samedi 22 août 2020

Les grandes questions sur la gestion sanitaire de l’épidémie (4ème partie)

 Le battage médiatique culmine pour alarmer les français sur la chanson bien connue « Il court, il court… le virus » toujours prêt à rebondir d’une clôture à l’autre. On croise désormais des ombres aux yeux meurtris dont on espère un signe de reconnaissance bien loin de l’incognito du masque carnavalesque. Nous ne sommes plus à l’époque des réjouissances mais à celle de la jouissance morbide que procure le masque en se disant que l’on défit la mort dans une sorte de danse macabre. Nous en sommes revenus au stade de l’enfance où l’on nous dit « si tu touches encore au pot de confiture, je t’enferme dans ta chambre ». Mais là le message est clair et fort bien compris hormis que l’enfant n’a qu’une idée en tête, c’est de le faire encore une fois. L’enfant est rebelle par nature et est prêt à prendre un risque pour satisfaire son goût de vivre et de celui des confitures. L’adulte a pris conscience du risque de la désobéissance, et il n’est plus loup épris de liberté mais chien docile. Il aboie mais ne ronge plus ses liens. L’image de la France d’aujourd’hui n’est plus celle des loups affamés de vivre et de reconstruire un pays comme en 1945, c’est celui du chien qui se préoccupe de sa propre pitance en léchant les pieds de son maître. La France est globalement devenue sourde et aveugle, elle ne croit plus à rien sauf à sauver ce qui peut l’être dans un monde dont lui dit qu’on ne lui veut que du bien et que sans son maître il est perdu.

L’épidémie du COVID-19 aura servi de révélateur à cette nouvelle France du déclin. On l’avait oublié depuis l’acceptation sans broncher du traité de Lisbonne, copie conforme du projet de Constitution européenne qu’il avait refusé démocratiquement. On pouvait y voir un changement profond de docilité, mais on l’avait oublié. En réalité cette France de la collaboration se prépare depuis Maastricht signé par Mitterrand en 1972 par un homme qui savait pourtant bien ce que l’on pouvait espérer tirer de la collaboration avec l’Allemagne par son passé mitigé. Il ne croyait plus à la France, celle d’une grande puissance mondiale. Depuis nous avons commencé le chemin du retrait, du recul dans l’histoire du monde cédant le pas à une Allemagne conquérante, et à un Royaume-Uni encore fier de son histoire et de nouveau prêt à jouer seul son rôle historique. Ceci m’amène à vous parler de l’histoire de la lutte contre le COVID-19 vécue différemment en Allemagne et en France avec des résultats sanitaires et économiques différents mais désastreux pour nous. Pourtant non seulement nous sommes voisins géographiquement mais le couple franco-allemand est l’épine dorsale de l’UE.

Le couple Allemagne-France

Allemagne

L’Allemagne a détecté le 1er cas le 28 janvier, soit 4 jours seulement après la France, mais il semblerait qu’elle ait été tenue au courant du risque révélé en Chine à Wuhan en même temps que la France. La suite est très différente puisque le 1er décès s’est produit le 9 mars, et en France le 16 février. L’Allemagne se singularise par le plus long délai de latence entre le 1er cas et le 1er décès parmi tous les voisins de la France avec 41 jours pour 23 jours en France.  C’est une énorme différence qui traduit un empêchement de propagation du virus ou une stratégie de traitement sanitaire bien meilleure qu’en France.

Le 9 mars, 41 jours après le 1er cas, l’Allemagne compte 1 décès et 136 cas confirmés, et la France enregistre 6 décès et 286 cas. Le taux de létalité est alors de 0,74% en Allemagne et de 2,1% en France. Le 1er décès/million est atteint le 21 mars et 8 jours après la France. A ces dates l’Allemagne comptait 2365 cas pour 7 décès et la France 788 cas pour 18 décès, soit respectivement un taux de létalité de 0,30% pour l’Allemagne et de 2,28% en France. L’écart entre la France et l’Allemagne s’est encore aggravé à notre détriment depuis le 1er décès. Plusieurs explications sont possibles mais la plus probable est à choisir entre une campagne de tests beaucoup plus importante en Allemagne ou une efficacité plus grande du système de santé allemand, ou bien encore à la conjonction des deux. Le taux de guérisons aux dates respectives de publication du 1 décès/million était de 1,05% en Allemagne contre 0,33% en France, soit 3 fois plus élevé. On peut penser que la campagne précoce de tests amenait plus de patients jeunes en hôpital qu’en France engendrant un taux de létalité moindre, mais on doit y rajouter une efficacité plus élevée du système de santé allemand au vu des taux de guérison.

De toute évidence la France a réagi plus tard avec des moyens sanitaires moins performants. Ceci est un fait avéré par la différence de taux de létalité entre les deux pays, et par le fait que les premières mesures allemandes ont été prises dès la fin janvier. Un dépistage massif a commencé sur toute personne revenant de zones à risques, la Chine, l’Italie ou le Tyrol autrichien et ensuite, de toute personne présentant des symptômes de Covid-19, même bénins, ou ayant été en contact avec un malade. Le 7 avril on dénombrait un rythme de tests entre 300.000 et 500.000 par semaine, ceci gratuitement dans les hôpitaux, les cabinets médicaux mais aussi sur les parkings. L’Allemagne dénombrait alors plus de 100.000 personnes diagnostiquées positives au Covid-19. La capacité de tests a été rapidement portée à 200.000 par jour. Cette politique de dépistage a pratiqué 9,3 millions de tests à ce jour soit 11% de la population testée.

Si l’Allemagne n’est pas le pays ayant déclenché le plus tôt son plan d’urgence, elle a réagi massivement sans traumatiser autant la population dans le confinement beaucoup moins strict qu’en France. En particulier la prise en compte du besoin d’aération de la population a laissé la pratique du sport et les parcs ouverts. La distanciation a été la base des actions et de la communication. De plus le fédéralisme allemand a conduit à des actions géographiquement adaptées aux conditions locales de propagation du virus. Enfin la bonne coordination entre les moyens sanitaires publics et privés s’est établie très vite. Précocité de l’action, dépistage massif, moyens sanitaires publics et privés adaptés et suffisants, précautions prises sur les inconvénients du confinement, sont les facteurs de réussite de la lutte allemande contre le virus. Sur le plan économique les mesures de contrainte économique ont été assouplies très rapidement, et ceci d’autant plus facilement que les moyens sanitaires n’ont jamais été débordés.

France

Presque sur tous les points évoqués plus haut la France a plus mal réagi. Avec un premier cas détecté le 24 janvier, soit 4 jours avant l’Allemagne, avec un premier décès le 16 février, soit 22 jours avant l’Allemagne, avec un taux de mortalité de 1 décès/million d’habitants atteint le 13 mars, soit 8 jours avant l’Allemagne, la France n’a déclenché son plan d’urgence que le 17 mars, soit 5 jours après l’Allemagne. La France n’a pas tenu compte des signaux forts envoyés par la Chine, Taïwan, et la Corée du Sud sur la propagation rapide de l’épidémie. Elle a pris un retard considérable par rapport à sa voisine qui avait déjà pris des actions avant même la décision fédérale d’urgence et cela depuis la fin janvier.

La France n’a surtout pas profité de ce délai depuis fin janvier pour approvisionner les moyens sanitaires nécessaires et à gréer préventivement les hôpitaux d’un nombre de lits supplémentaires. Elle s’est trouvée devant une pénurie de masques qui a donné une communication aberrante sur l’inutilité du masque pour le rendre ensuite obligatoire dans une grande partie des activités humaines. L’approvisionnement des tests n’a pas été une priorité pour une politique de dépistage précoce comme en Allemagne. La France avait réalisé un total de 725 000 tests entre le début de l'épidémie et le 28 avril, soit environ 11 tests pour 1 000 habitants, quand l’Allemagne en était à 300.000 à 500.000 tests par semaine !

Mais il y a eu une façon autoritaire de gérer la situation qui a exclu de privilégier l’autodiscipline des français par une communication de confiance, mais a pratiqué des mesures autoritaires par un confinement généralisé partout sans savoir si elle ne favorisait pas ainsi la contamination entre les membres d’une même famille. Elle est allée jusqu’à demander à chacun de justifier officiellement sa propre autorisation de circuler. Elle a géré sa population par la peur dans des communiqués alarmistes quotidiens sur le nombre de décès et a prolongé le confinement plus tard que l’Allemagne sous une forme plus stricte et généralisée depuis le début. Ce faisant elle a plombé son économie sur tout le territoire et engendré une perte du PIB impressionnante de -5,94% dès le 1er trimestre, soit la plus lourde de tous les pays de l’Espace Economique Européen.

La politique de la France basée sur le confinement strict à résidence, généralisé à tout le territoire, de tous les membres d’un même foyer, a montré qu’il était finalement nocif s’il est déclenché alors que la propagation s’est déjà bien développée. Valable dès le début février, elle ne l’était plus le 18 mars. La manipulation du peuple par la peur et le manque de confiance dans son sens civique sont des marqueurs politiques qui ont différencié profondément les deux pays voisins. Le manque de dépistage précoce est aussi un facteur prépondérant jusqu’en mai. Ce n’est que depuis le 11 mai, que chaque Français qui présente des symptômes évocateurs du Covid-19 peut, après consultation de son médecin traitant, se voir prescrire par ordonnance un test de dépistage du coronavirus Sars-CoV-2.

Alors que toute la population était confinée, les hôpitaux de l’Est et de l’Ile-de-France se sont trouvés débordés alors dans le reste de la France il ne se passait pas grand-chose. Les hôpitaux étaient à l’arrêt, et on retardait les opérations pour conserver la capacité d’accueil des malades du COVID. Les patients ne se déplaçaient même plus dans les hôpitaux de peur d’être contaminés. La communication anxiogène bloquait même le système normal de santé. Cet engorgement des hôpitaux dans les premières zones contaminées a amené une désorganisation hospitalière et c’est ainsi que notre taux de létalité (décès/cas) est encore globalement de 11,31% le 19 août pour 4,00% en Allemagne, même s’il a atteint 15,69% le 18 mai.

Cette manipulation par la peur a continué après le déconfinement tardif avec le port des masques qui sont devenus tout-à-coup utiles puis obligatoires. Le fait que certains pays, comme les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Finlande, considèrent que la preuve de leur efficacité n’est pas faite, n’a donné lieu à aucun débat scientifique officiel en France. Mais la peur maintenue par une communication anxiogène sur le nombre de cas et de foyers infectieux agit toujours sur les français qui sont devenus en majorité prêts à le porter tout le temps sauf dans leur espace privé. On peut toujours claironner que les danois ne sont pas masqués dans le pays considéré comme le pays du monde où l’on peut le mieux bien vivre, cette crécelle ne produit aucun effet car on n’en parle surtout pas dans les médias même si le nombre de décès/habitant aux Pays-Bas est plus de 4 fois plus faible qu’en France.

La manipulation de la peur a en plus été orchestrée sur la perspective d’un rebond significatif de la punition par la re-confinement. Le rebond ne se manifeste encore aujourd’hui que par un rebond de la politique de dépistage et des cas automatiquement engendrés avec forcément un R0 supérieur à 1 (1 contaminé en contamine plus d’un) puisque l’on teste préférentiellement dans les foyers infectieux découverts. La publication incessante sur le R0, les cas, les hospitalisations, ne peut que rendre la nation globalement anxiogène. D’ailleurs on ne parle plus des décès qui sont au plus bas depuis un mois et demi. L’augmentation depuis deux mois des dépistages dans les pays européens donnent tous le même constat hormis au Royaume-Uni qui termine la première phase de la contamination. On a encore plus de recul et le même constat avec la Corée du Sud qui est en plus une référence mondiale de bonne gestion de l’épidémie.

Mais l’économie reprend ses droits sous la pression du Medef et devant le résultat de la croissance du 1er semestre qui nous place en 3ème position des pays les plus touchés après l’Espagne et le Royaume-Uni avec une décroissance de -18,93% ! Alors tout de go Emmanuel Macron déclare que le re-confinement n’aura pas lieu, comme par hasard, alors que le confinement des contaminants aurait un sens même aujourd’hui. Encore une volte-face qui montre combien la politique de gestion de la crise est aléatoire et au jour le jour sans axe défini. Il en est de même de la gestion des frontières qui se fait selon des critères de géopolitique et non comme dans les Pays Baltes ou la Lituanie accueille ou non les ressortissants étrangers sur le critèr

e pratique du nombre de décès/habitants du pays concerné. La France sort de cette gestion de la crise avec un nombre de décès/million d’habitants 4 fois plus important que l’Allemagne et une perte de croissance de 59% plus élevée qu’elle à la fin du 1er semestre. Nul doute que cet écart va s’aggraver au 3ème trimestre. La généralisation du confinement non ciblé sur les contaminants, et généralisé à tout le territoire en est la cause première car décidé trop tard et mal utilisé.

La comparaison est terrible pour la France qui va s’endetter de 300 milliards et voir sa dette passer en un an de 100% à au moins 120% de son PIB hypothéquant gravement son avenir. L’Allemagne et la France sont apparemment partis sur la même stratégie mais elle a été jouée très différemment et le résultat montre que la nôtre a été très mal gérée. Il nous reste à voir justement ce que donne des stratégies sanitaires et des résultats économiques complètement différents entre deux autres pays, l’Italie et la Suède.

La comparaison est terriblement défavorable à la France

Mais c’est le retard pris au départ de l’épidémie

Pour y préparer tous les moyens sanitaires

Qui a engendré l’essentiel de ce résultat.

Pénurie de tests, de gants, de blouses,

De lits, d’appareils respiratoires,

Ont primé sur un confinement

Après l’installation du virus.

Sa généralisation a de plus

Bloqué notre économie.

Là sera la catastrophe

La plus terrible !

Claude Trouvé

20/08/20