Hollande
a surfé sur la COP21 en décembre, se prenant pour le sauveur du monde. Il
comptait sur l’Euro 2016 pour parapher le « ça va mieux » qui n’est qu’une parenthèse dans un ciel assez
noir qu’une communication médiatique aux ordres repeint en gris clair. Avec l’accès
de la France en finale de l’Euro, il avait même lâché que « Avec l’Euro le plus difficile serait fait »,
sous-entendu avec la victoire de la France. Le lien du Président avec son
peuple reprendrait ainsi des points dans les sondages, lequel croirait de
nouveau dans la bonne étoile de son « guide » vers la sortie du
tunnel du chômage. Nous étions nombreux à penser que Hollande se berçait d’illusion,
comme quelqu’un de toujours sûr d’être béni des dieux depuis qu’il avait accédé
à la fonction grâce surtout à la chance. Il y avait pourtant du vrai dans l’impact
de l’Euro 2016 sur le peuple et, pour la première fois de ma vie, alors que
notre équipe française de foot nous accrochait le cœur à ses basques, je me
suis surpris à me réjouir intérieurement de sa défaite.
Le
fait qu’un évènement, quasi-indépendant des actions politiques du Président,
puisse le servir pour remonter dans les sondages, nous est devenu
insupportable, tant ce dernier ne mérite que la porte de sortie. Ce sentiment
coupable, lorsque l’on a l’esprit souverainiste, est la traduction involontaire
d’un constat : « Le Président Hollande ne représente plus son pays ».
Il n’est plus que le bras gauche de l’Amérique. La grande majorité du pays
aspire à son départ, il devient un boulet qui entrave la marche en avant et l’espoir
d’être armé pour le pire qui peut être devant nous. Le monde bancaire est de
nouveau en émoi et se prépare au pire justement. La crise systémique revient
dans l’esprit des analystes. L’eau de la monnaie de singe déversée après le
Brexit, pour éteindre l’incendie et soutenir les marchés, atteint un débit
inquiétant. Les banques italiennes sont aux abois et l’Italie elle-même est
très fragilisée. L’UE n’a visiblement pas d’autre préoccupation que de
stigmatiser le Royaume-Uni et de lui prédire les pires catastrophes. La
contestation à la tête du parti travailliste après le Brexit devient : « Le Royaume-Uni est dans la tourmente ».
Que dire de la bataille entre Sarkozy, Juppé, Lemaire, Fillon ? Que la France
est au bord du gouffre ? Oui, elle y court mais pas à cause des querelles
politiques internes.
L’UE
va se défaire lentement dans une succession de soubresauts alors que le sommet
de l'OTAN apporte des nouvelles : davantage de soldats en Europe de l'Est,
préparation aux cyberattaques... Une autre aventure américaine qui n'apporte
rien de bon pour l'Europe. C’est l’avis de Philippe De Villiers qui conclue à
la nécessaire sortie de l’OTAN et de l’UE d’une façon plus claire et plus
tranchée que Nicolas Dupont-Aignan qui espère pouvoir se passer de l’article 50
du traité de l’UE et faire adopter un mini-traité discuté à la carte sur la
base du volontariat des pays. Ce point de vue ne paraît pas mener à l’apaisement
dans une sortie au forceps, rapidement exploitée par les institutions et les
représentants de nombreux pays comme une bravade vis-à-vis des traités. Comme
les USA se passent de l’accord de l’ONU, la France deviendrait le pays qui se
permet tout. Philippe de Villiers est plus proche sur ce point d’Asselineau.
Les trois se rejoignent sur la nécessité de réorienter la politique extérieure
vers l’Est, selon les fondamentaux de la politique historique française, et l’Europe
de l’Atlantique à l’Oural de De Gaulle.
Lors d’un interview
Philippe De Villiers déclare : «
Je pense que la position européenne calquée sur les ordres reçus de l’Amérique,
donc calquée sur la position américaine repose sur un contresens. L’Europe
écrit depuis la fin de la guerre son avenir sur le continent américain. C’est
l’Europe de l’après-guerre qu’on poursuit avant la chute du mur de Berlin alors
que l’Europe doit être l’Europe «de l’Atlantique à l’Oural» en comprenant la
Russie au sens que l’entendait le général de Gaulle quand il utilisait cette
expression. » Il développe son point de vue en constatant que l’OTAN
nous entraîne dans des aventures partout dans le monde qui ne sont pas les
nôtres. Par contre la Russie n’est plus l’URSS et n’est pas notre ennemie
contrairement à ce que l’on cherche à nous faire croire. Malheureusement le renforcement
des armées de l’OTAN aux frontières de la Russie et la réunion de l’OTAN à
Varsovie ne peuvent que créer une situation dangereuse pour la Russie. Poutine
ne réagit pas à chaud et affirme que l’occupation des Pays Baltes n’a aucun
intérêt pour la Russie mais il semble être entré dans une phase de réflexion
profonde comme avant l’intervention en Syrie. Il ne faut pas oublier cet aveu de Poutine,
devenu incontournable : « Dans
mon enfance, les rues de St-Petersburg m’ont appris que lorsque l’entente
devient impossible, il faut frapper le premier ». Quand un pays où le
sentiment national est très fort et se sent menacé, tout peut arriver. La France
veut-elle vraiment la guerre ? Non elle veut la paix en Europe et cesser
de guerroyer partout dans le monde.
« Aujourd’hui il faut faire une Europe
confédérale, c’est-à-dire celle qui s’appuie sur les souverainetés
nationales à l’Est comme à l’Ouest, qui s’élargisse à la Russie qui peut servir
d’interface pour les hommes de la puissance de demain. Il est absurde de
considérer aujourd’hui Poutine et la Russie comme des ennemis. La Russie
est notre amie, la Russie ne demande qu’à être notre amie. Elle est non
seulement une alliée sur le plan historique, mais il y a des liens plus
profonds – par exemple, Dostoïevski parlait français, écrivait en français. Et
moi qui connais bien la Russie, je peux dire que c’est une absurdité de ne pas
vouloir réunir les deux chrétientés de l’Europe – celle de l’Est et celle de
l’Ouest. C’est un crime de
vouloir installer plus d’agressivité, plus de haine dans les nations qui
étaient jadis sous le joug soviétique. Il faut leur expliquer que la Russie
n’est pas leur ennemi, que la Russie n’est pas l’ennemi de l’Europe et que
l’Europe ne doit pas continuer à se faire manipuler par Monsieur Obama et l’Amérique
qui elle est agressive, qui dépense deux fois plus pour son budget militaire
que l’ensemble des nations du monde. »
Selon
lui, cette coopération entre l’Union
européenne et l’OTAN ne peut mener qu’à la guerre. « L’OTAN est en fait le bras militaire de l’Amérique. L’OTAN nous
entraîne dans des aventures partout dans le monde qui ne sont pas les
nôtres. Souvenez-vous du Kosovo, des «printemps arabes», de la Syrie, de
l’Irak. Il faut bien comprendre que le nouveau monde dans lequel nous sommes
entrés n'est pas le monde de l’après-guerre. L’OTAN a été créé pour contrer
l’Union soviétique. L’URSS est morte, le mur de Berlin est tombé, cela fait des
décennies. Et donc l’OTAN n’a plus de raison sociale. »
Il insiste sur la dépendance coupable de la France à
l’Allemagne qui devient le bras droit européen de l’Amérique et mène une
politique pangermanique et panaméricaine avec la Turquie d’’Erdogan. « Il faut bien comprendre par exemple que
Madame Merkel obéit à Monsieur Obama, obéit à l’OTAN quand elle se prosterne
devant le sultan Erdogan parce que la Turquie est membre à part entière de
l’OTAN et que c’est l’Amérique qui veut faire rentrer la Turquie dans l’Union
européenne. Quand vous confiez votre défense, c’est-à-dire l’essentiel de
votre puissance régalienne, à une autre nation que la vôtre – en l’occurrence
les Etats-Unis – alors vous n’êtes plus indépendant. Donc vous ne pouvez
plus avoir une diplomatie propre. C’est tragique pour la France et c’est
tragique pour l’Europe. C’est un signe avant-coureur de la décomposition de
l’Europe qui va maintenant aller très vite depuis le Brexit parce que les
Anglais ont compris qu’il y avait une contradiction entre la loi anglaise et le
loi européenne et que l’Europe c’était l’immigration à tout va. »
Le
Brexit a ouvert la voie au vent du large
Il
appartient aux peuples européens
De
saisir l’occasion de refaire
Une
Europe confédérale
Et
démocratique !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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