Comment l’arrêt de Fessenheim affaiblit
la France
Au moment où l’on arrête les
réacteurs nucléaires de Fessenheim, sans crier gare en profitant du fait que
l’opinion est mobilisée par la guerre sur les retraites et médiatisée sur
l’écologie, force est de constater que la politique électoraliste, fait fi de
tout raisonnement logique au nom d’une écologie anti-nucléaire destructrice. La
France peut-elle impunément se passer de 1800 MW de puissance installée soit 1350
MW de puissance disponible en continu compte-tenu des arrêts de
maintenance ? Si oui, alors cela veut dire que les énergies renouvelables
produisent actuellement en discontinu une puissance équivalente en surplus des
besoins de la consommation, puisque l’on peut se passer de ces réacteurs
arrêtés pour raison politique et non technique. L’autorité indépendante de
Sûreté nucléaire, ASN, en charge des accords d’exploitation de nos centrales,
n’a délivré aucun ordre d’arrêt pour raison de vieillissement présentant un
danger pour les populations et l’environnement. Cette centrale avec 2 réacteurs
de 40 ans d’âge est donc exploitable sans danger selon cette autorité qui
demande au fur et à mesure de ses inspections la maintenance en bon état
nécessaire et la mise en œuvre des améliorations apportées par le retour
d’expérience. Ce fut le cas après Tchernobyl et Fukushima. De plus les
centrales de même type et plus anciennes que les nôtres aux Etats-Unis ont vu
leur durée de vie prolongée jusqu’à 60 ans.
Résumons-nous. On arrête
Fessenheim pour des raisons politiques et non scientifiques. On avoue donc que
la France est exportatrice d’électricité puisqu’elle peut se passer du jour au
lendemain d’une puissance électrique disponible de 1350 MW. On n’a même pas le
bon sens d’attendre la montée en production de l’EPR de Flamanville en
2022 ! Cet arrêt de Fessenheim c’est comme si on arrêtait la puissance utile
délivrée en discontinu par 1174 grandes éoliennes terrestres de chacune 5 MW de
puissance installée ! Il représente environ 11 TWh en moins soit près
de la totalité de la production solaire ou 1/3 de la production intermittente et
aléatoire solaire + éolien (EnRia) en 2019. On comprend facilement que la
gageure de Hulot d’arrêter 17 centrales jusqu’en 2030 conduit à multiplier les EnRia
d’un facteur 5,7 ce qui est pratiquement impossible pour des raisons budgétaires
et de temps. Mais on induit les français en erreur en leur faisant croire
que les EnRia ont pour but de diminuer les rejets en CO2. J’ai
déjà eu maintes fois l’occasion de montrer que ce n’est pas vrai, les EnRia
augmentent indirectement les rejets en CO2 quand leur intermittence
demande l’intervention de la production thermique pour répondre à la
consommation.
C’est exactement le cas en Allemagne
où l’industrie électrique allemande arrive à ne pas augmenter les rejets de carbone
en passant de la consommation de charbon à celle de gaz pour diminuer l’impact carbone
de l’augmentation de la production thermique qui suit celle de l’augmentation
de la puissance installée des EnRia. En France, des centrales nucléaires ont
été adaptées à une variation rapide de la production pour diminuer l’appel à l’énergie
thermique. Cette solution minimise les rejets de carbone mais fragilise les
installations nucléaires et diminue leur efficacité énergétique donc leur
production. D’ailleurs celle-ci ne cesse de baisser de 73% en 2016 à 68% en
2019 même compte-tenu des arrêts pour maintenance décennale. C’est ainsi qu’annuellement
1kWh produit par les EnRia qui entraînait 1kWh d’énergie thermique en 2016 n’entraîne
plus que ½ kWh en 2019, ce qui divise par 2 l’impact sur les rejets de carbone dus
indirectement aux EnRia. De plus en 2019 c’est le passage de la consommation de
charbon (-71,9%) à celle de fioul (+26,5%) et de gaz (+23,8%) qui a eu le plus
fort impact sur la baisse générale des rejets carbone évaluée à 6% en 2019. Il
faut noter qu’une partie de la baisse de ceux-ci est due à une baisse de la
production de 1%.
En 2019 la France était donc
exportatrice d’électricité d’une quantité annuelle de 63,7 TWh. Les EnRia
produisent 45,7 TWh, donc la totalité des EnRia est exportée, et il reste encore
un surplus de 18TWh. En 2020 l’arrêt de Fessenheim en février va retrancher
environ 10 TWH de production électrique sur 11,8 de production annuelle. Les EnRia ont une priorité d’exportation car
quand elles arrivent il faut s’en débarrasser, mais la concurrence entre les
nations exportatrices, dont principalement l’Allemagne, aboutissent à un prix
de vent du kWh inférieur au coût de production par les EnRia. Nous exportons donc
en moyenne à perte les EnRia. Autre nouveau problème c’est la prise en compte
des pics de consommation. En 2019 nous avions un surplus de 18 TWH toujours
disponibles eux. Désormais, ce n’est plus que 8 TWh et encore cela comprend l’énergie
hydraulique qui n’est pas toujours disponible. Le recours à l’importation sera donc
plus fréquent, c’est d’ailleurs pourquoi RTE renforce ses réseaux d’échange
avec le Royaume-Uni et l’Italie.
En conclusion cet arrêt
de Fessenheim n’est justifié que par une raison politique à base électoraliste
avant les municipales pour faire un cadeau aux écologistes anti-nucléaires car
fort heureusement ils ne le sont pas tous. Elle conduit inévitablement à une
hausse du coût de l’électricité. Notre facture d’électricité sera donc
doublement augmentée par l’augmentation du prix de revient mais aussi par la
taxe pour les EnRia en constante augmentation comme en Allemagne. Il apparaît également
que la continuation de l’implantation des EnRia ne correspond à aucun besoin d’une
consommation totale en baisse et ne servent en totalité qu’à l’exportation.
Elles ne peuvent même pas nous assurer qu’elles seront disponibles lors des pics
de consommation.
Si l’Allemagne peut arguer que la
diminution de la production thermique est un but compatible avec la
décarbonisation, alors qu’elle représente encore l’essentiel de la production
allemande et beaucoup plus que la production nucléaire, il n’en est pas de même
en France. La production nucléaire française reste moins coûteuse que la
production thermique au charbon et surtout n’émet pas de carbone. Cette politique
n’amène de plus aucun gain d’indépendance puisque nous dépendrons de plus en
plus de la Chine avec ses terres rares indispensables aux éoliennes et aux
panneaux solaires et en passe d’inonder le marché mondial des EnRia avec ses faibles
coûts de main-d’œuvre et ses normes environnementales restreintes. Seul l’argument
injustifié du nombre de morts, non validé par les experts de l’ONU et largement
inférieur à celui de l’industrie chimique, mais néanmoins largement médiatisé, peut
vraiment amener à accepter l’inacceptable économiquement et scientifiquement. On
passe même à côté du but visé de décarbonisation, comme l’Allemagne. On est
devant une manipulation par la peur comme pour le climat.
La France mène une transition énergétique
électrique incompréhensible, inapplicable pour 2030 et inutilement coûteuse,
une politique défiant le bon sens mais promue pour les intérêts de ceux qui s’y
engraissent des milliards qui pleuvent
sur le monde entier.
Mais les actions
autodestructrices ne s’arrêtent pas au nucléaire et je vais laisser une
personnalité bien informée en parler mieux que moi. Lisez ce qu’écrit Loïk Le
Floch-Prigent.
Comment l’écologie est en train d’achever Renault (et
bien d’autres)
« Quelle surprise ! des résultats dans le
rouge, les premiers depuis dix ans. Cela a-t-il quelque chose à voir avec
l’incarcération de Carlos Ghosn fin 2018 ? Tout le monde regarde au plafond pour
finir par dire que les problèmes avaient commencé cette année-là… avec 3,4
milliards de résultats, première contorsion un peu difficile, mais les éléments
de langage sont néanmoins servis, les auditeurs sont des idiots, c’est bien
connu, ils peuvent tout avaler. Mais derrière est annoncée en France la chute
de 3,5 % de la demande de voitures neuves Renault, et on se gratte la tête.
Industrie
automobile française en danger.
La faute à
pas de chance ? Sans aucun doute ! Mais les perspectives 2020 sont mauvaises et
c’est vrai pour l’ensemble de l’industrie automobile… Là on nous prend pour des
imbéciles, il suffirait de relire les articles de Carlos Tavares, l’autre
Carlos, qui souligne depuis des mois la folie des normes européennes et
françaises qui veulent dans un délai court interdire les véhicules thermiques
en Europe et qui ont commencé par jeter l’anathème sur le moteur diesel qui
consomme 20 à 25 % de moins que le moteur à essence.
On punit
Carlos Ghosn, on maltraite le diesel, on édicte des normes et des pénalités qui
laissent pantois et maintenant on va pleurer devant les maigres résultats de
Renault, en particulier en France. On en déduit que l’on va réduire l’emploi
dans l’industrie automobile et on ne s’interdit pas de fermer des sites : « On
n’a aucun tabou et nous n’excluons rien ».
« Voilà
de quoi motiver les troupes !
Un peu
d’histoire récente
Reprenons un
peu d’histoire récente en rappelant quand même que malgré la crise de 2008
Nissan et Renault avaient été redressés tandis que Mitsubishi Motors les
avaient rejoints pour faire de l’Alliance le premier constructeur mondial.
C’était hier.
Avec ses
implantations en Russie, en Roumanie et dans bien d’autres pays Renault était
largement bénéficiaire en y ajoutant la bonne marche de Nissan dont il possédait
43,4 % ! Mais la position de Carlos Ghosn avait été fragilisée en 2015 pour des
raisons que je ne vais pas encore développer, on va dire que je radote, et il
fallait « japoniser » la direction de Nissan qui est rapidement partie à la
dérive. Il fallait trouver rapidement le remède. La justice japonaise a trouvé
la pire solution : incarcérer Carlos Ghosn ; et le gouvernement français
également en l’abandonnant à son triste sort. La sanction est tombée au bout
d’un an pour les uns et pour les autres, 15 milliards de pertes en Bourse et
des résultats dans le rouge pour les deux entreprises.
Mais la leçon
ne suffit pas, il faut encore demander aux entreprises implantées en Europe, et
donc à Renault et Nissan d’effectuer dans les délais les plus brefs possibles,
une réduction drastique des émissions de CO2, 95 grammes de gaz carbonique par
kilomètre et par véhicule vendu à partir de janvier 2020 sous peine de
pénalités se chiffrant dès la première année à près d’un milliard par
constructeur ! C’était bien le moment pour Renault et Nissan, tandis que
Peugeot essaie de s’en sortir en faisant une fusion avec Fiat-Chrysler pour
conserver un ilot de prospérité aux USA !
L’écologie
politique à la manœuvre
Pour
justifier une telle politique suicidaire il fallait une bonne raison. On
commence par couper la tête du dirigeant et ensuite on se met à éradiquer la
production, ce qui va nous permettre de pleurer comme des madeleines en allant
chercher des coupables on ne sait où. Il est clair que les règles adoptées par
la Commission européenne et applaudies par notre pays qui aimerait encore en
faire davantage pour satisfaire l’écologie politique vont conduire notre
industrie automobile dans le mur, c’est-à-dire 10 % de notre appareil productif
national, et cela dans des délais très brefs, avant l’échéance électorale de
2022.
Le chômage
comme la déprime de l’industrie ne sont pas pour rien dans la montée de
violence que connait notre pays, il nous faut un projet mobilisateur, un avenir
industriel, et l’on commence par abattre un des derniers piliers de notre
prospérité. Il n’y a aucune bonne raison pour un pays qui dispose d’une
industrie automobile dynamique et techniquement en pointe de la contraindre à
changer complètement de véhicules (« aucun véhicule thermique produit en France
en 2030 »). Ce n’est ni raisonnable sur le plan économique et industriel, ni
justifié sur le plan scientifique.
Véhicule
des villes, véhicule des champs
Notre système
automobile est basé sur le véhicule thermique, essence ou diesel et 30 millions
de véhicules circulent dans notre pays. La clientèle, les électeurs de ces
messieurs-dames, est attirée par des véhicules hauts, plutôt lourds et
spacieux, les SUV, qui représentent 28 % des ventes aujourd’hui. L’ensemble des
habitants des territoires hors métropole compte ses sous, et le diesel lui fait
dépenser 20 à 30 % de moins que l’essence. Cette population est friande de
SUV-diesel.
Les habitants
des métropoles sont, eux, obsédés par la pollution de leurs cités et aimeraient
que les véhicules thermiques soient relégués loin de chez eux. Ils
applaudissent à l’idée de la généralisation de véhicules électriques tout en ne
souhaitant pas en acheter car ils espèrent bien s’évader à la campagne et
bénéficier de la liberté et de la flexibilité, apanages des véhicules
classiques.
Les
constructeurs sont donc incités par les métropoles à présenter des véhicules
électriques, mais les acheteurs ne se bousculent pas ; les constructeurs sont
accusés par la Commission européenne de ne pas faire les efforts nécessaires,
d’où les pénalités prévues dès cette année. Raconter comme cela l’histoire est
absurde, comment faire boire un âne qui n’a pas soif ? En battant le vendeur ou
le propriétaire du bourrin ?
Cerise sur le
gâteau industriel, le véhicule électrique a besoin de batteries modernes, qui
ne sont pas (sauf une petite production en Suède) de provenance européenne mais
essentiellement asiatique et surtout chinoise. Elles correspondent à 40 % du
prix des véhicules. Une généralisation de la production conduirait donc à un
rétrécissement de notre industrie nationale et européenne de 40 % puisque
redevenir souverain dans ce domaine nous prendrait au minimum 10 ou 15 ans, et
encore, en y mettant des moyens colossaux qui devront être payés par les
contribuables ou les clients, plutôt les deux.
Encore et
toujours le CO2
Mais il y a
plus grave encore : l’idée que le CO2 automobile est le responsable de nos
malheurs futurs et qu’il faut l’éradiquer de notre planète automobile dans des
délais courts ne résiste pas à l’analyse des réalités de notre monde.
L’électrification piétine, et surtout rien ne dit que si le CO2 est bien le
responsable désigné, le véhicule électrique soit le meilleur moyen d’en
diminuer les émissions.
Le bilan
carbone du véhicule électrique, en particulier de la batterie, en comptant
l’extraction des matériaux, la fabrication, la maintenance et le recyclage, est
loin d’être meilleur que celui d’un véhicule thermique dont les progrès sont
constants en termes de consommation et d’émissions. Autrement dit, autant
peut-on affirmer sans détours que le véhicule électrique pollue moins en ville
et qu’une augmentation des déplacements avec lui serait salutaire pour l’air
respiré par les citadins, autant dire qu’il est conseillé pour son bilan
carbone, et donc qu’il participe au « sauvetage de la planète » est
complètement erroné.
Tout miser
sur la voiture électrique est une aberration
Les années
qui viennent vont donc nous permettre de savoir quelle est la meilleure formule
pour les villes et pour l’humanité, et ce sera de toute façon un mix entre
véhicules à propulsion thermique, électrique, hydrogène… et peut-être d’autres
techniques disruptives auxquelles nous ne pensons pas encore. Mais baser
l’avenir du monde contemporain sur le seul véhicule électrique est une
aberration aussi stupide que celle qui consistait autrefois à exiger que
Galilée, après Copernic, abandonne l’idée que la Terre tournait autour du
Soleil. C’est une croyance, c’est du domaine de la foi, cela n’a aucune base
scientifique solide. N’insultons pas l’avenir en considérant que nous savons
déjà comment il sera fait.
Voilà donc
comment on est en train de bousiller un pays : on abandonne des industriels
visionnaires qui réussissent, on décide d’orientations scientifiques,
techniques et industrielles sans bases solides. C’est un drame pour
l’automobile, comme cela l’est pour la production d’énergie électrique où l’on
pousse les éoliennes au détriment du nucléaire… et bien d’autres choses encore. »
Il
est des moments de l’histoire d’un pays
Où
il se tire des balles dans le pied.
Nous
y sommes aujourd’hui
Manipulés
par la peur.
Claude Trouvé
24/02/20
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