Il
est de plus en plus évident que la gestion de cette crise épidémique, que l’on
ne peut pas affubler du nom de pandémie tant son impact est ciblé sur les pays
voisins de la France, hors l’Allemagne, et les Etats-Unis, n’est catastrophique
que dans un petit nombre de pays dont le nôtre. Nous avions pourtant dès le
départ les meilleures chances d’y faire face. Nous participons financièrement à
l’Institut de virologie de Wuhan parce que c’est une référence dans le monde
par ses moyens et la qualité de ses chercheurs. Nous étions parmi les pays les
mieux placés pour connaître la dangerosité de ce nouveau virus, et son génome.
Mais le centre de l’épidémie étant aussi à Wuhan, nous pouvions avoir les
toutes premières informations sur le développement de la maladie, et les
résultats des essais de traitement. De plus notre ambassade ne pouvait rien
ignorer. Il est de plus en plus clair que les autorités sanitaires françaises
et probablement gouvernementales étaient au courant d’un risque de pandémie en
décembre dernier.
Le
manque de réaction de Macron, à part une mise au rebut d’un stock de masques
dits périmés sans faire des tests sur les lots pour savoir si certains ne
pouvaient pas être utilisés au-delà de la date de péremption, est la première
cause de la propagation du virus et de l’engorgement des services de santé. Le
pouvoir savait que les chinois avaient testé à tout-va la population en
particulier les symptomatiques, et les personnes ayant été en contact. Il
savait donc 4 choses essentielles à partir de l’information scientifique que le
virus n’était pas très dangereux mais plus contaminant.
- Le confinement n’a de sens que s’il était appliqué immédiatement autour des foyers d’infection dès leur apparition et associé au dépistage
- Le dépistage est le premier moyen de lutte contre la propagation et le soin des malades.
- Le masque n’est qu’une protection supplémentaire par rapport à la distanciation physique
- La fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres, est une précaution permettant de limiter la création de nouveaux foyers de propagation. Il en est de même pour les longs déplacements à l’intérieur du pays.
Ce
sont ces constats, finalement de bon sens, qui ont guidé ou non les décisions
des différents pays. De nombreux pays ont étendu la notion de confinement des
symptomatiques à un confinement à résidence sur l’ensemble du territoire en
laissant la durée à son libre choix. Le port du masque obligatoire ne s’est pas
imposé facilement, soit faute de moyens comme en France, soit par respect des
libertés individuelles comme aux Pays-Bas, en Suisse et en Suède. La France
s’est singularisée en n’offrant que tardivement des masques protecteurs du personnel
et des patients, et de nombreux décès de soignants auraient pu être évités. La
fermeture des frontières a été assez générale sauf pour la Suède, les Pays-Bas
et seulement partiellement en Allemagne.
On a
donc un panel de pays ayant opté pour des stratégies totalement ou
partiellement différentes. Il va en être de même pour le déconfinement et les
résultats obtenus. Force est de constater que la France fait partie des pays
ayant fait les plus mauvais choix au fil du temps, avec un départ
catastrophique par manque de moyens, et une persistance dans l’erreur qui
continue avec le déconfinement sur un peuple paniqué qui ne sait plus qui
écouter. La justification des dernières mesures de déconfinement progressif,
sauf la date du 11 mai, sont toutes sujettes à évolution autoritaire et
s’appuie sur des contradictions flagrantes. On ne peut pas justifier le retour
des enfants à l’école sur le prétexte de la lassitude des parents dans le
gardiennage de leur progéniture alors que les mesures de protection demandées
aux écoles laissent penser que le danger existe. On ne peut plus alors
justifier que l’on mette en danger les enfants pour que les parents puissent
aller travailler. En réalité la France est arrivée dans une catastrophe
économique bien plus grave que les décès, en nombre désormais limité, affectés
au COVID-19. Avec deux poids, deux mesures le confinement perd tout son sens,
et ne doit plus être lié qu’à la surcharge des moyens hospitaliers. On pourrait
très bien imaginer d’ailleurs le transfert des malades dans les nombreuses
régions où ils ne sont pas débordés.
Pour
terminer, et couper court aux prévisions alarmistes que certains se permettent
de lancer dès à présent sur l’explosion des morts dus au déconfinement, je vais
commenter l’évolution des décès de 10 différents pays, représentée ci-dessus et
ayant des stratégies diversifiées à savoir : Belgique, Espagne, Italie,
Royaume-Uni, et France, pour le confinement à résidence de la population, Suède,
Pays-Bas pour une stratégie à base de responsabilité individuelle et
d’acceptation de l’immunisation collective, Suisse pour un confinement allégé,
Allemagne pour un confinement allégé et une fermeture partielle des frontières,
et enfin Grèce le pays ayant obtenu le meilleur résultat mais au prix d’un
arrêt économique. On voit que les pays qui ont dé-confiné ne présentent pas pour
l’instant une augmentation des décès visible. Le décrochage de la Belgique est
certainement dû à un réajustement des statistiques de décès comme l’on fait la
France et le Royaume-Uni auparavant. La Suisse en particulier dé-confine depuis
le 27 avril sans rebond à ce jour. Attendons évidemment un peu pour conclure car
la mise en place de tests plus systématiques va évidemment faire monter le
nombre de cas. Mais 97% d’entre eux ne seront pas hospitalisés. On va assister
à une immunisation collective rapide dans les zones vertes et ralentie dans les
zones rouges.
Enfin on doit se poser la question de la
différence de résultats entre les pays voisins de la France, Allemagne exclue.
Le graphique ci-joint teste l’hypothèse d’une influence importante de la
densité de population dans une politique de confinement à résidence
autoritaire, considéré comme très contaminant dans les milieux fermés et
surpeuplés comme les foyers. On constate que sur 6 pays voisins, cela apparaît
comme un paramètre explicatif primordial contenant plus de 50% des écarts entre
les pays. On ne manquera pas de m’opposer la faiblesse de l’échantillon mais
ceci s’avère néanmoins non lié au hasard. On peut même dire qu’une différence positive
de 10 habitants au km2 induit une probabilité de 10 décès/million supplémentaire.
C’est sans doute une grande partie de l’explication du très mauvais résultat de
la Belgique.
J’ai
constaté aussi que cette règle ne s’applique qu’à des Etats ayant mené des
politiques de confinement strict proches de celle de la France et de l’Italie.
C’est donc bien ce confinement qui s’avère un facteur d’autant plus aggravant
que la densité de population est élevée. D’ailleurs une démonstration en est
faite par les Pays-Bas qui n’ont pas confiné à domicile et qui ont un nombre
de décès/million 2,5 fois inférieur à la Belgique malgré une densité de
population supérieure de 33%. Il s’avère de plus en plus clairement que le
confinement strict augmente le nombre de contaminations et de décès, c’est un
agent de propagation rapide de la contamination qui a aussi pour effet de
déborder rapidement les systèmes de santé. Ceci n’enlève rien au confinement
ciblé sur les symptomatiques exécuté dès le départ d’un foyer, le tri et le
traitement. Les Pays-Bas et la Suède auraient sans doute pu avoir encore de
meilleurs résultats en appliquant cette politique d’intervention et d’isolement
rapide, et cela sans détruire leur économie.
La
France et ses grands voisins, hors l’Allemagne, va payer un tribut économique
et social d’une ampleur inédite, ampleur qu’elle continue à creuser en
pratiquant un déconfinement à rallonge, anxiogène, demandant des efforts
supplémentaires à sa population dont la plupart sont inutiles et coûteux comme dans
la pratique des transports, dont de nombreux pays rouvrent à leur population
avec le port d’un masque en faisant appel pour certains à la seule responsabilité
civique. La réouverture des écoles est aussi ubuesque jusqu’au mélange dans
certaines écoles des enfants de professionnels de santé qui sont restés à
l’école et des enfants restés dans leur foyer. On perçoit jusqu’à quel niveau
de bêtise conduit le principe de précaution pour un virus, finalement pas
plus dangereux que l’influenza saisonnier dans les pays qui n’ont pas confiné à
résidence.
Le
pire est devant nous, c’est la perte probable de 15 à 20% de la richesse de la
France en 2020 et une crise sociale de grande ampleur avec un appauvrissement
de 95% de la population à venir. Les 300 milliards de dettes ne pourront rester
en suspens et notre capacité à produire ne se relèvera pas totalement avant
2022. L’Allemagne déjà suspicieuse de la gestion publique des pays du Sud s’en
sort encore une fois beaucoup mieux qu’eux. Elle va donc être de plus en plus
réticente à l’augmentation de nos dettes jusqu’à peut-être nous rejeter dans un
cartel de pays du club Med. « L'Allemagne accélère son déconfinement.
Le pays compte ce samedi 9 mai 170.588 cas recensés pour 7.510 décès (+118).
Toutes les écoles, les primaires et les jardins d'enfants vont pouvoir rouvrir
sous conditions à partir de la semaine prochaine. C'était déjà le cas pour le
secondaire. Pour les universités, la décision est laissée aux différents Etats
régionaux. Tous les magasins vont pouvoir rouvrir, même ceux de plus de 800
mètres carrés, fermés jusque-là. Pour les bars, cafés et restaurants et hôtels,
c'est aux Etats régionaux d'en prendre la décision. Les matches de foot en 1ère
et 2e division vont pouvoir reprendre courant mai. » Macron enferme la
France dans la peur du lendemain.
Ce
n’est pas le rebond dû au déconfinement qui m’inquiète
Ce
sont les chaînes que l’on continue à mettre aux pieds
D’un
pays inutilement traumatisé, inquiet et désabusé
Parce
qu’on l’infantilise en lui cachant la vérité
De
la double peine qu’on lui inflige encore.
On
lui distille l’anxiété pour le rendre
Incapable
de pendre les fautifs
Avant
de lui faire les poches.
Claude
Trouvé
10/05/20