BFM TV commentait la
baisse du chômage au-delà des espérances du gouvernement. La « voix de son
maître » donnait une image particulièrement truquée de la réalité du
chômage en France. Pourtant c’est officiel et on peut le trouver sur le site de
l’INSEE. Son chiffre de 8,1% de chômage est différent de celui publié dans les
statistique Eurostat et de l’OCDE et donné respectivement à 8,4% et à
8,43% ! S’agit-il d’un réajustement de dernière heure que l’UE et l’OCDE
n’ont pas eu le temps de prendre en compte ? Il est en tous cas le
bienvenu dans l’ambiance actuelle. Troublant non ? Autre bizarrerie c’est
que le nombre de demandeurs d’emploi sur l’ensemble des catégories était de
6,0920 millions au 3ème trimestre 2015 et de 6,0897 millions au 4ème
trimestre 2019 soit une baisse de 2300 chômeurs en 4 ans ou -0,04%. Le
chômage a-t-il vraiment baissé depuis que l’on déverse de l’argent sur les
entreprises ? Notons que le taux de chômage est issu d’une enquête, les
demandeurs d’emploi sont le fruit d’un comptage, donc plus sûr. De plus toutes
les personnes sans emploi ne vont pas s’inscrire à Pôle Emploi. C’est donc un
minorant.
Le
biais inculqué dans l’esprit de nos concitoyens c’est de nous faire croire que
le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail est représentatif
du chômage. Il ne l’est pas ; il est représentatif du nombre de chômeurs
en plein emploi, ce qui est très différent. En fait il faut le rapprocher du
nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie A. On trouve alors que ceux de
cette catégorie étaient au nombre de 3,5468 millions au 3ème
trimestre 2015 et 3,3088 millions au 4ème trimestre 2019 soit une
diminution du nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie A de 208 000
demandeurs ou -6,71% de baisse. Pour le taux de chômage on trouve
respectivement 10,37 et 8,43 points soit 1,94 de baisse du chômage ou selon
l’INSEE de 10,4 à 8,1 soit 2.3 de baisse. Dans le premier cas on a un
pourcentage de baisse de 18.7% et 22,1% dans le second. De toute façon on note
une grosse différence entre la baisse des demandeurs de catégorie A à 6,71 % et
celle du taux de chômage évalué à 18,71% par l’UE et l’OCDE et à 22,1% par
l’INSEE. Pourquoi le taux de chômage baisse 3 à 4 fois plus vite sur le taux
de chômage que sur les demandeurs d’emploi ? Il n’y a pas
corrélation entre les évolutions des demandeurs d’emploi de la catégorie A et
le taux de chômage ! Bizarre… Qui croire ? Le chômage
baisse-t-il réellement ?
Ceci vient s’ajouter d’une
part à la baisse imperceptible de l’ensemble des demandeurs d’emploi entre le 3ème
trimestre 2015 et le 4ème trimestre 2019, et d’autre part à la
discordance de chiffre entre l’INSEE et les deux statistiques de l’UE et de
l’OCDE. On va essayer d’y voir plus clair en regardant une autre mesure, le
taux d’emploi. Ce dernier, comme pour l’ensemble des catégories des demandeurs
d’emploi, comptabilise tous les travaux faits à temps plein mais aussi ceux à
temps partiel. On a alors une véritable information sur l’utilisation de la
population active. Le graphique du haut nous donne en % le taux de chômage en
septembre 2015 et septembre 2019, les chiffres de décembre 2019 n’étant pas
publié à ce jour. On retrouve en tête les pays ayant été les plus solides
économiquement avec dans l’ordre Suisse, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis. On
doit remarquer la bonne performance sur l’emploi réalisée par le Portugal. En
remontant dans les faibles taux d’emploi, on trouve Grèce, Italie, Espagne et
France donc les pays du Club Med. Mais ce qui est remarquable c’est qu’ils
sont tous en retrait par rapport à l’UE, l’OCDE et même la zone euro. La
France mène donc une politique relativement défavorable. Evidemment ce
résultat pour la France avec un décalage respectivement de 2,7%, 3,3%, 4,1%, et
11,2% par rapport à la Zone euro, l’OCDE, l’UE, et l’Allemagne est mauvais.
Il n’incite à aucune approbation de la politique socio-économique française.
Mais
la politique socio-économique récente, celle où Macron a œuvré dans ou au pouvoir
de juin 2015 à septembre 2019 puisqu’il s’agit de valeurs trimestrielles,
est-elle en train de corriger ce mauvais résultat ? La réponse est dans le
graphique suivant. La France termine bonne dernière en % d’évolution du taux
d’emploi (rapport entre le pourcentage entre le 3ème trimestre
2019 et le même en 2015).
La
politique socio-économique menée par Macron est un fiasco et ne fait
qu’aggraver notre situation. Le couple austérité et politique de l’offre est
suicidaire. C’est l’inverse de la politique menée par Trump. D’ailleurs
nous étions devant la Belgique et nous passons aujourd’hui derrière. L’Etat
s’endette au profit des grands lobbies, donc nous nous endettons, et le taux
d’emploi baisse relativement aux autres pays représentés ici. Le cas de la
Grèce est à part parce qu’elle bénéficie de la remise à plus tard le
remboursement de la dette. Le cas de la Suisse l’est aussi car elle est arrivée
au plein emploi. C’est aussi à un degré moindre le cas du Royaume-Uni et de
l’Allemagne.
Mais
revenons au taux de chômage pour regarder la performance relative de la France
qui s’enorgueillit de son résultat dû à la politique dont François Hollande
rappelle qu’il en est le promoteur et dont Macron se glorifie de ses résultats.
Le premier graphique montre que la France fait moins bien sur son taux de
chômage que l’OCDE, l’UE, et même la Zone euro. Elle peut se glorifier de faire
les meilleurs résultats parmi les pays du Club Med comme pour le taux d’emploi.
En-dessous des 4% considérés comme déjà le plein emploi on trouve l’Allemagne
et le Royaume-Uni. Au-dessus du taux de l’OCDE, de l’UE et même de la Zone
euro, on retrouve la Grèce, l’Espagne, l’Italie et la France. La France fait
nettement moins bien que la Belgique sa petite voisine mais un peu mieux que
l’Italie.
Ce
qui est plus parlant encore c’est le pourcentage de baisse du chômage
enregistré durant ces quatre années (rapport du taux 2015/2019). On voit que la
France est en avant-dernière place devant l’Italie avec une relativement faible
baisse du chômage par rapport à la zone euro, l’UE, l’Allemagne, et l’Espagne
mais surtout la Belgique et l’Irlande. La politique française de recul du
chômage est donc très inefficace dans le contexte général. La France ne peut
pas justifier sa baisse du chômage comme une victoire, car elle ne suit que de
très loin la baisse générale dans un contexte économique mondial artificiel
mais favorable. On est au contraire devant un véritable échec de la
politique socio-économique française. La France est sur un rythme de baisse
de 4%/an alors que la Zone euro est à 8,4%/an, l’Allemagne à 9,1%/an, la
Belgique à 10,2%/an et l’Irlande à 15,1%/an. Il est mensonger de faire croire
que la baisse du chômage est due à la politique socio-économique de ce
gouvernement, ou du précédent comme le clame François Hollande.
Les
chiffres de l’ensemble des demandeurs d’emploi ne justifient pas cette
publicité et les chiffres de l’INSEE ne sont pas en accord avec ceux publiés
par l’UE et l’OCDE. Comme ils sont plus avantageux sur une période perturbée de
grèves importantes où des petits commerces ont dû débaucher, ou retarder des embauches,
on peut rester dubitatif sur cette baisse du chômage de -0,3% par rapport au
chiffre de l’UE et de -0,4% par rapport au trimestre précédent. Cela sent
l’arnaque mais ce qui l’est réellement c’est la conclusion médiatisée. Non
ce n’est pas la politique de Macron qui a permis depuis 2015, où il est aux
commandes ou dans les allées du pouvoir, qu’est dû une soi-disant baisse du
chômage. Elle est due à une politique de croissance d’ailleurs illusoire
car engendrée par les énormes liquidités versées aux banques par la BCE, mais
aussi par la Fed et la Banque nationale du Japon. La politique socio-économique
française a amené la France à profiter moins que la moyenne des autres pays
européens comme l’Italie de ce coup de pouce, même factice, donné à l’économie.
Elle a donc été destructrice d’une partie d’une embellie extérieure à l’UE.
C’est au contraire un fiasco. La continuation de cette politique ne peut mener
qu’à une destruction des emplois dans le futur où l’embellie européenne semble
beaucoup moins prometteuse dès 2020. N’oublions pas que le moteur économique de la
Chine est en décroissance même s’il tire l’économie mondiale dans laquelle l’UE
prend la part du pauvre.
Pour
terminer on constate que la politique socio-économique des pays utilise de plus
en plus la dette. Dans le meilleur des cas cette dette reste stable par rapport
au PIB national. C’est le critère de gestion réclamé par l’UE et que la France
n’a toujours pas réussi à réaliser. Devant les résultats très mauvais de la
politique socio-économique française peut-on espérer au moins avoir fait mieux que
la plupart des pays européens en matière d’abaissement de la dette/PIB ?
Le graphique ci-contre nous donne un aperçu de l’effort consenti dans ce
domaine par les 11 pays européens examinés, dont 8 dans la zone euro, 2 dans
l’UE avec leur monnaie (Suède et Royaume-Uni), 1 hors UE (Suisse), plus les
Etats-Unis hors de l’Europe. On voit que là encore la France rate son objectif.
Si l’on exclut le cas particulier de la Grèce qui montre que ce pays s’enfonce
toujours, et du Royaume-Uni qui fait néanmoins un spectaculaire effort en 2018,
la France présente le plus faible effort en matière de réduction de la dette.
Le petit effort de -0,54% de réduction fait par la France en 2018 reste bien
faible par rapport au -2,03% de l’Italie, au -2,52% du Royaume-Uni, et au
-4,73% de l’Allemagne. Notons qu’il s’agit de données fournies par l’OCDE sur
la dette des administrations publiques avec une définition plus large de cette
dette que celle de l’OCDE. Ainsi quand l’UE affiche 96,4% de dette/PIB pour la
France en 2018, l’OCDE donne 121%. Ce dernier chiffre a d’ailleurs plus de
valeur puisqu’il est calculé sur des règles adoptées par les 35 pays de l’OCDE.
La France figure à la 7ème place des pays les plus endettés, 25ème
et derrière entre autres le Japon 1er, la Grèce 2ème et l’Italie 3ème,
mais devant l’Espagne 8ème, le Royaume-Unis 10ème,
l’Allemagne 15ème, et la Suisse 25ème.
Selon
l’INSEE en janvier 2020, le nombre total de créations d’entreprises tous types
d’entreprises confondus est en baisse (–1,9 % après –0,2 % en décembre, en
données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables). Avec un
déficit record attendu pour 2019 et la baisse de la création des entreprises
depuis décembre 2019, la menace sur une grande entreprise comme Renault, on
peut prévoir que les résultats de la politique socio-économique française ne
feront que s’aggraver. La publication d’un résultat flatteur avec un taux
de chômage en baisse, alors que le nombre de l’ensemble des
demandeurs d’emploi ne bouge pas depuis septembre 2015, une croissance
relativement faible en Europe, et une dette qui baisse moins que celle de la
plupart des pays européens, est simplement une arnaque médiatique.
La politique de l’offre et de l’austérité dans un marché européen ouvert aux
transferts de capitaux pour le monde entier, avec une monnaie bloquée, et une
compétition inégale dans ses contraintes et ses coûts de main-d’œuvre, ne peut
pas être salutaire à la France dotée de l’un des systèmes de protection sociale
les plus performants, les plus coûteux, et les plus solidaires du monde.
Cette
politique économique de l’UE,
Calquée
sur la politique allemande,
S’avère
un fiasco pour notre pays.
Croissance
inférieure à l’UE,
Chômage
supérieur à l’UE,
Déficit
supérieur à l’UE,
Signent
ce fiasco !
Claude
Trouvé
17/02/19
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