Les grandes questions sur la gestion sanitaire de l’épidémie (3ème partie)
Reprenons l’étude sur les couples de peuples européens voisins présentant des différences significatives d’évolution sur le nombre des décès par habitants ou (et) des différences sur la stratégie de gestion de l’épidémie. C’est le cas de l’actualité cacophonique française sur le rebond qui ne serait plus pour aujourd’hui mais pour demain. On nous a imposé les masques obligatoires à l’intérieur sauf en famille puis désormais à l’extérieur même en famille si on s’entasse à plusieurs, et on a trouvé une autre trompette de la peur, le nombre de malades hospitalisés, puis désormais le nombre de malades en réanimation. La trompette du nombre de décès ne fonctionne plus, pas assez de morts, celle des cas non plus. Les réseaux sociaux se sont fait alors largement l’écho d’une évidence, plus on teste, plus on découvre de cas. Donc le masque sera de plus en plus obligatoire grâce à la peur du re-confinement et de l’hospitalisation qui traumatisent les 2/3 de la population pour un bon moment. On y ajoute la pénalisation financière et juridique pour incivisme et on peut garder le peuple coi pour les vacances, et puis après pour… attendre le vaccin. Cela évite de fournir des explications sur la qualité de la gestion de cette crise sanitaire dont les effets seront principalement une catastrophe économique. Les cas que je présente dans cette suite d’articles sont particulièrement interrogatifs mais ne doivent pas inciter le peuple à se poser des questions, donc on n’en parle pas dans les grands médias. Mutisme complet.
Le
couple Espagne – Portugal
L’Espagne
émarge encore à la troisième place mondiale dans le nombre de décès/million
d’habitants mais le Portugal a réduit ce nombre de décès à celui d’une simple
grippe saisonnière avec près de 3 fois moins de décès/million d’habitants que
la France, même s’il ne fait pas aussi bien que l’Allemagne. Or ces deux pays
ont appliqué tous deux une stratégie basée sur le confinement à résidence dans
la première lutte contre le virus.
L'Espagne
L’Espagne a connu son premier cas le 1er février soit 1 jour après l’Italie et 5 jours après la France. Le premier décès a été constaté le 1er mars soit un mois après. Elle a atteint le nombre de 1 décès par million le 10 mars soit 9 jours après alors que ce délai de montée du taux de mortalité était d’un mois en France et en Italie. Cela explique en partie sa mauvaise performance en matière de mortalité par un délai de réaction trop court pour les approvisionnements et la mise en place du système de santé. Les services hospitaliers ont été pris à la gorge 4 fois plus vite qu’en France et en Italie, et alors que seule l’expérience de Taïwan, de la Corée du Sud et de la Chine pouvait renseigner l’Espagne.
Cette
rapidité de la contamination a surpris le gouvernement qui a encore autorisé le
8 mars une manifestation de 120.000 personnes dans les rues de Madrid et des
dizaines de milliers dans des villes comme Séville et Barcelone. A partir du 10
mars seulement des mesures parcellaires touchant les aéroports, les clubs de football,
les mises en quarantaine locales et les écoles sont prises. Le gouvernement ne
déclare l’état d’urgence nationale que le 13 mars alors que l’Espagne compte déjà
133 morts soit près de 3 décès/million d’habitants. Or ce même jour la France
passait seulement le cap du 1 décès/million d’habitants. Dès le 14 mars le
confinement est quasi-total dans tout le pays. Mais le 22 mars l’Espagne doit
se rendre à l’évidence, la contamination est galopante. En seulement 8 jours le
taux de mortalité a atteint 60 décès/million et a été multiplié par 20, alors
qu’en France il n’a été multiplié que d’un facteur 10 soit une vitesse de
contamination 2 fois plus lente. « Le gouvernement mobilise 52 000
soignants en renfort, dont 14 000 médecins et infirmiers à la retraite et lance
la construction à Madrid d'un hôpital de campagne de 5 500 lits40, avec la
distribution "dans les prochaines heures"
d'1,3 million de masques chirurgicaux, via une livraison de la Chine »
(Wikipédia).
Malgré
le lancement d’une vigoureuse campagne de tests, pas forcément bien ciblée, et
un confinement généralisé respecté, la propagation du virus n’a pas pu être
maîtrisée. On peut même penser que le confinement à résidence généralisé l’a aggravé.
Il faudra atteindre la mi-avril avec plus de 18 000 décès soit 400
décès/million d’habitants pour voir s’infléchir la vitesse de propagation du
virus. Malgré un nombre de 655 décès dans la journée du 9 avril la levée de
l’interdiction du travail non-essentiel est prononcée pour la semaine suivante
mais les frontières sont toujours surveillées et les étrangers sont mis en
quarantaine à leur arrivée. Le processus de déconfinement partiel de l’économie
est démarré le 13 avril dans le respect des distances de sécurité et du port de
masques dans les transports en commun. Associé à une recrudescence des tests ce
déconfinement partiel augmente le nombre de cas constatés sans affecter les
décès en constante diminution depuis le 1er avril. Cette diminution
continue jusqu’au 25 mai où l’Espagne constate un nombre faible de cas et de
décès et décide de rouvrir la vie économique et la liberté de circulation dans
les cafés, les bars, restaurants et les parcs et jardins avec une semaine
d’avance sur la France.
Jusqu’à
fin juin le nombre de cas constatés par jour reste faible. Dès le 1er
juillet on commence à constater une recrudescence des cas associée à une
découverte de nombreux foyers de contamination par une politique massivement
ciblée sur ces lieux. Ceci est confirmé par le faible impact sur les décès
jusqu’au 2 août. Le 10 août le nombre de 8618 cas confirmés approchait de près
les jours les plus noirs de la vitesse de propagation de la contamination fin
mars et le nombre de décès/jour passait de 5 à 71. Ceci a suffi aux médias
français, dont Le Monde, pour parler de situation catastrophique en Espagne. La
réalité des chiffres de décès des 2 jours suivants revenus à quelques unités
montre combien ces médias manient le sensationnel et la peur qu’elle engendre
avec une facilité coupable. Il y a une recrudescence des cas confirmés
essentiellement lié à une politique vigoureuse de tests ciblés sur les foyers
qui se multiplient par suite de la liberté de circulation. Le nombre de cas ne
peut que croître, mais depuis le début du déconfinement le nombre de décès n’a
fait que diminuer dans un premier temps et stagner à quelques unités par jour
jusqu’à près de 4 mois plus tard. On ne peut pas affirmer aujourd’hui qu’il
s’agit en Espagne d’une situation catastrophique laissant sous-entendre un
rebond significatif des décès. Le même constat est fait en Italie et en
France contrairement à tout ce que gouvernement et médias diffusent appuyés
soi-disant sur des « modèles mathématiques » qui ne s’appuient
eux-mêmes sur rien de sérieux, même pas sur les informations venant de pays asiatiques
ayant subi l’épidémie avant les pays européens.
Néanmoins
le bilan santé de l’Espagne n’est pas bon et, en dehors des micro-états, elle
reste le 3ème pays le plus impacté au monde derrière la Belgique et
le Royaume-Uni. Son bilan économique s’avère le plus catastrophique de l’UE au 1er
semestre avec une décroissance à -22,8% devant la France à -18,9%.
Tout laisse à penser que l’Espagne a été touchée très tôt sans tenir
compte des renseignements venant d’Asie, démunie de moyens sanitaires et
laissant trop longtemps l’absence de précautions de distanciation. En
conséquence elle n’a pas pu arrêter la contamination assez tôt. On peut même
penser qu’une fois que la contamination a créé des foyers importants de
personnes à fortes charges virales, le confinement des personnes âgées et des
familles à résidence a eu un effet amplificateur. Le confinement et le port du
masque n’ont sans doute que des effets négatifs lorsque la contamination est
fortement installée sur une population non immunisée. J’en reviens au travail
des pompiers qui doivent déployer des moyens d’autant plus énormes de lutte
contre la propagation de l’incendie qu’ils arrivent tard après son début. Après
l’extinction de la propagation du feu de forêts, il reste de nombreux foyers de
résurgence qu’il faut détecter et traiter mais la situation est alors facilement
maîtrisable. L’Espagne est simplement entrée dans cette phase de lutte.
Le
Portugal
Situé
à l’extrême ouest de l’Europe, le Portugal a une seule frontière terrestre et
c’est avec l’Espagne 4 fois et demie plus peuplée que lui. Mais le Portugal
atteint aujourd’hui un niveau de décès de 171 décès/million d’habitants, niveau
plus de 3,5 fois moindre que celui de l’Espagne à 611. C’est une différence
énorme sur le bilan sanitaire de ces deux pays voisins ayant apparemment
appliqué la même stratégie de confinement à résidence généralisé à l’ensemble
du territoire. La valeur du PIB portugais au 2ème trimestre n’est
pas encore publiée, mais pour le 1er le Portugal affiche une
décroissance de -7,4% environ 30% plus faible que pour l’Espagne à
-10,3%. Alors qu’est-ce qui différencie ces deux pays voisins dans l’épidémie
du COVID-19 ? Les portugais seraient-il génétiquement plus résistants
puisqu’on nous prépare un vaccin touchant à l’ARN messager ?
Soyons
sérieux et restons dans ce que nous pouvons observer simplement. Le Portugal n’aurait
constaté un 1er cas que le 2 mars, soit 1 mois après l’Espagne et
son 1er décès le 17 mars, soit 16 jours après l’Espagne. Ses décès
ont atteint le niveau de 1 décès/million d’habitants le 21 mars soit 11 jours
après l’Espagne. On note que le Portugal a bénéficié d’un délai supplémentaire d’un
mois pour se préparer à la lutte, mais que la vitesse de propagation de départ
a été plus rapide que celle de l’Espagne. C’est une différence notable qui a permis
de mieux préparer les hôpitaux et les services d’urgence et de réanimation. Les
services d’urgence sont moins débordés et les réanimations créent moins de
décès. Mais une autre raison est l’implication immédiate des médecins
généralistes puisque 80% à 85% des cas diagnostiqués n’ont pas besoin d’être hospitalisés.
L’état d’urgence a été déclaré le 18 mars et seulement 5 jours après l’Espagne. Mais cette action arrive le lendemain du constat du 1er décès alors que l’Espagne a attendu 12 jours pour le faire. Le jour de cette déclaration de l’état d’urgence le Portugal n’avait qu’un décès alors que l’Espagne le 13 mars, jour de cette déclaration, en était à 133 décès soit plus de 4 décès/million d’habitants. Le pic de l’épidémie a été atteint le dernier jour de mars tant sur les cas que sur les décès soit une vitesse de propagation croissante sur le seul mois de mars. Le nombre de cas diminue ensuite jusqu’à mi-mai et le nombre de décès jusqu’à mi-juin. Ceci confirme l’importance de la rapidité de réaction du Portugal par rapport à sa voisine espagnole. On peut ajouter une information gouvernementale massive sur la nécessité d’une autodiscipline de distanciation physique qui a porté ses fruits avant qu’elle soit imposée lors du premier relâchement. Cette confiance dans le comportement civique a été un facteur important durant les 25 premiers jours de la propagation qui a différencié le Portugal de sa voisine. D’autres mesures ont été prises comme la régularisation provisoire des papiers des migrants pour leur permettre l’accès gratuit aux soins.
Le
résultat sanitaire du Portugal peut tenir aussi au fait que le gouvernement a officialisé
le traitement par le protocole du Pr Raoult à l’hydroxycholoroquine. D’ailleurs
le taux de létalité est de 3,31% le 12 août au lieu de 8,48% en Espagne
! On pourrait donc conclure que grâce à une politique de confinement à
résidence généralisée, le Portugal a un résultat bien meilleur que l’Espagne. Mais,
par rapport à sa voisine espagnole qui a aussi confiné, les raisons explicatives
qui peuvent être notées sont une prise de décision plus rapide, donnant une
préparation des hôpitaux, une participation immédiate active des médecins
généraux servant de premier tri, le choix d’une sollicitation initiale de la
responsabilité civique et un protocole de traitement différent et performant.
On
note aussi une meilleure préparation d’un déconfinement pourtant précoce mais
étalé et qui s’avère performant. Trois phases ont été prévues sur trois dates
dès le 20 avril, les 4 mai, 18 mai et le 1er juin. Le 4 mai : ouverture des
transports en commun au 2/3 de capacité avec port de masques, ouverture des
commerces de proximité de moins de 200m2 et de services, des librairies, des
garages, des bibliothèques, autorisation de la pratique des sports individuels
mais interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes. L’accessibilité
des plages est ouverte à la pratique du sport individuel. Le 18 mai : ouverture
des magasins jusqu’à 400m2 ou sur autorisation municipale, ouverture des cafés,
restaurants, pâtisseries à 50% et des terrasses, ouverture des musées et autres
lieux de visite culturelle, autorisation des compétitions de football de ligue
1 à partir du 30 mai. Le 1er juin : ouverture de tous les commerces, des
cinémas, spectacles, théâtres, auditoriums à capacité réduite par la
distanciation. On note la primauté donnée à la distanciation physique par
rapport au masque depuis le début de la lutte contre le virus. Cela
contraste avec les aller-retours de la stratégie improvisée avec retours en arrière
imposée en France.
Alors
cette ouverture précoce de la liberté de circulation, d’aération et d’approvisionnement
pourrait trouver un bémol dans le rebondissement des cas dès le 4 mai mais elle
s’explique en grande partie par la mise en place d’une politique de tests plus généralisée
et s’amplifiant jusqu’au 12 juillet. Mais le rebondissement des décès ne débute
que le 18 juin et s’amplifie jusqu’au 10 juillet donc sur près d’un mois. Il témoigne
de la propagation du virus due à la levée du confinement car ce rebondissement s’atténue
ensuite. Il ne ressemble en rien à une nouvelle vague de résurgence d’activité
du virus. Il est la conséquence de l’ouverture précoce du déconfinement ce qui peut
être un argument pour justifier une prolongation tardive.
C’est
pourtant plutôt l’inverse si l’on considère que le confinement généralisé à
résidence non ciblé sur les contaminants est un facteur d’aggravation de la
propagation. Il ne peut alors se justifier que pour retarder la propagation le
temps de permettre aux hôpitaux de faire face dans les zones de propagation seulement
et donc dans un confinement localisé à ces zones. En desserrant le
confinement très tôt, dès la maîtrise des hospitalisations constatée, le Portugal
a permis de remettre l’économie du pays en marche progressive en consentant un
léger rebond deux mois ½ plus tard, rebond facilement maîtrisable. Le résultat
final du Portugal montre que sa stratégie s’est avérée payante avec une
paralysie totale de l’économie limitée au mois de mars, et un nombre de décès à
peine comparable à celui d’une petite grippe saisonnière. Avec 3,6 fois
moins de décès que sa voisine espagnole, et 2,7 fois moins que la France, le Portugal
donne une leçon de stratégie sanitaire et économique à ces deux pays.
Il
est temps de comparer les deux grands pays européens voisins, l’Allemagne et la
France et de s’interroger sur les résultats comparables en décès/habitants de l’Italie
et de la Suède avec des stratégies sanitaires totalement différentes. Ce sera l’objet
du prochain article.
Si
le virus ne connait pas de frontières, la lutte contre lui oui.
La
lutte contre lui demande une réaction précoce
Copiée
sur celle des pompiers sur l’incendie.
On
protège les alentours du sinistre
On
attaque très tôt le foyer
On
traite les résurgences
Pour
éviter un redépart.
Bravo
le Portugal.
Claude
Trouvé
14/08/20
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