pression sur les salaires à condition de recréer une industrie capable de vendre surtout sur le marché européen. La différence des salaires avec la Chine, l’Inde et les pays du sud-est asiatique est trop importante sauf pour quelques produits très particuliers. La délocalisation dans des pays à bas coût de main-d’œuvre ne résout pas l’emploi et laisse les charges de chômage.
Dans le prochain article les grandes masses de la dette publique seront examinées car elles sont déterminantes pour éclairer les secteurs d’action. Il est déjà clair que nous rentrons dans une époque de « rigueur budgétaire » mais celle-ci peut être le signe d’une diminution des dépenses ou bien d’une augmentation des ressources. Jusqu’à présent on n’entend parler que de l’augmentation des ressources. Autrement dit, il s’agit surtout de rigueur pour le français, particulièrement de la France "d'en-bas", pas forcément pour l’État.
Avec une croissance nulle au deuxième trimestre, un chômage qui ne s’éloigne guère des 10%, une dette lourde, un commerce extérieur largement déficitaire, une épargne qui ne peut être mobilisée qu’à travers des banques françaises dans les fonds propres ne peuvent encaisser la faillite des états en difficulté, les « fondamentaux » de la France sont fondamentalement fragiles. Sa capacité à se désendetter est loin d’être prouvée.
Le salut à court terme ne pouvant venir d’une compétitivité miraculeusement retrouvée et la monnaie lui étant imposée, c’est le budget de l’état qui devient la variable d’ajustement. D’ores et déjà cela signifie que l’emploi ne sera pas l’axe de l’effort et même sera impacté par les décisions gouvernementales prises.
La recherche de la compétitivité peut se faire sur le modèle allemand avec une pression sur les salaires à condition de recréer une industrie capable de vendre surtout sur le marché européen. La différence des salaires avec la Chine, l’Inde et les pays du sud-est asiatique est trop importante sauf pour quelques produits très particuliers. La délocalisation dans des pays à bas coût de main-d’œuvre ne résout pas l’emploi et laisse les charges de chômage.
Dans le prochain article les grandes masses de la dette publique seront examinées car elles sont déterminantes pour éclairer les secteurs d’action. Il est déjà clair que nous rentrons dans une époque de « rigueur budgétaire » mais celle-ci peut être le signe d’une diminution des dépenses ou bien d’une augmentation des ressources. Jusqu’à présent on n’entend parler que de l’augmentation des ressources. Autrement dit, il s’agit surtout de rigueur pour le français, particulièrement de la France "d'en-bas", pas forcément pour l’État.
Sans compétitivité, sans contrôle de sa monnaie,
sans contrôle des mouvements de capitaux et de marchandises,
le bateau France, lourdement chargé, sans moteur et sans gouvernail,
pourrait sombrer dans la tempête...
Le MPF l'attend au port pour un carénage !
Le MPF l'attend au port pour un carénage !