mardi 25 février 2020

L’écologie destructrice de notre pays est En Marche


Comment l’arrêt de Fessenheim affaiblit la France 

Au moment où l’on arrête les réacteurs nucléaires de Fessenheim, sans crier gare en profitant du fait que l’opinion est mobilisée par la guerre sur les retraites et médiatisée sur l’écologie, force est de constater que la politique électoraliste, fait fi de tout raisonnement logique au nom d’une écologie anti-nucléaire destructrice. La France peut-elle impunément se passer de 1800 MW de puissance installée soit 1350 MW de puissance disponible en continu compte-tenu des arrêts de maintenance ? Si oui, alors cela veut dire que les énergies renouvelables produisent actuellement en discontinu une puissance équivalente en surplus des besoins de la consommation, puisque l’on peut se passer de ces réacteurs arrêtés pour raison politique et non technique. L’autorité indépendante de Sûreté nucléaire, ASN, en charge des accords d’exploitation de nos centrales, n’a délivré aucun ordre d’arrêt pour raison de vieillissement présentant un danger pour les populations et l’environnement. Cette centrale avec 2 réacteurs de 40 ans d’âge est donc exploitable sans danger selon cette autorité qui demande au fur et à mesure de ses inspections la maintenance en bon état nécessaire et la mise en œuvre des améliorations apportées par le retour d’expérience. Ce fut le cas après Tchernobyl et Fukushima. De plus les centrales de même type et plus anciennes que les nôtres aux Etats-Unis ont vu leur durée de vie prolongée jusqu’à 60 ans. 

Résumons-nous. On arrête Fessenheim pour des raisons politiques et non scientifiques. On avoue donc que la France est exportatrice d’électricité puisqu’elle peut se passer du jour au lendemain d’une puissance électrique disponible de 1350 MW. On n’a même pas le bon sens d’attendre la montée en production de l’EPR de Flamanville en 2022 ! Cet arrêt de Fessenheim c’est comme si on arrêtait la puissance utile délivrée en discontinu par 1174 grandes éoliennes terrestres de chacune 5 MW de puissance installée ! Il représente environ 11 TWh en moins soit près de la totalité de la production solaire ou 1/3 de la production intermittente et aléatoire solaire + éolien (EnRia) en 2019. On comprend facilement que la gageure de Hulot d’arrêter 17 centrales jusqu’en 2030 conduit à multiplier les EnRia d’un facteur 5,7 ce qui est pratiquement impossible pour des raisons budgétaires et de temps. Mais on induit les français en erreur en leur faisant croire que les EnRia ont pour but de diminuer les rejets en CO2. J’ai déjà eu maintes fois l’occasion de montrer que ce n’est pas vrai, les EnRia augmentent indirectement les rejets en CO2 quand leur intermittence demande l’intervention de la production thermique pour répondre à la consommation. 

C’est exactement le cas en Allemagne où l’industrie électrique allemande arrive à ne pas augmenter les rejets de carbone en passant de la consommation de charbon à celle de gaz pour diminuer l’impact carbone de l’augmentation de la production thermique qui suit celle de l’augmentation de la puissance installée des EnRia. En France, des centrales nucléaires ont été adaptées à une variation rapide de la production pour diminuer l’appel à l’énergie thermique. Cette solution minimise les rejets de carbone mais fragilise les installations nucléaires et diminue leur efficacité énergétique donc leur production. D’ailleurs celle-ci ne cesse de baisser de 73% en 2016 à 68% en 2019 même compte-tenu des arrêts pour maintenance décennale. C’est ainsi qu’annuellement 1kWh produit par les EnRia qui entraînait 1kWh d’énergie thermique en 2016 n’entraîne plus que ½ kWh en 2019, ce qui divise par 2 l’impact sur les rejets de carbone dus indirectement aux EnRia. De plus en 2019 c’est le passage de la consommation de charbon (-71,9%) à celle de fioul (+26,5%) et de gaz (+23,8%) qui a eu le plus fort impact sur la baisse générale des rejets carbone évaluée à 6% en 2019. Il faut noter qu’une partie de la baisse de ceux-ci est due à une baisse de la production de 1%. 

En 2019 la France était donc exportatrice d’électricité d’une quantité annuelle de 63,7 TWh. Les EnRia produisent 45,7 TWh, donc la totalité des EnRia est exportée, et il reste encore un surplus de 18TWh. En 2020 l’arrêt de Fessenheim en février va retrancher environ 10 TWH de production électrique sur 11,8 de production annuelle.  Les EnRia ont une priorité d’exportation car quand elles arrivent il faut s’en débarrasser, mais la concurrence entre les nations exportatrices, dont principalement l’Allemagne, aboutissent à un prix de vent du kWh inférieur au coût de production par les EnRia. Nous exportons donc en moyenne à perte les EnRia. Autre nouveau problème c’est la prise en compte des pics de consommation. En 2019 nous avions un surplus de 18 TWH toujours disponibles eux. Désormais, ce n’est plus que 8 TWh et encore cela comprend l’énergie hydraulique qui n’est pas toujours disponible. Le recours à l’importation sera donc plus fréquent, c’est d’ailleurs pourquoi RTE renforce ses réseaux d’échange avec le Royaume-Uni et l’Italie.

En conclusion cet arrêt de Fessenheim n’est justifié que par une raison politique à base électoraliste avant les municipales pour faire un cadeau aux écologistes anti-nucléaires car fort heureusement ils ne le sont pas tous. Elle conduit inévitablement à une hausse du coût de l’électricité. Notre facture d’électricité sera donc doublement augmentée par l’augmentation du prix de revient mais aussi par la taxe pour les EnRia en constante augmentation comme en Allemagne. Il apparaît également que la continuation de l’implantation des EnRia ne correspond à aucun besoin d’une consommation totale en baisse et ne servent en totalité qu’à l’exportation. Elles ne peuvent même pas nous assurer qu’elles seront disponibles lors des pics de consommation.

Si l’Allemagne peut arguer que la diminution de la production thermique est un but compatible avec la décarbonisation, alors qu’elle représente encore l’essentiel de la production allemande et beaucoup plus que la production nucléaire, il n’en est pas de même en France. La production nucléaire française reste moins coûteuse que la production thermique au charbon et surtout n’émet pas de carbone. Cette politique n’amène de plus aucun gain d’indépendance puisque nous dépendrons de plus en plus de la Chine avec ses terres rares indispensables aux éoliennes et aux panneaux solaires et en passe d’inonder le marché mondial des EnRia avec ses faibles coûts de main-d’œuvre et ses normes environnementales restreintes. Seul l’argument injustifié du nombre de morts, non validé par les experts de l’ONU et largement inférieur à celui de l’industrie chimique, mais néanmoins largement médiatisé, peut vraiment amener à accepter l’inacceptable économiquement et scientifiquement. On passe même à côté du but visé de décarbonisation, comme l’Allemagne. On est devant une manipulation par la peur comme pour le climat.
La France mène une transition énergétique électrique incompréhensible, inapplicable pour 2030 et inutilement coûteuse, une politique défiant le bon sens mais promue pour les intérêts de ceux qui s’y engraissent  des milliards qui pleuvent sur le monde entier.                   

Mais les actions autodestructrices ne s’arrêtent pas au nucléaire et je vais laisser une personnalité bien informée en parler mieux que moi. Lisez ce qu’écrit Loïk Le Floch-Prigent. 

Comment l’écologie est en train d’achever Renault (et bien d’autres) 

 « Quelle surprise ! des résultats dans le rouge, les premiers depuis dix ans. Cela a-t-il quelque chose à voir avec l’incarcération de Carlos Ghosn fin 2018 ? Tout le monde regarde au plafond pour finir par dire que les problèmes avaient commencé cette année-là… avec 3,4 milliards de résultats, première contorsion un peu difficile, mais les éléments de langage sont néanmoins servis, les auditeurs sont des idiots, c’est bien connu, ils peuvent tout avaler. Mais derrière est annoncée en France la chute de 3,5 % de la demande de voitures neuves Renault, et on se gratte la tête.
Industrie automobile française en danger.

La faute à pas de chance ? Sans aucun doute ! Mais les perspectives 2020 sont mauvaises et c’est vrai pour l’ensemble de l’industrie automobile… Là on nous prend pour des imbéciles, il suffirait de relire les articles de Carlos Tavares, l’autre Carlos, qui souligne depuis des mois la folie des normes européennes et françaises qui veulent dans un délai court interdire les véhicules thermiques en Europe et qui ont commencé par jeter l’anathème sur le moteur diesel qui consomme 20 à 25 % de moins que le moteur à essence.

On punit Carlos Ghosn, on maltraite le diesel, on édicte des normes et des pénalités qui laissent pantois et maintenant on va pleurer devant les maigres résultats de Renault, en particulier en France. On en déduit que l’on va réduire l’emploi dans l’industrie automobile et on ne s’interdit pas de fermer des sites : « On n’a aucun tabou et nous n’excluons rien ». 

« Voilà de quoi motiver les troupes ! 

Un peu d’histoire récente 

Reprenons un peu d’histoire récente en rappelant quand même que malgré la crise de 2008 Nissan et Renault avaient été redressés tandis que Mitsubishi Motors les avaient rejoints pour faire de l’Alliance le premier constructeur mondial. C’était hier.

Avec ses implantations en Russie, en Roumanie et dans bien d’autres pays Renault était largement bénéficiaire en y ajoutant la bonne marche de Nissan dont il possédait 43,4 % ! Mais la position de Carlos Ghosn avait été fragilisée en 2015 pour des raisons que je ne vais pas encore développer, on va dire que je radote, et il fallait « japoniser » la direction de Nissan qui est rapidement partie à la dérive. Il fallait trouver rapidement le remède. La justice japonaise a trouvé la pire solution : incarcérer Carlos Ghosn ; et le gouvernement français également en l’abandonnant à son triste sort. La sanction est tombée au bout d’un an pour les uns et pour les autres, 15 milliards de pertes en Bourse et des résultats dans le rouge pour les deux entreprises. 

Mais la leçon ne suffit pas, il faut encore demander aux entreprises implantées en Europe, et donc à Renault et Nissan d’effectuer dans les délais les plus brefs possibles, une réduction drastique des émissions de CO2, 95 grammes de gaz carbonique par kilomètre et par véhicule vendu à partir de janvier 2020 sous peine de pénalités se chiffrant dès la première année à près d’un milliard par constructeur ! C’était bien le moment pour Renault et Nissan, tandis que Peugeot essaie de s’en sortir en faisant une fusion avec Fiat-Chrysler pour conserver un ilot de prospérité aux USA ! 

L’écologie politique à la manœuvre 

Pour justifier une telle politique suicidaire il fallait une bonne raison. On commence par couper la tête du dirigeant et ensuite on se met à éradiquer la production, ce qui va nous permettre de pleurer comme des madeleines en allant chercher des coupables on ne sait où. Il est clair que les règles adoptées par la Commission européenne et applaudies par notre pays qui aimerait encore en faire davantage pour satisfaire l’écologie politique vont conduire notre industrie automobile dans le mur, c’est-à-dire 10 % de notre appareil productif national, et cela dans des délais très brefs, avant l’échéance électorale de 2022.

Le chômage comme la déprime de l’industrie ne sont pas pour rien dans la montée de violence que connait notre pays, il nous faut un projet mobilisateur, un avenir industriel, et l’on commence par abattre un des derniers piliers de notre prospérité. Il n’y a aucune bonne raison pour un pays qui dispose d’une industrie automobile dynamique et techniquement en pointe de la contraindre à changer complètement de véhicules (« aucun véhicule thermique produit en France en 2030 »). Ce n’est ni raisonnable sur le plan économique et industriel, ni justifié sur le plan scientifique.
Véhicule des villes, véhicule des champs 

Notre système automobile est basé sur le véhicule thermique, essence ou diesel et 30 millions de véhicules circulent dans notre pays. La clientèle, les électeurs de ces messieurs-dames, est attirée par des véhicules hauts, plutôt lourds et spacieux, les SUV, qui représentent 28 % des ventes aujourd’hui. L’ensemble des habitants des territoires hors métropole compte ses sous, et le diesel lui fait dépenser 20 à 30 % de moins que l’essence. Cette population est friande de SUV-diesel.
Les habitants des métropoles sont, eux, obsédés par la pollution de leurs cités et aimeraient que les véhicules thermiques soient relégués loin de chez eux. Ils applaudissent à l’idée de la généralisation de véhicules électriques tout en ne souhaitant pas en acheter car ils espèrent bien s’évader à la campagne et bénéficier de la liberté et de la flexibilité, apanages des véhicules classiques.
Les constructeurs sont donc incités par les métropoles à présenter des véhicules électriques, mais les acheteurs ne se bousculent pas ; les constructeurs sont accusés par la Commission européenne de ne pas faire les efforts nécessaires, d’où les pénalités prévues dès cette année. Raconter comme cela l’histoire est absurde, comment faire boire un âne qui n’a pas soif ? En battant le vendeur ou le propriétaire du bourrin ? 

Cerise sur le gâteau industriel, le véhicule électrique a besoin de batteries modernes, qui ne sont pas (sauf une petite production en Suède) de provenance européenne mais essentiellement asiatique et surtout chinoise. Elles correspondent à 40 % du prix des véhicules. Une généralisation de la production conduirait donc à un rétrécissement de notre industrie nationale et européenne de 40 % puisque redevenir souverain dans ce domaine nous prendrait au minimum 10 ou 15 ans, et encore, en y mettant des moyens colossaux qui devront être payés par les contribuables ou les clients, plutôt les deux. 

Encore et toujours le CO2 

Mais il y a plus grave encore : l’idée que le CO2 automobile est le responsable de nos malheurs futurs et qu’il faut l’éradiquer de notre planète automobile dans des délais courts ne résiste pas à l’analyse des réalités de notre monde. L’électrification piétine, et surtout rien ne dit que si le CO2 est bien le responsable désigné, le véhicule électrique soit le meilleur moyen d’en diminuer les émissions.

Le bilan carbone du véhicule électrique, en particulier de la batterie, en comptant l’extraction des matériaux, la fabrication, la maintenance et le recyclage, est loin d’être meilleur que celui d’un véhicule thermique dont les progrès sont constants en termes de consommation et d’émissions. Autrement dit, autant peut-on affirmer sans détours que le véhicule électrique pollue moins en ville et qu’une augmentation des déplacements avec lui serait salutaire pour l’air respiré par les citadins, autant dire qu’il est conseillé pour son bilan carbone, et donc qu’il participe au « sauvetage de la planète » est complètement erroné. 

Tout miser sur la voiture électrique est une aberration 

Les années qui viennent vont donc nous permettre de savoir quelle est la meilleure formule pour les villes et pour l’humanité, et ce sera de toute façon un mix entre véhicules à propulsion thermique, électrique, hydrogène… et peut-être d’autres techniques disruptives auxquelles nous ne pensons pas encore. Mais baser l’avenir du monde contemporain sur le seul véhicule électrique est une aberration aussi stupide que celle qui consistait autrefois à exiger que Galilée, après Copernic, abandonne l’idée que la Terre tournait autour du Soleil. C’est une croyance, c’est du domaine de la foi, cela n’a aucune base scientifique solide. N’insultons pas l’avenir en considérant que nous savons déjà comment il sera fait. 

Voilà donc comment on est en train de bousiller un pays : on abandonne des industriels visionnaires qui réussissent, on décide d’orientations scientifiques, techniques et industrielles sans bases solides. C’est un drame pour l’automobile, comme cela l’est pour la production d’énergie électrique où l’on pousse les éoliennes au détriment du nucléaire… et bien d’autres choses encore. »
Il est des moments de l’histoire d’un pays 

Où il se tire des balles dans le pied.

Nous y sommes aujourd’hui 

Manipulés par la peur.
 
Claude Trouvé 
24/02/20

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire