Les
ménages ont trois préoccupations majeures concernant leur niveau de vie, leurs
revenus, leurs retraites, et leurs endettements. On peut ajouter la gestion de
l’épargne pour les plus capables d’assumer leur niveau de vie.
C’est
cette information qui est fournie dans les statistiques de l’OCDE. On voit que
globalement entre 1995 et 2016 l’évolution en % par rapport au PIB n’a pas
cessé d’augmenter et on peut calculer une moyenne de 40% d’augmentation du
rapport. L’évolution est assez continue pour 8 pays. Les ménages de 4 pays ont
vu baisser leur endettement/PIB à des degrés divers à savoir : Irlande, Royaume-Uni,
Espagne, Etats-Unis. La chute la plus spectaculaire est celle de l’Irlande. Ce
sont les ménages suisses les plus endettés en 2016 suivis dans l’ordre des ménages
suédois, luxembourgeois, irlandais et britanniques. Suivent 5 pays aux endettements
très proches à savoir dans l’ordre décroissant : France, Espagne, Belgique,
Grèce, Etats-Unis. Il reste les ménages allemands et italiens dont l’endettement
a très peu varié depuis 2010.
Si l’endettement global a nettement progressé entre la période 1995-2001 et 2001-2016, la variation annuelle de l’endettement a diminué relativement de 18% entre les deux périodes passant de 3,14% à 2,58%. La baisse la plus spectaculaire est celle de la Grèce dont on voit l’effet direct de l’arrivée de l’euro remplaçant avantageusement la drachme en 2001. L’évolution de son endettement l’a fait revenir vers un pourcentage/PIB proche de celui de la France. L’Allemagne est le seul pays sur une dynamique de désendettement des ménages. Ceci montre une nouvelle fois que c’est un pays pour qui l’euro leur a été bénéfique. Quatre pays ont augmenté leur rythme d’augmentation de la dette des ménages dans l’ordre décroissant d’importance : Luxembourg, Suisse, Belgique, France. On peut noter que ce sont quatre pays voisins et sur la frontière nord-est de notre pays. Là encore l’euro n’a pas amené un plus pour les ménages puisque les pays concernés ont continué à augmenter, certes globalement moins vite, leur dette hormis l’Allemagne alors que celle des ménages américains est restée stable en pourcentage du PIB.
Si l’endettement global a nettement progressé entre la période 1995-2001 et 2001-2016, la variation annuelle de l’endettement a diminué relativement de 18% entre les deux périodes passant de 3,14% à 2,58%. La baisse la plus spectaculaire est celle de la Grèce dont on voit l’effet direct de l’arrivée de l’euro remplaçant avantageusement la drachme en 2001. L’évolution de son endettement l’a fait revenir vers un pourcentage/PIB proche de celui de la France. L’Allemagne est le seul pays sur une dynamique de désendettement des ménages. Ceci montre une nouvelle fois que c’est un pays pour qui l’euro leur a été bénéfique. Quatre pays ont augmenté leur rythme d’augmentation de la dette des ménages dans l’ordre décroissant d’importance : Luxembourg, Suisse, Belgique, France. On peut noter que ce sont quatre pays voisins et sur la frontière nord-est de notre pays. Là encore l’euro n’a pas amené un plus pour les ménages puisque les pays concernés ont continué à augmenter, certes globalement moins vite, leur dette hormis l’Allemagne alors que celle des ménages américains est restée stable en pourcentage du PIB.
La dette des ménages français a augmenté par rapport au PIB la plaçant en 6ème ou 7ème place suivant que l’on regarde l’évolution de la dette ou le rythme annuel d’évolution de celle-ci. Leur dette reste nettement plus élevée que la dette italienne mais son rythme d’évolution est sensiblement plus faible. Si on la compare aux Etats-Unis, la dette reste notablement plus élevée et de plus son rythme d’augmentation annuelle est de 2,5% plus élevé que celui des Etats-Unis dont le rythme est quasi-stable. On peut en déduire que la zone euro n’a pas donné un avantage ni par rapport à l’Allemagne ni par rapport aux Etats-Unis. L’euro n’a donc pas apporté un mieux à l’endettement des ménages français puisque leur endettement continue de progresser et à un rythme plus élevé qu’avant 2001. Elle n’est même pas gagnante par rapport au Royaume-Uni dont le rythme d’augmentation annuelle a baissé depuis 2001 et est nettement moins élevé depuis 2001 avec 1,67% contre 2,61% pour la France. Enfin si le rythme d’augmentation annuelle ds ménages italiens est plus élevé que le notre depuis 2001, il a été divisé par 2 et le pourcentage par rapport au PIB est le plus faible des 12 pays examinés.
Si les
ménages suisses ont un niveau d’endettement élevé, on ne doit pas oublier que
leurs revenus sont les plus élevés des 12 pays examinés. Il faudra y revenir
dans l’étude de l’endettement par habitant. La comparaison significative doit
se faire par rapport aux Etats-Unis car ces derniers sont respectivement en 10ème
et 11ème place dans l’ordre d’importance de l’augmentation de l’endettement
des ménages et de son rythme annuel. Elle est nettement défavorable tant pour l’UE
que pour les pays de la zone euro. L’objectif n’est pas atteint pour l’ensemble
de l’UE et il en est de même pour notre pays. Seule l’Allemagne s’endette
moins vite depuis l’arrivée de l’euro. On va voir si ceci est dû à une
augmentation plus rapide du PIB et ou à un ralentissement de l’endettement des
ménages allemands.
Dette
des ménages par habitant
La
référence au PIB pour les dépenses publiques est moins porteuse que les
dépenses des ménages par habitant car le lien est indirect. Pour les dépenses
des ménages c’est l’estimation par habitant qui intéresse le citoyen. Comme
dans le cas des dépenses des ménages par habitant, on constate une évolution moyenne
des dépenses par habitant pour la majeure partie des pays représentés. En 2016,
et de très loin, c’est non plus le ménage suisse mais le luxembourgeois qui est
le plus endetté, mais le ménage luxembourgeois est riche. La Suisse vient
ensuite avec un endettement aux 2/3 de celui du Luxembourg. On a derrière l’Irlande
et la Suède. Ces quatre pays étaient déjà en tête pour les dépenses/PIB mais dans
un ordre différent. On notera que la dette/habitant des ménages suisses en 2016
est la même qu’en 2007, elle ne progresse plus à la différence des ménages luxembourgeois
et suédois, mais elle a énormément progressé entre 1995 et 2007. Sur le
graphique d’évolution entre 1995 et 2001 on trouve ensuite deux pays anglo-saxons,
le Royaume-Uni et les Etats-Unis dont la dette a augmenté de 1995 à 2007 puis
diminué jusqu’en 2016. On trouve ensuite la Belgique et la France, deux pays
très comparables en valeur de dette et en rythme de croissance, même si ce
dernier est supérieur pour la Belgique. Ces deux pays ont une croissance
continue de la dette des ménages depuis 1995. En 2016 sur le niveau de la dette
on trouve ensuite l’Allemagne mais dont le rythme de croissance n’a que peu
augmenté dans la période 2001-2016 par rapport à la précédente. Enfin dans les
trois derniers pays il faut distinguer l’Espagne de l’Italie et de la Grèce. Les
ménages espagnols ont continué à augmenter leur dette jusqu’en 2007 mais elle
décroit régulièrement ensuite. On observe la même chose mais plus faiblement
pour l’Italie. La dette des ménages grecs est la plus faible des 12 pays
examinés mais si elle a encore augmenté après l’entrée dans l’euro en 2001, elle
est stable depuis 2008, et surtout l’euro lui a assuré une cassure par 2 du
rythme de croissance annuelle en passant de 15% à 7,3% entre l’avant et l’après
euro. Le constat est le même que pour sa dette/PIB.
En
2016 quatre pays ont une forte dette des ménages par habitant : Luxembourg,
Suisse, Irlande, Suède. Cinq pays ont une dette moyenne dans l’ordre
décroissant : Royaume-Uni, Etats-Unis, Belgique, France et Allemagne.
Trois pays ont une faible dette/habitant des ménages : Espagne, Italie,
Grèce. On peut noter que l’endettement touche plus les pays à fort revenu comme
le Luxembourg et la Suisse, que les pays à faible revenu comme l’Espagne, l’Italie,
et la Grèce dits pays du Club Med.
La France
située respectivement à la 8ème et la 7ème place dans l’ordre
des valeurs de la dette/habitant et du rythme de croissance de celle-ci, se
place dans la moyenne des pays européens. Mais la dette des
ménages français est supérieure de 14% à celle des allemands en 2016 et son rythme
de croissance annuelle sur la période 2001-2018 est 4 fois plus élevé avec 4%.
Si leur dette est 11% moins élevée que celle des britanniques, elle a un rythme
de croissance annuelle près de 40% plus élevé. Comparés aux italiens, ils ont une
dette plus élevée de 60% avec un rythme de croissance annuelle 30% plus élevé.
Enfin les ménages français ont une dette de 14% plus faible que les ménages américains
et un rythme de croissance annuelle 4 fois plus élevé. On ne peut donc pas en
déduire que l’entrée de la France dans la zone euro lui a donné un avantage sur
les Etats-Unis puisque entre les périodes avant et après l’euro les ménages
français n’ont baissé leur rythme de croissance annuelle de l’endettement de 30%
pour 75% pour les ménages américains en variation relative. Ils restent avec un
rythme de croissance annuelle de 4,1%, et quatre fois supérieur sur la période
2001-2016.
Dette
des ménages par rapport aux revenus
Pour mesurer le
risque pris dans l’endettement par les ménages, on doit le comparer au revenu
des ménages. Cela permettra de mettre une touche finale sur la façon dont la
dette pèse sur le niveau de vie actuel et futur des ménages. Ce rapport traduit
le poids qui pèse sur les ménages pour rembourser la dette. Cette dette est d’ailleurs
fluctuante dans le temps et dépend des variations de change et des taux d’intérêt
s’ils sont variables. Comme pour la dette/habitant les ménages luxembourgeois sont
en tête de l’endettement par rapport au revenu.. Cela ne représente pas moins
de 4,67 années de revenus. Ils sont suivis de très près par les ménages
irlandais dont le rapport semble atteindre un palier depuis 2007. Ensuite mais
beaucoup moins endettés on trouve la Suède et la Suisse qui ne sont pas dans l’euro
mais au pouvoir d’achat élevé en particulier la Suisse, tout comme le Luxembourg.
Derrière viennent deux pays anglo-saxons, les Etats-Unis et le Royaume-Uni dont
l’endettement est de l’ordre de 2 années de revenus en 2016, mais le pouvoir d’achat
des ménages britanniques n’est que les 2/3 de celui des américains. Autour de
plus ou moins 1 an et demi d’endettement on trouve dans l’ordre décroissant :
Espagne, Belgique, Grèce, France, et Italie. Parmi eux ce sont les ménages
français qui ont le plus haut pouvoir d’achat, et l’Espagne le plus faible en
2016. Les ménages allemands ferment la marche mais, hors le Luxembourg, ils ont
le pouvoir d’achat le plus élevé des 8 autres pays de la zone euro examinés
ici.
Si l’on compare les périodes avant et après l’euro on trouve une augmentation générale de la dette sauf pour l’Allemagne. Il se confirme que la création de l’euro a maintenu la croissance du pouvoir d’achat des ménages allemands, le niveau de dépenses, et l’endettement. L’euro a servi de régulateur à l’Allemagne au détriment de pays comme l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Les ménages français n’en ont pas tiré le même bénéfice que les ménages allemands malgré une hausse forte de leur pouvoir d’achat. Ils ont fortement diminué le rythme de croissance annuelle des dépenses, comme on l’a vu dans l’article précédent, et fait progresser leur endettement par rapport à leurs revenus.
Il apparaît nettement que dans les pays où le pouvoir d’achat est élevé l’endettement progresse plus vite qu’ailleurs. Le cas particulier du Luxembourg n’est pas anodin. L’endettement des ménages n’est pas lié uniquement aux années de remboursement engagées mais dans la confiance des ménages dans l’avenir de leur pays. Le contre-exemple est l’Allemagne mais celle-ci a réussi, avec la zone euro, à enlever, pour le niveau de vie des ménages allemands, tout brusque changement venant de l’économie mondiale ou de la monnaie. N’oublions pas que l’euro a été lancé avec une parité de 1 pour1 entre le mark et l’euro. La ponction effectuée par l’Allemagne sur les économies européennes des pays de la zone sud en particulier lui a permis de continuer sur sa lancée économique.
Il est notable que l’endettement/revenu des ménages américains est encore important dans un pays où le pouvoir d’achat est supérieur à celui des ménages allemands et français. Pourtant après 2001 le taux de croissance de celui-ci est divisé par plus de 2 par rapport à la période avant 2001. Les ménages allemands sont entrés dans une phase de désendettement après l’arrivée de l’euro en 2001 tandis que les ménages français ont augmenté ont presque doublé leur taux de croissance annuelle de leur endettement/revenu. Entre 2001 et 2016 l’endettement des ménages français a dépassé ainsi celui des ménages allemands. En regardant la Grèce, dont le taux de croissance annuelle reste très élevé, on peut conclure que les taux de croissance élevés de la dette des ménages sont dus à deux raisons, soit à une difficulté à adapter les revenus aux dépenses, la raison classique, soit à une confiance dans l’avenir du pays pour les pays à fort pouvoir d’achat. La France, la Belgique et le Royaume-Uni sont les seuls à voir le taux de croissance annuelle de la dette augmenter dans la période post euro par rapport à la précédente. La Livres Sterling qui s’est claquée sur l’euro jusqu’en 2016 a donné des résultats identiques à la différence de la Suède qui s’est servie de la couronne suédoise. C’est un mauvais signe de dégradation relative de l’endettement de ces ménages de quatre pays aux pouvoirs d’achat assez comparables en 2016. Cette accélération de la course à l’endettement est un commencement d’explication du ressenti des ménages français et sans doute de la sortie de l’UE votée par les classes populaires britanniques.
Il nous reste à faire un bilan en rassemblant tous les éléments chiffrés sur les revenus disponibles en parité de pouvoir d’achat, les dépenses et la dette des ménages sur les 12 pays étudiés. Cette étude sur le niveau de vie de ces pays s’est donnée pour but de regarder dans les chiffres si le ressenti des ménages français, qui répondent généralement oui à la question sur la baisse continue de leur niveau de vie, était une réalité ou non, ou plus précisément si une autre interprétation était donnée par les chiffres officiels. Une grande partie de la réponse se trouve dans le graphique ci-contre. Il compare la période avant l’euro 1995-2001 à celle d’après de 2001-2016. Deux paramètres sont retenus, la dette et les dépenses des ménages toutes deux par rapport aux revenus. Afin de ne pas alourdir cette présentation, seul le graphique final de l’étude va nous permettre un commentaire. Il représente l’écart pour ces deux périodes entre leurs variations annuelles de dettes et de dépenses des ménages. C’est ainsi qu’en moyenne sur les 12 pays la variation annuelle des dépenses des ménages est de +0,72% supérieure sur la période 2011-2016 à celle de la période 1995-2001. Celle de la dette des ménages est de -3,89% inférieure. Autrement dit le pouvoir d’achat a augmenté plus rapidement dans la période après l’euro que dans la période avant. La dette a au contraire en moyenne diminué et cela 5,4 fois plus vite que l’augmentation des dépenses. Mais attention il s’agit là de deux mesures par rapport au revenu des ménages. Dans la période 2001-2016 les ménages examinés dépensent plus par rapport à leurs revenus mais s’endettent moins vite que dans la période 1995-2001. Le sentiment général doit être mitigé puisque le sentiment de dépenser plus est compensé par celui de s’endetter moins rapidement. C’est le cas de 8 pays sur 12 mais pas celui de l’Espagne, de la Grèce, de la France et de la Suède. Or le cas des ménages français est le plus extrême. Ils ont une vitesse de croissance de leurs dépenses qui est inférieure de ¼ par rapport aux dépenses moyennes des 12 pays et un endettement qui croit 6,4 fois plus vite que les dépenses. Il s’ensuit un sentiment de fuite en avant des ménages français où demain apparaît toujours pire que la veille puisqu’on le noircit chaque jour par un endettement qui croit plus rapidement. Autrement dit les revenus des ménages français n’augmentent pas assez pour assurer l’augmentation des dépenses et les ménages s’endettent de plus en plus par rapport à leur situation avant l’euro.
Le niveau de vie des ménages français avant et après l'eruo
La situation des ménages français est donc la plus dégradée de l’ensemble des 12 pays examinés et beaucoup plus que celle de la Suède, de la Grèce et de l’Italie. Précisons une nouvelle fois que cela n’est qu’une comparaison de variations entre deux périodes et non des valeurs en $ très différentes d’un pays à l’autre en particulier entre la Suède à hauts revenus et la Grèce aux faibles revenus. Mais il s’agit ici de comprendre le ressenti des ménages, ressenti qui modèle le moral des ménages français. On assite à un triple phénomène. Entre la période avant 2001 et celle d’après avec l’euro l’augmentation de 50% des revenus disponibles par habitant, celle de dépenses des ménages par habitant de 56%, est accompagnée de celle du triplement de la dette/habitant et du doublement de la dette/revenu entre 1995 et 2016 inflation déduite. On en déduit d’une façon claire que les ménages français sont les ménages dont le niveau de vie a le moins progressé des 12 pays examinés après le passage à l’euro. Grâce au battage politico-médiatique les ménages français sont néanmoins parmi les pays les plus attachés à l’euro. L’augmentation des salaires leur masque le recul relatif de leur niveau de vie par rapport aux autres pays. On note que l’Allemagne a bien, grâce à l’euro maintenu le niveau de dépenses des ménages tout en diminuant leur vitesse d’endettement. Mais ce sont les ménages américains qui maintiennent leur pouvoir d’achat élevé tout en diminuant leur vitesse d’endettement depuis 2001. Etonnamment ce sont les ménages belges qui réalisent la meilleure opération avec le plus grand accroissement de leurs dépenses/revenus tout baissant considérablement leur vitesse d’endettement. Delà à penser que le siège de l’UE à Bruxelles y est pour quelque chose, il y a matière à réflexion.
Le ressenti des ménages français face à l'avenir
Il reste à essayer de comprendre pourquoi les ménages français dépensent plus en s’endettant de plus en plus vite. Les dépenses de première nécessité comme l’alimentation, le loyer, le chauffage sont-elles relativement de plus en plus chères par rapport aux revenus disponibles obligeant à augmenter la vitesse d’endettement ? Ou est-ce une frénésie plus grande de consommateur sur des biens non indispensables ? On va essayer de répondre par l’examen des types de dépenses. Pour terminer cette étude comparative sur les niveaux de vie passés, présents et futurs, il reste à regarder le sujet d’actualité sur les retraites. Comment se placent les retraites par rapport à ce panel de 12 pays et comment ont-elles évolué depuis 1995. On parlera en plus du problème démographique qui va jouer sur l’équilibre du financement des retraites après 2025 où la population française va amorcer sa décroissance sans requérir à un apport migratoire supplémentaire comme en Allemagne. C’est d’ailleurs la réelle raison de la mise en œuvre de l’âge pivot et non celle de l’équilibre financier des retraites. Il faut retenir plus de monde sur le marché du travail dès à présent… plutôt que relancer une politique familiale de la natalité.
Si l’on compare les périodes avant et après l’euro on trouve une augmentation générale de la dette sauf pour l’Allemagne. Il se confirme que la création de l’euro a maintenu la croissance du pouvoir d’achat des ménages allemands, le niveau de dépenses, et l’endettement. L’euro a servi de régulateur à l’Allemagne au détriment de pays comme l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Les ménages français n’en ont pas tiré le même bénéfice que les ménages allemands malgré une hausse forte de leur pouvoir d’achat. Ils ont fortement diminué le rythme de croissance annuelle des dépenses, comme on l’a vu dans l’article précédent, et fait progresser leur endettement par rapport à leurs revenus.
Il apparaît nettement que dans les pays où le pouvoir d’achat est élevé l’endettement progresse plus vite qu’ailleurs. Le cas particulier du Luxembourg n’est pas anodin. L’endettement des ménages n’est pas lié uniquement aux années de remboursement engagées mais dans la confiance des ménages dans l’avenir de leur pays. Le contre-exemple est l’Allemagne mais celle-ci a réussi, avec la zone euro, à enlever, pour le niveau de vie des ménages allemands, tout brusque changement venant de l’économie mondiale ou de la monnaie. N’oublions pas que l’euro a été lancé avec une parité de 1 pour1 entre le mark et l’euro. La ponction effectuée par l’Allemagne sur les économies européennes des pays de la zone sud en particulier lui a permis de continuer sur sa lancée économique.
Il est notable que l’endettement/revenu des ménages américains est encore important dans un pays où le pouvoir d’achat est supérieur à celui des ménages allemands et français. Pourtant après 2001 le taux de croissance de celui-ci est divisé par plus de 2 par rapport à la période avant 2001. Les ménages allemands sont entrés dans une phase de désendettement après l’arrivée de l’euro en 2001 tandis que les ménages français ont augmenté ont presque doublé leur taux de croissance annuelle de leur endettement/revenu. Entre 2001 et 2016 l’endettement des ménages français a dépassé ainsi celui des ménages allemands. En regardant la Grèce, dont le taux de croissance annuelle reste très élevé, on peut conclure que les taux de croissance élevés de la dette des ménages sont dus à deux raisons, soit à une difficulté à adapter les revenus aux dépenses, la raison classique, soit à une confiance dans l’avenir du pays pour les pays à fort pouvoir d’achat. La France, la Belgique et le Royaume-Uni sont les seuls à voir le taux de croissance annuelle de la dette augmenter dans la période post euro par rapport à la précédente. La Livres Sterling qui s’est claquée sur l’euro jusqu’en 2016 a donné des résultats identiques à la différence de la Suède qui s’est servie de la couronne suédoise. C’est un mauvais signe de dégradation relative de l’endettement de ces ménages de quatre pays aux pouvoirs d’achat assez comparables en 2016. Cette accélération de la course à l’endettement est un commencement d’explication du ressenti des ménages français et sans doute de la sortie de l’UE votée par les classes populaires britanniques.
Il nous reste à faire un bilan en rassemblant tous les éléments chiffrés sur les revenus disponibles en parité de pouvoir d’achat, les dépenses et la dette des ménages sur les 12 pays étudiés. Cette étude sur le niveau de vie de ces pays s’est donnée pour but de regarder dans les chiffres si le ressenti des ménages français, qui répondent généralement oui à la question sur la baisse continue de leur niveau de vie, était une réalité ou non, ou plus précisément si une autre interprétation était donnée par les chiffres officiels. Une grande partie de la réponse se trouve dans le graphique ci-contre. Il compare la période avant l’euro 1995-2001 à celle d’après de 2001-2016. Deux paramètres sont retenus, la dette et les dépenses des ménages toutes deux par rapport aux revenus. Afin de ne pas alourdir cette présentation, seul le graphique final de l’étude va nous permettre un commentaire. Il représente l’écart pour ces deux périodes entre leurs variations annuelles de dettes et de dépenses des ménages. C’est ainsi qu’en moyenne sur les 12 pays la variation annuelle des dépenses des ménages est de +0,72% supérieure sur la période 2011-2016 à celle de la période 1995-2001. Celle de la dette des ménages est de -3,89% inférieure. Autrement dit le pouvoir d’achat a augmenté plus rapidement dans la période après l’euro que dans la période avant. La dette a au contraire en moyenne diminué et cela 5,4 fois plus vite que l’augmentation des dépenses. Mais attention il s’agit là de deux mesures par rapport au revenu des ménages. Dans la période 2001-2016 les ménages examinés dépensent plus par rapport à leurs revenus mais s’endettent moins vite que dans la période 1995-2001. Le sentiment général doit être mitigé puisque le sentiment de dépenser plus est compensé par celui de s’endetter moins rapidement. C’est le cas de 8 pays sur 12 mais pas celui de l’Espagne, de la Grèce, de la France et de la Suède. Or le cas des ménages français est le plus extrême. Ils ont une vitesse de croissance de leurs dépenses qui est inférieure de ¼ par rapport aux dépenses moyennes des 12 pays et un endettement qui croit 6,4 fois plus vite que les dépenses. Il s’ensuit un sentiment de fuite en avant des ménages français où demain apparaît toujours pire que la veille puisqu’on le noircit chaque jour par un endettement qui croit plus rapidement. Autrement dit les revenus des ménages français n’augmentent pas assez pour assurer l’augmentation des dépenses et les ménages s’endettent de plus en plus par rapport à leur situation avant l’euro.
Le niveau de vie des ménages français avant et après l'eruo
La situation des ménages français est donc la plus dégradée de l’ensemble des 12 pays examinés et beaucoup plus que celle de la Suède, de la Grèce et de l’Italie. Précisons une nouvelle fois que cela n’est qu’une comparaison de variations entre deux périodes et non des valeurs en $ très différentes d’un pays à l’autre en particulier entre la Suède à hauts revenus et la Grèce aux faibles revenus. Mais il s’agit ici de comprendre le ressenti des ménages, ressenti qui modèle le moral des ménages français. On assite à un triple phénomène. Entre la période avant 2001 et celle d’après avec l’euro l’augmentation de 50% des revenus disponibles par habitant, celle de dépenses des ménages par habitant de 56%, est accompagnée de celle du triplement de la dette/habitant et du doublement de la dette/revenu entre 1995 et 2016 inflation déduite. On en déduit d’une façon claire que les ménages français sont les ménages dont le niveau de vie a le moins progressé des 12 pays examinés après le passage à l’euro. Grâce au battage politico-médiatique les ménages français sont néanmoins parmi les pays les plus attachés à l’euro. L’augmentation des salaires leur masque le recul relatif de leur niveau de vie par rapport aux autres pays. On note que l’Allemagne a bien, grâce à l’euro maintenu le niveau de dépenses des ménages tout en diminuant leur vitesse d’endettement. Mais ce sont les ménages américains qui maintiennent leur pouvoir d’achat élevé tout en diminuant leur vitesse d’endettement depuis 2001. Etonnamment ce sont les ménages belges qui réalisent la meilleure opération avec le plus grand accroissement de leurs dépenses/revenus tout baissant considérablement leur vitesse d’endettement. Delà à penser que le siège de l’UE à Bruxelles y est pour quelque chose, il y a matière à réflexion.
Le ressenti des ménages français face à l'avenir
Il reste à essayer de comprendre pourquoi les ménages français dépensent plus en s’endettant de plus en plus vite. Les dépenses de première nécessité comme l’alimentation, le loyer, le chauffage sont-elles relativement de plus en plus chères par rapport aux revenus disponibles obligeant à augmenter la vitesse d’endettement ? Ou est-ce une frénésie plus grande de consommateur sur des biens non indispensables ? On va essayer de répondre par l’examen des types de dépenses. Pour terminer cette étude comparative sur les niveaux de vie passés, présents et futurs, il reste à regarder le sujet d’actualité sur les retraites. Comment se placent les retraites par rapport à ce panel de 12 pays et comment ont-elles évolué depuis 1995. On parlera en plus du problème démographique qui va jouer sur l’équilibre du financement des retraites après 2025 où la population française va amorcer sa décroissance sans requérir à un apport migratoire supplémentaire comme en Allemagne. C’est d’ailleurs la réelle raison de la mise en œuvre de l’âge pivot et non celle de l’équilibre financier des retraites. Il faut retenir plus de monde sur le marché du travail dès à présent… plutôt que relancer une politique familiale de la natalité.
Les
ménages français constatent une précarité de leur avenir
C’est
leur ressenti malgré l’accroissement des revenus.
L’une
des causes est la gestion de leurs dépenses
Qui
fait de plus en plus appel à la dette.
Les
premiers les plus touchés
Sont
les moins riches.
Les
Gilets Jaunes ?
Claude
Trouvé
14/01/19
14/01/19