Les statistiques du deuxième trimestre
viennent d’être publiées par la Dares. Divine surprise : le nombre de
demandeurs d’emploi baisse. La France va mieux et la politique de Macron
commence à porter ses fruits. Comment non ? Mais si le chômage baisse, et
si la France se remet au travail c’est que l’économie va mieux. Le raisonnement
est juste certes mais le résultat serait valable si les chiffres n’étaient pas
bidonnés. Avec 14600 demandeurs d’emploi de la catégorie A en moins par rapport
au trimestre précédent, soit -0.43%, le gouvernement pavoise. Sous-entendu on
entame la descente du chômage, ce que Hollande avait promis mais n’a pas pu
réaliser. Toutefois les conditions imposées à un demandeur pour pouvoir être
gardé dans le fichier de Pôle emploi sont de plus en plus restrictives. Par
ailleurs le nombre de demandeurs d’emploi ne représente pas le nombre de
chômeurs car ils ne sont pas tous inscrits à Pôle Emploi. Mais néanmoins le
chiffre du nombre total d’inscrits dans les différentes catégories est
intéressant, car il y a une tendance permanente à faire glisser des demandeurs
de la Catégorie A des demandeurs d’emploi à temps plein vers les autres
catégories de façon à donner les plus basses valeurs à la catégorie phare de la
communication gouvernementale. Pourtant, sur l’ensemble des catégories, la
baisse du nombre de demandeurs d’emploi n’est plus que de 6000, soit -0,10%. Le
paysage est alors beaucoup moins riant. Il l’est d’autant moins que sur le
semestre si la baisse en catégorie A est de 38 800 demandeurs, soit -1,14%,
celle sur l’ensemble des catégories n’est que de 5 800 demandeurs soit -0,09% !
Avec une baisse de moins de *0,2%
par an on n’est pas arrivé au 6,7% du taux de chômage de l’UE !
Puisque demandeurs d’emploi et taux de chômage ne
sont pas la même chose, on doit aller voir les statistiques d’Eurostat sur tous
les pays de l’UE donnant le taux de chômage sur les chômeurs sortis d’un
travail à temps plein, en gros la catégorie A des demandeurs d’emploi français.
La variation représentée ici est la variation relative et non absolue du taux
de chômage. Il faut en effet se comparer aux autres pays européens car la variation
du chômage est d’abord dépendante du contexte extérieur qui agit sur les pays
européens. Le contexte mondial était favorable même si l’UE en a moins profité
que les autres grandes puissances. Le graphique ci-contre représente la
variation du taux de chômage entre le 3ème trimestre 2017 et le 1er
trimestre 2019 et le taux de chômage atteint au 1er trimestre 2019
pour les pays limitrophes de la France. Deux pays apparaissent atypiques à
savoir la Suisse et l’Espagne. La Suisse semble désormais bloquée sur son taux
de 4,7% qui voisine le plein emploi. L’Espagne affiche le taux de chômage le
plus élevé mais elle a fait une descente spectaculaire de celui-ci. Elle s’affiche
comme le pays ayant effectué le meilleur redressement socio-économique sur
cette période. En dehors de la Suisse deux pays ont atteint le plein emploi, l’Allemagne
et le Royaume-Uni avec un pourcentage de baisse de l’ordre de 12% sur 6
trimestres soit 8%/an en moyenne. Au passage on voit que le Royaume-Uni n’a pas
été frappé par la vision d’apocalypse des détracteurs du Brexit avant le vote
de juin 2016. Mais l’UE et la Zone euro font mieux avec de l’ordre de 14-15%
soit 10% par an. Il nous reste deux pays, la France et l’Italie qui
apparaissent nettement comme les pays les moins performants. Leurs taux de
chômage restent plus élevés que la moyenne des pays de l’UE et de la zone euro,
et la variation constatée est de l’ordre de 8-9% soit seulement 5,5%/an. La France
décroche nettement dans l’embellie de la baisse du taux de chômage en Europe et
apparaît comme l’un des pays les moins performants. Voilà qui est beaucoup
plus important que la stagnation des demandeurs d’emploi et montre que la
politique menée est mauvaise mais cachée par un contexte de baisse générale du
taux de chômage dû au contexte extérieur.
Plus intéressant encore pour comparer les pays
entre eux est de regarder le taux d’emploi qui cible l’ensemble des emplois à temps
plein et partiel. Le graphique ci-contre montre que la France fait partie des
pays à faible taux d’emploi, à la 27ème place sur les 37 pays
représentés. Elle est en-dessous de la moyenne de la zone euro et de l’UE.
Néanmoins derrière elle on trouve l’Espagne et l’Italie. La Grèce est le dernier
pays de l’UE, ce qui n’est pas étonnant. Mais on constate aussi que les pays de
l’EEE, hors UE, à savoir Islande, Suisse, Norvège, se portent très bien. La
sortie de l’UE n’est donc pas un signe de catastrophe socio-économique. De
même l’appartenance à la zone euro n’est pas un plus, puisque les pays qui n’en
font pas partie, Suède, Tchéquie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Danemark,
réussissent très bien avec leurs monnaies nationales. A l’inverse la France,
la Belgique, l’Espagne et l’Italie ont des résultats décevants avec l’euro,
sans parler de la Grèce. On note la bonne performance d’un pays comme le Portugal
qui a mis un bémol à la politique d’austérité imposée. L’Allemagne est le grand
pays bénéficiaire et son taux d’emploi est à 80%, faisant de lui le grand pays
leader devant le Royaume-Uni nullement handicapé par son vote du Brexit. Il
faut remarquer enfin que la réussite en matière d’emploi est concentrée sur les
pays du Nord. Ceci confirme l’analyse économique générale qui montre que la
richesse des pays du Sud se transfère vers les pays du Nord.
Mais il faut aussi s’intéresser à l’évolution du
taux d’emploi pour évaluer la santé des différents pays. Le graphique ci-contre
s’intéresse aux mêmes pays limitrophes de la France que pour l’évolution du
chômage entre 2014 et 2018. L’Espagne se détache avec un faible taux d’emploi
de 67% mais avec de loin la plus forte progression de celui. On retrouve la
même analyse que pour le taux de chômage mais encore plus marquée, ce qui
laisse supposer que le travail à temps partiel y a progressé plus que le travail
à temps plein. A l’inverse on a un groupe de trois pays, Royaume-Uni, Allemagne
et Suisse, qui ont des taux d’emploi de 78% à 83%, mais avec une progression faible
et inférieure à 4% et même 2% pour la Suisse sur 4 ans. Cela est normal car il
est d’autant plus difficile d’augmenter le taux d’emploi que l’on se rapproche
du taux de 100%. En gros pour 1% de taux d’emploi en plus l’espérance d’augmentation
diminue de 0,3%. Il reste deux pays, l’Italie, avec une augmentation relative
de 5,18% soit et la France dont la variation relative du taux d’emploi est
faible et inférieure à celles de l’UE, voire de la zone euro. L’Italie, avec
une augmentation relative de 5,18% soit 1,27%/an, a une meilleure variation positive
que la France à 3,03% soit 0,75%/an, mais le plus mauvais taux d’emploi des
pays représentés. En conclusion la France apparaît comme le pays le plus en
difficulté, le plus en perte de vitesse avec un taux d’emploi de 72% seulement
mais surtout une progression de 45% plus faible que la zone euro montrant ainsi
sans contestation possible la mauvaise gestion socio-économique de ce pays.
La stagnation du nombre de demandeurs d’emploi
de la catégorie A du plein emploi cache en réalité une évolution du nombre de
chômeurs de plus en plus en retard par rapport aux pays voisins, à l’ensemble
de la zone euro et de l’UE. La France décroche et cela de plus en plus vite.
Elle voit ainsi se rapprocher l’Espagne et l’Italie et s’éloigner le reste de l’ensemble
des pays de la zone euro et de l’UE hors la Grèce en perdition. La politique
menée par Macron sous la houlette de l’austérité allemande s’avère hautement
préjudiciable à notre pays. C’est cela que l’on cache aux français derrière des
chiffres qui ignorent le contexte économique favorable dont les autres pays tirent
un bien meilleur parti que nous. On cache aux français que l’UE nous tue à
petit feu et les plus clairvoyants d’entre nous, les Gilets Jaunes, sont
déconsidérés par Macron et malheureusement abandonnés par une majorité de moutons
qui vont vers le précipice en chantant la réussite d’un jeune traître à notre
nation, en tous cas comme le meilleur choix résigné. Cela me fait souvenir d’un
autre temps d’aveuglement qui nous a conduit à la guerre et à la collaboration.
Le reflux de l’argent des pauvres vers
les très riches,
La spoliation du patrimoine par les étrangers,
La perspective de l’insuffisance alimentaire,
Le rabotage des prestations sociales,
Sont les signes d’un repli français.
Surfer sur tourisme et services
Ne fait pas une grande nation.
La France devient une proie
Bourrée de ses idéologies
Dont tous les autres pays
Savent en tirer le profit !
Trop bercée d’illusions
La France perd pied !
Claude Trouvé
28/07/19
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