mardi 20 août 2019

+0,2% de croissance au 2ème trimestre… par la dette


Le gouvernement pavoise et France-Info ne se prive pas de montrer l’Allemagne au bord de la récession, l’Italie qui en sort à peine et le Royaume-Uni déjà puni de ses velléités de sortie. Il ajoute à cela que le taux de chômage au 2ème trimestre 2019 est tombé à 8,3% alors qu’il était à 8,4% il y a un an. C’est en tout cas le message que le gouvernement veut faire passer dans le peuple et lui laisser l’impression que tout va pour le mieux et qu’il faut continuer dans la voie de l’austérité qui s’avère « payante ». Qu’en est-il réellement ? Pour ce qui est du chômage, il faut redire que le taux est le résultat d’une enquête aux mains de l’INSEE. En revanche le nombre de demandeurs d’emploi est un nombre calculé et mis en avant pour la catégorie A. En dehors du fait que des glissements sont possibles d’une catégorie à l’autre, le chiffre de l’ensemble des catégories est moins sujet à caution, mis à part le fait des campagnes d’épuration du fichier pour des raisons plus ou moins valables.

Alors prenons les dernières informations d’Eurostat publiées le 16 août 2019 sur la croissance. Le graphique ci-dessus peut être complété par la croissance d’autres pays et par une croissance trimestrielle moyenne sur une année glissante. Les résultats sont beaucoup moins flatteurs puisque la France n’arrive qu’en 3ème position pour la croissance du 2ème trimestre 2019 derrière la Roumanie et la Lituanie, et en 7ème position pour la croissance sur un an sur les 12 entités représentées. Elle est à égalité avec l’Autriche et devancée par la Lituanie, la Roumanie, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suède, mais, à égalité avec l’UE, elle fait mieux que la Zone euro. Le satisfecit vient de la progression du 2ème trimestre qui permet de faire mieux que l’UE et la Zone euro. La zone euro est pénalisée par la contre-performance allemande qui se confirme avec une croissance annuelle pratiquement nulle et une décroissance au 2ème trimestre 2019. La stagnation de l’Italie est cependant largement compensée par la croissance espagnole que le gouvernement a omis de citer dans sa propagande. Pour l’UE la décroissance marquée du 2ème trimestre 2019, qui laisse néanmoins une croissance annuelle positive presque égale à la France, est à prendre avec précaution. En effet la Livre a chuté de 4% entre le 1er avril et le 30 juin 2019 et le coefficient de change de conversion du PIB de Livre en euros ne reflète pas forcément la réalité de l’évolution du PIB.


La variation du PIB est une chose mais l’enrichissement d’une nation est mieux représenté par le PIB/habitant. Le graphique ci-contre représente le PIB/habitant pour les deux mêmes variations du PIB, sur le 2ème trimestre 2019 et sur la variation trimestrielle moyenne sur un an glissant s’arrêtant aux 1ers trimestres 2018 et 2019 inclus. Le constat est beaucoup moins satisfaisant que précédemment. Sur un an la France arrive 6ème/12 avec un résultat de 90% inférieur à celui des Pays-Bas et de 30% à 45% inférieur à la Suède, l’Espagne, l’Autriche et la Suède et en 7ème position pour le 2ème trimestre 2019 derrière la Lituanie. On doit cependant noter que le résultat de la France est 3 fois supérieur à l’Allemagne sur un an avec un gain de 104 euros et 37 pour l’Allemagne. On note, qu’en dehors de la contre-performance du 2ème trimestre 2019, le Royaume-Uni avait réalisé une performance proche de la France entre les années glissantes 2018 et 2019. Ceci vient nuancer le jugement porté par le gouvernement français qui souhaite le malheur à ce pays pour sa décision du Brexit. La performance de l’Espagne est spectaculaire et méritera que l’on essaie d’en comprendre les raisons. Après cette analyse de la croissance française on doit nuancer le cocorico français qui est dû en grande partie à l’échec allemand, échec qui ne sera pas sans conséquence sur la future croissance française.


Le second cocorico du gouvernement français s’est porté sur le bon score du chômage au 2ème trimestre 2019 avec 8,3%. Cette fois le cocorico ressemble plutôt à un couac de la politique gouvernementale française donc de Macron. Si en effet le chômage diminue en pourcentage si l’on représente la diminution des chômeurs au 2ème trimestre 2019 et sur la période du quinquennat des 2 ans précédents, on obtient des pourcentages de variation fort désobligeants pour notre pays. La France se place comme le 3ème plus mauvais élève derrière la Suède et le Luxembourg pour les deux ans écoulés.  La bonne performance du 2ème trimestre ne la place qu’en 7ème position des meilleures performances à égalité avec l’Allemagne et derrière la Croatie, le Danemark, les Etats-Unis, la Lituanie, les Pays-Bas et la Slovénie, ne peut effacer pour l’instant la mauvaise performance annuelle. En revanche celle de l’Allemagne est remarquable dans un climat de croissance très faible voire négative. Si la diminution des chômeurs français est un peu plus importante que celle de la Zone euro au 2ème trimestre, la diminution annuelle est 60% inférieure. On ne peut pas dire que la France a joué à fond jusqu’à présent une politique de diminution du chômage car elle n’a même pas profité pleinement de la baisse générale depuis 2 ans. 


La croissance s’obtient de trois manières, le solde positif du commerce extérieur lié à la compétitivité et à la monnaie, la diminution des dépenses de l’administration publique, l’augmentation de la dette. La politique de distribution d’argent de Monopoly par les banques centrales des grandes entités financières, BCE, Fed, Banques d’Angleterre et du Japon, poussent les chefs d’Etat à développer une politique d’aide à l’économie sans agir vraiment sur les dépenses de fonctionnement. Nous allons regarder le lien entre la dette et la croissance dans les pays européens. D’abord il faut noter que la dette française figure en 6ème place sur ce graphique mais loin derrière la Grèce, Chypre, Italie, Belgique, et Portugal qui ont passé la barre des 100% du PIB. Mais la barre des 60% imposée par les traités est dépassée par plus de la moitié des pays représentés ici. La France dépasse nettement la Zone euro et l’UE, ce qui montre que sa politique est orientée vers la dépense publique de longue date. Les dettes les plus basses sont celles des pays du Nord et de l’Est qui sont pour la plupart des pays non-contributeurs au budget de l’UE, donc subventionnés par les autres. 


Comme pour le PIB l’important est la charge de la dette qui pèse potentiellement sur les habitants du pays. On constate alors que la situation de la France est cette fois l’une des plus mauvaises avec sa 4ème place sur l’endettement par habitant et une dette de 35246 euros par habitant. C’est plus de 10000 euros de plus que pour un Allemand et plus de 2 ans de salaire au SMIC. On notera que le fardeau est plus lourd que pour un Grec et même un Portugais mais aussi pour la moyenne des habitants de la zone euro. On constate de nouveau que le fardeau le plus léger est celui des pays du Nord et de l’Est hormis le Portugal et Malte. En ce qui concerne le Royaume-Uni, il faut là encore tenir compte des dévaluations successives depuis 2016. A titre d’illustration il est bon de noter que la variation annuelle glissante précédant le 1er trimestre 2019 est donnée plus haut pour 104 euros. Ce qui veut dire qu’à ce train-là il faudra 3 siècles et demi à nos descendants pour éponger la dette française.


Qu’en est-il de la variation de la dette publique ? Le graphique ci-contre montre que les variations sont très importantes et contrastées pour le 2ème trimestre 2019. 19 entités montrent une augmentation de la dette et 7 une diminution. La France n’échappe pas à une augmentation proche de 2% mais elle tient la 8ème place dans l’ampleur de l’augmentation trimestrielle sur un an glissant et la 10ème sur le 2ème trimestre 2019. L’augmentation de sa dette de 43,6 milliards au 1er trimestre et de 62,8 milliards sur l’année glissante. Cet emballement sur le 1er trimestre est peut-être conjoncturel mais le Président de la Cour des Comptes a donné un signal d’alarme sur l’augmentation de la dette, en précisant que si les conditions d’emprunt sont favorables, il ne voyait pas dans quels investissements ces emprunts se concrétisaient. Autrement dit l’Etat dépense essentiellement pour les dépenses de fonctionnement.


Il est également nécessaire de regarder l’évolution de la dette/habitant en euros car en cas de malheur, c’est bien eux qui devront ouvrir leur porte-monnaie. Cette vision de la dette est beaucoup moins favorable à la France qui apparait en 5ème position dans les dettes/habitant les plus lourdes, derrière Chypre, Royaume-Uni, Grèce et Irlande, et en 5ème position aussi pour l’augmentation de la dette au 1er trimestre 2019.Mis à part l’Irlande on note que les pays du Sud sont les plus endettés. Ceci confirme le transfert de richesses opéré par la politique européenne vers les pays de l’Est et du Nord. L’endettement du citoyen français est environ le double de la moyenne des habitants de l’UE et de la Zone euro.

A ce point de l’étude on peut comparer la variation annuelle du PIB/habitant et de la dette/habitant sur l’année glissante jusqu’au 1er trimestre 2019, car la dette pour le 2ème trimestre n’est pas encore publiée. La gain annuel/habitant de PIB en volume est 638 euros, l’endettement/habitant est de 938 euros, soit une perte de richesse nationale de 200 euros ou encore 31%. Autrement dit un français s’endette de 13 euros pour voir le PIB augmenter de 10 euros. On découvre ainsi toute la perversité du Système mondialiste dans lequel nous sommes piégés dans l’UE. Il s’agit d’une immense pompe à fric où l’on fait vivre le peuple à crédit pour permettre un dépouillement qui profite à ceux qui manipulent le Système. En fait le français travaille à perte pour alimenter un énorme marché spéculatif. Evidemment tout ceci aura une fin mais elle s’avèrera tragique et tant que le français sera solvable il paiera de la dette au moment du krach terminal. On voit bien que le chômage n’est pas un souci majeur en dehors de la nécessité d’en faire un outil médiatique pour calmer les craintes des citoyens. Le véritable enjeu est la croissance à tout prix, car les gains de productivité ne sont pas à la hauteur des ambitions de croissance des grands lobbies. La politique d’austérité appliquée aux consommateurs n’a d’intérêt, non pas pour diminuer la dette, mais pour dépenser plus dans des transferts d’argent du peuple vers le monde productif à grande échelle, monde qui n’a pas des yeux énamourés pour la France mais pour le profit, et qui est prêt à licencier et à délocaliser à tour de bras, en camouflant ses profits dans des sociétés écran aboutissant aux paradis fiscaux.

En janvier 2019 le PIB annuel en volume, donc hors inflation, de la France était milliards d’euros. Un an avant en janvier 2018 il était de 2185 milliards soit une augmentation de 31 milliards. La dette en janvier 2018 était de 1939 milliards et de 2020 en janvier 2019, soit une augmentation de 81 milliards. Autrement dit en un an la France s’est appauvrie de 50 milliards. Les 40 milliards du CICE en font-ils partie, si oui, le résultat est négatif de 10 milliards ? Si l’on compte en plus les 10 milliards alloués aux revendications des gilets jaunes, on retrouve les 50 milliards de dette supplémentaires. Ce n’est pas grâce au commerce extérieur que ‘notre PIB augmente puisque le solde de juin est de -5,3 milliards, après un mois de mai à -3,3 milliards d’euros et qui pourrait conduire à un solde négatif d’une cinquante de milliards sur l’année 2019.
La France ne survit qu’à crédit sans investir

Et vend de plus son patrimoine national

Malgré une austérité à la Grecque.

C’est un bateau ivre d’emprunt

Qui oblitère son indépendance

En la livrant aux banquier

Et à une UE de lobbies !

Claude Trouvé
 18/08/19