mercredi 12 juin 2019

Les histoires politiques façonnent leur Histoire… pas la vraie !


Les commémorations du débarquement en Normandie permettent de jeter un œil critique sur cet évènement dont l’aspect mémoriel n’est pas inutile pour les jeunes générations mais devrait les conduire au-delà du côté émotionnel d’une grande date de notre histoire et des millions de vies fauchées souvent dans leur jeunesse. Mais aujourd’hui la communication politique leur raconte une histoire, comme leur mère le soir leur lisait « la chèvre de Monsieur Seguin » d’une voix douce tout près de l’oreiller.  Elle diffuse son Histoire, et souvent celle d’une berceuse verbale susurrée en somnifère irrésistible. L’histoire du « Jour J », devenu subrepticement le D-Day, est une comédie à grand spectacle à la gloire des Etats-Unis, où ce pays a sauvé la planète et nous fait pleurer sur les milliers de soldats américains morts pour cette tâche, et sur une cruelle et immense tache de sang. Les quelques vivants décorés nous faisaient penser à tous les autres que leur motivation avait poussé au sacrifice ultime. Pour qui et pourquoi cette motivation leur avait-elle été inculquée ? La réponse du « pour battre les allemands » en appelle une autre « Pourquoi en tant qu’américain dois-je aller mourir en France ? » La réponse « Parce que l’Allemagne peut menacer les Etats-Unis » a justifié une incursion dans un pays occupé ami et a le plus souvent contenté le GI devenu chair à canons. Mais la motivation du GI présentée sur la scène était-elle celle des intentions cachées de ses chefs ? Cette question ne devait pas hanter le cerveau du GI, il en deviendrait inopérant.

C’est seulement lorsque l’enfant ne croit plus au Père Noël, qu’il fait son entrée dans la vie réelle. Il doit alors ouvrir les yeux sur un monde beaucoup plus brutal semé d’embûches, de nouveaux mensonges, de traîtrises, de désinformation, de manipulation. Il lui faudra faire la part entre le bonheur individuel et collectif, entre le plaisir de l’instant et celui d’une vie réussie. Il lui faudra regarder attentivement l’envers du décor, et en matière politique la réalité se cache derrière le bluff, le mensonge, la désinformation et derrière des histoires construites ou présentées pour les besoins de la cause des acteurs jouant sur le devant de la scène. Sur le devant de la scène de ce 6 juin les Etats-Unis ont délivré la France, c’est l’histoire officielle française. Dans les coulisses l’Histoire sait que c’est l’URSS qui a mis l’Allemagne à genoux avec des pertes humaines 200 fois supérieures à celles des alliés, et que la lutte entre les Etats-Unis et l’URSS était déjà commencée. Sur la scène on a mis le petit vainqueur et la vaincue, tandis que le grand vainqueur est resté dans les coulisses. La petite histoire était en pleine lumière, mais l’Histoire est restée muette pour continuer sans relâche à construire une autre histoire de l’Histoire. 

La démocratie ne sert à rien, si elle ne sert qu’à rendre un peuple moutonnier et dont l’intérêt est détourné sur des appétences autres que celles nécessaires à sa survie. Pourquoi la Rome antique n’était-elle pas un modèle de démocratie ? Parce que l’on avait développé chez les Romains le goût du cirque et des jeux souvent barbares et avilissants propres à développer les plus mauvais penchants de la nature humaine. Le spectacle offert ce 6 juin et le spectacle d’ensemble, que la France montre au monde et à son peuple, sont de nature à nous demander si nous ne sommes pas au temps où l’Empire Romain commençait un cycle de décadence généralisée touchant la tête du pouvoir mais aussi de ce grand peuple, trop grand sans doute pour l’époque. Cette image de décadence ne fait pas recette dans l’histoire romaine mais elle est tout autant véritable et intéressante que la période des grands consuls mutés en empereurs. Sautons deux millénaires et regardons l’Europe d’aujourd’hui et notre pays. L’UE n’est qu’un patchwork commercial sans âme collective mais vendue aux Etats-Unis et à une oligarchie financière qui la modèlent à leur guise et pour leurs intérêts. Chacun y fait son marché avec 10 monnaies différentes, et 24 langues. Même son identité chrétienne, mise un moment dans le projet de Constitution Européenne a été retirée, et le ciment d’un peuple européen ne prend toujours pas. C’est même à une résurgence des clivages historiques que l’on assiste. 

Ceci me fait penser à la chute de l’URSS où le communisme avait exclu la pratique de la religion orthodoxe, mais, dès la renaissance de la Russie, celle-ci avait de nouveau ressurgie aussi fervente. L’histoire du carcan de l’UE va vivre la même histoire avec le désir de souveraineté des peuples qui renaît comme le Phénix. La petite histoire écrite et récrite est celle de la course vers le fédéralisme et l’éclatement des nations, ouvertement affichée pour le fédéralisme, et subrepticement encouragée pour l’éclatement des nations. Les régions à vocation transfrontalière comme l’Alsace ou les grandes régions du Sud proches de l’Espagne, la Corse et la péninsule bretonne vivent l’émergence d’un courant régionaliste que l’Etat crée ouvertement pour l’Alsace européenne, ou secrètement en fermant les yeux et en se bouchant les oreilles pour les autres, Corse en tête. L’euro est à l’agonie, et sous perfusion de la BCE. La BCE maintient 6 mois de plus les taux bas des emprunts des banques centrales, donnant un souffle indispensable à l’économie mais creusant un peu plus la dette et dénaturant la nécessité de donner une valeur au gain de temps de remboursement que permet le prêt, conséquence dont les banques sont victimes. Pour survivre celles-ci se lancent dans des opérations spéculatives sur des montants de plus en plus importants et de plus en plus risquées. La menace sur l’euro se traduit par un transfert d’argent vers le pays le plus solide, et une accumulation de créances, irrecouvrables pour une bonne part, à la Deutch Bank atteignant les 1000 milliards. Le résultat est déjà là puisque cette banque vient de perdre 95% de la valeur de ses actions.
Mais le réchauffement climatique a aussi sa petite histoire, que l’on apprend même dans les livres scolaires pour enfants. Par la puissance de l’image on frappe leurs esprits par la montée des mers, la fonte des glaces, la sécheresse déjà en marche (si je puis dire). Le « chapîtrage » de l’enfance se perpétue par leurs aînés depuis près de quarante ans et donne récemment une génération sûre d’être investie d’une mission presque divine de sauvetage de la planète.  L’interprétation politique du groupe scientifique du GIEC dénature les conclusions de celui-ci et sert de propagation à un consensus scientifique qui est loin d’être acquis. Les pieds dans le plat de Trump sur ce sujet sont mis sur le compte d’un dirigeant irresponsable et nourrit la vaillance d’un Macron autopromu chef des sauveteurs. La jeunesse encouragée peut s’emparer de la rue sans crainte de représailles policières pour chanter ensemble un hymne à la Terre nourricière. 
Tout être pensant est sommé de s’en tenir à la petite histoire du climat concoctée pour lui, même si le GIEC lui-même ne cesse de baisser ses prévisions depuis 2010 et que Jean Jouzel, le porte-parole de la Vérité, ne cesse d’aggraver le catastrophisme au fur et à mesure pour étouffer toute voix discordante. Un article d’un chimiste éminent de l’Université de l’Alabama, professeur et chercheur sur la qualité des mesures de température du globe a écrit un article sur l’importance de la variabilité naturelle des températures globales qui met en doute celle due à l’émission anthropique de carbone. Son article a été supprimé d’une revue chimique professionnelle et n’a dû d’être remise que par une lettre publique de 25 de ses collègues outrés à la direction de la revue. Je sais que la publication de ce relevé mensuel ci-contre sur une année glissante des températures satellitaires de la NOAA et des prévisions successives du GIEC, incontestables sauf à dire que les mesures sont fausses, ne sera pas livré à l’information du public. Il est trop parlant sur l’incertitude qui règne dans ce domaine. On ne dira pas non plus que les dernières prévisions du GIEC de 2018 donnent un réchauffement entre 1°C et 6°C en 2100 avec 1 chance sur 2 de se tromper. Le fait de taper au milieu et d’annoncer +3,5°C n’arrange en rien la certitude.  Pour les statisticiens une telle plage d’incertitude et une telle probabilité signifient tout simplement que l’on ne peut en tirer aucune conclusion. Cela d’autant plus que les mesures de température ont montré que les prévisions du GIEC de 2010 et 2015 ne sont pas validées. Mais la petite histoire continue à vivre grâce à une propagande continuelle dans une incertitude scientifique avouée par le GIEC mais dénaturée par ceux qui en publient les soi-disant résultats pour leurs intérêts politiques et financiers. Pourtant pour la science la température en 2100 reste une inconnue et personne ne sait expliquer pourquoi la carbonisation commencée au début de l’ère industrielle ne s’est manifestée que depuis 1978 où la température était la même qu’en 1880, année de référence, pour donner +0,8°C début 2019.

Mais les petites histoires s’appuient en plus sur des arguments à géométrie variable. Un catastrophisme largement diffusé concerne l’épuisement des ressources naturelles en particulier du sous-sol, pétrole en tête. On argumente pour dénigrer la production nucléaire d’énergie que l’uranium est en voie d’épuisement. C’est une affirmation totalement gratuite parce que les ressources exploitées actuellement sont suffisantes pour un demi-siècle, parce que les ressources connues sont beaucoup plus importantes et très réparties sur le globe, parce que l’on a cessé de faire de la prospection étant donné le faible prix actuel du kg d’uranium. A contrario on développe des énergies renouvelables et des batteries pour véhicules électriques qui sont très consommatrices de terres rares, dont les gisements sont peu nombreux sur le globe et situés principalement et exploités en Chine avec plus de 80% de la production. Non seulement on épuise une ressource indispensable à l’industrie actuelle mais on se met de plus en plus en état de dépendance vis-à-vis de la Chine. Celle-ci d’ailleurs ne manque pas de brandir cette arme face aux Etats-Unis en refusant de leur en vendre en cas de désaccord économique grave. La Chine tient une arme dissuasive qui peut même paralyser les armées du monde. On continue cependant la petite histoire du sauvetage de la planète avec les énergies renouvelables et les véhicules électriques. Quant à la fin proche du pétrole, les prévisions des pétroliers en 1958 n’allaient pas au-delà de 20 ans, et aujourd’hui Trump met tout son poids pour vendre son gaz de schiste aux pays de l’Est européen car les USA sont autosuffisants. La vision catastrophique des espèces où l’on ne publie que des chiffres de disparition en valeur absolue ou en pourcentage ne peuvent que représenter l’espace d’investigation accessible aux mesures et doit être complété par des chiffres de création de nouvelles espèces et par ceux du nombre d’espèces existantes connues. Evidemment certains de ces chiffres ne peuvent être donnés car ils ne sont pas bâtis sur des mesures exactes mais sur des approximations en particulier sur le nombre exact vivant sur terre en surface et dans le sous-sol aussi bien que dans les mers et les océans. Ce ne sont pas les chiffres des chercheurs qui sont en cause, c’est l’interprétation que l’on en fait pour des raisons qui n’ont plus rien de scientifiques. On bâtit une petite histoire que personne d’entre nous ne peut contester puisque c’est la science qui est censée avoir parlé. 

Terminons là ces propos sur les petites histoires qui rendent aveugles la plupart d’entre nous dans un contexte de manipulation incessante qui nous fait prendre les vessies pour des lanternes. Je prends un dernier exemple avec la saillie verbale de Macron à Genève sur « les pensants et les subissants » dans un hypocrite mea culpa. Ces mots font la une des réseaux sociaux dans un concert de protestations sur le sens avilissant des subissants. On comprend la colère de bon nombre d’entre nous, mais en fait nous sommes probablement victime de notre aveuglement. Macron doit à tout prix détourner l’attention du peuple sur la situation peu glorieuse de l’économie française et sur les mesures d’austérité qu’il va imposer. Dans ce but ces mots prennent un autre sens, si l’on considère que Macron n’a aucunement besoin de flatter son peuple, car il a le pouvoir et une Assemblée avec un parti majoritaire, il a seulement besoin de flatter les maires, et il l’a fait avec le grand débat national, en vue des municipales, des régionales et de la présidentielle. Les rats quittent le navire de LR, la gauche est à terre. Mais les nouvelles directives européennes sont arrivées sur son bureau le 5 juin. Bruxelles ne va pas déclencher une procédure pour manquement au rapprochement du déficit public vers le 3% du PIB, mais décerne un avertissement de sanction en 2020 si le budget n’est pas conforme à l’objectif d’une diminution de 0,6% du déficit/PIB. On lance donc une phrase choc pour nous occuper et on prépare une petite histoire pour le peuple qui doit croire que les mesures prévues sur le chômage et les retraites sont pour son bien. Dormez bonnes gens, on s’occupe de tout !
 
L’Histoire a déjà du mal à être racontée par les historiens.

 Les politiques l’ont compris et bâtissent leurs histoire

Au gré de leurs besoins politiques et géopolitiques. 

Le peuple soumis doit avoir peur ou bien rêver.

L’Histoire ne peut rien inventer pour eux. 

Alors les politiciens la créent toujours

Pour les effrayer ou les endormir !

Claude Trouvé 
12/06/19

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