La crise est bien là et toutes les belles incantations de nos gouvernants, Christine Lagarde en tête, n’ont réussi qu’à faire naître maintenant plus de désenchantements. La Grèce est en perdition, mais déjà une nation fondatrice de l’Europe, comme l’Italie, est dans le collimateur. De toute évidence, quant à nous, nous ne méritons plus la note AAA que les Etats-Unis sont en passe de perdre. Notre lien fort avec l’Allemagne, puissamment armée dans la mondialisation, nous permet d’espérer tenir jusqu’aux élections prochaines… mais pas plus.
La crise est européenne et mondiale. Les états ont soutenu les banques dans la précédente crise des subprimes mais les états doivent se renflouer auprès des banques pour faire face aux défaillances qui ont atteint certains d’entre eux. Mais, hormis l’Allemagne et les Pays-Bas, nul n’est à l’abri. L’intervention du FMI et du fond européen de solidarité, ne suffit plus. Les banques sont sollicitées pour racheter des obligations pourries. Déjà saturées de celles-ci, elles rechignent. Les états sont désormais en position de faiblesse puisqu’ils doivent eux-mêmes leur emprunter de l’argent pour combler leur dette publique. Pour eux les banques empruntent désormais auprès de la BCE à un taux quasi nul et les leur reversent avec au passage un gain substantiel sur les taux d’intérêt !
Le système est devenu fou et incontrôlable. Chacun se tient par la barbichette. Pendant ce temps la spéculation bat son plein, les capitaux vont d’un état à l’autre, vidant certains états fragiles pour en remplir d’autres plus sains. La cause ? La globalisation marchande, financière et monétaire issue de Maastricht et de Lisbonne. La déréglementation a entraîné la dérégulation, des capitaux, des échanges commerciaux, et des taux de change des monnaies.
Le mythe, entretenu depuis quarante ans par les gouvernements successifs, de l’Europe (hors d’elle point de salut) et de l’euro (l’euro qui protège), comme le meilleur moyen d’atteindre le fédéralisme, doit être maintenu contre vents et marées. Le monde capitaliste, à base de multinationales, de banquiers et de gros financiers, ne veut pas voir partir la poule aux œufs d’or. Les partis politiques européens, qui se sont fourvoyés dans cette voie, ne veulent pas avouer leur erreur et font chorus. L’Allemagne qui s’engraisse tous les jours sur les autres pays européens tient les commandes de l’Europe et ne veut rien changer.
Pourtant il faut faire voter aux parlements des nations de l’UE un deuxième plan de sauvetage qui ne sera d’ailleurs peut-être pas suffisant. Alors pour sauver l’euro, la France a l’idée généreuse de solidarité dans la mise en commun d’un véritable et substantiel budget européen. Actuellement alimenté par une contribution de 1,05% des recettes budgétaires nationales, il passerait à 3%. Cela permettrait de maîtriser les critères de répartition des aides aux pays en difficulté et, idée sous-jacente, de pouvoir mener une véritable politique européenne de financement des activités dans chaque pays et de réaliser ainsi une zone monétaire optimalisée.
Bien belle idée en vérité sauf que du budget européen au fédéralisme européen il n’y a qu’un pas. De 126 milliards d’euros annuel, ce budget passerait à 360 milliards d’euros et deviendrait supérieur à tous les budgets nationaux, y compris l’Allemagne (270 milliards) et la France (126 milliards). La contribution française est actuellement de 16% et celle de l’Allemagne de 20%. Il nous faut donc trouver 37,4 milliards supplémentaires soit 30% des recettes budgétaires annuelles !
Où trouver l’argent autre part que sur le pouvoir d’achat, par les taxes, impôts, diminution ou disparition des subventions, diminution des prestations sociales car la croissance est anémiée et n’atteindra vraisemblablement pas les 2% prévus cette année. Ne soyons pas dupes, la réduction des niches fiscales c’est de la consommation en moins. Mais cette puissance donnée au budget européen modifie complètement la répartition des pouvoirs au sein de l’Europe. Les nations disparaissent au profit d’une gestion par un organisme non élu et sur lequel le Parlement européen n’aura aucun pouvoir de sanction.
Dernier point, selon « la Vie financière », l’ensemble des aides prévues pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal, se monterait à 380 milliards. Le montant nécessaire du budget européen pourrait ne pas suffire. Cette idée française, agrémentée par les uns et les autres d’idées difficiles à mettre en œuvre et contestées par nos partenaires, comme la taxe sur les opérations financières, a l’avantage de paraître logique au premier abord. C’est un véritable piège que nos gouvernants tendent aux électeurs qui, sans être consultés, seront engagés malgré eux dans le choix du fédéralisme ! Cette idée est à séparer de l’idée d’une politique économique commune, impulsée par les chefs d’états et gérée au niveau des ministres des finances nationaux.
L’espoir d’achoppement de cette initiative française partagée par les deux partis majoritaires est de voir l’Allemagne s’y opposer car sa constitution ne permet pas la perte de ses pouvoirs régaliens.
Politique économique commune peut-être
Fédéralisme budgétaire NON !